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SENAT DE BELGIQUE


SESSION ORDINAIRE 1997-1998
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COMPTE RENDU ANALYTIQUE


SEANCE PLENIERE

Séance de l'apres-midi - Mercredi 8 juillet 1998

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SOMMAIRE




RENVOI EN COMMISSION

ORDRE DES TRAVAUX

TRAITE DE L'ATLANTIQUE NORD SUR L'ACCESSION DES REPUBLIQUES DE HONGRIE, DE POLOGNE ET TCHEQUE
Discussion générale. (Orateurs : MM. Hatry, rapporteur; Devolder et Hostekint.)

BIENVENUE A UNE DELEGATION

REPRISE DE LA DISCUSSION
(Orateurs : MM. Bourgeois, Nothomb, Ceder, Anciaux, Jonckheer, De Decker, Mme Lizin et M. Derycke, ministre des affaires étrangères.)
Adoption des articles.

ORDRE DES TRAVAUX

STATUTS DU GROUPE D'ETUDE INTERNATIONAL DU CUIVRE
Adoption des articles.

ACCORD ENTRE LE ROYAUME DE BELGIQUE ET LE ROYAUME DES PAYS-BAS RELATIF A LA DELIMITATION DU PLATEAU CONTINENTAL ET A LA DELIMITATION DE LA MER TERRITORIALE
Adoption des articles.

CONSTITUTION DE L'UNION POSTALE UNIVERSELLE
Adoption des articles.

CONVENTION SUR LES ASPECTS CIVILS DE L'ENLEVEMENT INTERNATIONAL D'ENFANTS ET DECISIONS EN MATIERE DE GARDE DES ENFANTS
Discussion générale. (Orateur : Mme Lizin, rapporteuse.)
Adoption des articles.

CONVENTION ENTRE LA BELGIQUE ET LE PORTUGAL EN VUE D'EVITER LA DOUBLE IMPOSITION ET DE REGLER CERTAINES AUTRES QUESTIONS EN MATIERE D'IMPOTS SUR LE REVENU
Adoption des articles.

CONVENTION ENTRE LE GOUVERNEMENT DU ROYAUME DE BELGIQUE ET LE GOUVERNEMENT DE LA ROUMANIE TENDANT A EVITER LA DOUBLE IMPOSITION ET A PREVENIR L'EVASION FISCALE EN MATIERE D'IMPOTS SUR LE REVENU ET SUR LA FORTUNE
Adoption des articles.

CONVENTION ENTRE LE ROYAUME DE BELGIQUE ET LA REPUBLIQUE DE MAURICE TENDANT A EVITER LES DOUBLES IMPOSITIONS ET A PREVENIR L'EVASION FISCALE EN MATIERE D'IMPOTS SUR LE REVENU
Adoption des articles.

CONVENTION ENTRE LE ROYAUME DE BELGIQUE ET LA REPUBLIQUE D'AFRIQUE DU SUD TENDANT A EVITER LES DOUBLES IMPOSITIONS ET A PREVENIR L'EVASION FISCALE
Adoption des articles.

CONVENTION ENTRE LE GOUVERNEMENT DU ROYAUME DE BELGIQUE ET LE GOUVERNEMENT DE LA REPUBLIQUE DE BELARUS TENDANT A EVITER LES DOUBLES IMPOSITIONS ET A PREVENIR L'EVASION FISCALE EN MATIERE D'IMPOTS SUR LE REVENU ET SUR LA FORTUNE
Discussion générale. (Orateur : M. Hostekint, rapporteur.)
Adoption des articles.

CONVENTION ENTRE L'ESPAGNE ET LA BELGIQUE TENDANT A EVITER LES DOUBLES IMPOSITIONS ET A PREVENIR L'EVASION FISCALE ET LA FRAUDE FISCALE EN MATIERE D'IMPOTS SUR LE REVENU ET SUR LA FORTUNE
Adoption des articles.

PROTOCOLE A L'ACCORD DE PARTENARIAT ET DE COOPERATION ENTRE LES COMMUNAUTES EUROPEENNES ET LEURS ETATS MEMBRES, D'UNE PART, ET L'UKRAINE, D'AUTRE PART
Adoption des articles.

PROTOCOLE A L'ACCORD DE PARTENARIAT ET DE COOPERATION ETABLISSANT UN PARTENARIAT ENTRE LES COMMUNAUTES EUROPEENNES ET LEURS ETATS MEMBRES, D'UNE PART, ET LA REPUBLIQUE DE MOLDOVA, D'AUTRE PART
Adoption des articles.

PROTOCOLE A L'ACCORD DE PARTENARIAT ET DE COOPERATION ETABLISSANT UN PARTENARIAT ENTRE LES COMMUNAUTES EUROPEENNES ET LEURS ETATS MEMBRES, D'UNE PART, ET LA FEDERATION DE RUSSIE, D'AUTRE PART
Adoption des articles.





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PRESIDENCE DE M. MAHOUX,
PREMIER VICE-PRESIDENT


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La séance est ouverte à 14 h 10 m.





RENVOI EN COMMISSION



M. le Président. - Il est proposé de renvoyer à la commission de la justice, la proposition de loi relative à la répression de la corruption, inscrite à l'ordre du jour de la séance plénière de demain matin, ainsi que l'amendement n° 21 du gouvernement à cette proposition. (Assentiment.)





ORDRE DES TRAVAUX



M. le Président. - Je vous propose d'ajouter à l'ordre du jour de la séance de cet après-midi, après l'actuel point 17, le projet de loi portant assentiment à la convention sur l'interdiction de l'emploi, du stockage, de la production et du transfert des mines antipersonnel et sur leur destruction. (Assentiment.)





PROJET DE LOI PORTANT ASSENTIMENT AUX ACTES INTERNATIONAUX SUIVANTS :


1° PROTOCOLE AU TRAITE DE L'ATLANTIQUE NORD SUR L'ACCESSION DE LA REPUBLIQUE DE HONGRIE;


2° PROTOCOLE AU TRAITE DE L'ATLANTIQUE NORD SUR L'ACCESSION DE LA REPUBLIQUE DE POLOGNE;


3° PROTOCOLE AU TRAITE DE L'ATLANTIQUE NORD SUR L'ACCESSION DE LA REPUBLIQUE TCHEQUE,


SIGNES A BRUXELLES LE 16 DECEMBRE 1997


Discussion générale


M. Hatry (PRL-FDF), rapporteur. - L'importance des trois protocoles au Traité de l'Atlantique Nord est telle que nous avons été amenés à déroger à la façon d'adopter ce genre de document.

C'est ainsi que le ministre a fourni un exposé préliminaire écrit qu'il viendra développer à la tribune. La commission des affaires étrangères nous a fourni les questions qu'elle avait posées, mais nous n'avons pas encore toutes les réponses. Nous avons également introduit dans le rapport les exposés faits par le sous-secrétaire d'Etat au ministère de la défense nationale de la République de Pologne et par les ministres des affaires étrangères de la République tchèque et de la Hongrie dans les semaines qui ont précédé l'introduction du rapport. Nous nous sommes également inspirés d'une quinzaine de rapports antérieurs dans lesquels le débat avait déjà été introduit.

Ce rapport est l'illustration de ce que nous pouvons faire en cas d'urgence. Les documents de demande de ratification des actes internationaux ont été introduits le 18 juin et, si tout se passe bien, le vote au Sénat aura lieu demain et à la Chambre le 16 ou le 17 juillet. Les retards ne doivent donc pas être imputés au parlement. Il est vrai que nous sommes quelque peu servis par la nature de ces traités qui ne sont pas mixtes et ne doivent donc être adoptés que par l'autorité fédérale. Une fois les textes votés et signés par le Roi, il ne restera qu'à déposer les instruments de ratification.

L'OTAN a été constituée en 1949. Elle a garanti à l'Europe occidentale cinquante années de paix et de sécurité, tout en permettant l'établissement d'une démocratie vivace et en favorisant le développement économique. La création de l'OTAN s'inscrit par ailleurs dans toute une série d'événements qui ont eu lieu entre 1947 et 1951. Depuis lors, quatre pays sont venus s'ajouter aux douze nations fondatrices. Les élargissements ont été rares. Il faut donc donner toute leur importance aux événements que nous vivrons au cours des prochains mois.

L'OTAN d'aujourd'hui est fort différente de celle de 1949. Elle a récemment reçu douze demandes d'adhésion. Elle coopère, entre autres, avec la Russie et l'Ukraine. Elle met l'accent sur le respect de toute une série de valeurs démocratiques, notamment le respect des droits de l'homme. La Hongrie, la Pologne et la République tchèque véhiculent d'ailleurs toutes ces valeurs. L'OTAN n'impose pas de conditions économiques mais vérifie si les pays qui demandent leur adhésion sont capables d'assurer les dépenses qui en découlent.



(Poursuivant en néerlandais.)

Il faut éviter un nouveau Yalta. Conformément aux statuts de l'OTAN, les Etats ne peuvent adhérer à l'Organisation qu'à titre individuel. Ce principe est toujours valable.

Le coût de l'adhésion est raisonnable. Pour la Belgique, elle ne devrait entraîner aucune charge financière supplémentaire. La situation économique et financière des candidats membres est compatible avec leur adhésion.

