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M. François Bellot (MR). - Depuis une douzaine d'années, les partenariats locaux de prévention (PLP) se multiplient dans les communes, souvent à la demande et à l'initiative de citoyens soucieux d'assurer la sécurité de leur quartier. Les nombreux vols et cambriolages dans les habitations sont généralement à l'origine de ces projets. Les PLP constituent en effet un moyen concret de lutter contre le sentiment d'insécurité croissant qui règne dans les entités locales.
Ce type de projet, instauré par la circulaire du 10 décembre 2010, permet une vigilance accrue sur le terrain et complémentaire à celle assurée par les services de police. Il crée également une réelle solidarité entre les citoyens. Il est important de rappeler que le but n'est évidemment pas de se substituer à la police locale ou de créer des milices privées dans tous les coins du pays. Il s'agit par contre d'une collaboration intensifiée, d'un partenariat constructif entre la population et les forces de l'ordre, conformément à un règlement d'ordre intérieur qui doit être approuvé.
En janvier 2013, 520 PLP avaient vu le jour : 490 en Flandre, 29 en Wallonie et un seul à Bruxelles. Comment expliquez-vous, madame la ministre, cette disparité entre les régions ? Même s'il s'agit d'initiatives locales, n'estimez-vous pas qu'une campagne de communication relative aux PLP et adressée aux zones de police wallonnes et bruxelloises s'avérerait utile et nécessaire ? Si vous avez bien l'intention d'encourager ce type d'initiative, sa promotion doit être modifiée car elle ne semble pas porter ses fruits.
Les PLP ont-ils déjà fait l'objet d'une évaluation ? Dans la négative, comptez-vous procéder prochainement à cet exercice ? Dans l'affirmative, quels sont les résultats obtenus sur la criminalité ? A-t-on déjà constaté des dérives dans l'utilisation du système ?
Mme Joëlle Milquet, vice-première ministre et ministre de l'Intérieur et de l'Égalité des Chances. - Je partage votre analyse. Lorsque je me suis penchée sur la problématique des PLP, je m'attendais à découvrir une répartition un peu plus homogène des investissements et des projets entre le nord et le sud du pays. Nous en avons parlé lors de l'examen des conclusions de la journée que nous avions organisée voici deux mois et qui était consacrée aux mesures à prendre notamment au sujet des groupes de lutte contre les cambriolages. Il était entre autres recommandé de relancer cette logique et d'assurer au niveau local la sensibilisation sur l'utilité des PLP. C'est pourquoi je prépare une petite brochure. Elle sera envoyée dans les différentes zones afin de sensibiliser à nouveau les zones wallonnes et bruxelloises qui le sont moins que les néerlandophones.
Au-delà des raisons sociologiques, la différence s'explique par le fait que, dans le débat médiatique, les PLP ont été incorrectement présentés comme une sorte de justice privée, d'incitation à la délation et de moyen de jouer au policier. Vous connaissez la grande frilosité latine et francophone à cet égard. Or ce n'est pas le cas : il s'agit d'initiatives bien encadrées qui concernent essentiellement les commerçants et les quartiers qui sont davantage victimes de cambriolages. Il s'agit de surveiller la maison du voisin, sans plus, et non de s'enquérir de ce qui s'y passe ou d'organiser des bandes qui, armées de gourdins, patrouillent dans les rues. Il y a eu une confusion. C'est la raison pour laquelle nous préparons une brochure afin d'expliquer les choses selon une tout autre approche, beaucoup plus pragmatique. Ce genre de projet doit en effet être largement développé dans tout le pays.
M. François Bellot (MR). - J'imagine, madame la ministre, qu'avec le plan national de sécurité et les plans zonaux de sécurité, vous allez tenter de répondre à la demande formulée régulièrement par la population wallonne mais qui est difficile à concrétiser.
En tant que président d'une zone de police, je peux témoigner que les policiers sont assez frileux à créer des partenariats locaux de prévention. Par contre, certains de mes collègues présidents de zone en Flandre constatent que ce sont parfois les policiers eux-mêmes qui suscitent ces partenariats.
Il y a sans doute des différences de sensibilité dans la police. Mais ne voit-on pas, lors des assemblées générales de chefs de corps, à cause de sensibilités différentes ou sous la pression d'articles de presse négatifs, que les PLP ont plus d'attraits pour les Flamands ? Le déséquilibre est très important. Je crois du reste qu'il trouve sa source dans les zones de police. Je ne vois pas d'autres explications. Or les vols, après la sécurité routière, sont la préoccupation la plus importante pour la population selon les moniteurs de sécurité.
Il faut trouver une réponse et arriver à structurer des PLP dans nos zones de police.