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Sénat de Belgique

Annales parlementaires

JEUDI 21 DÉCEMBRE 2000 - SÉANCE DE L'APRÈS-MIDI

(Suite)

Question orale de M. Alain Destexhe au ministre des Télécommunications et des Entreprises et Participations publiques sur «la libéralisation des noms de domaines belges sur internet» (n° 2-428)

M. Alain Destexhe (PRL-FDF-MCC). - Monsieur Daems, vous me donnez l'impression de jouer aujourd'hui le rôle du médecin de garde de l'hôpital qui prend toutes les urgences et qui répond à toutes les questions, y compris dans des domaines qui ne sont pas de votre compétence. Par contre, le sujet de ma question relève bel et bien de votre compétence.

Vous connaissez dns.be. Peu d'enregistrements ont été effectués. La semaine passée, vous avez déjà répondu à une question sur ce sujet. Entre-temps, le système a été engorgé et débordé. Il s'agit d'un nouvel insuccès pour la Belgique dans le domaine d'Internet. Nous sommes quand même un peu ridicules puisque nous ne sommes pas capables de gérer, sur Internet, 40 ou 50.000 noms qui arrivent en même temps. Ce n'est quand même pas énorme. Finalement, le système est débordé et les critères finaux d'attribution ne sont pas clairs.

Je voudrais donc que vous m'expliquiez, puisque vous êtes aussi un passionné, comment on détermine qui est le premier arrivé et le premier servi lorsque des milliers de personnes demandent le même nom de domaine simultanément. Je prends mon exemple. J'ai demandé l'enregistrement de trois noms, dont deux rares que j'ai obtenus. Par contre, j'ai demandé ad.be - ad comme Alain Destexhe. Un minimum de deux lettres était en effet requis. Selon le règlement de dns.be, on ne pouvait donc pas déposer q.be. L'agent à qui j'ai demandé ad.be m'a répondu qu'il ne pouvait pas encore m'indiquer si ce domaine m'était attribué. Si une autre personne a déposé le nom ad.be, je vais déposer un recours, même si je ne sais pas encore auprès de qui. Je voudrais donc savoir si les procédures sont transparentes.

Comme je l'ai déjà dit à plusieurs reprises à cette tribune, le « réflexe Internet » du gouvernement me paraît très mauvais. J'apprends dans les journaux que www.belgique.be appartient à un groupe privé hollandais. Qu'en est-il de belgie.be et de belgium.be ? Comment est-il possible que personne, dans ce gouvernement, n'ait pensé à déposer belgium.be, belgie.be, belgique.be, loi.be, finances.be, santé.be ?

M. Rik Daems, ministre des Télécommunications et des Entreprises et Participations publiques. - C'est une bonne question parce que tout nom dont on aurait voulu disposer, aurait pu être demandé avant l'application du nouveau système en respectant certaines procédures.

L'asbl DNS.be, qui est composée de l'IBPT, du ministère des Affaires économiques, de BELTUC et de l'ISPA, a fixé la nouvelle manière de réserver un nom. La méthode adoptée est identique à celle utilisée en France, en Allemagne, en Angleterre. Elle diffère de la méthode hollandaise au sens où chez nous, il n'est pas nécessaire de passer par un agent belge.

Le problème provient de ce que nous ayons prévenu tout le monde de ce que DNS, qui est un organisme indépendant chargé de réguler le marché, réservera les noms selon la règle du premier arrivé. Il se fait que FEDENET, qui est responsable pour l'État de la demande de noms, a compilé deux listes de demandes mais n'a introduit qu'une seule liste à temps. Dès lors, nous sommes propriétaires de « belgium.be » mais non de « belgique.be » et de « belgie.be ». On me reproche souvent d'utiliser des mots anglais mais ici, je ne suis en rien responsable de ce qui ne fut pas un choix.

Les deux noms que nous n'avons pas obtenus ont été demandé par de nombreuses personnes et organismes. On peut donc légitimement penser que même si nous avions soumis la seconde liste, le problème se serait posé. Evidemment, ce type de problème ne survient qu'à l'inauguration d'une nouvelle procédure qui suscite un afflux de demandes quasi simultanées.

