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Sénat de Belgique

Belgische Senaat

Annales parlementaires

Parlementaire handelingen

SÉANCES DU JEUDI 16 JUILLET 1998

VERGADERINGEN VAN DONDERDAG 16 JULI 1998

(Vervolg-Suite)

WENSEN ­ VOEUX

De voorzitter. ­ Dames en heren, over enkele ogenblikken gaan we over tot de laatste stemmingen van vandaag en naderen we het einde van ons zittingsjaar. Ik meen dat de Senaat met tevredenheid op het gepresteerde werk mag terugblikken. Op alle terreinen die tot onze bevoegdheid behoren hebben we waardevol en blijvend werk geleverd : belangrijke wetgeving, twee parlementaire onderzoekscommissies, een alom geprezen parlementair debat over de euthanasieproblematiek, politieke debatten in de plenaire vergadering en in de commissies.

Zoals u reeds kon merken, heb ik deze week indrukwekkende statistische gegevens over onze prioritaire activiteiten aan de pers kunnen voorstellen. Ik wil de heer Lallemand vóór zijn met de vaststelling dat de poëzie niet tot die prioriteiten behoorde en breng daarom de woorden van dichter Jan Greshoff in herinnering : « Ik heb niets tegen het algemeen kiesrecht, als de politiek maar van de poëzie afblijft. »

Je souhaite remercier tous les collègues, en particulier de l'esprit de coopération et l'ambiance courtoise qui caractérisent si bien notre assemblée.

J'adresse également mes remerciements au greffier et à l'ensemble des membres du personnel qui, tout au long de cette année, ont fait preuve de la conscience professionnelle et de la compétence dévouée que nous leur connaissons.

Je tiens encore à remercier la presse, qui rapporte fidèlement les travaux du Sénat, même si nos représentations sont moins spectaculaires que celles de la Chambre ! Pourtant, lorsqu'il a fait une exception à la règle en attirant un octopode en ses locaux, le Sénat a immédiatement vu son audience médiatique monter en flèche.

Je souhaite à tous et à toutes de bonnes vacances bien méritées où la grisaille devienne ciel bleu, si je puis me permettre de mentionner cette couleur sans que l'on m'impute une intention politique. (Sourires.)

Je vous souhaite donc des vacances où l'urgence n'ait plus cours et où la famille et les amis aient enfin la préséance sur les résolutions et les amendements. (Applaudissements.)

Het woord is aan de heer Lallemand.

De heer Lallemand (PS). ­ Mijnheer de voorzitter, het is de gewoonte dat ik vóór de laatste stemming van het parlementaire jaar in naam van alle senatoren uiting geef aan onze achting en dankbaarheid. Zeker, dergelijke woorden zijn conventioneel en behoren tot de traditie, maar ze drukken niettemin oprechte gevoelens uit.

Enkele dagen geleden heeft de heer Verhofstadt ons eraan herinnerd dat u, alleen al wegens de duur van uw mandaat, tot het selecte clubje van grote voorzitters behoort die het voorzittersambt tien jaar of langer hebben bekleed. Niemand van de hier aanwezige leden zal dit tegenspreken.

Je voudrais aussi, monsieur le président, dire quelques mots au sujet du personnel et de nos collaborateurs qui nous apportent, depuis quelques années, une aide considérable. Ces collaborateurs nous ont donné souvent une voix plus convaincante, une parole plus élégante et une intelligence plus précise, ce qui, convenons-en, n'est pas toujours chose aisée.

Nos collaborateurs sont les rédacteurs de notes que nous avons lues et, parfois, jamais lues. Ils ont, dans leur discours, exprimé d'excellentes propositions qu'il nous arrive souvent d'oublier. Pour toutes ces raisons, nous sommes peut-être les mieux placés pour juger des qualités de ceux qui aident. Ils le sont tout autant pour juger des nôtres, mais aussi, hélas, pour évaluer nos défauts et nos lacunes.

