1-209

1-209

Sénat de Belgique

Belgische Senaat

Annales parlementaires

Parlementaire handelingen

SÉANCES DU MERCREDI 15 JUILLET 1998

VERGADERINGEN VAN WOENSDAG 15 JULI 1998

(Vervolg-Suite)

LA SITUATION EN ASIE D'AVRIL 1996

À MARS 1998

Débat

Dépôt d'une motion

DE TOESTAND IN AZIË VAN APRIL 1996

TOT MAART 1998

Debat

Indiening van de motie

M. le président . ­ L'ordre du jour appelle le débat sur la situation en Asie d'avril 1996 à mars 1998.

Aan de orde is het debat over de toestand in Azië van april 1996 tot maart 1998.

Conformément à notre Règlement, le texte adopté par la commission servira de base à notre discussion. (Voir document nº 1-855/1 de la commission des Affaires étrangères du Sénat. Session 1997-1998.)

Volgens het Reglement geldt de door de commissie aangenomen tekst als basis voor de bespreking. (Zie document nr. 1-855/1 van de commissie voor de Buitenlandse Aangelegenheden van de Senaat. Zitting 1997-1998.)

Le débat est ouvert.

Het debat is geopend.

La parole est à la rapporteuse.

Mme Willame-Boonen (PSC), rapporteuse. ­ Monsieur le président, l'Asie a subi au cours de ces deux dernières années de multiples changements rapides et imprévisibles. Une crise financière considérable a secoué l'Asie du Sud-Est à partir de juillet 1997. Il convient dès lors de considérer les travaux de la commission et les éléments repris dans ce rapport avec une attention particulière aux périodes pendant lesquelles se sont déroulés les travaux. Il convient de distinguer deux périodes.

Dans une première étape en 1996, soit avant la crise asiatique, la commission a examiné la note du gouvernement belge intitulée « la Belgique et l'Asie : défis et perspectives ». Elle a entendu à cette occasion les ministres des Affaires étrangères, du Commerce extérieur et le secrétaire d'État à la Coopération au Développement. Le résultat de ces travaux constitue le titre premier de ce rapport.

Dans une seconde étape, en raison de la crise asiatique qui s'est déclenchée à partir de juillet 1997, la commission a jugé intéressant de compléter son information, notamment à la lumière des développements des années 1997 et 1998. Il s'agit du titre second de ce rapport qui reprend les auditions tenues de janvier à mars 1998. La commission a clôturé ses travaux en mars 1998. Depuis lors, la situation n'a cessé d'évoluer; l'Indonésie a été bouleversée; son président a cédé la main; des troubles sociaux importants et violents ont eu lieu. Le yen a subi des fluctuations. Sur le plan stratégique, l'Inde et le Pakistan ont procédé à des essais nucléaires.

Il m'incombe donc d'établir un rapport sur une situation bien précise, celle de l'Asie d'avril 1996 à mars 1998. Le rapport est divisé en deux parties, le premier titre étant « Avant la crise ».

Examinons ensemble les grands traits de la note gouvernementale de l'époque. La note de politique générale de gouvernement présente l'analyse que fait la Belgique du défi asiatique. Le XXIe siècle s'annonçait, selon les experts, comme le pacific century . Sur le plan économique, les nouveaux tigres connaissaient une croissance économique à laisser rêveuse la vieille Europe. L'Asie se présente non seulement comme un débouché commercial considérable mais également comme un concurrent potentiel. Sur le plan économique, les pays asiatiques émergent sur la scène mondiale et promeuvent des valeurs asiatiques différentes des nôtres notamment en matière d'organisation politique, de développement social et de rapports entre l'individu et la communauté.

Après avoir décrit le contexte de l'émergence de l'Asie comme défi à l'Europe et à la Belgique et dressé le bilan de la présence belge en Asie, la note du gouvernement expose les trois fondements de la nouvelle politique asiatique en 1996. Premièrement, renforcer le dialogue. La Belgique doit amorcer un dialogue politique avec les pays asiatiques dans un contexte européen, notamment au sujet de la sécurité collective, de la prévention des conflits, du commerce mondial et du développement.

Deuxièmement, saisir les opportunités économiques. L'Asie représente un débouché important au niveau mondial. Les pays asiatiques avec une croissance économique de 7,4 % du PNB en 1996 ­ soit le triple de la croissance de l'Union européenne ­ offrent un grand nombre d'opportunités pour les entreprises belges.

Troisièmement, consolider la coopération au développement. L'Asie constitue une mosaïque de diversités. À côté des résultats économiques extraordinaires de certains pays coexistent des chiffres impressionnants de pauvreté. En Asie de l'Est, 170 millions de personnes vivent encore sous le seuil de pauvreté; 560 millions de personnes ­ soit la moitié des pauvres du monde ­ vivent en Asie du Sud. L'objectif de la coopération belge au développement est de promouvoir un développement à long terme pour les populations les plus pauvres vivant dans les régions rurales de ces pays surpeuplés. Elle s'efforcera également de promouvoir les droits de l'homme et les droits sociaux ainsi que la démocratisation.

L'objectif principal de la nouvelle stratégie vis-à-vis de l'Asie est l'accroissement de l'intérêt pour l'Asie et vice versa, ainsi que le renforcement de la présence belge en Asie.

Après ce résumé des grandes lignes de la note politique générale du gouvernement, j'aborde maintenant l'exposé fait par le ministre des Affaires étrangères, le 24 avril 1996.

