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M. le président. - M. Olivier Chastel, ministre de la Coopération au développement, chargé des Affaires européennes, répondra.
Mme Olga Zrihen (PS). - Voici un an, le Sénat adoptait une résolution relative à la perspective d'un processus de privatisation de la filière café. Celle-ci avait pour but de montrer notre préoccupation quant à la dépossession des caféiculteurs burundais de la principale activité économique du pays, par un processus de privatisation initié notamment par les instances financières internationales.
La résolution avait également pour objectif d'alerter le gouvernement sur le fait que, si ce processus était accepté par le gouvernement mais également par le secteur qui était alors en crise à cause d'une chute vertigineuse des cours du café, il n'en était pas moins nécessaire que le processus de privatisation réponde à certaines conditions :
Nous avons été heureux d'apprendre que l'appel lancé par la résolution du Sénat avait été entendu et partiellement rencontré. En effet, l'appel d'offre a été gelé et le dialogue a repris entre le gouvernement burundais, les instances financières et les caféiculteurs. Seule la multinationale suisse Webcor est entrée en possession de 13 stations sur 133.
Depuis un an, on constate un véritable redressement économique de cette filière café burundaise, non pas grâce à Webcor, mais grâce, d'une part, à une meilleure gestion par les producteurs burundais de leur outil de travail, avec un dispositif de cogestion interprofessionnelle et, d'autre part, grâce à un meilleur positionnement par rapport aux cours du café.
Pourtant, alors que les choses semblent évoluer positivement pour les caféiculteurs burundais, un nouvel appel d'offre pourrait être lancé dans les semaines qui viennent. Celui-ci pourrait avoir un effet dévastateur sur la dynamique positive en cours et signifier un grave retour en arrière.
Monsieur le ministre, pouvez-vous nous confirmer cette relance de l'appel d'offre ? Dans le cadre de ce dernier, on cite essentiellement le nom de Webcor déjà implanté au Burundi, mais également celui de Supremo dont le siège est en Belgique. Pourrions-nous avoir confirmation de cette information ?
Quelle est la position de notre pays quant à l'option d'un nouveau gel de l'appel d'offre que les caféiculteurs burundais appellent de leurs voeux ? En tant que pays partenaire du Burundi, compte-t-elle intervenir à nouveau dans ce dossier ?
M. Olivier Chastel, ministre de la Coopération au développement, chargé des Affaires européennes. - Il est en effet dans l'intention des autorités burundaises de relancer prochainement l'appel d'offre, même si aucune date n'a encore été fixée.
Des adaptations pourraient cependant être prévues par rapport à l'appel d'offre précédent. Ainsi, par exemple, les conditions financières que doit remplir le candidat repreneur pourraient être sensiblement revues à la baisse, afin de permettre à plus de candidats locaux de déposer une offre. La part réservataire destinée aux caféiculteurs sera, elle, maintenue.
Des sociétés belges ont manifesté dans le passé un intérêt pour la filière café burundaise. Le ministre des Affaires étrangères ne peut pas en dire plus sur les intentions actuelles de ces sociétés privées.
La Belgique considère qu'une réforme de la filière café est indispensable et qu'elle doit notamment passer par la privatisation des actifs de l'État, en ce compris les stations de lavage et les usines de déparchage.
La privatisation permettra d'attirer des acteurs économiques disposant des ressources financières suffisantes pour réaliser les investissements nécessaires à la filière. Cela devrait permettre au Burundi de produire de plus grandes quantités de café, de meilleure qualité et d'en obtenir un meilleur prix, ce qui profitera également aux petits producteurs de café. Bien entendu, la vente des actifs de l'État apportera des ressources financières au Burundi.
Étant donné l'impact social que la privatisation peut avoir sur 600 000 à 800 000 ménages, il est essentiel qu'elle tienne compte des intérêts des producteurs de café. Des associations, telle que la Confédération nationale des associations des caféiculteurs du Burundi qui réunit plus de 125 000 familles, cherchent à faire entendre le point de vue des producteurs.
La Belgique continuera de suivre de près ce dossier qui est crucial pour l'économie du Burundi.
Mme Olga Zrihen (PS). - Je remercie le ministre pour l'engagement qui est pris de suivre ce dossier. Parfois, on peut se féliciter que le travail réalisé ici porte des fruits ailleurs.