Lorsqu'on écoute certains de ces collaborateurs, ces défauts ou ces insuffisances ont pris une ampleur considérable. Un journaliste a entendu, il y a peu, un jeune conseiller de la Chambre dire avec assurance des parlementaires, de leurs contacts réciproques, de leurs rencontres, de leur façon de vivre : « Tous ces ignares, ces ignorants vivent en parfaite intelligence. » (Sourires.)

Ce journaliste n'a toutefois pas précisé de quelle sorte d'intelligence parlait ce collaborateur. Car, selon Aldous Huxley, il existe en effet trois sortes d'intelligence : l'intelligence humaine, l'intelligence animale mais aussi l'intelligence militaire. Curieusement, il assimilait l'intelligence politique à l'intelligence militaire.

L'intelligence militaire est, selon Aldous Huxley, caractérisée par l'art de limiter son savoir à ce que l'on sait, même si l'on ne sait rien, ou, à défaut, si on ne le sait pas, à ce que l'on vient de lire. Il n'est pas douteux que ce type d'intelligence dirige nos discours et ceux de nombreux ministres. D'ailleurs, votre expérience personnelle, monsieur le président, en garde le souvenir.

Il est arrivé à certains d'entre nous, en lisant un texte, de se tromper de feuillet. De la même manière, sans s'en rendre compte, alors qu'il devait faire l'éloge d'un retraité, un ministre s'est lancé dans un vibrant éloge funèbre.

Certes, cela n'empêche pas nos ministres d'être souvent brillants et séduisants. Un collaborateur de l'un deux, et qui sans doute avait rédigé quelques pages du texte que le ministre lisait, avait pu dire ainsi ­ c'était il y a une vingtaine d'années ­ de son ministre à Marc Antoine Pirson, président de groupe : « Comme il pense bien et comme il parle bien. » Marc Antoine Pirson eut cette réponse terrible : « C'est vrai, mais la chose dont il parle à la tribune du Sénat est rarement celle à laquelle il pense ! » (Sourires.)

Nous pouvons assurément nous amuser des erreurs et des bévues que d'autres ont pu commettre, parce qu'ils pensent aussi autre chose que ce qu'ils font, mais celles que nous commettons sont encore accrues, il faut le dire, par les imprimeurs qui déforment nos propos.

La Chambre avait fait publier, il y a quelques années, un document qui reprenait les noms et les adresses des nouveaux députés. Notre estimé collègue, Charles-Ferdinand Nothomb, alors président de la Chambre, en avait demandé la publication. On pouvait lire sur ces listes qu'il résidait « au Palais de la Natation » ! Un esprit assurément peu drôle a pu dire, très mal à propos : ce n'est pas une erreur car, en ce palais, les parlementaires n'en finissent pas de nager !

Trêve de mauvaises plaisanteries, monsieur le président, j'en termine.

Vous savez que le jour du dernier vote, la fatigue se fait toujours sentir davantage. Je dis bien la fatigue et pas autre chose. Pas le vieillissement, comme le suggérait un esprit mal tourné. Peut-être faudrait-il, mes chers collègues, qu'avant de partir en vacances nous partagions selon nos âges, qui sont très divers, un secret important : la vieillesse n'existe pas.

Certes, comme le disait Jules Renard, tous les ans, nous avons nos excès de vieillesse, nous perdons nos feuilles, notre bonne humeur, notre goût de vivre mais, après, tout cela revient. L'écrivain voulait dire, en fait, que nous n'avons pas une enfance, une jeunesse, un âge adulte, un âge mûr mais qu'en vérité, au plus profond de nous, nous avons en même temps tous les âges de la vie. Nous le savons bien, au plus profond de nous, l'enfant que nous avons été est toujours là. Alors, chers collègues, pour aborder l'avenir, il faut, à tout le moins pendant quelques semaines, que nous retournions en arrière, que nous retrouvions une jeunesse, une joie hors de l'urgence, une paix sans interruption, un dialogue sans GSM et quelques sourires perdus.

C'est le voeu que je forme, pour vous, monsieur le président, et pour nous tous.

Ik wens u een uitstekende en prettige vakantie. (Applaus.)