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Sénat de Belgique

Annales

JEUDI 11 MARS 2010 - SÉANCE DE L'APRÈS-MIDI

(Suite)

Question orale de Mme Caroline Désir au secrétaire d'État au Budget, à la Politique de migration et d'asile, à la Politique des familles et aux Institutions culturelles fédérales sur «la récente mission gouvernementale dans les Balkans» (nº 4-1135)

Mme Caroline Désir (PS). - Vous vous êtes rendu cette semaine dans les Balkans en compagnie du premier ministre et de représentants de l'Office des étrangers. L'objectif de cette mission était, notamment, d'établir une meilleure information des populations de Macédoine et de Serbie qui souhaitent venir s'établir en Belgique.

Il semble en effet que la Belgique - comme la France et la Suisse - soit confrontée à un phénomène d'immigration soudaine de personnes albanophones en provenance de Macédoine et de Serbie, depuis la récente suppression de l'obligation de visa dans l'Union européenne pour ces pays. La presse a fait état de 401 Macédoniens et 330 Serbes ayant introduit une demande d'asile politique en Belgique au mois de février.

Vous avez souligné que ce phénomène était dû à l'existence d'une « véritable filière qui diffuse de fausses informations », notamment par le biais des agences de voyage. Pour une somme de 100 à 200 euros, ces candidats à l'asile seraient amenés par cars en Belgique contre la fausse promesse d'un logement à l'hôtel, de la réception d'une somme d'argent et d'une acceptation de leur demande d'asile.

Comment ces populations de Macédoine et de Serbie ont-elles été sensibilisées à cette problématique sur place ? Quel a été votre rôle et celui de l'Office des étrangers lors de ces rencontres ? Une collaboration entre notre pays et ces régions sera-t-elle maintenue à plus long terme ? Des mesures seront-elles prises par les gouvernements de ces pays contre les organisateurs de ce type de voyage qui ont visiblement abusé de la confiance de leurs concitoyens et de leur situation de précarité ?

M. Melchior Wathelet, secrétaire d'État au Budget, à la Politique de migration et d'asile, à la Politique des familles et aux Institutions culturelles fédérales. - À la suite des contacts pris immédiatement par l'Office des étrangers à mon instigation, les gouvernements de Macédoine et de Serbie ont lancé, depuis quelques semaines, une vaste campagne de sensibilisation et d'information visant à rétablir certaines vérités quant à la libéralisation des visas et à la procédure d'asile dans notre pays. Les médias nationaux et locaux ont diffusé ces messages de manière intensive.

Cette action rapide et efficace a contribué à la diminution des chiffres relatifs aux demandes d'asile dans notre pays qui avaient anormalement augmenté au début de cette année.

À mon arrivée dans les villages albanophones du nord de la Macédoine et du sud de la Serbie, j'ai pu constater que la population et les autorités locales avaient déjà conscience de la désinformation dont certaines personnes avaient été victimes. En compagnie du directeur général de l'Office des étrangers et d'une délégation de la Commission européenne, j'ai expliqué qu'une demande d'asile en Belgique pour des raisons économiques n'avait aucune chance d'aboutir.

J'ai rappelé que le statut de réfugié est inscrit dans la Convention de Genève et que l'on n'y fait nullement référence à la notion de réfugié économique.

J'ai également tenu a rappeler que, suite à la libéralisation des visas, les Serbes et les Macédoniens sont les bienvenus, sans autres formalités, dans le cadre d'un séjour n'excédant pas trois mois, mais qu'il ne pouvait y avoir de détournement de cette procédure par l'introduction d'une demande d'asile.

Il était important de se rendre sur place pour montrer aux populations que le message est porté clairement, non seulement par les autorités locales, mais également par les autorités belges et européennes. Ce déplacement a eu pour effet de clarifier encore l'information sur la réalité en Belgique avec comme conséquence que le nombre de demandes d'asile est quasiment nul et qu'un certain nombre de personnes originaires de ces deux régions ont déjà entamé un retour volontaire.

Nos ambassades à Belgrade et à Sofia restent en contact direct avec l'OSCE, les autorités nationales et locales afin de suivre au plus près l'évolution de la situation sur le terrain et nous tenir informés. Réciproquement, je reste en contact avec les ambassadeurs de Macédoine et de Serbie accrédités en Belgique pour assurer la fluidité nécessaire dans l'application des accords de réadmission signés par ces États avec l'Union européenne.

Les gouvernements de ces deux pays se sont engagés à nous tenir informés des enquêtes menées par leurs services de sécurité à propos des filières qui ont abusé et manipulé de nombreuses personnes en Serbie ou en Macédoine.