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M. Jacques Brotchi (MR). - Comme vous le savez, l'hépatite C est une maladie extrêmement grave ; environ 70 000 de nos concitoyens sont porteurs de ce virus mais la moitié l'ignore, faute de dépistage adéquat. J'ai interpellé hier votre collègue, Mme Laanan, à ce sujet.
Aujourd'hui, on peut contracter l'hépatite C par d'autres moyens que la transfusion sanguine, à l'occasion d'un piercing ou d'un tatouage. Or, le public ne le sait pas.
Il s'agit donc d'un problème important de santé publique.
À côté de cela, on trouve le volet traitement qui nous concerne directement. Aujourd'hui, avec les moyens dont nous disposons et si la maladie est détectée à un stade précoce, environ 50% des malades peuvent être traités. Malheureusement, cette maladie évolue de manière insidieuse, les premiers symptômes n'apparaissant souvent qu'à un stade très avancé de la maladie.
Cependant, gráce aux avancées de la recherche et aux nouveaux traitements annoncés, les chercheurs pronostiquent un taux de guérison entre 90 et 95% en 2016. Il faut savoir que chaque année, l'hépatite C tue environ 550 de nos concitoyens.
En ce qui concerne plus spécifiquement vos compétences, madame la ministre, nous souhaiterions connaître votre position au sujet de la prise en charge de ces médicaments innovants, d'autant que, combinés à un diagnostic précoce, ils devraient permettre d'économiser jusqu'à 318 millions d'euros d'ici à 2018 si l'on met en route le Plan hépatites.
Je voudrais en outre insister sur l'importance du Fibroscan, une technique qui permet d'éviter la biopsie et d'affirmer le diagnostic de façon non invasive. À l'heure actuelle, cette technique n'est pas remboursée. Je saisis donc l'occasion pour vous sensibiliser à cet aspect.
Ma question est dictée par la tenue, il y a quelques jours, d'une réunion de la Conférence interministérielle de la Santé à la suite de laquelle vous vous êtes exprimée à la télévision. J'ai également noté la réplique de Mme Laanan à la question que je lui ai posée hier. Nous avons été quelque peu abasourdis par le fait que la commission n'avait pas pris de décision et reportait l'analyse du Plan hépatites à la prochaine réunion planifiée après les grandes vacances, en septembre-octobre.
Un vent favorable m'a appris que vous auriez décidé de réunir cette conférence le mois prochain. Je serais donc heureux de savoir si vous maintenez cette réunion et, surtout, si elle aura un pouvoir décisionnel ou si elle ne sera qu'informative comme la dernière en date.
Mme Laurette Onkelinx, vice-première ministre et ministre des Affaires sociales et de la Santé publique, chargée de Beliris et des Institutions culturelles fédérales. - Je voudrais dire à l'attention des associations de patients, des professionnels et des malades que ce Plan est une avancée positive mais qu'il existe d'ores et déjà une prise en charge qui va en s'améliorant. Il est déjà possible à l'heure actuelle de se faire dépister gratuitement et anonymement en Belgique. Tous les bénéficiaires de l'assurance soins de santé peuvent demander à un médecin de leur choix de se faire prescrire un test, celui-ci étant remboursé ainsi que la consultation.
En matière de prise en charge et de traitement, l'hépatite C fait déjà l'objet d'un remboursement. De plus, les nouveaux traitements annoncés feront l'objet de la procédure habituelle, voire de la procédure d'urgence unmet medical needs qui permettra à très court terme une prise en charge et un remboursement de la part du fédéral. Je tenais à le signaler pour couper court aux propos alarmistes entendus.
Nous continuerons bien entendu à nous battre pour les malades concernés.
Cela étant dit, il fallait aller le plus loin possible et la Chambre a adopté une résolution demandant un plan d'ensemble. L'hépatite C et ses modes de transmission restent en effet encore trop méconnus en Belgique. De plus, le dépistage est trop tardif alors qu'on sait qu'un dépistage précoce est essentiel pour un traitement efficace. Par ailleurs, 50% des porteurs ignoreraient leur séropositivité. Enfin, à ce jour, il n'y a pas encore de prise en charge multidisciplinaire des patients. Or ils en ont besoin.
Le plan pallie tous ces manquements et prévoit des solutions pour relever l'ensemble des défis : un renforcement du dépistage, une meilleure formation des médecins sur les voies d'infection possibles et les publics à dépister prioritairement, la création d'un réseau d'expertise sur le VHC articulé autour de centres d'expertise, offrant au patient une prise en charge multidisciplinaire et garantissant la collaboration entre les acteurs ayant un rôle à jouer envers le patient et, enfin, la diffusion auprès de ces acteurs de l'expertise relative au VHC.
À l'époque, j'avais proposé à la conférence interministérielle de prendre la direction de la rédaction du plan. Nous avons travaillé avec les associations de patients et les professionnels pendant plus d'un an. C'est un travail de grande qualité. Il a pris du temps mais, comme pour le plan « cancer » ou le plan « VIH/sida », un large plan concerté avec les professionnels et les patients est un gage de succès. Mes collègues m'avaient mandatée pour le faire. Je leur ai soumis le plan en janvier et ils m'ont demandé un délai pour l'examiner et analyser les implications de la sixième réforme de l'État sur l'application du plan.
La réunion de lundi n'était pas simplement consultative. C'est par exemple à cette occasion que le plan « pédiatrie » a été adopté. Des décisions ont donc été prises par cette conférence interministérielle qui fonctionne très bien.
La ministre bruxelloise de la Santé et les autres collègues après elle ont estimé qu'il leur fallait encore un peu de temps. J'ai dès lors écrit aux régions et communautés afin de leur demander s'il ne serait pas possible de se revoir à la fin de mars, c'est-à-dire bien avant la prochaine conférence interministérielle prévue en juin. J'attends les réponses. Si elle est positive, le plan pourra être avalisé en mars, ce qui permettra de gagner du temps. Si le temps leur manque encore, cela ne m'empêchera pas, pour ce qui concerne les compétences fédérales, d'aller de l'avant car nous devons investir au profit de ces patients.
M. Jacques Brotchi (MR). - La réponse de Mme la ministre me satisfait dans la mesure où je vois qu'elle a été très sensibilisée au problème et qu'elle a décidé de convoquer pour la fin mars la conférence interministérielle.
Mme Laurette Onkelinx, vice-première ministre et ministre des Affaires sociales et de la Santé publique, chargée de Beliris et des Institutions culturelles fédérales. - Il faut encore l'accord des autres participants.
M. Jacques Brotchi (MR). - J'espère que vous allez les convaincre. Je me réjouis de votre bonne volonté. Vous avez une influence certaine dans le domaine de la santé dont vous avez la responsabilité au niveau fédéral. Vos collègues de la conférence ministérielle ont, outre la santé, d'autres matières dans leurs compétences. Je compte donc sur vous pour être ferme et faire avancer ce dossier.
N'oubliez pas ce que nos collègues de la Chambre vous ont déjà expliqué : chaque année, plus de cinq cents patients décèdent de cette terrible maladie. Il ne faut plus perdre trop de temps. La prévention, qui relève des entités fédérées, est évidemment indispensable, mais le dépistage serait surréaliste en l'absence d'un traitement à proposer au malade. Nous avons besoin d'une politique d'ensemble.
J'espère pouvoir encore vous interroger avant la fin de la législature sur l'état d'avancement de ce dossier que je suis avec attention.