L’encerclement du monastère tibétain de Kirti par des unités de l’armée chinoise
question du Tibet
Chine
institution religieuse
23/12/2011 | Envoi question |
9/2/2012 | Réponse |
Réintroduction de : question écrite 5-2671
Dans la province tibétaine de l'Amdo, occupée par les Chinois, des soldats chinois tiennent en otages les moines du monastère bouddhiste de Kirti. Depuis le 9 avril, les soldats encerclent le monastère, n'autorisant que sporadiquement l'approvisionnement en nourriture et ne permettant à aucun moine de sortir. Ce blocus vise à contraindre les moines à cesser toute rébellion contre la « rééducation patriotique » qui leur est imposée. Les autorités chinoises obligent tous les moines âgés de 18 à 40 ans à quitter le monastère pour prendre part à des camps de rééducation où la Constitution chinoise, le droit pénal et les règles relatives aux affaires religieuses leur seront enseignés. Selon les estimations, 2 500 moines sont ainsi presque totalement privés de nourriture.
Les troubles au monastère de Kirti, dans la ville de Ngaba, ont débuté le 16 mars lorsqu'un moine âgé de 21 ans s'est immolé par le feu pour commémorer le grand soulèvement tibétain de 2008. La répression brutale dirigée à l'époque contre les moines suscite encore des actions de protestation de moines et de citoyens.
La première tentative chinoise d'embarquer les moines à bord de camions durant la nuit du 12 avril a échoué car les habitants des environs ont formé une chaine humaine autour des camions. Trois civils auraient été tués. Depuis lors, plus de 300 moines et civils auraient été arrêtés et emmenés vers une destination inconnue. Des caméras de surveillance auraient également été installées tant à l'intérieur qu'à l'extérieur du monastère pour permettre aux autorités chinoises de suivre de près les activités.
Bien que plus aucun étranger ne soit admis dans la région, les médias chinois affirment que la situation dans la région est « parfaitement normale ».
En attendant, le dalaï-lama a appelé la communauté internationale à faire part de ses protestations aux autorités chinoises et à réclamer davantage de retenue de la part de la police et de l'armée.
Voici les questions que j'adresse au ministre.
Les étrangers sont-ils interdits d'entrée dans la région de Ngaba, dans la province tibétaine de l'Amdo ?
La Chine confirme-t-elle l'existence de problèmes au monastère de Kirti et reconnaît-elle que d'importantes forces militaires isolent complètement le monastère ? Savez-vous qu'aucune denrée alimentaire ne peut être amenée au monastère ?
Les responsables européens se sont-ils déjà concertés afin de définir une réaction face à ces événements et d'exhorter Pékin à faire preuve de retenue ?
Quels sont les obstacles à une prise de position unanime à ce sujet ?
1) Selon le gouvernement chinois, il n'y a pas d'interdiction officielle de voyage pour les étrangers qui souhaitent se rendre dans cette région. Il est vrai que les diplomates qui souhaitent se rendre dans la Préfecture de Nagawa doivent en avoir reçu l'autorisation au préalable. Dans la préfecture de Ngawa se trouve par ailleurs également la réserve naturelle de JiuZhaiGou (patrimoine mondial de l’UNESCO) avec son aéroport. Il serait donc difficile de fermer la préfecture dans son ensemble.
2) Les autorités chinoises, d’abord réticentes à reconnaître l’existence de troubles, admettent désormais que plusieurs moines se sont immolés par le feu. Les autorités chinoises voient cependant dans ces actes l’œuvre d’extrémistes.
3-4) Au sein de l'Union européenne (UE) la Belgique a appuyé la demande visant à faire évoquer la question du monastère de Kirti par la Haute Représentante Catherine Ashton lors du dialogue stratégique UE-Chine le 12 mai 2011 ainsi que lors de la visite d'Herman Van Rompuy à Pékin du 15 mai au 18, ce qui a été fait. Le sujet a également été abordé lors du dialogue droits de l’homme UE-Chine qui s’est déroulé le 16 juin 2011. Mme Catherine Ashton a par ailleurs très explicitement exprimé son inquiétude sur la situation du monastère de Kirti dans plusieurs réponses à des questions de députés européens. Plus récemment, une démarche a été effectuée par la délégation de l’UE à Pékin auprès de la Représentante spéciale pour les droits de l’homme au Ministère des affaires étrangères chinois pour faire état de la grande inquiétude de l’Union au sujet de ces immolations ainsi que pour exhorter les autorités chinoises à ne pas appliquer des politiques qui pourraient miner les droits religieux, linguistiques et culturels de la minorité tibétaine.