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Mme Anne-Marie Lizin (PS). - Le ministre a certainement pris connaissance du témoignage d'un détenu à propos de l'islamisme dans les prisons françaises publié le 31 octobre par le journal Le Monde. Ce témoignage montre de façon magistrale l'influence néfaste que peuvent avoir, au sein du milieu carcéral, des inculpés pour faits de terrorisme islamique. La volonté de prosélytisme est immédiate, la peur s'installe et les détenus finissent par tenir école et devenir des modèles et des leaders craints par tous.
Ce phénomène est-il aussi présent dans les prisons belges ? Le ministre a-t-il pris des mesures particulières à cet égard ? Le phénomène de domination des émirs arrêtés dans le cadre de procédures de terrorisme ou de crimes de droit commun est-il perceptible ? Le personnel des prisons a-t-il reçu une formation particulière depuis le 11 septembre pour comprendre la logique des fondamentalistes ?
Le personnel est-il informé des dangers que représente la présence rapprochée de ces individus qui risquent de devenir de plus en plus nombreux et de moins en moins fréquentables au sein de nos prisons ? De la manière dont les choses évoluent, il faudra bien emprisonner les complices des assassins de Massoud et, étant donné que la peine de mort est abolie dans notre pays, il faudra bien les y garder longtemps ! Il est par conséquent impératif de gérer ce phénomène. Dans cette optique, il serait intéressant de savoir si le ministre a demandé un rapport sur le prosélytisme fondamentaliste dans les prisons belges.
M. Marc Verwilghen, ministre de la Justice. - En Belgique, une certaine presse s'est intéressée au phénomène que Mme Lizin vient de décrire. A la suite des déclarations anonymes publiées dans un magazine selon lesquelles des terroristes recruteraient des prisonniers pour leur organisation, j'ai immédiatement demandé à la police fédérale de me fournir des informations supplémentaires.
Sans vouloir donner trop de précisions sur le contenu concret de cette note confidentielle, je peux en tout cas vous communiquer qu'à l'instar des tensions qui ont pu être observées dans la société libre, une certaine agitation a pu être constatée également chez les détenus appartenant à la communauté musulmane. D'un point de vue général - vous comprendrez que je ne puisse entrer dans les détails -, la situation est suivie de près.
A la suite des attentats sanglants du 11 septembre dernier, une certaine inquiétude s'est également manifestée au niveau du management de l'organisation pénitentiaire. Elle avait principalement trait au comportement séditieux d'un nombre limité de détenus dans trois prisons.
Le 8 octobre, une réunion avec la police fédérale et la direction générale des établissements pénitentiaires s'est tenue à mon cabinet. Les quelques incidents en question ont été passés en revue et analysés.
Le 10 octobre, tous les chefs d'établissement ont été informés par le directeur général. Il leur a été demandé, tout d'abord, de veiller à l'application stricte des consignes de sécurité en vigueur, ensuite, de faire identifier les détenus rebelles potentiels et, enfin, d'activer la communication avec les services de police.
Du côté de la police fédérale, tous les services de police concernés ont été informés et priés de transmettre aux établissements pénitentiaires tout renseignement utile à ce sujet.
Je peux conclure en affirmant que nous sommes vigilants, mais que nous ne voulons pas dramatiser la situation. Toutefois, s'il apparaît de source policière ou pénitentiaire que certaines personnes, dans les établissements pénitentiaires, abusent effectivement de leur position, des mesures sévères et appropriées seront prises immédiatement.
Enfin, dans ce contexte, je souhaite également préciser clairement que, quelles que soient les mesures de précaution prises pour nous protéger d'actes de terrorisme, elles ne peuvent en aucun cas impliquer une condamnation de la communauté musulmane, qu'il s'agisse ou non de détenus.
Mme Anne-Marie Lizin (PS). - Je voudrais remercier M. le ministre de sa réponse détaillée.
Je suis convaincue que l'avenir nous réserve de réelles difficultés en la matière.
Comme vous le savez certainement, l'Allemagne vient de rendre illégale une organisation appelée Kalifa, installée dans une grande ville et comptant 1.100 membres connus.
Lorsque nous aurons la liste des organisations terroristes reconnues, un travail tout à fait particulier devra être réalisé, auquel il convient de réfléchir dès à présent. Il vaut mieux prévenir que guérir. Sinon, nous risquons d'être confrontés à des cohabitations très dangereuses.
-Het incident is gesloten.