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9 SEPTEMBRE 2010
La présente proposition de résolution reprend le texte d'une proposition qui a déjà été déposée au Sénat le 17 décembre 2009 (doc. Sénat, nº 4-1578/1 - 2009/2010).
Le paludisme est une maladie qui cause des dégâts considérables. On estime qu'il est à l'origine d'un à deux millions de décès par an. Chaque année, environ 300 millions de personnes sont contaminées. Cette maladie est donc directement responsable de bien des souffrances humaines.
Mais ce n'est pas tout. De manière indirecte, le paludisme ôte également aux plus pauvres toute possibilité d'échapper à la misère, causant ainsi de véritables ravages économiques. Cette maladie a donc des effets désastreux en ce qu'elle retarde le développement. Or — et c'est là le plus navrant —, il existe des moyens relativement simples et pas trop coûteux de prévention et même de traitement du paludisme.
La présente proposition de résolution vise à renforcer l'engagement de la Belgique dans la lutte contre cette terrible maladie. À cet effet, il convient tout d'abord de rendre la prévention plus accessible. Toute personne résidant dans une zone à risque devrait pouvoir obtenir facilement une moustiquaire imprégnée d'insecticide. L'accès aux traitements contre le paludisme devrait également être simplifié. C'est l'objectif poursuivi par l'Affordable Medicines Facility for Malaria, qui devrait bénéficier du soutien de notre pays.
Les auteurs sont convaincus que le partenariat Roll Back Malaria joue un rôle essentiel dans la coordination de la lutte internationale contre cette maladie. Le Global Fund, mécanisme développé au sein de la communauté internationale, mérite lui aussi un soutien particulier de la part de notre pays.
Enfin, la Belgique devrait également honorer dans le domaine de la recherche sur le paludisme son leadership mondial en matière de pharmacologie. Il est urgent de procéder à de nouveaux tests et à de nouvelles études sur les vaccins, médicaments et insecticides. Les auteurs estiment que la Belgique a une responsabilité à assumer en la matière.
Nele LIJNEN. Guido DE PADT. |
Le Sénat,
A. considérant que le paludisme est une maladie parasitaire dévastatrice constituant l'une des premières causes de mortalité dans le monde, plus particulièrement dans les pays en développement;
B. considérant qu'il touche 40 % de la population mondiale et met en danger 3,3 milliards d'individus dans 109 pays à travers le monde;
C. considérant que le paludisme touche aujourd'hui les régions tropicales et subtropicales et qu'il est responsable chaque année de plus de 300 millions de cas de maladie aiguë et d'au moins un million de décès;
D. considérant que 90 % des décès dus au paludisme surviennent en Afrique subsaharienne, principalement chez les jeunes enfants et les femmes enceintes;
E. considérant que le paludisme est la première cause de mortalité de l'enfant de moins de cinq ans en Afrique, puisqu'un enfant africain en meurt toutes les trente secondes;
F. considérant que la femme enceinte et l'enfant à naître sont aussi particulièrement vulnérables face au paludisme, cause majeure de mortalité périnatale, de faible poids à la naissance et d'anémie maternelle;
G. considérant que le paludisme est responsable de 60 % des cas d'absentéisme scolaire dans certains pays d'Afrique subsaharienne;
H. considérant que le paludisme représente chaque année, pour les pays d'Afrique subsaharienne, une perte de PIB de 12 milliards de USD;
I. considérant que le paludisme est une maladie que l'on peut à la fois prévenir et guérir, et que la simple utilisation des méthodes de prévention suivantes permet de réduire significativement la mortalité et la morbidité dues au paludisme:
a. l'utilisation de moustiquaires imprégnées d'insecticide à longue durée;
b. la pulvérisation intradomiciliaire;
c. le traitement préventif intermittent pour les femmes enceintes;
J. considérant que le Plan d'Action mondial contre le paludisme, développé par le partenariat « Faire reculer le paludisme » (RBM), dans le cadre de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), dépendant des Nations unies, présente une stratégie d'action globale intégrée ainsi qu'une feuille de route pour les pays bailleurs de fonds, en vue d'éliminer le paludisme dans le monde entier;
K. considérant que la lutte contre le paludisme contribue à:
a. permettre la réalisation de six des huit objectifs du millénaire pour le développement:
— réduire l'extrême pauvreté (OMD 1);
— assurer l'éducation primaire pour tous (OMD 2);
— réduire la mortalité infantile (OMD 4);
— améliorer la santé maternelle (OMD 5);
— combattre le VIH/SIDA, le paludisme et d'autres maladies (OMD 6);
— mettre en place un partenariat mondial pour le développement (OMD 8);
b. garantir l'accès aux médicaments essentiels à un prix abordable;
L. considérant que les besoins de financement pour lutter contre le paludisme sont estimés à environ 5,3 milliards de USD pour 2009 et 6,2 milliards de USD pour 2010;
Demande au gouvernement:
1. d'intervenir d'urgence et de soutenir toute initiative visant à:
— renforcer l'accès aux mesures de prévention du paludisme, afin d'atteindre l'objectif d'accès universel aux moustiquaires imprégnées d'insecticide à longue durée;
— renforcer l'accès aux traitements antipaludéens, par le soutien et la promotion de mécanismes de financement innovants tels que le Dispositif pour les médicaments accessibles-paludisme (DMAp), financé par UNITAID (centrale internationale d'achat de médicaments à des prix abordables pour les pays pauvres, alimentée par vingt-sept pays);
— assurer l'effectivité de l'aide, en aidant les pays bénéficiaires à disposer du soutien et de l'expertise technique nécessaires, de manière à pouvoir accéder aux fonds disponibles;
— améliorer les systèmes de santé, les services et les infrastructures sanitaires, la formation et le transfert de personnel médical pour le diagnostic, la prévention et le traitement efficace du paludisme;
2. de renforcer son soutien politique et de respecter ses engagements financiers, en termes d'aide au développement, en vue de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) relatifs à la santé, et plus particulièrement:
— l'OMD 4 visant à réduire la mortalité infantile;
— l'OMD 5 visant à améliorer la santé maternelle;
— l'OMD 6 visant à combattre le VIH/sida, la tuberculose, le paludisme et les autres maladies;
— les OMD liés à la pauvreté, l'éducation primaire pour tous et un partenariat mondial pour le développement;
3. de soutenir les efforts internationaux en vue de l'éradication du paludisme, à travers une contribution directe au Partenariat « Faire reculer le paludisme », qui a élaboré le Plan mondial de lutte contre le paludisme;
4. de renforcer la contribution belge au Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme (partenariat public/privé visant à collecter des fonds pour prévenir et traiter ces maladies, impliquant des gouvernements, la société civile, le secteur privé ainsi que des organisations bilatérales et multilatérales);
5. de renforcer le soutien financier à la recherche sur le paludisme, en vue de permettre de nouveaux essais et recherches relatifs aux vaccins, aux médicaments antipaludéens et aux insecticides.
20 juillet 2010.
Nele LIJNEN. Guido DE PADT. |