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De voorzitter. - De heer Melchior Wathelet, staatssecretaris voor Begroting, voor Migratie- en asielbeleid, voor Gezinsbeleid en voor de Federale Culturele Instellingen, antwoordt.
M. Alain Destexhe (MR). - La ministre Laanan a récemment annoncé que le MRAX devrait rembourser un indu à la Communauté française. Cette association reçoit également des subsides du gouvernement fédéral, notamment par le biais du FIPI, Fonds d'impulsion à la politique des immigrés. En 2008, le MRAX aurait perçu un montant de 20 000 euros de la part du FIPI. Le MRAX est aussi financé par d'autres pouvoirs publics : Région de Bruxelles-Capitale, etc. Mais il semble prendre une grande liberté dans l'utilisation des fonds qui lui sont alloués.
Depuis quelque temps, il promeut le concept d'islamophobie, qui me paraît fort contestable. Ce concept, inventé par des mollahs au moment de la révolution islamique en Iran, tend à assimiler critique d'une religion - en l'occurrence l'islam - et haine ethnique, voire racisme. Or, dans le cadre des Assises de l'interculturalité, le MRAX a organisé trois conférences relatives à l'islamophobie.
Par ailleurs, lors de ces colloques publics, un certain nombre d'individus peu recommandables et controversés se voient offrir une tribune, sans doute relativement inespérée étant donné leur faible légitimité.
Tel est le cas de Mohsin Mouedden, licencié de la radio qui l'employait - la radio Al Manar - pour violence verbale à l'égard d'un élu socialiste, M. Yvan Mayeur. Cette personne tient aussi, sur son blog, des propos extrêmement violents, frôlant le racisme et qui appellent à l'émeute contre les pouvoirs publics. Les Assises de l'interculturalité, financées par l'État fédéral, offrent une tribune à M. Mouedden.
Quel type de subsides le MRAX reçoit-il du pouvoir fédéral ? En perçoit-il dans le cadre des Assises de l'interculturalité ?
Au vu des nombreuses critiques émises notamment par les salariés de l'association et d'autres acteurs à l'encontre de cette association, envisagez-vous de limiter les subsides ?
Quel regard la vice-première ministre porte-t-elle sur la dérive communautariste de cette association et sur le concept d'islamophobie, à présent au centre de l'action politique du MRAX ? Ne pense-t-elle pas que l'on a le droit de critiquer toutes les religions ?
M. Melchior Wathelet, secrétaire d'État au Budget, à la Politique de migration et d'asile, à la Politique des familles et aux Institutions culturelles fédérales. - Je vous lis la réponse de la ministre Milquet.
Pour rappel, les Assises de l'interculturalité ont pour objectif de promouvoir une société interculturelle ouverte, riche, forte, citoyenne et respectueuse des différences culturelles, identitaires et de la pluralité des religions et des mouvements philosophiques.
Depuis leur lancement, le 21 septembre 2009, ces assises ont permis l'organisation de plus de 30 journées de réflexion et de 200 activités dans l'ensemble du pays ; des centaines d'associations et d'acteurs de terrain ont pu échanger les « meilleures pratiques » développées, par exemple, à l'échelon local.
Le MRAX, reconnu comme un organisme d'éducation permanente par la Communauté française a, comme les autres partenaires reconnus, perçu un subside de 16 000 euros dans le cadre des Assises de l'interculturalité, notamment pour la tenue de conférences/débats concernant deux thématiques : l'opportunité de la place des cours philosophiques à l'école et l'impact de l'islamophobie dans notre société.
Sur cette deuxième thématique, plusieurs conférences et débats ont déjà été tenus - sur la définition de ce concept, sur l'école - et seront encore tenus, notamment dans les médias. Ce cycle de conférences a rassemblé un important public très diversifié.
Ces subsides ont été accordés après un appel à projet lancé de manière indépendante du cabinet et une sélection puis une décision extérieures au cabinet.
Le MRAX est une organisation qui existe depuis près de 65 ans. Ce mouvement est la principale et la plus ancienne organisation belge : il est né sur les cendres du génocide nazi, à l'initiative d'une poignée de Juifs résistants communistes. Dans les années '60, ce mouvement a élargi sa lutte à toutes les formes de racisme et toutes les formes de xénophobie. L'histoire a montré que ce mouvement a souvent occupé une place spécifique dans le champ associatif belge.
À ce jour, le MRAX n'a fait l'objet d'aucune sanction de la Communauté française pour l'ensemble des subsides qui lui ont été alloués.
M. Alain Destexhe (MR). - Je suis navré de cette réponse et ce pour deux raisons.
D'abord, la ministre semble sous-entendre que le MRAX est toujours l'association respectable qu'elle a été. Ce n'est pas moi mais une certaine Anne Morelli, que l'on ne peut guère cataloguer de libérale, qui a eu ces mots : « Le MRAX est devenu le syndicat de l'islam ». Or la ministre fait l'impasse sur ce problème.
Je constate que Mme Milquet - j'espère que ce n'est pas le cas du gouvernement - considère que le concept d'islamophobie, ce concept totalement faux, artificiel, créé avec un objectif politique précis, lui semble suffisamment acceptable pour faire l'objet de colloques avec l'argent du citoyen. Je ne suis pas d'accord avec cette vision des choses.
Je rappelle que l'islamophobie a été inventée par des mollahs iraniens comme un instrument politique de lutte pour tenter de faire un amalgame entre la critique de l'islam et le racisme. Le fait que le gouvernement fédéral accepte l'organisation de ce type de colloques, avec l'argent du citoyen, me choque profondément. Je ne manquerai pas d'y revenir à l'occasion.