2-214

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Belgische Senaat

Handelingen

DONDERDAG 27 JUNI 2002 - NAMIDDAGVERGADERING

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Mondelinge vragen

Mondelinge vraag van de heer Alain Destexhe aan de minister van Consumentenzaken, Volksgezondheid en Leefmilieu over «de windmolens voor de kust van Knokke» (nr. 2-1033)

De voorzitter. - De heer Olivier Deleuze, staatssecretaris voor Energie en Duurzame Ontwikkeling, antwoordt namens mevrouw Magda Aelvoet, minister van Consumentenzaken, Volksgezondheid en Leefmilieu.

M. Alain Destexhe (MR). - Monsieur le secrétaire d'État, votre collègue Mme Aelvoet vient de prendre la décision d'installer cinquante éoliennes au large de Knokke. Pour résumer mon sentiment, je vous demande si cela vaut vraiment la peine de gâcher le paysage et l'environnement de cette région du pays pour ne produire que 0,4% de l'électricité produite en Belgique.

Se pose d'abord le problème de la vue : la côte belge n'a-t-elle pas déjà été largement défigurée par les promoteurs immobiliers, souvent avec l'accord d'autorités politiques ? Le port de Zeebrugge a lui aussi pas mal gâché la vue depuis Knokke. On peut craindre que les éoliennes ne viennent compléter le tableau.

De plus, elles sont installées à douze kilomètres du rivage ; cette distance correspond exactement à celle qui sépare le Zwin et le port de Zeebrugge. Les éoliennes seront donc visibles depuis la côte.

Le lieu d'installation de ces éoliennes a été proposé par Electrabel et non par les autorités publiques. Techniquement, on aurait pu choisir un emplacement plus éloigné, la marge de manoeuvre étant suffisante. Ne pensez-vous pas que la vue sera gâchée ?

Par ailleurs, le coût global de production de l'électricité produite par ces éoliennes sera de quinze fois supérieur à celui des centrales classiques.

Je sais qu'il faut développer les énergies renouvelables. Comme la plupart des collègues, je partage ce point de vue. Mais, franchement, est-il bien indiqué d'installer ce type d'éoliennes sur une côte dont la longueur totale est de 65 kilomètres seulement ?

Ma troisième question porte sur la procédure. Si j'ai bien compris, ce sont les compagnies d'électricité qui font des propositions ; les pouvoirs publics décident ensuite de les suivre ou non. Les Pays-Bas ont adopté une démarche inverse qui consiste à faire effectuer une recherche de sites par des organismes indépendants et de faire ensuite un appel d'offres aux producteurs d'électricité. Cette approche me semble plus logique car elle permet aux pouvoirs publics de prendre une décision sur le choix de l'emplacement des éoliennes et, dans un deuxième temps, d'essayer de trouver le projet industriel le plus intéressant.

Dans notre pays, on a donné aux producteurs d'électricité la possibilité de soumettre des propositions, que, ensuite, les pouvoirs publics acceptent ou non.

Concrètement, dans le cas de Knokke, les éoliennes seront situées à douze kilomètres de la côte, alors qu'elles pourraient l'être à 25 ou à 30 kilomètres, ce qui fait tout de même une grande différence en matière d'impact sur l'environnement. Cependant, Electrabel a décidé que la distance de douze kilomètres était préférable.

Je suis sûr que mon sentiment est partagé par de nombreux collègues et par une grande partie de la population : je ne comprends comment on décide d'installer des parcs d'éoliennes sur une côte aussi réduite que la nôtre. Mon collègue, M. Roelants du Vivier, vient de me suggérer une excellente idée : pourquoi ne classerait-on pas l'horizon ? Comme un certain nombre de monuments historiques et de sites naturels, il le mériterait.

M. Olivier Deleuze, secrétaire d'État à l'Énergie et au Développement durable. - Je remercie M. Destexhe de sa question. Au nom de Mme Aelvoet, je lis la réponse suivante.