L'élargissement ne porte nullement atteinte aux principes fondamentaux de l'OTAN et ne met pas en péril nos relations avec la Russie.



(Poursuivant en français.)

La Hongrie, la République tchèque et la Pologne sont conformes aux critères de la démocratie. Depuis 1989, quelques élections démocratiques ont été organisées dans ces pays. Elles ont mis en place des gouvernements légitimés par une désignation au suffrage universel. Ces trois pays respectent les droits de l'homme et des minorités et disposent d'une armée soumise au pouvoir civil. Dans le rapport, vous pourrez trouver une « photographie » précise de la situation de ces trois pays. Les données économiques de ces Etats permettent de constater qu'ils pourront assurer un support et un soutien indispensables à une défense efficace.



(Poursuivant en néerlandais.)

La situation économique des trois candidats membres est déterminante pour leur adhésion à l'Union européenne mais également à l'OTAN. Si ces pays sont parvenus à instaurer la démocratie, c'est grâce aux défenseurs de la liberté mais aussi à la situation économique dans laquelle ils se trouvaient. Le budget de l'armée soviétique, qui absorbait plus de 30 % du PIB, a précipité la chute du régime communiste.



(Poursuivant en français.)

Il est important d'examiner les conditions dans lesquelles ces pays ont déposé leur candidature à l'OTAN. Lorsque l'Espagne et le Portugal ont fait leur entrée dans l'OTAN, leur niveau de vie était bien inférieur à ce qu'il est actuellement. Cela n'a pas empêché ces deux nations de participer significativement au développement de l'Organisation. La Hongrie, la Pologne et la République tchèque ont déjà franchi le cap des conditions nécessaires à leur intégration, même si elles l'ont fait par des moyens différents.

Il faut bien évidemment trouver un critère pour témoigner de la confiance que le monde a apportée à ces trois pays. Il s'agit du niveau des investissements étrangers. Pour ces Etats, le total est de 30 milliards de dollars. Ce montant est à comparer aux 19 milliards d'investissements dans les 14 autres Etats baltes, du PECO et de la CEI. Il s'agit donc d'un vote de confiance accordé par le monde occidental à ces pays. De plus, le montant des investissements attendus pour l'an 2000 est de 13 milliards de dollars pour la Hongrie, 22 pour la Pologne et de 16 pour la République tchèque.

Tous les problèmes ne sont pas résolus pour autant. Ces pays restent confrontés à des difficultés économiques et bancaires et à l'importance d'une industrie lourde non compétitive, sans oublier l'importance du secteur agricole en Pologne. La planification du commerce extérieur a pris fin et la réorientation totale des flux commerciaux a, dans un premier temps, entraîné l'écroulement de certains secteurs de l'économie.

Il y a aussi des problèmes d'inflation et de chômage comme nous en avons connus lors de l'adhésion de l'Espagne et du Portugal qui s'en sont finalement bien sortis.

Nous avons eu le plaisir d'auditionner les ministres des affaires étrangères des trois pays. Les propos de l'ancien ministre hongrois des affaires étrangères ont depuis été confirmés par son successeur.

Il existe évidemment des liens politiques et psychologiques entre l'adhésion à l'OTAN et l'adhésion à l'Union européenne mais l'un ne se substitue pas à l'autre ni ne constitue l'antichambre de l'autre. Un pays qui satisfait aux règles doit pouvoir adhérer. Les finalités et les règles des deux structures sont différentes.

Je souhaite la bienvenue à des pays qui ont toujours été amis, sont aujourd'hui partenaires et seront bientôt alliés. (Applaudissements sur tous les bancs.)

M. Devolder (VLD) (en néerlandais). - Je félicite le rapporteur pour son excellent rapport. Le traité de Bruxelles de 1948 conclu entre le Benelux, la France et la Grande-Bretagne, ainsi que le Traité de Washington de 1949 peuvent être considérés comme les fondements de l'OTAN. Lorsque la République fédérale d'Allemagne adhéra à son tour en 1955, plusieurs pays de l'Europe de l'Est constituèrent le pacte de Varsovie, ce qui entraîna, de fait, la division politique de l'Europe.

A la veille d'un nouveau millénaire, nous sommes à nouveau confrontés à un élargissement historique. La chute du mur de Berlin en 1989 a permis à l'OTAN d'intégrer de nouveaux membres : la Pologne, la Hongrie et la Tchéquie. En 1997, le Sommet de Madrid décida de franchir formellement ce pas. D'emblée, il était évident que l'élargissement ne pouvait pas donner lieu à une nouvelle division de l'Europe. La charte signée avec l'Ukraine et le conseil de participation conjoint avec la Russie en étaient les garants.

L'OTAN impose à juste titre une série de conditions importantes aux nouveaux membres. En premier lieu, les principes de démocratie et de liberté doivent être respectés. La direction de l'armée doit être soumise à l'autorité civile et les droits de l'homme ainsi que les droits des minorités doivent être pris en compte.

Il est également important de constater que l'adhésion à l'OTAN est appuyée par une large majorité politique dans les nouveaux pays membres. C'est une garantie importante pour l'avenir.

Le VLD ne se limite pas à appuyer le protocole d'adhésion des trois nouveaux pays membres. Nous espérons en outre que cette adhésion incitera les neuf autres candidats à répondre aux conditions d'adhésion.

Le VLD est convaincu que l'élargissement constitue une garantie pour la démocratie en Europe et dans le monde. (Applaudissements sur tous les bancs.)

M. Hostekint (SP) (en néerlandais). - Je remercie le rapporteur et le secrétariat de la commission pour l'excellent rapport.

La chute du mur de Berlin en 1989 et la réunification de l'Allemagne ont complètement modifié l'échiquier politique européen. Une réforme de l'OTAN s'est avérée indispensable.

Le SP a toujours été partisan de l'élargissement de l'OTAN à l'Est. La reconstruction de l'Europe orientale est un des grands défis de notrre temps. Cette reconstruction suppose entre autres un engagement de l'Union européenne vis-à-vis de l'Europe orientale. Il n'y a qu'une seule façon de développer la coopération européenne avec l'Europe centrale et orientale, à savoir par l'ouverture des institutions européennes. L'ouverture au niveau économique peut servir d'exemple pour l'ouverture des institutions liées à la sécurité.

L'élargissement de l'OTAN ne sera cependant un succès que s'il est tenu compte de trois éléments. En premier lieu, il ne peut pas y avoir de décisions unilatérales. L'élargissement doit aller de pair avec une révision du traité sur l'armement conventionnel en Europe. L'Europe centrale doit se voir reconnaître le statut de zone dénucléarisée et la coopération au sein de l'OSCE doit être renforcée.

Aucune coopération n'est envisageable sans accords contraignants avec la Russie. Le conseil OTAN-Russie doit se transformer en un organe de concertation politique.

Enfin, la Belgique doit insister pour que l'on puisse disposer de projections budgétaires réalistes et d'informations plus précises sur la répartition des coûts. Quoi qu'il en soit, les autres projets doivent pouvoir se concrétiser.

Le SP est convaincu que des garanties suffisantes de sécurité créent un cadre stable au processus d'élargissement de l'OTAN. Celui-ci permet d'éviter et de garder la maîtrise des conflits entre Etats membres.

L'OTAN, tel qu'il existait avant 1989, a vécu. Ses structures doivent évoluer. Désormais, il n'est plus une organisation de défense collective, mais plutôt une organisation de sécurité collective. Tel est le message que nous devons adresser à la Russie.

Le groupe SP votera le project avec conviction. (Applaudissements sur tous les bancs.)



M. Moens, vice-président,
remplace M. Mahoux au fauteuil présidentiel


M. Hatry (PRL-FDF). - J'ai connu dans mon existence deux événements marquants : la libération de Bruxelles en 1944 et la libération des pays au-delà du Rideau de Fer en 1989. Ce dernier événement était totalement imprévisible même en 1988.

Le PRL-FDF défend deux options fondamentales en matière de sécurité. Il faut une politique européenne de défense et de sécurité performante pour assurer le crédit politique de l'Europe. L'Union en a les moyens mais elle n'en a pas la volonté. L'intégration est un mode préférable à l'équilibre de la terreur ou à la mise sous directoire.

La sécurité en Europe dépend du triangle OTAN, UEO et UE. Elle dépend dès lors des relations entre l'OTAN et l'UEO d'une part, et l'UEO et l'UE d'autre part. L'UEO est donc un maillon important de la sécurité européenne.

L'OTAN ne peut prétendre au monopole de la prévention des conflits, l'ONU ou l'OSCE doivent également jouer un rôle important.

Il serait bon que l'OTAN se transforme en un système de sécurité collective.

L'Union européenne a un rôle tout aussi important à jouer que l'Alliance. Nous ne saurions nous contenter d'un duopole de fait Russie-USA pour la prise des décisions importantes.

Notre groupe est favorable à l'élargissement dont question aujourd'hui car il faut éviter que des pays soient poussés à créer des alliances régionales. Une diplomatie russe plus efficace est d'ailleurs souhaitable. Dans un environnement instable, l'absence de l'Europe sur la scène internationale pourrait avoir des conséquences fatales dans certaines régions où les sentiments nationalistes sont très forts.

