2-134 | 2-134 |
M. le président. - M. Antoine Duquesne, ministre de l'Intérieur, répondra au nom de M. Louis Michel, vice-premier ministre et ministre des Affaires étrangères.
M. Philippe Mahoux (PS). - Ma question porte sur la situation en Algérie et plus particulièrement sur la situation dramatique en Kabylie. En dépit de la violence de la répression qui a déjà entraîné des morts, la révolte des citoyens dans la rue ne semble pas diminuer en Algérie. Les Kabyles aspirent avant tout à une plus grande reconnaissance de leurs particularités culturelles et de leur langue comme langue nationale. Mais leurs revendications ne se limitent pas à la seule revendication identitaire, l'insurrection s'étant étendues à des régions non berbères, tout autant touchées par la crise économique et sociale, qui atteint l'Algérie tout entière.
Il faut savoir que, dans ce pays qui vit depuis dix ans l'affrontement entre les forces gouvernementales et les islamistes insurgés, 50% de la population a moins de 25 ans et que presque 40% de la population, dite active, est au chômage. Or, ces deux dernières années, l'Algérie a vu ses recettes d'exportation des hydrocarbures presque doubler, lui permettant ainsi de récolter presque 25 milliards d'euros. Mais le peuple n'en a pas profité.
Comment la problématique en Algérie, plus précisément en Kabylie, est-elle perçue au sein du Ministère des Affaires étrangères ? Cette problématique fait-elle partie des sujets qui sont abordés dans les relations entre la Belgique et l'Algérie ? Comment le gouvernement compte-t-il l'aborder dans le cadre de la présidence, plus précisément dans le cadre des discussions des relations euro-méditerranéennes ?
M. Antoine Duquesne, ministre de l'Intérieur. - Les événements récents survenus en Algérie et, plus précisément, en Kabylie sont suivis avec beaucoup d'attention au ministère des Affaires étrangères. Je voudrais aussi me référer, Monsieur Mahoux, à la réponse donnée à M. Freddy Willems en mai dernier.
Depuis lors, les manifestations ont, hélas, continué, suggérant un clivage grandissant entre la population et les dirigeants ainsi qu'un mécontentement général face à une dégradation sur les plans économique et social.
L'intérêt, non seulement belge mais également européen, a été souligné au dernier Conseil européen de Göteborg où l'UE a appelé les dirigeants algériens à agir pour mettre un terme aux affrontements et à la violence. L'Algérie espère que les autorités prendront bientôt une initiative politique en vue de résoudre la crise par le dialogue entre tous les Algériens. L'UE, et particulièrement la Belgique en tant que présidente, sont prêtes à apporter leur appui aux réformes nécessaires, surtout sur les plans économique et social, en poursuivant les négociations d'un accord d'association entre l'UE et l'Algérie et qui constituera un point d'ancrage supplémentaire pour nos relations. Il y aura, pendant la présidence belge, plusieurs rencontres à haut niveau avec l'Algérie, rencontres que nous utiliserons pour offrir une aide à la stabilisation d'une situation qui continue à nous inquiéter profondément.