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Mme Dominique Tilmans (MR). - J'ai lu, dans le journal Le Soir du samedi 13 et dimanche 14 avril 2013, que notre système de pension se lézarde.
À la question de savoir ce qu'elle pensait de l'architecture de notre système, Bernadette Adnet, économiste à la FEB, indiquait qu'il y avait actuellement un bon équilibre entre les trois piliers, mais elle relevait également des risques : risque démographique que l'on fait peser sur les générations futures, risque économique, déficit structurel estimé à 5 milliards d'euros et risque financier car, les taux diminuant, on ne peut plus garantir comme par le passé les rendements sur le second pilier.
À la fin de l'article, Mme Adnet relève qu'entre 2000 et aujourd'hui, les dépenses d'invalidité ont augmenté de 52%, ce qui semble énorme. Elle ne peut expliquer le pourquoi de cette situation. Je voudrais dès lors savoir comment la ministre et le secrétaire d'État analysent ces chiffres.
M. Philippe Courard, secrétaire d'État aux Affaires sociales, aux Familles et aux Personnes handicapées, chargé des Risques professionnels, et à la Politique scientifique. - Les dépenses d'invalidité sont en effet en augmentation constante depuis plusieurs années.
Cependant, contrairement à ce que Mme Adnet semble affirmer, les causes de cette augmentation sont connues et étudiées régulièrement dans les instances de l'INAMI où son organisation siège par ailleurs.
Cette augmentation s'explique par plusieurs facteurs.
L'augmentation du nombre de femmes sur le marché de l'emploi, singulièrement depuis 1997, et les réformes intervenues dans le secteur des pensions, avec l'allongement de la durée de carrière, ont conduit à une augmentation du nombre d'assurés sociaux susceptibles de tomber en invalidité. Il y a donc un effet statistique qui se répercute sur le nombre d'invalides.
Le vieillissement de la population active joue également un rôle dans l'augmentation de ces dépenses. Notre population active vieillit d'année en année et, de ce fait, la part des travailleurs se situant dans les tranches d'áges où l'on tombe plus fréquemment malade tend à augmenter.
Nous connaissons actuellement deux grandes tendances épidémiologiques qui ont un effet direct sur l'invalidité : l'augmentation des maladies mentales et psychiques, ou du moins leur diagnostic, dans la population active. Je pense, notamment, à une augmentation du nombre d'invalidités dues au stress, au burn-out, et à une hausse du nombre de maladies musculosquelettiques. Ces deux groupes de pathologies représentent ensemble près de 70% des cas d'invalidité. Ce sont des maladies de société que nous maîtrisons moins bien que d'autres pathologies plus classiques pour lesquelles les progrès de la science ont permis des retours plus rapides sur le marché de l'emploi.
Il y aussi des explications budgétaires : le gouvernement et les partenaires sociaux se sont entendus sur la hausse des indemnités dans le cadre de la liaison au bien-être et ce, depuis 2004. Cette revalorisation était indispensable, le niveau des indemnités dans notre pays était un des plus bas des pays de l'OCDE. Cependant, cette revalorisation a aussi un coût qui explique la hausse des budgets.
Je tiens également à souligner que, malgré cette hausse, la Belgique reste un des pays industrialisés qui dépense le moins pour l'invalidité et les hausses des dernières années s'inscrivent dans un contexte international où le nombre de travailleurs qui quittent le marché du travail pour des raisons médicales ne cesse de croître. C'est évidemment interpellant et c'est la raison pour laquelle je planche actuellement avec l'INAMI et les organismes assureurs sur une réforme globale de ce secteur afin de favoriser le retour vers l'emploi des invalides, la prévention de l'incapacité de travail, ainsi qu'une meilleure évaluation médicale de leur situation.
Mme Dominique Tilmans (MR). - Je vais analyser votre réponse et je verrai ensuite si je dois vous interroger à nouveau sur le sujet.