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Sénat de Belgique

Belgische Senaat

Annales parlementaires

Parlementaire handelingen

SÉANCE DU JEUDI 8 JANVIER 1998

VERGADERING VAN DONDERDAG 8 JANUARI 1998

(Vervolg-Suite)

QUESTION ORALE DE MME LIZIN AU MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES SUR « L'INITIATIVE ALLEMANDE À L'ÉGARD DE L'ALGÉRIE »

MONDELINGE VRAAG VAN MEVROUW LIZIN AAN DE MINISTER VAN BUITENLANDSE ZAKEN OVER « HET DUITSE INITIATIEF IN VERBAND MET ALGERIJE »

M. le président. ­ L'ordre du jour appelle la question orale de Mme Lizin au ministre des Affaires étrangères.

La parole est à Mme Lizin.

Mme Lizin (PS). ­ Monsieur le président, ma question est suffisamment d'actualité pour qu'il ne soit pas nécessaire de s'étendre dans de longs préalables.

J'aimerais que M. le ministre nous parle des développements des différentes coordinations qui ont eu lieu après la suggestion de M. Kinkel, ministre allemand des Affaires étrangères, d'organiser une visite de la troïka dans la capitale algérienne. Nous connaissons la réponse très ouverte d'Alger.

J'aimerais savoir dans quel cadre pourrait se tenir cette réunion. Est-ce à l'échelon ministériel ou au niveau des experts ? Sur quels thèmes portera la collaboration en matière de lutte contre le terrorisme ? Par exemple, où en sommes-nous en ce qui concerne les échanges d'informations satellites avec les Algériens ? Est-il question d'une aide concernant la formation d'unités spéciales de combat ? Envisage-t-on des échanges de renseignements plus approfondis que ce qui se pratique actuellement ? Dans quels délais prévoit-on cette mission de la troïka ? Quelles positions la France et l'Angleterre ont-elles prises ? Quel est l'état du débat sur ces matières avec les pays du sud de l'Europe : l'Espagne et l'Italie ?

M. le président. ­ La parole est à M. Derycke, ministre.

M. Derycke, ministre des Affaires étrangères. ­ Comme je l'ai expliqué hier, en commission des Affaires étrangères, les propositions de mon collègue allemand Klaus Kinkel relatives aux derniers développements en Algérie seront débattues aujourd'hui, à Bruxelles, par les directeurs des services « Afrique du Nord », des pays de l'Union, qui s'appliqueront à formuler des propositions au Comité des directeurs qui se réunira début de la semaine prochaine.

Pour ma part, j'ai appuyé l'initiative allemande de convoquer, dans les plus brefs délais, une réunion du comité politique des quinze pour discuter de la situation en Algérie. En outre, l'Algérie devrait aussi figurer à l'agenda de la prochaine réunion des ministres des Affaires étrangères des Quinze, qui se tiendra le 26 janvier prochain ­ du moins l'espère-t-on, mais ce n'est pas encore sûr.

J'appuie les autres aspects de l'initiative allemande, à savoir : une condamnation ferme du terrorisme islamique, une aide européenne aux victimes du terrorisme et un appel à un dialogue aussi large que possible entre toutes les forces politiques, y compris islamiques, qui rejettent le terrorisme comme moyen politique.

Quant au dernier élément de la proposition de M. Kinkel sur l'opportunité d'instaurer une coopération avec les autorités algériennes dans la lutte contre le terrorisme, j'hésite à me prononcer, ne disposant pas encore d'informations précises sur ce sujet.

Comme convenu au cours de la séance de la commission des Affaires étrangères d'hier, je ne manquerai pas d'informer le Sénat du résultat des réunions européennes précitées lors de la prochaine réunion de la commission des Relations internationales prévue pour la semaine prochaine.

M. le président. ­ La parole est à Mme Lizin pour une réplique.

Mme Lizin (PS). ­ Monsieur le président, je remercie le ministre de cette réponse encourageante mais dont certains éléments restent flous. J'aurais souhaité plus de détails.

J'ai cité trois éléments pour une collaboration antiterroriste véritablement efficace. Il est, selon moi, d'une hypocrisie totale de faire semblant de s'indigner de massacres alors que les États-Unis et un certain nombre de pays européens, d'une part, disposent par satellite, d'informations très précises sur les positions en question et, d'autre part, d'armements que réclament souvent les autorités algériennes et qui leur permettraient de combattre des maquis particuliers.

Un échange de renseignements permettrait également de voir qui, en Europe, aide les réseaux islamistes en leur fournissant des armements et des moyens financiers.

Au lieu de faire des déclarations et de mettre en place des commissions d'enquête pour aller vérifier des choses déjà connues, ne serait-il pas plus intéressant de nous dire si, oui ou non, nous sommes prêts à doter l'Algérie de la capacité de combattre en lui permettant de disposer de tous les éléments d'informations dont elle a besoin ?

M. le président. ­ La parole est à M. Derycke, ministre.

M. Derycke, ministre des Affaires étrangères. ­ Monsieur le président, s'il est vrai que tout laisse supposer que certains pays disposent de ces informations, ce n'est pas le cas de la Belgique, notre pays n'ayant aucun satellite au-dessus de l'Algérie. On connaît les pays disposant de satellites, et le sujet évoqué par Mme Lizin constituera peut-être un thème de discussion lors des réunions des prochains jours, mais il est évident que ce type de décision relève de la souveraineté et de la volonté des États.

Comme je l'ai déjà dit à différents médias, je conçois difficilement que nous puissions aborder ce problème d'une autre façon et j'imagine mal que les États membres de l'Union européenne envoient des troupes dans les circonstances actuelles.

M. le président. ­ L'incident est clos.

Het incident is gesloten.