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M. Richard Miller (MR). - Monsieur le ministre, je sais que vous venez d'hériter de ce dossier. Donc, loin de moi l'idée de vous imputer les ratés mentionnés dans le titre. Je me suis rendu compte que le mot était encore plus ronflant en néerlandais. De strubbelingen. Quel beau mot ! Extraordinaire.
En tant que nouveau ministre en charge des établissements scientifiques fédéraux, vous avez indiqué les orientations que vous entendez promouvoir en ce domaine où règne depuis longtemps une querelle d'écoles, mais aussi de personnes, voire de personnalités, quant à la question de savoir s'il faut plus ou moins de synergies entre les établissements. Certains voudraient un seul pôle, avec à la clé un seul directeur. D'autres voudraient maintenir l'autonomie des établissements.
Selon le journal La Libre Belgique du 19 janvier, vous seriez davantage tenté par la ligne recommandée par M. Mettens, directeur du département, et par M. Draguet, directeur du Musée des Beaux-Arts. Vous avez déclaré : « Il me paraît que d'importants effets d'échelle, que de précieuses économies et que de nécessaires redéploiements de collections pourraient être générés par une réforme du dispositif actuel. Je demanderai sans tarder à l'administration de me fournir une étude détaillée présentant les avantages et inconvénients des différents scénarios ».
Sans me prononcer sur ce qui serait recommandable ou non, puisque les informations qui vous seront communiquées, de façon objective je l'espère, par l'administration devraient permettre d'y voir plus clair, je ne peux que vous encourager à attaquer ce dossier dans les plus brefs délais car la situation de non-décision est dommageable pour nos musées et pour la politique culturelle fédérale en général. Je ne regrette pas la communautarisation des compétences culturelles. Je suis même allé jusqu'à dire qu'il faudrait peut-être songer à la régionalisation pour les industries culturelles mais c'est un autre dossier.
Il est regrettable que les collections du Musée d'art moderne de Bruxelles ne puissent plus être vues. Il est catastrophique pour la politique culturelle fédérale, et pour la capitale européenne qu'est Bruxelles, que deux grandes expositions internationales, l'une organisée en collaboration avec le Musée du Belvédère de Vienne, l'autre qui devait avoir trait au surréalisme, aient dû être supprimées coup sur coup. Quelle est votre analyse du dossier ? Avez-vous déjà introduit une demande auprès de votre administration ? Disposez-vous d'éléments d'information supplémentaires ?
M. Paul Magnette, ministre des Entreprises publiques, de la Politique scientifique et de la Coopération au développement, chargé des Grandes Villes. - Monsieur Miller, le 30 janvier, j'ai participé à une réunion des directeurs généraux de la Politique scientifique fédérale. Il m'est apparu que la très grande majorité des responsables des établissements scientifiques fédéraux étaient favorables à une vaste réorganisation du département pour réaliser d'importantes économies, créer un ensemble plus cohérent, renforcer leur présence et résister à d'éventuelles forces centrifuges. Je n'avais pas compris que vous ne vouliez régionaliser que l'industrie culturelle. La régionalisation de la culture m'enthousiasme beaucoup moins que vous.
L'administration m'a remis deux documents, l'un présentant une esquisse du contrat d'administration qu'ils me soumettront, l'autre présentant les différentes étapes permettant d'arriver à une plus grande intégration des établissements scientifiques et, donc, d'améliorer l'efficacité de l'ensemble. La note à laquelle vous faites allusion, qui décrira de façon approfondie les avantages et inconvénients d'une réorganisation sur les plans budgétaire et organisationnel est en préparation au SPP Politique scientifique. Le président du comité de direction me l'a confirmé ce matin.
Je partage votre point de vue selon lequel cette instabilité ne peut durer beaucoup plus longtemps. Il faut arrêter de « foufeler ». J'ai évidemment besoin d'un peu de temps pour consulter et analyser la situation mais je m'exprimerai très rapidement sur la structure qui me semblera la mieux adaptée et sur le phasage des différentes actions qu'il conviendra d'entreprendre pour y parvenir.
J'en viens aux collections d'art moderne des Musées Royaux des Beaux-Arts que vous souhaitez, comme moi, pouvoir revoir au plus vite.
J'ai rencontré Michel Draguet le 26 janvier. Le 1er février, nous avons visité avec des représentants des autorités bruxelloises différents lieux pouvant accueillir les oeuvres. Le même jour, j'ai reçu le collectif « Musée sans Musée ». J'ai également pris contact avec les autorités régionales et de la Ville de Bruxelles.
Je proposerai très rapidement un lieu où l'on pourra exposer, dans de bonnes conditions de conservation, de sécurité et de visite, sans occasionner de surcoûts, les oeuvres qui étaient jadis exposées au Musée d'art moderne. Quelle que soit la solution retenue, des travaux d'aménagement seront nécessaires. Il m'est donc difficile d'annoncer quand, précisément, nous pourrons retrouver ces oeuvres. Un délai d'un an à un an et demi me paraît raisonnable.
Je suis très favorable, à terme, à ce que ces oeuvres soient montrées, avec d'autres, dans un nouveau lieu, qu'il faudra construire ou aménager en profondeur. J'ai pris de nombreux contacts en ce sens et j'ai pu mesurer l'enthousiasme que le projet, très important pour la renommée de Bruxelles et de la Belgique, suscite auprès d'un grand nombre d'acteurs.
Je n'ai rien à ajouter à ce que M. Draguet a déclaré quant à la suppression d'une exposition et au report d'une autre. Le directeur général de l'établissement a estimé qu'il était préférable de prendre ces décisions, ce qui relève de son pouvoir discrétionnaire.
M. Richard Miller (MR). - Je remercie le ministre pour le volontarisme avec lequel il s'attaque à cet important dossier, à mes yeux resté un peu trop longtemps en rade. Pour le reste, je confirme que ce sont juste les industries culturelles dont la régionalisation me paraît intéressante.