Compléments alimentaires - Vente - Encadrement - Sites internet et réseaux sociaux - AFSCA - Contrôles - Consommation - Dérives - Sensibilisation des consommateurs - Campagnes - Concertation avec l'Union européenne et les entités fédérées
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Agence fédérale pour la sécurité de la chaîne alimentaire
protection du consommateur
26/4/2024 | Envoi question (Fin du délai de réponse: 30/5/2024) |
Le marché des compléments alimentaires a le vent en poupe.
Chaque année, plusieurs milliers de nouveaux produits sont mis en vente en Belgique.
Récemment, le magazine télévisé de la RTBF «Investigation» a enquêté sur les méthodes auxquelles recourent les industriels pour vanter les bienfaits de leurs produits auprès des médecins, de la population en général mais aussi et surtout sur les réseaux sociaux, parfois au mépris de la législation et de la santé des citoyens.
En effet, que ça soit sur internet, sur les réseaux sociaux voire dans sa boîte aux lettres électronique: difficile d'échapper à la publicité promouvant des compléments qui brûlent les graisses, qui lissent la peau, qui aident à perdre du poids, qui entretiennent la libido, etc.
Depuis 2006, l'Union européenne (UE) a fixé des balises pour garantir que les bienfaits avancés par les industriels soient véridiques, clairs et fiables pour le consommateur. Seules les allégations de santé validées scientifiquement par l'Europe peuvent être utilisées. Mais sur internet, on assiste malgré tout à de nombreuses dérives.
Je citerai comme exemple la société «PM International». Cette entreprise a été fondée en Allemagne et elle déclare vendre ses compléments alimentaires dans des dizaines de pays, dont la Belgique. Mais on ne trouve pas les compléments alimentaires de cette société ni en pharmacie ni en parapharmacie. «PM International» vend ses produits uniquement via son site internet en s'appuyant sur un réseau de distributeurs indépendants qui en font la promotion. Ce sont ces personnes relais - des «influenceurs» - qui vendent sur «Facebook». Le tout, sans aucun contrôle de l'âge de l'acheteur, ni de ses antécédents de santé. En outre, depuis quelques années, la société susmentionnée a un siège à Zaventem. Et elle disposerait chez nous d'un réseau de quelque cinq cents indépendants qui vendent les produits et recrutent aussi d'autres vendeurs en leur promettant des revenus rapides.
Jean Nève, professeur émérite en pharmacologie et nutrition à l'Université libre de Bruxelles (ULB) étudie depuis quarante ans les micronutriments. Il affirme «qu'il n'y a pas assez de gendarmes» pour contrôler la situation.
En Belgique, c'est l'Agence fédérale de sécurité de la chaîne alimentaire (AFSCA) qui est chargée de contrôler les compléments alimentaires mis sur le marché. Et depuis quelques années, l'agence met en garde, comme elle le peut, les consommateurs contre les produits achetés en ligne. Mais, comme l'explique Aline Van den Broeck, la porte-parole de l'AFSCA: seulement deux personnes travaillent à temps plein à écumer le web, passer au crible les boutiques en ligne qui proposent des compléments alimentaires et bloquer les «mauvais» opérateurs. Deux personnes, c'est très peu.
Outre la problématique de la vente des compléments alimentaires en ligne, il y a le problème des médecins, diététiciens ou naturopathes rémunérés - directement ou indirectement - par certains laboratoires. Ainsi, certains laboratoires de compléments alimentaires courtisent des professionnels de la santé. Ces derniers se voient offrir des formations mais aussi des récompenses si leurs patients achètent les produits proposés par les laboratoires. Cette pratique a explosé pendant la crise de la Covid-19.
À ce sujet, l'Ordre des médecins a déjà indiqué qu'«il y a certainement un conflit d'intérêt entre le fait pour un médecin de travailler dans un laboratoire de compléments alimentaires et de prescrire ce genre de compléments à ses patients».
Contrairement aux entreprises pharmaceutiques, les laboratoires de compléments alimentaires ne doivent pas déclarer les financements qu'ils octroient aux professionnels de la santé. Or, les rapports d'influence y sont aussi présents et avec une opacité qui est problématique. En effet, si notre médecin traitant recommande un complément alimentaire, on sera sans doute rassuré sur son efficacité, ses bienfaits et on sera donc tenté de l'acheter.
Quant à l'association de défense des consommateurs «Test-Achats», elle dénonce le fait qu'«aujourd'hui, on nous vend tout et n'importe quoi». Et qu'«il faut absolument revoir la définition des compléments alimentaires, mais aussi les contrôles autour des compléments alimentaires et les règles d'influenceur en ligne parce que la protection des consommateurs aujourd'hui dans son ensemble n'est pas suffisamment assurée».
Face à cette situation complexe, les spécialistes tirent donc la sonnette d'alarme et demandent un encadrement davantage réglementé de la vente des compléments alimentaires.
Cette problématique, par sa transversalité, relève bien de la compétence du Sénat.
1) Disposez-vous d'informations complémentaires sur le sujet?
2) À l'ère des réseaux sociaux, la législation actuelle est-elle suffisante pour informer la population et protéger correctement la santé des citoyens?
3) Avez-vous eu des échanges avec l'AFSCA au sujet des contrôles de qualité que l'Agence effectue sur la toile?
4) De nouvelles mesures sont-elles envisagées pour lutter contre les dérives en termes de consommation de compléments alimentaires?
5) Des campagnes de sensibilisation sont-elles prévues pour rappeler l'objectif initial de ces produits qui est de compléter l'alimentation et combler une potentielle carence?
6) Avez-vous eu récemment des contacts avec les autorités européennes et les entités fédérées à propos d'un meilleur encadrement de la vente des compléments alimentaires, notamment sur la toile et les réseaux sociaux?