Le PRL-FDF souhaite que l'élargissement s'accompagne de garanties financières.

Ceci n'est qu'une étape. Il faudra envisager favorablement les candidatures des autres pays qui satisferont aux conditions pour rentrer dans l'OTAN. Celle-ci devra aussi veiller à avoir un discours constructif avec des pays comme la Russie ou l'Ukraine.

Il faut également éviter que les nouvelles structures ne soient mal perçues par les Etats dont la candidature serait rejetée. L'élargissement ne doit pas être vu comme un processus dont on les tient écartés.

Le PRL-FDF votera donc favorablement ces projets. (Applaudissements.)





BIENVENUE A UNE DELEGATION



M. le Président. - Je signale que cette séance se déroule en présence des ambassadeurs de Hongrie, de Pologne et de Tchéquie. Je leur souhaite la bienvenue. (Applaudissements.)



Reprise de la discussion


M. Bourgeois (CVP) (en néerlandais). - Une des conséquences de la fin de la guerre froide a été d'inciter les Etats à redéfinir les nouvelles menaces qui pèsent sur la sécurité et la stabilité en Europe. Heureusement, le spectre d'une menace militaire s'est éloigné. Les risques sont désormais d'une autre nature : ils tiennent aux groupements ethniques, religieux et nationalistes, à la criminalité organisée, au trafic de drogues et à la désagrégation du tissu social. Ces risques ne connaissent pas de frontières et requièrent une coopération entre pays européens. A cet égard, l'OTAN et l'Union européenne sont les forums par excellence où les problèmes de sécurité de la nouvelle Europe peuvent être appréhendés. La sécurité est le principal objectif du processus d'élargissement de ces deux organisations. Avec le Traité d'Amsterdam, l'Union européenne a fait les premiers pas dans la voie d'un nouvel élargissement aux pays de l'Europe centrale et de l'Est. Avec le Sommet de Madrid, l'OTAN a collaboré, à son tour, à l'instauration d'un processus de coopération en Europe.

L'adhésion de la Hongrie, de la Pologne et de la Tchéquie à l'OTAN, qui nous réjouit tous en raison des liens historiques qui nous unissent à ces pays, doit être considérée comme une étape incontournable en vue de l'instauration d'une coopération plus poussée en Europe.

Leur adhésion est la concrétisation de la déclaration d'intention du Sommet de Bruxelles de 1994. L'élargissement de l'OTAN à l'Est était alors considéré par les chefs de gouvernement et les chefs d'Etat comme une évolution tenant compte des préoccupations politiques et de sécurité dans toute l'Europe. L'objectif est de réaliser une nouvelle architecture de sécurité pour le continent européen, sans nouvelles lignes de démarcation. Selon la Charte de Paris de 1990, tous les pays peuvent souverainement choisir le meilleur cadre de sécurité. En tant qu'organisation ouverte, l'OTAN a essayé d'offrir, à travers un dialogue constructif, une réponse aux aspirations des candidats membres. Ceux-ci souhaitent faire partie de l'OTAN pour les mêmes raisons que celles qui ont motivé notre adhésion. L'élargissement de l'OTAN est un processus. Par l'adhésion de la Hongrie, de la Pologne et de la Tchéquie, l'OTAN montre que le processus des nouvelles adhésions est poursuivi de manière révolue et transparante. C'est pourquoi l'OTAN doit entamer le dialogue avec les pays qui sont prêts à assumer les responsabilités et les obligations de l'adhésion. A cet égard, il faut prendre en compte tout pays européen démocratique. C'est ainsi qu'on évitera un nouveau rideau de fer. Des accords précis permettront d'éviter que l'Europe ne se scinde à nouveau en une zone vivant en sécurité, démocratique et protégée d'une part, et une zone pauvre, vivant dans l'insécurité, non démocratique et disposant d'un arsenal nucléaire mal géré. C'est pourqoui il faut également renforcer les liens avec les pays qui ne font pas partie de l'Alliance afin de les rassurer et de leur faire comprendre que la participation à l'OTAN est un des élements de la sécurité européenne.

L'ouverture de l'Alliance à de nouveaux membres n'est pas la seule condition indispensable à la stabilité en Europe. Les relations officielles entre la Russie et l'OTAN en sont une autre. L'OTAN ne peut pas sous-estimer la méfiance historique de la Russie envers l'élargissement. L'OTAN doit montrer qu'elle n'a pas d'intentions agressives et qu'elle souhaite coopérer avec la Fédération russe.

L'acte fondateur du 27 mai 1997 conclu entre l'OTAN et la Russie reflète la volonté d'oeuvrer ensemble à un nouveau concept de sécurité. Lors des négociations préliminaires, il a fallu éliminer de nombreux malentendus au sujet de l'objectif de l'élargissement. Les négociateurs ont néanmoins réussi à trouver des solutions qui respectaient l'intégrité des deux parties, leur pouvoir de décision ainsi que leurs responsabilités.

Un partenariat stable et durable entre l'OTAN et la Russie ne se réalisera pas par la signature d'un document. Il n'atteindra son entier développement que si l'on utilise au mieux les nouveaux mécanismes prévus par l'acte.

La confrontation directe entre les deux blocs a fait place à la flexibilité et à l'interaction. L'importance de la coopération multilatérale s'accroît. Ce fait confère également un nouveau contenu au partenariat entre deux centres de la politique mondiale, à savoir les Etats-Unis et l'Union européenne.

L'Union européenne a tout intérêt à ce que le partenariat de sécurité avec les Etats-Unis soit maintenu. Comme l'a montré la crise en Bosnie, nous devons encore nous appuyer sur notre partenaire atlantique pour trouver une solution à un conflit sur le sol européen.

Les deux partenaires sont pleinement conscients de la nécessité d'une redistribution des responsabilités. En outre, une concertation ininterrompue et ouverte entre les deux partenaires transatlantiques doit rester possible. Le développement d'une politique étrangère et de sécurité commune, où l'Europe parle d'une seule voix, représente une condition sine qua non pour que les Etats-Unis nous considèrent comme un partenaire à part entière.

Il est clair qu'il faut poursuivre le développement d'une capacité européenne spécifique de sécurité, laquelle doit être en principe complémentaire de l'OTAN. Malgré l'espoir nourri par beaucoup de voir les alliances de la guerre froide remplacées par un cadre paneuropéen de sécurité, il est assez rapidement devenu clair que l'OTAN elle-même devait fournir le nouveau cadre.

L'Union européenne ne doit-elle pas envisager, dans le contexte actuel, d'intégrer l'Union de l'Europe occidentale ? La CSCE ne peut en tout cas pas assumer ce rôle dans sa structure actuelle. Cette conférence a joué, tant avant qu'après 1989, un rôle important dans le maintien de la stabilité en Europe. Cette conférence informelle ne pourra toutefois jamais remplacer la structure élémentaire de sécurité.

Qui payera en fin de compte la facture de l'élargissement ? Le développement d'une structure européenne de sécurité nécessitera également des efforts financiers.

Le rapport financier de Rand, qui avait estimé le coût de l'élargissement à 140 milliards de dollars environ, avait causé un vif émoi au Sénat américain. Un calcul plus précis du Congrès américain estimant ce coût à 38 milliards de dollars a permis de calmer quelque peu les esprits. Personne n'est capable de prévoir à ce jour combien l'élargissement coûtera en fin de compte.

Il ne faut pas sous-estimer la charge financière pour les nouveaux membres. Nous devons veiller à ne pas pousser ces jeunes économies surchargées à des mesures extrêmes. Sinon, ces pays risquent d'éprouver de très grandes difficultés à garantir une démocratie et une économie de marché offrant le bien-être à tous. De plus, nous devons tenir compte du fait que ce sont précisément ces pays qui devront consentir de gros efforts financiers pour pouvoir être intégrés dans l'Union européenne lors du prochain élargissement. La population de ces pays sera-t-elle disposée à faire de lourds sacrifices financiers pour l'OTAN ?

Les membres actuels de l'Alliance devront aussi reconsidérer leurs dépenses en matière de défense eu égard aux nouvelles missions comme le contrôle des crises internationales, la prévention des conflits et le maintien de la paix. Les Etats-Unis sont conscients du fait que les effectifs alliés actuels ne sont pas suffisamment structurés et financés pour pouvoir accomplir de telles missions.

L'Europe ne peut se décharger de sa responsabilité sur les Etats-Unis si elle veut être considérée comme un partenaire à part entière au sein de l'Alliance. Mais dans quelle mesure y est-elle disposée ? Comment, du reste, convaincre la population de la nécessité d'investir dans la défense à l'heure où règne un sentiment de sécurité inégalé depuis la chute du rideau de fer ?

Il serait peut être souhaitable que les membres de l'Alliance élaborent un projet concret concernant le financement des coûts directs de l'élargissement avant que les trois membres candidats n'adhèrent à l'Organisation en 1999 lorsque celle-ci célébrera ses 50 ans.

Avec la signature des protocoles d'adhésion, l'Alliance a posé un geste décisif en vue de l'élargissement de l'OTAN. A l'avenir, l'OTAN sera mieux équipée pour réagir aux menaces éventuelles qui pèseraient sur la sécurité et la stabilité de la communauté euro-atlantique. L'élargissement de l'OTAN doit donc être considéré comme une étape naturelle dans un processus d'intégration beaucoup plus large et comme un moyen de consolider les nouvelles démocraties. L'OTAN doit poursuivre le processus d'évolution dans lequel elle s'est engagée depuis quelques années.

