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Belgische Senaat

Parlementaire handelingen

DONDERDAG 21 DECEMBER 2000 - NAMIDDAGVERGADERING

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Mondelinge vragen

Mondelinge vraag van de heer Josy Dubié aan de vice-eerste minister en minister van Buitenlandse Zaken over «de ontvangst door de Paus van de voorzitter van de Oostenrijkse extreem-rechtse partij» (nr. 2-427)

De voorzitter. - De heer Didier Reynders, minister van Financiën, antwoordt namens de heer Louis Michel, vice-eerste minister en minister van Buitenlandse Zaken.

M. Josy Dubié (ECOLO). - Le ministre des Affaires étrangères étant probablement en train de goûter aux charmes du bortsch et de la vodka, je m'adresse au ministre Reynders.

L'arrivée au pouvoir du parti d'extrême droite autrichien, le FPÖ, a suscité en Belgique un salutaire sursaut d'opposition démocratique dont le ministre des Affaires étrangères n'a pas été le dernier à orchestrer l'ampleur, ce dont je le félicite.

Les récentes élections en Autriche ont montré que la politique d'isolement du FPÖ portait ses fruits puisque ce parti et son leader xénophobe ont subi des échecs cinglants.

Dans ce contexte, le ministre peut-il nous dire quelles instructions ont été transmises à notre représentant auprès du Saint-Siège pour faire connaître la position de la Belgique après l'acceptation par le pape Jean-Paul II de recevoir le leader de l'extrême droite autrichienne, Jorg Haider ?

Ne serait-il pas temps de remettre en cause le statut diplomatique anachronique du Saint-Siège qui dispose d'un siège d'observateur aux Nations unies ?

En quoi un État théocratique et non démocratique comme l'État du Vatican qui, de surcroît, n'a pas ratifié la Déclaration universelle des droits de l'homme, a-t-il encore sa place à l'ONU ?

M. Didier Reynders, ministre des Finances. - Comme vous l'avez rappelé, le ministre des Affaires étrangères accompagne en ce moment le premier ministre dans une visite officielle en Russie. Il me revient donc de vous répondre et je le ferai en trois points.

Premièrement, la Belgique a effectivement joué un rôle moteur pour que les États membres de l'Union européenne adoptent une réaction commune à la suite de l'entrée du FPÖ dans le gouvernement autrichien. Dans le cadre de la conférence intergouvernementale conclue à Nice, la Belgique a également été à l'initiative d'une modification de l'article 7 du Traité de l'Union européenne qui a introduit un mécanisme préventif d'alerte démocratique visant à faire face, à l'avenir, à des situations du même type. La position de la Belgique, et celle de M. Michel en particulier, est bien connue.

Deuxièmement, il n'appartient pas au gouvernement belge de se prononcer en ce qui concerne la visite de M. Haider au Saint-Siège, celle-ci relevant de la seule responsabilité de ce dernier. À cet égard, le Saint-Siège fait remarquer que, de pratique constante, la charge apostolique du pape l'amène à rencontrer des personnalités dont les conceptions, les convictions ou la ligne politique non seulement ne coïncident pas avec la doctrine de l'Eglise mais peuvent même se trouver en opposition avec celle-ci.

Troisièmement, je laisse à votre appréciation personnelle, monsieur Dubié, ou à celle de votre groupe, la réflexion concernant la présence et le rôle du Saint-Siège sur la scène internationale. Il n'appartient pas à la Belgique de porter de jugement à cet égard, mais je transmettrai bien entendu cette réflexion qui est la vôtre, et peut-être celle de votre groupe, au ministre des Affaires étrangères.

M. Josy Dubié (ECOLO). - Je tiens à préciser que j'ai effectivement exprimé ma position personnelle et que je ne parle pas ici au nom de mon groupe.

Dans ma question, j'ai souligné l'ambiguïté du statut du Saint-Siège. Dans votre réponse, monsieur le ministre, vous avez reconnu implicitement que le Saint-Siège jouait sur un double registre. Le pape est en effet le chef de l'Église catholique mais il est aussi le chef de l'État du Vatican.

M'adressant à un ministre libéral, je signale qu'après avoir fait quelques recherches, j'ai découvert que dans notre pays, entre 1880 et 1885, un gouvernement libéral a suspendu les relations diplomatiques avec le Vatican parce que cet État, selon les ministres libéraux de l'époque, était intervenu dans les affaires intérieures de la Belgique. La question que je pose n'est donc nullement sans objet. Il y a des précédents. Je pense donc qu'il y a lieu de s'interroger à propos d'un État qui cumule deux casquettes et qui, parfois, prend des positions qui, d'un point de vue politique, peuvent incontestablement avoir une influence sur les positions politiques d'un ensemble d'États européens qui visent à isoler un leader d'extrême droite.