(Fr.): Question posée en français - (N.): Question posée en néerlandais
La situation des droits humains en Colombie est particulièrement préoccupante. C'est dans ce contexte que j'attire votre attention sur les menaces exercées à l'encontre de militants et d'organisations connus pour leur action en faveur des droits de l'homme. Ainsi, deux des organisations partenaires de l'ONG belge Solidarité socialiste, dont j'ai l'honneur d'être la présidente, l'École Nationale Syndicale (ENS) et l'Institut Populaire de Formation (IPC), toutes deux basées à Medellin, ont été désignées comme « objectif militaire » par le bras armé des ex-Autodéfenses unies de Colombie (milices paramilitaires). Solidarité socialiste contribue au financement des actions de ces deux organisations dans le cadre de son plan d'action co-financé par la DGCD et d'un projet d'appui aux structures de justice communautaire financé par vos services.
La violence des menaces proférées (comme exemples : « vos dirigeants sont dans notre ligne de mire », « nous allons nettoyer notre pays des éléments improductifs comme vous »), pour qui connaît le contexte colombien d'assassinats, de disparitions et de rapts, justifie notre inquiétude quant à la sécurité des personnes travaillant dans ces organisations. Mon appréhension concerne également la régression du respect des règles démocratiques et des droits humains dans ce pays. La radicalisation des différents groupes armées ne peut qu'aboutir à l'augmentation de l'insécurité dont sont victimes en premier lieu les populations les plus vulnérables.
Pourriez-vous donc relayer auprès du gouvernement colombien ces inquiétudes mais aussi vous assurer que les mesures ad hoc sont prises pour assurer la sécurité des personnes et des organisations qui ont pour mission la défense des droits humains ?
Réponse : Colombie : atteintes aux droits de l'homme
La situation en Colombie est suivie de près par mon département, qui est conscient de la complexité du processus de paix. La Belgique est solidaire de la population colombienne et donne son total soutien aux efforts fournis pour arriver à une solution politique négociée du conflit armé qui déchire le pays. A maintes reprises, la Belgique a appelé toutes les parties concernées à mettre fin aux hostilités et à respecter les droits de l'homme et le droit humanitaire international. L'appréhension de l'honorable membre selon laquelle il y a une « régression du respect des règles démocratiques et des droits humains dans ce pays » ne correspond pas à mon analyse de la situation en Colombie : la démobilisation des paramilitaires, l'adoption de la loi Justice et Paix, que la Belgique a saluée et dont elle soutient l'application rigoureuse et transparente, ainsi qu'une nette diminution des homicides et des enlèvements cette dernière année semblent en effet indiquer que la situation de sécurité se stabilise, et même s'améliore en Colombie. Les observateurs s'accordent à dire que la réélection récente du président Uribe, qui a opté pour une politique de fermeté, doit beaucoup à un sentiment d'amélioration au sein de 1'opinion publique.
En ce qui concerne les menaces dont seraient victimes les partenaires de Solidarité Socialiste à Medellin, à savoir l'École nationale syndicale et l'Institut populaire de formation, j'ai chargé mes services de vérifier la matérialité de celles-ci. Le cas échéant, je ne manquerai pas de conscientiser les autorités colombiennes — qui restent les seules compétentes pour assurer la sécurité des intéressés — du danger encouru par ceux-ci.