Pour toutes ces raisons et à titre de signal, le groupe CVP votera le Traité. (Applaudissements.)

M. Nothomb (PSC). - Qui aurait pu imaginer, voici seulement dix ans, que l'OTAN accueillerait aujourd'hui trois pays de l'ex-Pacte de Varsovie ? Ce débat et le vote qui le suivra ont donc une importance solennelle.

Cet évènement a bien été préparé à long terme. Les ministres des affaires étrangères de la Hongrie, de la Pologne et de la République tchèque sont venus défendre leur demande d'adhésion devant les commissions spécialisées de la Chambre et du Sénat. Ils y ont répondu à de nombreuses questions, ce qui démontre l'excellent niveau de coopération.

Par contre, la préparation à court terme ne fut pas excellente. Je voudrais cependant souligner la qualité du rapport de M. Hatry. Il est vrai que nous n'avons pas eu de longues discussions en commission mais nous avons fait le choix politique de travailler rapidement afin d'aboutir dans les plus brefs délais.

Ce débat est l'occasion de rappeler notre attachement aux valeurs de base de l'OTAN, irremplaçable alliance américano-européenne de pays démocratiques à laquelle nous devons notre sécurité.

La réorganisation de l'ordre européen après la chute du communisme aurait pu entraîner la disparition de l'OTAN et la génération d'un nouveau cadre. Il n'en a rien été. L'OTAN répond à une aspiration large et reste indispensable face à des menaces plus floues, sans doute, mais persistantes : conflits locaux, terrorisme, prolifération des armes nucléaires, bactériologiques et chimiques.

J'aimerais connaître la position du ministre en ce qui concerne l'extension de la zone d'influence de l'OTAN et sa mission de maintien de la paix notamment dans les pays baltes et les Balkans. Un élargissement excessif ne risque-t-il pas de transformer la nature de l'alliance. La PESC est en cause. Comment réagir en cas d'agression dans la zone de partenariat ? L'adhésion complète des candidats est souhaitable pour leur permettre de participer à la définition des nouveaux conceptes stratégiques. A quelle date précise interviendra cette adhésion ?

Les raisons de l'élargissement sont évidentes : les candidats le désirent et les conditions sont remplies. Mais il faudrait que cet élargissement se fasse avant le Sommet de Washington en avril 1999. Bien venue donc à la Pologne, à la Tchéquie et à la Hongrie qui viennent renforcer l'Alliance. (Applaudissements.)

M. Ceder (Vlaams Blok) (en néerlandais). - L'OTAN est le produit de la guerre froide. Elle est l'une des Organisations de défense les plus fructueuses de l'histoire de l'humanité. Toutefois, avec la chute du rideau de fer, sa mission doit être redéfinie.

L'Alliance repose sur un socle de valeurs politiques et culturelles communes aux démocraties occidentales. Sur ce point, la Turquie constitue une exception. Toutefois, sa position stratégique et son attitude pro-occidentale rendent son adhésion acceptable.

Contrairement à l'OTAN, l'OSCE regroupe des pays de trois civilisations distinctes. C'est la raison pour laquelle elle n'a jamais eu la force de frappe de l'OTAN.

En 1994, le Ministre britannique des affaires étrangères soulignait que la communauté atlantique repose sur quatre piliers : la défense et la sécurité, l'Etat de droit, l'économie de marché et l'héritage culturel gréco-romain commun.

L'écrivain américain Samuel Huntingdon affirme que la frontière de l'Occident coïncide avec celle qui sépare le christianisme occidental du christianisme orthodoxe et de l'Islam. Dans cette hypothèse, la Grèce ne fait donc pas partie de l'Occident. Il prévoit une intensification des tensions entre les cinq grandes civilisations : la civilisation occidentale, la civilisation russe-orthodoxe, l'Islam, et les civilisations chinoise et indienne. Le conflit Yougoslave lui donne raison.

L'OTAN doit en tirer les leçons qui s'imposent. Si les Américains et l'OTAN refusent de tenir compte des frontières entre l'Occident d'une part et l'orthodoxie et l'Islam d'autre part, l'OTAN est condamnée à devenir une CSCE militaire sans pouvoir et sans rôle décisif dans l'histoire. C'est pourquoi l'OTAN doit être ouverte à tous les pays occidentaux, donc aussi aux pays de l'accord de Visegrad, aux Etats baltes, à la Slovaquie, à la Slovénie et à la Croatie. Une coopération doit être possible avec l'Ukraine, le Belarus et la Roumanie. Par contre, maintenir au sein de l'OTAN, après la fin de la guerre froide, les ennemis jurés que sont la Grèce et la Turquie n'a plus de sens.

L'OTAN reste une organisation prête à utiliser la violence armée pour se protéger elle-même ou un de ses membres contre une menace de l'extérieur. Cette menace est-elle bien réelle ? Pour la Russie par exemple, l'élargissement de l'OTAN à l'Est constitue dans un certain sens une menace, alors qu'il s'agit d'une démarche purement défensive de la part des nouveaux membres. Le secrétaire de l'UEO de l'époque a déclaré que la Russie risque de renforcer à nouveau ses forces armées au XXIe siècle, cela non seulement en raison d'intérêts géopolitiques mais aussi eu égard à la « vocation sacrée » de la Russie et à l'exploitation de ressentiments que suscite la civilisation occidentale. Si la Pologne veut devenir membre de l'OTAN, c'est parce qu'elle craint à nouveau une confrontation militaire avec la Russie.

En ce qui concerne les Etats baltes, l'Occident doit veiller à ne pas isoler stratégiquement la Russie. Mais d'autre part, l'OTAN ne peut pas refuser d'être solidaire des Etats baltes. Actuellement, la Russie doit être suffisamment convaincue de la volonté de paix de l'Europe. Pourquoi l'adhésion des Etats baltes devrait-elle être considérée comme une menace par la Russie ? Par ailleurs, l'Occident doit accepter le rôle moteur de la Russie dans une partie des Balkans.

Lors de l'élargissement de l'OTAN à l'Est, il faut donc tenir compte de la Russie. A cet égard, il y a lieu d'appliquer un certain nombre de règles. La coopération et la concertation avec la Russie sont nécessaires. Nous ne savons pas encore clairement si nous voulons un projet de sécurité avec ou contre la Russie. Nous devons examiner les deux pistes. Il est toutefois exclu que la Russie devienne membre à part entière de l'OTAN.

Seuls des pays occidentaux peuvent adhérer à l'OTAN. Tout dogmatisme au sujet de la frontière entre l'Est et l'Ouest est inadmissible dans ce cadre.

L'élargissement de l'OTAN doit se dérouler parallèlement et complémentairement à celui de l'Union européenne.

Le secrétaire général Willy Claes a déjà attiré l'attention par le passé sur la menace que constitue l'Islam et sur le rôle que l'OTAN pourrait jouer dans la défense contre cette menace. Les dépenses militaires des pays islamiques continuent de croître et ces pays disposent également d'armées plus nombreuses que les pays occidentaux.

De plus, l'Occident risque de perdre rapidement son avance technologique. L'OTAN a un rôle important à jouer dans l'élaboration d'un projet de sécurité pour la zone méditéranéenne.

La question est de savoir quel rôle jouera la Turquie. Il serait risqué d'affirmer que ce pays est définitivement acquis aux valeurs occidentales. Le fondamentalisme gagne du terrain. Il serait particulièrement dangereux de ne pas tenir compte des revirements politiques et religieux qui pourraient survenir en Turquie et qui feraient de ce pays un partenaire douteux au sein de l'OTAN. L'OTAN prêtera-t-elle main forte à la Turquie dans sa guerre contre les Kurdes ? C'est peut probable.

Je ne plaide pas en faveur du retrait de la Turquie de l'OTAN. Je demande seulement un peu plus de vigilance. Certains Turcs menacent de bloquer l'élargissement de l'OTAN aux pays d'Europe de l'Est tant que l'on empêche leur pays d'adhérer à l'Union européenne. Sur ce point, la réponse de l'Europe doit être claire : plutôt Budapest qu'Ankara. (Applaudissements sur les bancs du Vlaams Blok et du PRL.)

M. Anciaux (VU) (en néerlandais). - Je ne comprend pas l'attitude de M. Bourgeois. Prétendre qu'il faut choisir entre une alliance démocratique et un agglomérat non démocratique disposant d'armes nucléaires, et ajouter dans la foulée qu'il faut ménager ce dernier, c'est faire preuve d'hypocrisie. Le présent projet est hypocrite.

Le Vlaams Blok a décrit la situation qui règne en Turquie. Dans l'exposé des motifs du projet de loi, on peut lire que l'élargissement est soumis au respect de la démocratie. Je n'ai pas l'impression que cette valeur soit partagée par tous les pays de l'OTAN. De plus, l'OTAN prête main forte à la Turquie dans sa guerre contre les Kurdes.

