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Belgische Senaat

Parlementaire handelingen

DONDERDAG 6 JULI 2000 - NAMIDDAGVERGADERING

(Vervolg)

Mondelinge vraag van mevrouw Anne-Marie Lizin aan de vice-eerste minister en minister van Buitenlandse Zaken over «het schrappen van de 4 juli-receptie op de Ambassade van de Verenigde Staten» (nr. 2-313)

De voorzitter. - De heer Didier Reynders, minister van Financiën, antwoordt namens de heer Louis Michel, vice-eerste minister en minister van Buitenlandse Zaken.

Mme Anne-Marie Lizin (PS). - Monsieur le président, permettez-moi deux remarques préalables. D'une part, je regrette qu'une partie de ma question n'ait pu être présentée au ministre. D'autre part, j'avais souhaité que deux ministres répondent à ma question, le second étant M. Verwilghen. Je me réjouis de la présence de M. Reynders mais j'estime un peu dommage ce type de remplacement systématique par parti plutôt que par compétence.

Monsieur le ministre, traditionnellement, l'ambassade des États-Unis fête le jour de l'Indépendance par une réception le 4 juillet. Cette année, les États-Unis ont annulé les réceptions d'Amman et de Bruxelles.

Le ministre peut-il nous dire quelles sont les bases d'analyse, d'information et de sécurité qui justifient la suppression de la réception à l'ambassade américaine ?

À quel niveau les réticences de sécurité américaines ont-elles été formulées ? Au niveau ministériel ? Au niveau des services et desquels ? L'armée, la gendarmerie, la sûreté de l'État ?

En Jordanie, le gouvernement a protesté officiellement contre la suppression de la réception à l'ambassade américaine. Cet événement a d'ailleurs fait la une de tous les journaux d'Amman, les Jordaniens se sentant vexés que l'on ne se fie pas à leurs services.

Le gouvernement belge a-t-il fait, de son côté, des démarches pour connaître les raisons de cette annulation - je ne parle même pas de l'armada qui entoure aujourd'hui l'ambassade - et pour obtenir les clarifications nécessaires quant aux motifs de cette suppression ?

M. Didier Reynders, ministre des Finances. - Vous souhaitiez, madame, interroger deux ministres ; en fait, vous recevez la réponse d'un troisième et, en termes de compétence, je crois que vous estimerez assez logique que le ministre des Affaires étrangères se trouve de temps à autre à l'étranger. Pour ma part, je ne crois pas disposer de compétences particulières en la matière mais je vous répondrai aussi en voisin de l'ambassade des États-Unis qui, pour l'instant, venez-vous de dire, bénéficie de mesures exceptionnelles.

La décision des autorités américaines d'annuler la réception traditionnelle du 4 juillet à leur ambassade à Bruxelles repose uniquement sur l'analyse des informations dont ces mêmes autorités disposent quant aux menaces qui pèsent sur les représentations diplomatiques américaines à l'étranger. En raison de leur extraterritorialité, les missions diplomatiques de Bruxelles sont, en vertu de la Convention de Vienne, libres d'organiser leur propre sécurité interne. Le gouvernement hôte est chargé d'assurer la sécurité externe. Dans la situation évoquée, la Belgique a agi en conformité avec la Convention de Vienne en assurant au maximum, et à la grande satisfaction des autorités américaines, la sécurité de l'ambassade des États-Unis à Bruxelles. Notre pays n'a pas protesté auprès des autorités américaines puisque la décision américaine n'est pas dirigée contre la Belgique. Nous ne remettons pas en question les analyses des services de sécurité étrangers tant qu'elles n'affectent pas la sécurité du pays. C'est donc sur la base d'une analyse des informations dont disposaient les autorités américaines que celles-ci ont pris la décision d'annuler une manifestation au sein de leurs représentations diplomatiques. Il n'y a pas d'autre commentaire de la part des autorités belges.

Mme Anne-Marie Lizin (PS). - Je remercie M. Reynders mais je poserai bien entendu à nouveau cette question lorsque l'un des deux ministres compétents sera présent. Il est en effet difficile que nous poursuivions la discussion. Peut-être ne disposez-vous pas, monsieur le ministre, de l'ensemble des informations mais vous vous souviendrez sans doute qu'en juillet de l'année dernière, des lettres distribuées dans deux endroits de Bruxelles avaient créé une psychose particulière qui avait amené une overdose de protection ; en effet, jusqu'au 15 août, les bourgmestres ont été priés de surveiller les poubelles situées à proximité de certains endroits alors que nous savions depuis plus d'un mois et demi que ces lettres n'étaient pas fondées.

Je ne crois donc pas qu'une information sur un quelconque danger encouru par l'ambassade américaine ne nous intéresse pas en termes de sécurité. Mais l'annulation de la réception veut clairement dire pour moi : « Vous n'êtes pas capables de nous protéger ». À quoi le gouvernement pourrait répondre : « Une overdose inutile est contre-productive ».

Par ailleurs, un informateur des services britanniques a donné cette information, semble-t-il, aux services américains pour Amman, le Sénégal, le Cameroun et la Belgique. Il nous faudra bien admettre un jour que le risque zéro, surtout quand on est une grande puissance, n'existe nulle part, ni à Amman, ni à Bruxelles, mais qu'une réaction excessive n'est peut-être pas appropriée.

Les réactions exagérées ne sont pas les meilleures. Dans d'autres pays, on rit de notre protection. Mais qu'en est-il exactement ? Le délégué général de la Palestine, qui ne jouit d'aucune protection, peut être intéressé par les éventuelles menaces contre l'ambassade nord-américaine. Peut-être que d'autres aussi auraient besoin de notre protection. Donc, il faut que nous ayons connaissance du contenu réel de la - ou des - menaces. La source en est-elle farfelue ou émane-t-elle d'un informateur britannique sérieux ?

Il n'est en tout cas pas normal que les parlementaires en soient réduits à des supputations.

Je vous remercie cependant d'avoir répondu à mes questions.

Une attitude plus responsable et transparente en matière de sécurité doit être instaurée dans ce pays.

M. Didier Reynders, ministre des Finances. - Je crains de n'avoir pas d'aussi bons informateurs que Mme Lizin. Mais je ne manquerai pas de transmettre ses questions à mes collègues des Affaires étrangères et de la Justice. Cependant, je répète que l'ambassade des États-Unis peut assurer sa sécurité interne comme elle l'entend et que l'annulation ne reposait que sur l'analyse du risque faite par les services américains. On peut émettre de nombreuses hypothèses quant aux éléments qui auraient été pris en compte dans cette analyse. Je ne puis vous répondre sur base de rumeurs ou d'informations qui demanderaient encore à être vérifiées. Je transmettrai néanmoins ces éléments à mes deux collègues.