Le parc des éoliennes dans le Vlakte van de Raan se trouve à une distance moyenne de quinze kilomètres de la côte de Knokke-Heist. Quand la visibilité est bonne, les turbines ne paraissent pas plus grandes que des allumettes. Elles seront peintes dans une couleur qui diminue encore l'impact visuel. Je peux vous remettre la photo d'un site comparable au Danemark qui donne une idée de l'impact visuel. Comme vous pourrez le constater, l'impact est minimal.

Le projet de Seanergy produira 300 millions de kilowatts/heure par année. Cela signifie une capacité permettant de fournir l'électricité nécessaire à 80.000 familles. Dans la mesure où la Belgique a décidé d'arrêter la production d'énergie électrique par voie nucléaire, où elle doit se conformer aux normes de Kyoto ainsi qu'aux limitations d'émissions de CO2 et, enfin, où un accord européen stipule que la Belgique doit produire 3% d'énergie durable en 2004, cette décision de délivrer un permis de bâtir et une autorisation environnementale est une étape importante dans la politique d'énergie renouvelable et propre ; la Belgique reste très attentive aux effets que de nouveaux projets pourraient avoir sur l'environnement marin.

Le choix du site est tout à fait déterminant pour les effets environnementaux d'un tel projet. La responsabilité de l'étude d'incidence environnementale de l'activité proposée revient en premier lieu au demandeur.

La législation actuelle ne permet pas d'élaborer et d'imposer à tout le monde un plan d'aménagement des espaces marins, mais nous travaillons à cette idée.

Aux Pays-Bas, le plan d'aménagement du territoire qui fixe légalement les activités en mer du Nord n'est pas tout à fait terminé, comme le projet Egmond aan Zee qui se trouve également à 12 km de la côte. Leur objectif est également de situer les prochains projets en dehors de la zone des 12 miles. Ce projet au lieu-dit Vlakte van de Raan qui émanait effectivement du demandeur de la concession, met en avant la nécessité d'un plan d'aménagement du territoire pour la mer du Nord belge. Pourtant, dans l'enquête sur l'admissibilité du projet à cet endroit, nous avons pris en considération toutes les activités qui ont déjà eu lieu à la mer du Nord et celles liées à l'environnement marin. C'est précisément concernant ce dernier que Mme Aelvoet a demandé des mesures de précaution supplémentaires à la personne qui développe le projet.

Le projet Seanergy produira 300 millions de kilowatts/heure qui permettront d'approvisionner 80.000 ménages. Il permettra également d'examiner plus avant les possibilités d'installer des éoliennes encore plus grandes au moins à 12 miles marins de la côte.

M. Alain Destexhe (MR). - Pour ceux qui connaissent Knokke, 12 km c'est la distance qui sépare la réserve du Zwin du port de Zeebrugge et, si vous regardez bien, on voit nettement les éoliennes de Zeebrugge de la réserve du Zwin.

Lorsque vous dites qu'elles n'auront pas d'impact, je pense à une phrase célèbre de Paul vanden Boeynants qui disait que la tour ITT n'aurait pas d'impact sur l'environnement parce qu'elle serait transparente !

Pour les éoliennes, c'est un peu la même chose. On dit aujourd'hui qu'elles n'auront pas d'impact, mais, lorsqu'elles seront installées, je me demande quelles seront les réactions.

Il y a environ 300 km de côtes aux Pays-Bas contre 65 chez nous. Cela fait quand même une grande différence.

C'est vrai que ce projet fournira de l'électricité pour environ 80.000 ménages, ce qui correspond à 0,3% de la consommation totale en Belgique, mais il coûtera 15 fois plus cher qu'une centrale classique. Ce sera aux générations futures de décider si cela valait vraiment la peine. Je crains qu'on ne finisse par vous reprocher cette décision. Ce sera dommage de se retrouver coincé entre des appartements assez moches, le port de Zeebrugge et un parc à éoliennes.