De nombreux orateurs sont d'avis que l'élargissement de l'Union européenne va de pair avec celui de l'OTAN. C'est dangereux. L'Europe doit disposer d'une politique de défense commune, indépendante de celle des Etats-Unis. Ceux qui défendent ce point de vue sont qualifiés d'idéalistes, mais personne en Europe ne fait de vrais efforts pour que cette politique de défense commune voit le jour.

Nous restons dans la logique de la guerre froide. Affirmer que la course aux armements était nécessaire pour le maintien de la paix en Europe, c'est le plus grand mensonge du siècle. Cette course n'a profité qu'aux fabricants d'armes. Rien n'a été entrepris pour instaurer une véritable politique de défense commune en Europe.

Je comprends la méfiance de la Russie face à l'élargissement de l'OTAN. Devons-nous pour autant restaurer la guerre froide ? Avons-nous besoin d'un ennemi à tout prix ? Nous avons tout intérêt à dialoguer. Il est significatif que l'extrême droite soit devenue le principal défenseur de l'OTAN. Pour elle, le danger vient maintenant de l'Islam.

On affirme qu'il s'agit d'une logique implacable. J'estime que la Belgique a le droit de plaider en faveur de l'instauration d'une défense commune en Europe. Les pays de l'Europe de l'Est n'auront pas non plus grand-chose à dire au sein de l'OTAN. Les Etats-Unis continueront à tout régenter avec l'appui de quelques alliés fidèles. L'OTAN n'est pas une organisation démocratique. Elle se contente de défendre les intérêts américains, comme c'est le cas en Irak, tout en laissant d'autres régions poursuivre leur politique antidémocratique.

Bien sûr, il n'y a pas que des aspects négatifs. Qui sommes-nous pour interdire à la Hongrie, la Pologne et la Tchéquie d'adhérer à l'OTAN ? Ces pays sont parfaitement capables de prendre eux-mêmes une décision. Compte tenu de la situation actuelle, j'émettrai un vote négatif. L'OTAN n'offre aucun avenir. Il y a un an, la Cour internationale de justice a décidé que l'utilisation d'armes nucléaires, où la simple menace de leur utilisation, est contraire au droit international, au droit humanitaire et au droit de la guerre. La Belgique doit savoir qu'elle fait partie d'une organisation qui ne respecte pas ces principes. J'espère que les nouveaux membres auront le courage de faire de l'OTAN une organisation démocratique et d'oeuvrer en faveur de la création d'une organisation de défense de la paix en Europe.

M. Jonckheer (Ecolo). - Je salue la présence parmi nous des ambassadeurs des pays concernés. C'est avec beaucoup de plaisir que nous avons suivi l'évolution de leurs pays vers l'économie de marché. Malheureusement, beaucoup ignorent que ceci ne va pas sans difficultés sur le plan social. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle je ne partage pas l'optimisme du rapporteur.

Ecolo n'est pas fort à l'aise dans ce type de débat car nous privilégions les orientations politiques en matière de sécurité militaire. Nous avons ainsi toujours estimé qu'il fallait privilégier l'action diplomatique et civile pour prévenir les conflits, renforcer le processus de décision et de contrôle des parlements nationaux, n'autoriser le recours à la force qu'en cas de conflit ouvert et sous le mandat de l'OSCE et renforcer les moyens de cette organisation.

L'évolution de l'architecture de défense européenne ne correspond toutefois pas à ces orientations. Nous aurions préféré que l'OSCE devienne l'organisme de sécurité européenne collective. Or, c'est l'OTAN qui devient le vecteur central de cette sécurité.

Depuis 1989, l'évolution des institutions de sécurité en Europe se caractérise par l'élargissement des organisations existantes vers les pays de l'Est. C'est ainsi que l'on se trouve devant un système de défense à institutions de sécurité imbriquées, dans lequel l'OTAN occupe une position centrale. L'OSCE n'a pas de capacité coercitive.

Ces évolutions, présentées comme naturelles ont fait l'objet dès la fin des années '80 déjà de débats politiques intenses. La France avait ainsi défendu une politique accordant une place plus importante à l'OSCE et subordonnant moins l'Europe à l'OTAN.

La situation actuelle résulte d'un choix politique délibéré. Si, après Maastricht et Amsterdam, il est tellement difficile de mettre sur pied une politique européenne de défense, ce n'est pas seulement dû à la volonté américaine, c'est surtout le fait des Européens eux-mêmes. Ceux-ci sont en effet divisés entre, d'une part, les partisans d'un lien euro-atlantique et, d'autre part, ceux qui pensent que les intérêts géopolitiques et géoéconomiques européens ne correspondent pas nécessairement aux intérêts américains.

Je comprend que les pays qui vont nous rejoindre accordent moins d'importance à ces éléments. L'élargissement de l'OTAN favorisera-t-il ou freinera-t-il une capacité européenne spécifique ? Nous pensons, pour notre part, que les deux phénomènes ne sont pas possibles simultanément.

Le renforcement du rôle de l'UEO et le combat mené par la France au début des années '90 constituent des enjeux pour lesquels il faut se battre. Nous ne pouvons pas accepter une subordination de l'Europe au sein de l'OTAN.

Nous sommes partisans d'un renforcement de la présence des parlements dans les différents types de décisions prises au sein d'organisations comme l'UEO, l'OSCE et l'OTAN. Celles-ci disposent d'un parlement non élu et strictement consultatif. Les parlements nationaux et le Parlement européen devraient disposer de prérogatives plus importantes et prendre part aux décisions d'envoi de troupes à l'étranger, dans le cadre d'un mandat de l'ONU.

Vu la façon avec laquelle on aborde, dans cette enceinte, certaines questions de politique internationale, je pense qu'il reste encore beaucoup de chemin à parcourir.

Il est évident que l'adaptation interne et externe de l'OTAN résulte d'un choix prioritaire des Etats-Unis sur lequel l'Europe s'est alignée. Dans le cas du conflit en ex-Yougoslavie, les seules troupes militaires qui disposaient et disposent encore d'une capacité intégrée sont celles de l'OTAN.

Ces évolutions ainsi que la nature des nouveaux risques en Europe justifient davantage les priorités que j'ai rappelées. J'espère que l'élargissement de l'OTAN, qui est un choix politique, ne gênera pas la réalisation de ces priorités.

Il faut acter que l'OTAN a repris à son compte des tâches que nous voulions attribuer à l'OSCE. Par ailleurs, l'OTAN est considérée par les douze pays candidats comme capable d'assurer la stabilité en Europe. La Hongrie, la République tchèque et la Pologne ont voté démocratiquement leur demande d'adhésion en connaissant, du moins je l'espère, le coût de la modernisation d'une armée. La charge financière de l'élargissement de l'OTAN devrait d'ailleurs revenir aux pays riches et non aux pays pauvres.

Nous devons prendre en compte les volontés d'adhésion évidentes. Ecolo s'abstiendra lors du vote, ce qui signifie une évolution significative de sa doctrine.

En ce qui concerne les élargissements ultérieurs, si nous voulons être cohérents avec le schéma américain, nous devons accepter toutes les candidatures et veiller à ce que la Russie ne se sente pas menacée. A la rentrée, nous mettrons l'accent, lors des débats en commission et par des demandes d'explications, sur la dénucléarisation en Europe, la politique de démilitarisation effective et le renforcement de l'OSCE dans le cadre de son nouveau partenariat avec l'OTAN. (Applaudissements sur les bancs Ecolo-Agalev.)

M. De Decker (PRL-FDF). - Je me réjouis de cet élargissement. Après le Sommet de Berlin, voici quelques années déjà, j'avais écrit un article intitulé « Le Sommet de l'Erreur ». J'affirmais alors qu'il ne fallait pas tarder à associer à l'OTAN tous les pays qui le demandaient, sous peine de difficultés politiques.

Il faut être conscient de la portée de l'élargissement. L'article 5 du Traité de Washington s'appliquera désormais à la Hongrie, à la Pologne et la République tchèque.

Notre pays s'engage donc à venir en aide à ces nations si elles sont en danger.

L'OTAN s'engage aussi à protéger ces trois pays par la dissuasion nucléaire.

Enfin, la question du financement a été tranchée. J'aimerais, monsieur le ministre, que vous nous donniez plus de précisions à ce sujet.

On estime, en effet, le coût de l'élargissement de 27 à 35 milliards de dollars. Sur une période de dix ans, 10 à 13 milliards seront pris en charge par les trois nouveaux membres, 8 à 10 milliards par les pays européens et 2 milliards par les Etats-Unis. Enfin, 9 à 10 milliards seraient payés par l'ensemble des 19 pays membres. Si ces chiffres sont exacts, la participation américaine serait insuffisante par rapport à ce que les USA retirent d'une opération dont ils ont déterminé seuls les limites. Nous souhaitions en effet que la Slovaquie et la Slovénie fassent partie du même train et certains pays européens plaidaient pour la cause roumaine.

Pourquoi les Etats-Unis ont-ils réduit l'élargissement à la Pologne, à la Tchéquie et à la Hongrie ? Il est évident que l'attitude de M. Meciar n'aide pas la Slovaquie à rejoindre l'OTAN ou l'Union européenne. Je reviens de Roumanie et de Bulgarie et j'ai le net sentiment qu'elles pourraient jouer un rôle tout à fait essentiel pour la résolution de la crise des Balkans. On peut comprendre la crainte des Etats-Unis d'élargir l'Alliance aux pays de cette région, mais je ne partage pas leur analyse. Nous devrions davantage écouter les pays qui souffrent indirectement de cette crise.