Il est cependant rassurant de savoir que ces noms ne peuvent être ni vendus ni loués, les « propriétaires » ne disposent que du droit de les utiliser eux-mêmes à des fins d'activités normales.

Nous avons cependant demandé aux services du premier ministre de s'informer sur les possibilités qu'il nous reste de pouvoir, un jour, utiliser ces deux noms. Jusqu'à présent néanmoins, nous n'avons utilisé que « fgov.be ». Je possède personnellement « ericdaems.be » que j'avais obtenu pour mes activités commerciales avant de devenir ministre.

Dans les jours à venir, nous trouverons une solution à notre problème.

M. Alain Destexhe (PRL-FDF-MCC). - Dois-je comprendre que le gouvernement a constitué deux listes de demandes mais n'en a soumis qu'une seule. Pourquoi ?

M. Rik Daems, ministre des Télécommunications et des Entreprises et Participations publiques. - Je ne tournerai pas autour du pot. FEDENET a oublié de soumettre la deuxième.

M. Alain Destexhe (PRL-FDF-MCC). - Qu'est-ce FEDENET ?

M. Rik Daems, ministre des Télécommunications et des Entreprises et Participations publiques. - FEDENET est le service du premier ministre qui est responsable de l'information pour le gouvernement.

En ce qui concerne l'adresse « ad.be », je doute qu'il n'y ait qu'un seul individu en Belgique qui ait comme initiales « ad ». Alain Destexhe n'est sûrement pas le seul. D'ailleurs, j'en connais personnellement d'autres comme Alain de Neef, le chef du département DATA de Belgacom. Peut-être est-ce lui qui a obtenu ce nom internet ?

M. Alain Destexhe (PRL-FDF-MCC). - Si c'est lui qui l'a obtenu, cela va barder ! Mais j'en doute car, lorsque je l'ai demandé, ce nom était encore disponible.

J'ai soumis trois noms. Il m'a été dit qu'à l'heure où je le soumettais, « ad.be » n'était pas pris.

M. Rik Daems, ministre des Télécommunications et des Entreprises et Participations publiques. - La même réponse a probablement été faite à d'autres personnes par d'autres agents.

M. Alain Destexhe (PRL-FDF-MCC). - Si plusieurs personnes envoient en même temps une demande pour une même dénomination, comment la sélection est-elle faite ?

M. Rik Daems, ministre des Télécommunications et des Entreprises et Participations publiques. - C'est le premier venu qui est sélectionné. La différence entre deux demandes peut-être de quelques fractions de seconde seulement.

Ce système est appliqué en France, en Angleterre et en Allemagne et nous n'avions pas pensé que ce genre de problème se poserait. Dans ce cas-ci, ce n'est d'ailleurs pas le système d'adoption des noms qui est en cause mais le firewall mis en place comme protection contre les virus.

M. Alain Destexhe (PRL-FDF-MCC). - Il est heureux, monsieur le ministre, que vous ayez obtenu le domaine Belgium.be et aucun des deux autres car si vous aviez eu uniquement belgique.be, on aurait pu avoir un incident grave ! (Sourires)

Plus sérieusement, je constate une fois de plus que le gouvernement dans son ensemble n'a pas encore suffisamment le réflexe internet. Il est regrettable que FEDENET ait oublié de soumettre le nom. Cet oubli risque de ne pouvoir être réparé.

Par ailleurs, le site fgov.be est très mal conçu et il est très malaisé de naviguer dans ce site. Or, je le consulte presque tous les jours.

M. Rik Daems, ministre des Télécommunications et des Entreprises et Participations publiques. - Tout d'abord, il est vrai qu'une erreur a été commise, je le reconnais.

Par ailleurs, je me réjouis que vous posiez cette question. La sensibilisation des membres du gouvernement à l'internet progresse. Il y a déjà cinq ou six ministres qui se sont mis au web. Au fur et à mesure que vous poserez des questions, de plus en plus de membres se convertiront au web. Nous disposons déjà d'ordinateurs de poche Palm, de téléphones spéciaux, etc. J'espère qu'en posant chaque semaine une question, les dix-huit membres du gouvernement seront conscients de l'intérêt de ces nouvelles technologies avant la fin de l'année prochaine.