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Belgische Senaat

Handelingen

DONDERDAG 1 DECEMBER 2011 - NAMIDDAGVERGADERING

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Mondelinge vraag van de heer Jacques Brotchi aan de vice-eersteminister en minister van Sociale Zaken en Volksgezondheid over «de toename van het aantal HIV-besmettingen in België» (nr. 5-315)

M. Jacques Brotchi (MR). - Vous n'ignorez pas que ce 1er décembre est la journée mondiale de la lutte contre le sida.

Le 25 novembre, nous avons appris que 1 196 nouveaux cas de contamination avaient été diagnostiqués en Belgique au cours de l'année 2010. Cela fait plus de trois contaminations par jour, ce qui est énorme ! C'est même un record depuis l'apparition de l'épidémie.

La lutte contre la progression de la contamination semble donc être un échec dans notre pays. Alors qu'en 1997, la Belgique était arrivée à faire baisser la vitesse de propagation du virus à moins de 750 nouvelles contaminations par an, les derniers chiffres sont alarmants et imposent de revoir notre approche globale de la situation.

Cela me semble d'autant plus urgent qu'ailleurs dans le monde, au moins quarante pays où le virus est présent dans une proportion importante ont réussi à faire baisser le taux de contamination. En fait, du point de vue mondial, le nombre de nouvelles infections a atteint son niveau le plus bas depuis 1997.

Quels enseignements tirez-vous de la situation de notre pays ? Je poserai évidemment aussi la question au parlement de la Communauté française pour ce qui concerne l'aspect de la prévention.

Comment expliquez-vous qu'en Belgique, un pays où l'accès au traitement est globalement bon, où les structures sanitaires sont de haut niveau et où les médecins qui s'occupent du sida, notamment les professeurs Clumeck et Levy, jouissent d'une renommée mondiale, nous ne parvenions pas à faire reculer la contamination par le virus ? Quelle est la situation des pays voisins ?

UNAIDS a annoncé que l'humanité est à l'aube d'une avancée significative dans la riposte au VIH, à condition que les pays investissent « intelligemment ». J'ai même lu que l'on évoque la possibilité d'atteindre un objectif de zéro nouvelle infection dans les cinq prochaines années. Quel est l'état actuel des recherches et quelle est notre position par rapport à cette ambition ?

Mme Laurette Onkelinx, vice-première ministre et ministre des Affaires sociales et de la Santé publique, chargée de l'Intégration sociale. - Parmi les priorités de santé publique, la lutte contre la propagation du sida fait partie de celles dans lesquelles il faudra continuer à largement investir. Ainsi que vous l'avez dit, les chiffres sont inquiétants en Belgique mais ils le sont également dans d'autres pays européens. Le Royaume-Uni, par exemple, est confrontée à une très sensible augmentation du nombre de cas dépistés. Cela doit nous inciter non seulement à réfléchir à la politique menée mais aussi à l'améliorer.

Parmi les multiples causes de la recrudescence, je citerai une certaine banalisation de la maladie qui a pour effet une diminution du niveau de protection. Je tiens aussi à souligner que plus la politique de dépistage est performante, plus le nombre de cas connus est élevé.

En 2010, par exemple, 600 000 tests de dépistage ont été réalisés et remboursés par l'INAMI. Ce chiffre représente 59,7 tests annuels par mille habitants. C'est l'un des taux de dépistage les plus élevés d'Europe.

Nous sommes très performants en la matière, mais nous obtenons évidemment des résultats différents et qui montrent une évolution. Je ne dis pas que toutes les causes résident dans cette politique de dépistage, mais c'est l'un des facteurs d'explication.

Depuis un certain temps, au sein de la conférence interministérielle Santé publique, nous avons décidé de travailler main dans la main. Dans le cadre de la lutte contre le sida, les ministres de la Santé travaillent dans la transparence la plus complète. Chaque fois que nous nous rencontrons, nous dressons le bilan de ce qui est fait et des données dont nous disposons, nous échangeons des informations pour trouver des politiques complémentaires ou autres. Nous faisons ce travail de maillage du combat contre le sida de manière très positive.

Au fédéral, nous ne sommes pas responsables de la prévention, mais nous avons beaucoup travaillé. En 2010, par exemple, près de 12 000 patients VIH ont été suivis. Depuis 1996, nous consacrons, par le biais de conventions INAMI, plusieurs millions d'euros par an à la rééducation fonctionnelle. Il s'agit d'un accompagnement socio-médical offert aux patients atteints du sida, mais aussi aux enfants séronégatifs de parents séropositifs. Nous remboursons tous les tests VIH sans aucune limite. Nous soutenons aussi, par le biais de conventions INAMI, sept laboratoires de référence pour la confirmation des diagnostics. Ces laboratoires représentent la pierre angulaire de la surveillance, car ils collectent auprès des médecins les données relatives aux diagnostics d'infection par le VIH qui sont ensuite rassemblées et analysées par la section « épidémiologie » de l'Institut de santé publique.

Depuis le 1er janvier 2009, le PEP est intégralement remboursé pour tout le monde. Je rappelle qu'il s'agit d'un traitement prophylactique consistant en l'administration d'une cure d'antirétroviraux après l'exposition d'une personne à la maladie, afin de réduire les risques de contamination. L'exemple que j'ai souvent cité par le passé est celui du viol. Immédiatement après cet acte, le risque est mesuré et une injection massive d'antirétroviraux est pratiquée. Ce système fonctionne assez bien.

L'assurance maladie consacre près de 65 000 000 d'euros au financement de l'ensemble de ces mesures.

Sur le plan de la recherche, ma collègue responsable de la Politique scientifique pourra apporter les informations voulues.

Nous devons poursuivre le travail, tant en coordination avec les ministres de la Santé des Régions et des Communautés, qu'avec l'ONUSIDA et l'Union européenne. Il est important d'agir de commun accord et de privilégier la prévention. La tâche n'est jamais terminée et il faut sans cesse rappeler le même message en mettant toujours l'accent sur l'aspect préventif. En effet, on constate qu'une partie de la jeunesse fait parfois preuve d'inconscience. Il faut à tout prix essayer de modifier les comportements quand on voit les conséquences de la transmission du VIH. J'espère que, dans les prochains mois, nous pourrons poursuivre ce travail de coordination de la politique antisida en Belgique.

M. Jacques Brotchi (MR). - Je vous remercie, madame la ministre, pour votre réponse extrêmement complète. Je suis ravi de constater que nos divers ministres de la Santé se concertent. Les messages de prévention sont certes essentiels mais la recherche et le remboursement le sont tout autant. Cela forme un tout. Ce n'est qu'en travaillant tous ensemble que nous arriverons à faire quelque chose et surtout à délivrer les messages adéquats aux jeunes.

Il y aurait encore 20 à 30% de séropositifs qui s'ignorent et qui ne sont donc pas dépistés. C'est bien entendu inquiétant car ils risquent de propager la maladie. De plus, ils ne sont pas soignés. S'ils savaient qu'ils sont séropositifs ou s'ils osaient faire le dépistage, ils pourraient d'emblée bénéficier des traitements qui sont aujourd'hui extrêmement performants.