L'Alliance atlantique est intervenue en Bosnie à l'issue d'un long processus. Dans l'affaire du Kosovo, nous avons décidé d'utiliser d'emblée l'Alliance comme outil politico-militaire. C'est, à mon sens, une erreur. Le conflit s'en est trouvé accéléré de part et d'autre. L'OTAN doit être utilisée à bon escient. Elle ne peut assurer toute la problématique de la sécurité en Europe. Il faut donner un corps à la PESC, apprendre à se servir de l'UEO pour encourager fermement tous les pays des Balkans à une coopération politique beaucoup plus intense. Qu'allez-vous faire, monsieur le ministre, dans les mois qui viennent, pour donner à la PESC la capacité d'oeuvrer à la sécurité de l'Europe ?

L'Alliance atlantique est évidemment l'outil principal de la sécurité atlantique. Elle compte cinquante ans de succès. Mais au moment où s'élaborent de nouveaux concepts stratégiques, notre assemblée ne devrait pas être absente du débat.

Je me réjouis de l'élargissement de l'OTAN. Permettez-moi, monsieur le ministre, pour clôturer, de vous demander où en est la question de son siège à Bruxelles (Applaudissements sur les bancs PRL-FDF).

Mme Lizin (PS). - Nous sommes favorables à la ratification des trois protocoles. Le rapport de M. Hatry manifeste toutefois un enthousiasme quelque peu excessif. Nous regrettons que le débat sur la cohésion européenne au sein de l'OTAN ait abouti à l'isolement de la position française. Il manque aux Européens une attitude commune. C'est la clé de l'avenir. Sans doute est-il encore trop tôt pour en débattre mais on ne peut réussir une union européenne en négligeant les autres aspects.

De qui la Pologne, la Tchéquie et la Hongrie sont-ils les alliés ? Sans doute se devront-ils, dans un premier temps, de renforcer la thèse des Américains mais peut-être se rapprocheront-ils ensuite de l'idée du pilier européen.

Nous regrettons l'erreur stratégique qui a consisté à maintenir la porte fermée à la Roumanie ainsi qu'à la Slovaquie et à la Bulgarie.

En prétendant que le thème de la sécurité européenne n'est pas un thème clé, les Etats-Unis parviennent à renforcer leur contrôle sur notre sécurité tout en abaissant le coût pour eux. Certains Européens donnent du crédit à cette thèse mais il s'agit en réalité d'une véritable volonté stratégique des Américains. Nous n'avons pas encore vu jusqu'ici de sursaut européen. Il ne se trouve sûrement pas dans les Traités de Maastricht et d'Amsterdam.

La stabilité dans les Balkans est un des objectifs de l'OTAN. Cependant, on a commis l'erreur profonde de ne pas parler du Kosovo à Dayton. La situation actuelle contient des facteurs d'une déstabilisation irréversible.

Même si nous maintenons des relations officielles avec la Serbie sans en reconnaître les frontières, il est honteux qu'un groupe parlementaire ait reçu la ministre serbe de la culture. Il faut condamner cet acte car il donne le sentiment que l'on ne désapprouve pas la politique serbe au Kosovo. Dans la partie du Kosovo contrôlée par l'armée serbe, l'épuration ethnique est pire que ce que nous avons vu en Bosnie. D'ailleurs, la présidente du tribunal de La Haye a fait savoir que la situation était telle qu'il était clair que des plaintes seront recevables devant ce tribunal.

Depuis cinq ans, les parlementaires belges prédisent que le Kosovo sera un jour indépendant et qu'il poursuivra des discussions avec l'Albanie. Mais ils ne se sont pas entendus. Pendant ce temps, les Américains ont rencontré des responsables de l'armée du Kosovo en Suisse. Quel est l'intérêt des Européens à ignorer ce problème ?

Nous disons oui à l'OTAN, oui à son extension même si nous savons que les nouveaux alliés seront surtout, dans un premier temps, les alliés des Etat-Unis. Mais nous voulons du changement dans les analyses, car, jusqu'à présent, seuls les Américains ont défini une bonne stratégie réaliste.

Quelle est l'opinion du ministre sur la situation dans les Balkans ? Quel rôle la Belgique peut-elle espérer jouer ? (Applaudissements sur les bancs Ecolo.)

M. Derycke, ministre des affaires étrangères (en néerlandais). - Je voudrais limiter ma réponse à l'essentiel du débat, à l'élargissement de l'OTAN et au concept stratégique. Le débat sur le Kosovo est un débat subséquent. Ce serait faire preuve de peu de respect envers la Pologne, la Tchéquie et la Hongrie que de débattre maintenant sur le Kosovo.

Le débat actuel est de haut niveau. Le Sénat joue pleinement son rôle. L'élargissement de l'OTAN est en effet un événement historique. C'est une étape essentielle dans le développement de la structure européenne de sécurité.

Après une période où l'Europe se divisait, nous revenons à une situation normale. Nous intégrons aujourd'hui trois pays véritablement européens. Cela se situe dans le droit fil du communiqué diffusé à l'issue du Sommet de l'OTAN à Madrid en juillet 1997.



(Poursuivant en français.)

L'Alliance altantique est basée sur des conditions strictes de démocratie et de liberté, et sur le respect des droits de l'homme. La communauté issue du Traité de Washington exerce une attirance sur les pays européens grâce à ces valeurs. Les pays anciennement membres du Traité de Varsovie ont fait, de leur adhésion à l'OTAN, un objectif prioritaire.



(Poursuivant en néerlandais.)

L'OTAN ne veut pas que de nouvelles lignes de fracture surgissent à la suite de l'élargissement. Pour elle, l'élargissement représente davantage que l'admission de nouveaux membres. C'est également davantage qu'une simple intégration militaire des nouveaux membres. L'adaptation externe est un concept large, ouvert et dynamique. Le partenariat pour la paix a été d'une grande utilité pour les nouveaux Etats membres. Il a permis de développer les relations en fonction d'accords de coopération individuels. Le Pacte sur le partenariat Euro-Atlantique a démarré avec 44 membres et nous nous réjouissons de cette nouvelle dynamique.

M. Anciaux a dit beaucoup de vrai au sujet des relations avec la Russie. Nous devons mettre sur pied des relations authentiques et abandonner l'ancienne image de l'ennemi. Je me réjouis de l'acte fondateur et du fonctionnement de ses commissions de coopération.

Celle-ci progresse lentement, mais elle est réelle et nous devons dès lors la stimuler. L'accord spécial avec l'Ukraine est également d'une grande importance. L'équilibre difficile entre la Russie et l'Ukraine joue un grand rôle. La stabilité et le bien-être en Europe sont indivisibles. Je crois à des relations avec la Russie dans la transparence et le respect mutuel. Sur le terrain, la coopération entre Belges et Russes en Slavonie orientale a bien fonctionné.

Une telle coopération concrète me donne de l'espoir. La création par l'OTAN d'installations militaires dans les nouveaux Etats membres est un point sensible pour la Russie. L'OTAN a promis la transparence en la matière et réaffirmé qu'on n'installerait pas d'armes nucléaires dans les nouveaux Etats membres.



(Poursuivant en français.)

Douze membres ont posé leur candidature. Durant le Sommet de Madrid, les Etats membres ont voté l'adhésion de cinq pays à l'OTAN mais il a clairement été précisé que l'organisation restait ouverte à d'autres adhésions à conditions que les candidats soient démocrates.

Les Etats membres n'accepteront pas de veto de la part de la Russie. Le processus d'adhésion sera évalué lors du prochain Sommet à Washington en avril 1999.



(Poursuivant en néerlandais.)

Le futur élargissement de l'OTAN concerne dans un premier temps la Bulgarie et la Roumanie, et ensuite les Etats baltes. Nous pouvons déplorer que les choses n'aillent pas plus vite pour ces derniers, mais nous ne devons pas perdre de vue l'équilibre avec la Russie. Je pense que certains Etats baltes feront partie de l'Union européenne avant de devenir membres de l'OTAN.



(Poursuivant en français.)

Bien que la Belgique soit favorable à l'élargissement de l'OTAN à la Roumanie et à la Bulgarie, ceci ne sera pas à l'ordre du jour du Sommet de Washington car il y a une grande réticence de la part du Sénat américain et plus particulièrement du sénateur Helms.



(Poursuivant en néerlandais.)

Il existe un certain conservatisme dans ce sens que les Etats-Unis veulent tester la stabilité de l'OTAN par le biais d'un élargissement à trois. Sur ce plan, on parle d'un conflit entre les Etats-Unis et l'Europe. Toute nouvelle adhésion requiert cependant l'unanimité. Certains pays européens ne sont pas davantage favorables à un élargissement à la Bulgarie et à la Roumanie. Nous devons donc rester prudents.



(Poursuivant en français.)

L'élargissement aura pour conséquence d'étendre la garantie de sécurité politique prévue par le Traité de Washington, en son article 5.



(Poursuivant en néerlandais.)

L'article 5 demeure l'élément essentiel du Traité de l'OTAN. Nous devons continuer à en souligner l'importance. En 1949, la Belgique a renoncé à la nationalisation de sa défense.

