2-107

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Belgische Senaat

Handelingen

DONDERDAG 19 APRIL 2001 - NAMIDDAGVERGADERING

(Vervolg)

Mondelinge vraag van de heer Philippe Monfils aan de vice-eerste minister en minister van Begroting, Maatschappelijke Integratie en Sociale Economie en aan de minister van Binnenlandse Zaken over «de bedragen die de Staat wil toewijzen aan de extra prestaties van de federale politie» (nr. 2-574)

De voorzitter. - De heer Antoine Duquesne, minister van Binnenlandse Zaken, antwoordt namens de heer Johan Vande Lanotte, vice-eerste minister en minister van Begroting, Maatschappelijke Integratie en Sociale Economie.

M. Philippe Monfils (PRL-FDF-MCC). - Je m'étonne que le ministre de l'Intérieur réponde à ma question parce qu'il n'était pas présent au cabinet restreint où la décision que je vais évoquer a été prise et qu'il n'en est pas le responsable, même si les forces de l'ordre sont directement concernées, parce que c'est une question budgétaire qui dépend de la décision du ministre du Budget. Cela dit, un ministre me répond, même si ce n'est pas le bon, au nom de son collègue en charge du département, soit M. Vande Lanotte.

Nous avons appris par la presse de ce matin - c'est donc une vraie question d'actualité - que le cabinet restreint a reporté à plus tard, c'est-à-dire au mieux en septembre ou en octobre, la mise au point des moyens financiers que l'État doit affecter aux prestations supplémentaires de la police fédérale, effectuées dans le cadre des transports de fonds qui vont se multiplier en raison de l'arrivée de l'euro.

Dès le dernier trimestre de cette année et durant les deux premiers mois de 2002, en fonction du double flux monétaire euros-francs belges, les transports de fonds vont se multiplier et risqueront d'être à l'origine d'un banditisme accru. Les transporteurs de fonds sont, hélas, depuis longtemps l'objet d'attaques, parfois dramatiques, entraînant morts d'hommes.

Le fait de reporter la décision sur le paiement des heures supplémentaires des forces de l'ordre ne risque-t-il pas d'entraîner une recrudescence de la criminalité et un danger supplémentaire pour tous ceux qui collaboreront aux transports de fonds, plus particulièrement au cours du dernier trimestre 2001 et du premier trimestre 2002 ? Cette question est importante parce qu'il y va de la sécurité de ceux qui prennent quotidiennement des risques pour assurer ces transports indispensables.

M. Antoine Duquesne, ministre de l'Intérieur. - Vous avez dit, monsieur Monfils, que le ministre qui répondra n'était pas le bon. J'espère que ce n'était pas l'expression d'une préférence personnelle ou d'un jugement de valeur, ce qui m'étonnerait d'ailleurs de votre part.

Mais il est vrai qu'à certains moments, je regrette de ne pas être en même temps en charge de l'Intérieur et du Budget pour faciliter un certain nombre de choses, je l'avoue. Quoi qu'il en soit, même quand je ne participe pas à une réunion, je suis un ministre solidaire et j'assume les conséquences des décisions du gouvernement.

En toute hypothèse - et cela relève de ma responsabilité - la sécurité sera assurée et adaptée à l'ampleur de l'événement. Elle va requérir des moyens tout à fait exceptionnels ayant déjà fait l'objet d'une analyse qui doit être affinée, compte tenu des options opérationnelles qui doivent encore être choisies.

Outre ces choix de principe, on peut faire un certain nombre d'analyses prévisionnelles mais, en matière de sécurité, en ce qui concerne l'engagement des forces et en fonction des besoins, c'est la réalité qui commande. On ne peut donc faire le compte définitif qu'après l'opération. Le ministre du Budget devra donc prévoir les moyens nécessaires au paiement, entre autres, des heures supplémentaires.

Le ministre du Budget a obtenu - à juste titre, compte tenu des incertitudes qui planent encore sur l'opération - que le gouvernement décide que le coût budgétaire relatif à la sécurité des transports de fonds liés à l'introduction de l'euro soit examiné lors de l'élaboration du budget initial 2002, c'est-à-dire encore dans le courant de l'année 2001.

Je suis donc en mesure d'être tout à fait rassurant. Nous pourrons procéder à l'échange de nos bons vieux francs contre des euros et, par ailleurs, la sécurité, la tranquillité et la paix publique seront garanties.

M. Philippe Monfils (PRL-FDF-MCC). - Je remercie le ministre de m'avoir entièrement rassuré sur ces divers points. Je note avec satisfaction que des mesures seront prises quoi qu'il arrive pour minimiser la portée des incidents. Je trouve tout à fait normal que l'on s'efforce de chiffrer avant de prendre des décisions quant aux moyens financiers.

Je crois qu'il était utile d'obtenir ces précisions. Certaines décisions provoquent une poussée d'angoisse de l'opinion publique alors qu'elles passeraient beaucoup mieux si elles étaient plus transparentes. Bref, les réponses de M. Duquesne et de M. Vande Lanotte sont très rassurantes pour tous les Belges qui s'intéressent peu ou prou aux travaux du gouvernement.

M. Antoine Duquesne, ministre de l'Intérieur. - M. Monfils parle d'or en matière de sécurité et d'euro. En matière de sécurité, il faut prendre les mesures objectives justifiées par des périls objectifs. Il faut aussi, sur le plan psychologique, veiller à ne pas susciter des peurs injustifiées dans l'opinion. Je saisis donc l'occasion de dire, en qualité de ministre de l'Intérieur, mon étonnement face à l'imprudence de certains responsables en charge de problèmes de sécurité. Ils suscitent des réactions irrationnelles dans l'opinion, de nature à créer de véritables psychoses. L'insécurité est aussi faite de peurs subjectives. L'autorité ne doit pas les entretenir, mais au contraire y répondre, notamment par des mesures adéquates. Nous le ferons, non seulement sur le plan national mais aussi dans le cadre d'une coopération internationale active - j'y veillerai - à l'occasion de la présidence belge du conseil Justice et Affaires intérieures dans le courant du deuxième semestre 2001.