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Sénat de Belgique

Annales parlementaires

JEUDI 30 NOVEMBRE 2000 - SÉANCE DE L'APRÈS-MIDI

(Suite)

Question orale de M. Alain Destexhe au ministre des Télécommunications et des Entreprises et Participations publiques sur «les loteries, les paris et les jeux de hasard sur internet» (n° 2-392)

M. Alain Destexhe (PRL-FDF-MCC). - Nous aimons tous deux, monsieur le ministre, ce qui concerne Internet et le commerce électronique. La Loterie Nationale attend votre feu vert pour pouvoir se lancer sur Internet. Cela se fait d'ailleurs déjà en Autriche et en Finlande.

Cet exemple illustre les dilemmes que posent Internet et la nouvelle société de la communication. En effet, d'une part, nous sommes tous d'accord pour affirmer qu'il ne faut pas encourager les jeux de hasard ; d'autre part, ils constituent une réalité et existent déjà partout dans le monde. En outre, monsieur le ministre, vous ne pouvez rien faire aujourd'hui pour empêcher un internaute belge de parier sur une course de lévriers sur un site étranger.

Il serait préférable de créer ce type d'activité en Belgique, en essayant évidemment d'en garder le contrôle, plutôt que d'accepter une situation hypocrite. Qu'en pensez-vous ?

Par ailleurs, j'aimerais connaître vos intentions sur le projet de la Loterie Nationale.

Enfin, j'aimerais également savoir quelle serait votre réaction si une start up Internet vous proposait de lancer une société de paris sur Internet installée en Belgique.

M. Rik Daems, ministre des Télécommunications et des Entreprises et Participations publiques. - Madame la présidente, chers collègues, toute entreprise qui se veut dynamique doit s'adapter aux nouvelles technologie lorsqu'elles sont disponibles.

La mission de la Loterie telle que je la conçois est d'essayer d'éliminer le plus possible les jeux de hasard mais, si cette éradication n'est pas possible, elle consistera à canaliser le besoin de jouer en visant à atteindre deux objectifs : diminuer les effets nocifs pour la population et utiliser les bénéfices de l'organisation des jeux à des fins sociales. Avec ce point de départ, il me semble plus logique d'éviter que soient proposés de tels jeux sur Internet que de penser à autoriser la Loterie à le faire. La Loterie quoique elle ait commencé à se préparer n'est cependant pas encore prête à offrir des jeux sur Internet, même si la presse affirme le contraire. De toute manière, je ne suis pas disposé à l'autoriser tant que nous pouvons essayer d'éviter les jeux de hasard sur Internet. En effet, nous devons déjà faire face à des problèmes graves avec les bandits manchots dans les cafés ; or, comme le seuil sur internet est bas, ces jeux de hasard risquent donc de créer des problèmes encore plus sérieux.

Je pense qu'il faut offrir une alternative quand se développe une activité que nous ne pouvons éviter. Ainsi, dans les cafés, si on interdit les bandits manchots, il n'est pas nécessaire de proposer une alternative. Sur Internet, essayons d'abord d'éviter le problème. S'il devient d'aventure inévitable, alors il faudra penser à canaliser le phénomène pour alléger sa nocivité.

M. Alain Destexhe (PRL-FDF-MCC). - Je vous souhaite bonne chance dans votre tentative d'interdiction des jeux de hasard sur Internet. Si vous trouvez une solution, communiquez-la nous, ce sera intéressant.