Une renationalisation serait néfaste, peu crédible et plus coûteuse. Nous restons attachés au principe de l'assistance collective. Une agression contre un pays européen est actuellement peu probable, mais cette situation n'existe que depuis une décennie. D'autres dangers ont surgi comme les tensions sous-régionales, ethniques ou nationales et la prolifération des armes nucléaires.

L'OTAN doit trouver une réponse à ces nouveaux problèmes de sécurité.

Je vois 12 directives pour les négociateurs appelés à élaborer un nouveau concept stratégique. Tout d'abord, il convient d'apporter une réponse aux nouveaux défis. Il faut qu'il y ait en Belgique un large consensus social au sujet du caractère multilatéral de la défense, dont l'OTAN en évolution reste la pierre angulaire.

Le rôle essentiel de l'OTAN est repris dans l'article 5 du Traité. La solidarité transatlantique est la base de l'alliance. Les nouvelles tâches y sont subordonnées.

Un deuxième point concerne le maintien de la paix, nécessitant une définition et des accords clairs. On peut se demander si la défense du territoire peut être élargie à la défense des intérêts vitaux.

Un troisième point est le fait que l'OTAN fonctionne selon les principes d'un ordre juridique international. Toute action doit s'inscrire dans la législation internationale.

Un quatrième point a trait aux opérations sous mandat des Nations Unies et du CSCE. Lors de ces opérations, il convient de répondre d'abord à l'ordre juridique international.

Un cinquième point concerne les coalisations ad hoc. J'en ai peur. Elles risquent de marginaliser l'influence belge au sein de l'OTAN. Je préfère la règle de l'unanimité.

Un sixième point est le fait que lors d'actions ne ressortissant pas à l'article 5, la cohésion entre les membres est importante.

Un septième point : maintenant que la Russie est devenue un partenaire de l'OTAN, il n'est plus indiqué de parler d'un équilibre stratégique.

Un huitième point est le fait qu'il faut créér davantage d'espace pour le désarmement.

Un neuvième point concerne le nouveau rôle de l'OTAN en tant que forum politique. Cette nouvelle tâche doit être suffisamment axée sur l'avenir et être constructive.

Un dixième point est que la prudence s'impose en ce qui concerne les passages dans le Traité sur le rôle défensif de l'OTAN. Je ne suis pas partisan d'une modification de l'article 5.



(Poursuivant en français.)

De nombreux intervenants ont insisté sur la nécessité d'une plus grande visibilité de l'Europe dans la politique de l'OTAN. Face à la lutte éternelle entre, d'une part, les pro-atlantistes purs et durs et, d'autre part, les pays qui sont plus attachés au concept d'Etat-nation, il existe une troisième voie qui est la nôtre et qui se situe quelque part entre les deux que je viens de citer. Il est de notre responsabilité d'être plus vigilants.



(Poursuivant en néerlandais.)

Un dernier point concerne la défense nucléaire. Ces dernières années, des efforts non négligeables ont été consentis en vue d'une dénucléarisation. Nous devons saisir toutes les occasions de contribuer à une limitation multilatérale, contrôlée et équilibrée de l'arsenal nucléaire.

Un dernier chapitre de ce débat traite du financement. M. Bourgeois et d'autres sénateurs ont plaidé pour une attitude non égoïste. La solidarité n'est pas toujours une question d'argent.

Nos contributions au financement de l'infrastructure et de l'aspect militaire proviennent en moyenne partie du budget de la défense; les dépenses pour le volet civil sont supportées par le budget des affaires étrangères. La part de la Belgique est calculée à chaque fois selon d'autres clés de répartition.

Quant au budget civil, on ne prévoit pas d'augmentation des dépenses pour les années 1998-1999. Les frais supplémentaires seront compensés. Aucune extrapolation n'a été faite pour le budget civil des années postérieures à l'an 2000. On s'attend seulement à une légère augmentation de la part de la Belgique dans le budget civil. Les Etats membres souhaitent expressément maintenir une croissance zéro du budget civil.



(Poursuivant en français.)

Les pourparlers vont dans la bonne direction.

Le Conseil est satisfait de la proposition du gouvernement belge, même si on ne peut jamais être absolument sûr.

Le coût du bâtiment serait de 9,3 milliards et la Belgique prendrait en charge 300 millions.



(Poursuivant en néerlandais.)

L'ensemble des frais d'investissement durant la période 1998-2008 est estimé à 47 milliards de francs belges. A partir de l'an 2000, une augmentation est toutefois possible.

Pour 1998, un crédit de 854 millions est prévu au budget de la défense pour le volet militaire de l'OTAN et un crédit de 980 millions pour le volet de l'infrastructure.



(Poursuivant en français.)

Le financement sera essentiellement supporté par les nouveaux membres.

L'essentiel du coût de l'adhésion sera supporté par les nouveaux membres eux-mêmes. Les dépenses peuvent être revues à la baisse. La situation est donc gérable. Les nouveaux bâtiments ne doivent pas être considérés comme une conséquence de l'élargissement car les bâtiments actuels étaient de toute manière insuffisants. Rien ne permet dans un délai raisonnable d'espérer un développement de l'OSCE.



(Poursuivant en néerlandais.)

Dans ce contexte, il est important que le parlement ratifie ces traités d'adhésion.



(Poursuivant en français.)

Après ratification, les actes sont transmis aux Etats-Unis. L'accord entrera en vigueur dès qu'auront été rassemblées toutes les ratifications.



(Poursuivant en néerlandais.)

Je remercie les nombreux intervenants et l'ensemble du Sénat pour leur coopération en la matière. Je me réjouis de ce que l'histoire ait rendu justice à la Pologne, la Hongrie et la Tchéquie. (Applaudissements.)

- La discussion générale est close.

- Les articles sont adoptés sans observation.

- Le vote sur l'ensemble aura lieu ultérieurement.





ODRE DES TRAVAUX



M. le Président. - Je propose de reporter le débat sur la situation en Asie à la semaine prochaine. Le Bureau décidera de la date exacte. Par ailleurs, nous pouvons examiner les autres points de notre ordre du jour pour lesquels la présence du ministre n'est pas nécessaire.

M. Derycke, ministre des affaires étrangères (en néerlandais). - La semaine prochaine, je serai présent pour le débat. Je demande au Sénat de commencer la séance de demain dès 9 heures du matin pour l'examen des autres traités. Je déplore devoir quitter l'Assemblée en ce moment pour assister à l'accueil du président de la Bulgarie.

M. Hatry (PRL-FDF). - Le bicaméralisme intégral impose la présence du ministre pour les matières concernées. Je me rallie donc à la proposition du ministre.

M. Hostekint (SP) (en néerlandais). - Etant donné que j'envisage de formuler quelques observations concernant le point 7 de notre ordre du jour, je propose de reporter ce point à demain. (Assentiment.)

M. le Président. - L'examen des points 7, 14, 15, 16, 17 et 17bis de notre ordre du jour est reporté à demain à 9 heures. Nous poursuivons l'examen des autres points.





PROJET DE LOI PORTANT ASSENTIMENT AUX STATUTS DU GROUPE D'ETUDE INTERNATIONAL DU CUIVRE, ET A L'ANNEXE, ADOPTES PAR LA CONFERENCE DES NATIONS UNIES LE 24 FEVRIER 1989


- Les articles sont adoptés sans observation.

- Le vote sur l'ensemble aura lieu ultérieurement.





PROJET DE LOI PORTANT ASSENTIMENT A L'ACCORD ENTRE LE ROYAUME DE BELGIQUE ET LE ROYAUME DES PAYS-BAS RELATIF A LA DELIMITATION DU PLATEAU CONTINENTAL, ET ANNEXE, ET ECHANGE DE LETTRES ET A L'ACCORD ENTRE LE ROYAUME DE BELGIQUE ET LE ROYAUME DES PAYS-BAS RELATIF A LA DELIMITATION DE LA MER TERRITORIALE, SIGNES A BRUXELLES LE 18 DECEMBRE 1996


- Les articles sont adoptés sans observation.

- Le vote sur l'ensemble aura lieu ultérieurement.





PROJET DE LOI PORTANT ASSENTIMENT AUX ACTES INTERNATIONAUX SUIVANTS :


1° CINQUIEME PROTOCOLE ADDITIONNEL A LA CONSTITUTION DE L'UNION POSTALE UNIVERSELLE;


2° REGLEMENT GENERAL DE L'UNION POSTALE UNIVERSELLE, ET ANNEXE;


3° CONVENTION POSTALE UNIVERSELLE, ET PROTOCOLE FINAL;


4° ARRANGEMENT CONCERNANT LES COLIS POSTAUX, ET PROTOCOLE FINAL;


5° ARRANGEMENT CONCERNANT LES MANDATS DE POSTE;


6° ARRANGEMENT CONCERNANT LE SERVICE DE CHEQUES POSTAUX; ET


7° ARRANGEMENT CONCERNANT LES ENVOIS CONTRE REMBOURSEMENT,


FAITS A SEOUL LE 14 SEPTEMBRE 1994

- Les articles sont adoptés sans observation.

- Le vote sur l'ensemble aura lieu ultérieurement.





