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Belgische Senaat

Parlementaire handelingen

DONDERDAG 27 JANUARI 2000 - NAMIDDAGVERGADERING

(Vervolg)

Mondelinge vragen

Mondelinge vraag van mevrouw Marie Nagy aan de eerste minister en aan de vice-eerste minister en minister van Buitenlandse Zaken over «de eventuele regeringsdeelname van de FPÖ in Oostenrijk» (nr. 2-112)

De voorzitter. - De heer Louis Michel, vice-eerste minister en minister van Buitenlandse Zaken, antwoordt.

Mme Marie Nagy (ECOLO). - Les résultats des dernières élections législatives en Autriche et l'incapacité des partis à former une coalition alternative auront probablement pour conséquence d'amener au pouvoir un parti ouvertement xénophobe, un parti d'extrême droite. Cela pose de nombreux problèmes sur le plan des principes.

L'apparition d'un gouvernement aux couleurs nazies au sein de l'Union européenne entre en contradiction immédiate avec les articles 6, 12 et 13 du Traité instituant la Communauté européenne, articles qui énoncent qu'il faut sauvegarder la diversité, préserver les droits de l'homme et la démocratie dans les pays européens, et avec le Titre Ier de la Convention de sauvegarde des droits de l'homme et des libertés fondamentales, qui interdit toute discrimination fondée sur la nationalité, le sexe, la race ou l'origine ethnique, la religion ou les croyances, un handicap, l'âge ou l'orientation sexuelle.

Monsieur le ministre, outre une illustration terriblement parlante du danger qui guette toutes nos sociétés, ces événements soulèvent des questions importantes sur la perspective de voir des représentants d'un mouvement raciste et anti-européen participer aux réunions d'organismes internationaux et européens, dont le Conseil des ministres.

Pouvez-vous nous rassurer sur la position du gouvernement belge dans cette perspective et sur l'état des contacts qui ont été pris ou qui seront pris avec vos collègues européens, en vue de rencontrer les inévitables problèmes qui en découleront? Pensez-vous qu'il soit possible de lancer un signal aux autorités européennes et aux autres pays européens dans le but de mener une démarche commune visant à avertir l'Autriche de ce que l'incapacité des partis à dégager une coalition alternative fragilise la cohésion et la stabilité de l'Union européenne?

M. Louis Michel, vice-premier ministre et ministre des Affaires étrangères. - Tout d'abord, il convient d'attirer l'attention sur le fait que le gouvernement autrichien n'est pas encore formé. C'est seulement aujourd'hui que le Chancelier Klima informera le Président, M. Klestil, du fait que sa mission de formateur n'a pas abouti.

Il est vrai que le gouvernement israélien a menacé de rappeler son ambassadeur à Vienne si Jörg Haider faisait partie du futur gouvernement. Jusqu'à présent, ce n'est pas encore le cas. L'ambassadeur israélien est toujours en poste. Bien que l'Österreichische Volkspartei - ÖVP - de Schüssel et le Freiheitliche Partei Österreichs - FPÖ - de Jörg Haider aient participé formellement aux négociations, ces partis n'étaient pas officiellement mandatés par le Président.

Alarmé par la critique véhémente de la presse étrangère sur une éventuelle participation au gouvernement de Jörg Haider, l'ÖVP a tenu une conférence de presse ce 27 janvier 2000. L'objectif était manifestement d'expliquer la situation à l'étranger. En premier lieu, l'ÖVP a annoncé que le FPÖ avait totalement souscrit aux dispositions en matière de droits de l'homme comme inscrites dans les traités européens ainsi qu'à la politique européenne telle que menée actuellement par l'Autriche. En outre, l'ÖVP a fait savoir qu'après quatre mois d'un vide politique, l'Autriche avait de toute urgence besoin d'un gouvernement stable. Il a également exprimé la crainte de voir, en cas de nouvelles élections, le FPÖ récolter un nombre encore plus important de voix et se positionner probablement comme le partenaire le plus important de la coalition. En ce qui concerne les rapports au sein de la coalition, M. Schüssel a laissé transparaître qu'il ambitionnait la fonction de chancelier, tandis que Jörg Haider a exprimé son désir de rester en Carinthie.

Ces éléments semblent indiquer que le rapprochement entre ces deux partis n'est pas simplement un effet de manches à l'égard du parti social démocrate, mais que cette coalition, d'après les informations les plus récentes dont je dispose, a réellement des chances de voir le jour.

Comme vous, madame Nagy, et dans la ligne des préoccupations exprimées tant à Paris qu'à Berlin, la Belgique est évidemment très vivement préoccupée par l'évolution politique en cours et continuera à suivre la formation du gouvernement autrichien. Nous avons d'ailleurs décidé d'agir immédiatement et concrètement. Le premier ministre et moi-même transmettons aujourd'hui encore une lettre au président en exercice du Conseil européen, afin de lui faire part de nos inquiétudes les plus vives et, surtout, afin de lui demander une réaction commune de mise en garde à l'égard des autorités autrichiennes.

Mme Marie Nagy (ECOLO). - C'est avec beaucoup de satisfaction que j'ai entendu la réponse du gouvernement. Cette position honore la Belgique. Je me réjouis d'avoir pu poser cette question au ministre des Affaires étrangères.