PROJET DE LOI PORTANT ASSENTIMENT A LA CONVENTION SUR LES ASPECTS CIVILS DE L'ENLEVEMENT INTERNATIONAL D'ENFANTS, FAIT A LA HAYE LE 25 OCTOBRE 1980, ABROGEANT LES ARTICLES 2 ET 3 DE LA LOI DU 1er AOUT 1985 PORTANT APPROBATION DE LA CONVENTION EUROPEENNE SUR LA RECONNAISSANCE ET L'EXECUTION DES DECISIONS EN MATIERE DE GARDE DES ENFANTS ET LE RETABLISSEMENT DE LA GARDE DES ENFANTS, FAITE A LUXEMBOURG LE 20 MAI 1980 ET MODIFIANT LE CODE JUDICIAIRE


Discussion générale


Mme Lizin (PS), rapporteuse. - Trop souvent, les instruments de droit international privé passent au dernier plan de nos intérêts. C'est vraisemblablement ce mépris qui explique que cette convention soit ratifiée avec quinze ans de retard. Pourtant, son utilité est grande puisqu'elle permet de rendre l'enfant après six semaines sans décision de justice complémentaire. A partir d'un certain âge, l'accord de l'enfant est requis. Certains pays peuvent se prévaloir de règles particulières. Enfin une partie de la Convention de Luxembourg est abrogée.

Cette convention est source d'espoir. Malheureusement, aucun pays arabe ne l'a ratifiée et en manifeste l'intention. Il y aura donc un vide juridique important et des cas malheureux, notamment avec le Maroc, subsisteront. C'est le point faible de cette convention.

Dans le cas d'enfants en bas âge, certaines pratiques administratives devront être modifiées. On ne peut qu'espérer que Child Focus sera chargé de ces dossiers.

Je voudrais souligner qu'à l'article 3, il ne s'agit pas seulement d'une ratification d'un traité mais de l'adaptation des articles du Code judiciaire. Cette procédure est justifiée par l'urgence mais il vaudrait mieux à l'avenir que ce type de disposition soit aussi examiné par la commission de la justice. (Applaudissements.)

- La discussion générale est close.

- Les articles sont adoptés sans observation.

- Le vote sur l'ensemble aura lieu ultérieurement.





PROJET DE LOI PORTANT ASSENTIMENT A LA CONVENTION ADDITIONNELLE SIGNEE A BRUXELLES LE 6 MARS 1995, MODIFIANT LA CONVENTION ENTRE LA BELGIQUE ET LE PORTUGAL EN VUE D'EVITER LA DOUBLE IMPOSITION ET DE REGLER CERTAINES AUTRES QUESTIONS EN MATIERE D'IMPOTS SUR LE REVENU, ET LE PROTOCOLE FINAL, SIGNES A BRUXELLES LE 16 JUILLET 1969


- Les articles sont adoptés sans observation.

- Le vote sur l'ensemble aura lieu ultérieurement.





PROJET DE LOI PORTANT ASSENTIMENT A LA CONVENTION ENTRE LE GOUVERNEMENT DU ROYAUME DE BELGIQUE ET LE GOUVERNEMENT DE LA ROUMANIE TENDANT A EVITER LA DOUBLE IMPOSITION ET A PREVENIR L'EVASION FISCALE EN MATIERE D'IMPOTS SUR LE REVENU ET SUR LA FORTUNE, FAIT A BRUXELLES LE 4 MARS 1996


- Les articles sont adoptés sans observation.

- Le vote sur l'ensemble aura lieu ultérieurement.





PROJET DE LOI PORTANT ASSENTIMENT A LA CONVENTION ENTRE LE ROYAUME DE BELGIQUE ET LA REPUBLIQUE DE MAURICE TENDANT A EVITER LES DOUBLES IMPOSITIONS ET A PREVENIR L'EVASION FISCALE EN MATIERE D'IMPOTS SUR LE REVENU, SIGNEE A BRUXELLES LE 4 JUILLET 1995


- Les articles sont adoptés sans observation.

- Le vote sur l'ensemble aura lieu ultérieurement.





PROJET DE LOI PORTANT ASSENTIMENT A LA CONVENTION ENTRE LE ROYAUME DE BELGIQUE ET LA REPUBLIQUE D'AFRIQUE DU SUD TENDANT A EVITER LA DOUBLE IMPOSITION ET A PREVENIR L'EVASION FISCALE EN MATIERE D'IMPOTS SUR LE REVENU, FAITE A PRETORIA LE 1er FEVRIER 1995


- Les articles sont adoptés sans observation.

- Le vote sur l'ensemble aura lieu ultérieurement.





PROJET DE LOI PORTANT ASSENTIMENT A LA CONVENTION ENTRE LE GOUVERNEMENT DU ROYAUME DE BELGIQUE ET LE GOUVERNEMENT DE LA REPUBLIQUE DE BELARUS TENDANT A EVITER LES DOUBLES IMPOSITIONS ET A PREVENIR L'EVASION FISCALE EN MATIERE D'IMPOTS SUR LE REVENU ET SUR LA FORTUNE, ET AU PROTOCOLE, SIGNES A BRUXELLES LE 7 MARS 1995


Discussion générale


M. Hostekint (SP), rapporteur (en néerlandais). - J'ai insisté auprès du président de la commission des affaires étrangères et auprès du ministre pour que ce traité soit encore examiné avant les vacances. Tout d'abord, nous voulons tirer le Belarus de son isolement international. Ensuite, l'objectif est de faire progresser l'affaire de Willy Sollie. J'espère que le vote de ce traité qui aura lieu demain accélérera la libération de Sollie.

Le ministre m'a dit que sa libération serait imminente.

- La discussion générale est close.

- Les articles sont adoptés sans observation.

- Le vote sur l'ensemble aura lieu ultérieurement.





PROJET DE LOI PORTANT ASSENTIMENT A LA CONVENTION ENTRE L'ESPAGNE ET LA BELGIQUE TENDANT A EVITER LES DOUBLES IMPOSITIONS ET A PREVENIR L'EVASION ET LA FRAUDE FISCALE EN MATIERE D'IMPOTS SUR LE REVENU ET SUR LA FORTUNE, ET AU PROTOCOLE, SIGNES A BRUXELLES LE 14 JUIN 1995


- Les articles sont adoptés sans observation.

- Le vote sur l'ensemble aura lieu ultérieurement.





PROJET DE LOI PORTANT ASSENTIMENT AU PROTOCOLE A L'ACCORD DE PARTENARIAT ET DE COOPERATION ENTRE LES COMMUNAUTES EUROPEENNES ET LEURS ETATS MEMBRES, D'UNE PART, ET L'UKRAINE, D'AUTRE PART, FAIT A BRUXELLES LE 10 AVRIL 1997


- Les articles sont adoptés sans observation.

- Le vote sur l'ensemble aura lieu ultérieurement.





PROJET DE LOI PORTANT ASSENTIMENT AU PROTOCOLE A L'ACCORD DE PARTENARIAT ET DE COOPERATION ETABLISSANT UN PARTENARIAT ENTRE LES COMMUNAUTES EUROPEENNES ET LEURS ETATS MEMBRES, D'UNE PART, ET LA REPUBLIQUE DE MOLDAVIE, D'AUTRE PART, FAIT A BRUXELLES LE 15 MAI 1997


- Les articles sont adoptés sans observation.

- Le vote sur l'ensemble aura lieu ultérieurement.





PROJET DE LOI PORTANT ASSENTIMENT AU PROTOCOLE A L'ACCORD DE PARTENARIAT ET DE COOPERATION ETABLISSANT UN PARTENARIAT ENTRE LES COMMUNAUTES EUROPEENNES ET LEURS ETATS MEMBRES, D'UNE PART, ET LA FEDERATION DE RUSSIE, D'AUTRE PART, SIGNE A BRUXELLES LE 21 MAI 1997


- Les articles sont adoptés sans observation.

- Le vote sur l'ensemble aura lieu ultérieurement.

- La séance est levée à 18 heures.

- Prochaines séances demain à 9 et 15 heures.





EXCUSES



Mme Nelis-Van Liedekerke et M. Coveliers, à l'étranger, MM. Destexhe et Ph. Charlier, en mission à l'étranger, demandent d'excuser leur absence à la séance de cet après-midi.





ADDENDUM



Il convient d'ajouter en suite de la première intervention du président p. 2952, 1re col., du Compte rendu analytique du 25 juin, la liste des signataires de cette demande :

Foret, Hatry, Willame-Boonen, Philippe Charlier, Jeanmoye, Hazette, Cornet d'Elzius, Lallemand, Istasse, Hotyat, Lizin, Poty, Santkin, Guy Charlier, Happart, Urbain, Mahoux, Bock, Destexhe, Desmedt, Milquet, Delcourt-Pêtre, Nothomb, Chantraine, Busquin, Van der Wildt, Maximus, Hostekint, Van Goethem, Pinoie, Merchiers, Sémer, Moens, Erdman, Mayence-Goossens, Boutmans, Dardenne, Daras, Jonckheer, Dua, De Decker, Goris, Vautmans, Goovaerts, Vergote, Nelis-Van Liedekerke, Leduc et Devolder.





Le Compte rendu analytique est un résum des débats


Le compte rendu in extenso est publié aux Annales parlementaires