Le ministre a expliqué, en rappelant les grandes lignes de la note, que les relations de la Belgique avec l'Asie, ce qui est aussi le cas des autres États membres de l'Union européenne, reposait sur une base essentiellement économique, notre présence sur le marché asiatique constitue un défi important, mais notre politique de présence se doit d'être une politique équilibrée qui tienne compte de la dimension de sécurité, du respect des droits de l'homme et de la dimension sociale du commerce mondial.

La région est en recherche d'un nouvel équilibre. Certains pays connaissent des configurations instables, qui sont autant de foyers de conflits potentiels. Bien que la diplomatie bilatérale prime en Asie, on y note un processus de coopération régionale à travers l'ASEAN qui a lancé en 1993 l'Asean Free Trade Area, l'APEC, Asia Pacific Economic Cooperation, ou encore l'ASEM, Asia-Europe Meeting, forums de rencontre entre l'Union européenne et l'Asie. Depuis la fin de la guerre froide, l'Asie cherche à occuper une place à l'échelon mondial. La dimension politique de l'Asie présente un aspect contrasté entre les vieilles démocraties, les pays autoritaires « doux », les pays communistes et ceux qui connaissent une certaine démocratie et qui évoluent à leur propre rythme.

Le ministre a ensuite évoqué les problèmes des droits de l'homme, du développement social et de la dimension écologique. Être accepté en qualité d'interlocuteur reste un défi politique énorme pour l'Europe.

Du point de vue économique, la part de l'Union européenne dans les exportations à destination de l'Asie a augmenté de 10 %, mais reste inférieure au niveau de croissance des exportations des États membres de l'Union européenne. Il faut signaler qu'une grande partie de nos exportations concernent le diamant. Nos importations sont aussi concentrées dans les produits textiles et le matériel électronique.

En conclusion, l'intérêt que nous portons aux pays asiatiques doit être accru. Les postes diplomatiques doivent être renforcés et élargis. Un véritable choix s'impose concernant les droits de l'homme. En faisons-nous un problème principal et restons-nous absents de la région ou entamons-nous une politique de présence pour développer un dialogue constructif ?

Lors de l'échange de vues entre les commissaires et le ministre, divers points, que je résumerai fortement, ont été soulevés : la question des droits de l'homme et des aspects sociaux, notamment le travail des enfants et la clause sociale; le défi économique de l'Asie qui implique deux types de compétition : d'une part, entre l'Europe et les USA pour la conquête des marchés et, d'autre part, entre l'Europe et l'Asie pour la fourniture de certains services; les défis militaires soulevés par des pays en passe de devenir de véritables puissances régionales; la diversité du continent asiatique, sujet qui nécessiterait cinq notes ou davantage, plutôt qu'une seule approche et, enfin, les problèmes de non-cohérence du commerce extérieur en raison de la structure fédérale de la Belgique.

Après cet aperçu des points qui ont été discutés lors de l'exposé du ministre des Affaires étrangères en commission, je voudrais aborder maintenant l'exposé fait par le secrétaire d'État à la Coopération au Développement, le 18 juin 1996.

À cette occasion, le secrétaire d'État a rappelé que la politique de coopération belge en Asie repose sur quatre piliers principaux : le déploiement d'activités de développement pertinentes; la subordination aux droits de l'homme; la concentration sur le plan géographique et sectoriel et, enfin, la création d'un fonds de garanties.

La coopération doit toucher les couches les plus pauvres de la population, qui vivent dans les campagnes, et garantir des équipements de base, des revenus et une protection sociale.

Pour ce qui est des droits de l'homme, le secrétaire d'État a souligné que les principes démocratiques, le droit au travail, les droits sociaux et les droits de l'homme sont trop facilement bafoués en Asie. Les accords de coopération viseront à respecter ces principes et une discrimination positive sera instaurée en faveur des pays qui oeuvrent réellement dans cette voie.

Pour ce qui est de la concentration géographique, les Philippines, notamment à cause de leur pouvoir d'absorption, ainsi que la région du Mékong ont été retenues. Sur le plan sectoriel, les investissements interviendront dans les secteurs sociaux : santé, enseignement, agriculture, PME, infrastructure physique et rôle des femmes dans le développement.

Enfin, la création d'un fonds de garantie : la coopération au développement peut stimuler les exportations des entreprises belges, dans la mesure où elles revêtent une importance en matière de développement; de même, elle peut stimuler les investissements de PME dans des zones instables, et ce par le biais d'un fonds de garantie.

Le secrétaire d'État a, en outre, insisté sur le respect des droits de l'homme qui sont universels et indivisibles. Ils doivent être mis en valeur par le respect d'une conditionnalité qui doit s'appliquer vis-à-vis des pays où les droits de l'homme ne sont pas respectés et où la croissance économique ne se traduit pas par une amélioration des conditions de vie pour la grande majorité de la population.

Quant aux montants de la coopération, permettez-moi de vous renvoyer à la page du rapport qui les concerne.

La discussion en commission a ensuite notamment porté sur les sujets suivants, et d'abord, le statut des Philippines qui est plus un pays intermédiaire, contrairement au Bangladesh, au Cambodge ou au Pakistan. Le secrétaire d'État a indiqué que les Philippines occupaient la centième place dans le classement du développement humain, mais il faut tenir compte de la capacité d'absorption particulièrement performante de ce pays. Ensuite, la diplomatie préventive : comment appliquer ce concept à l'Asie ? Le secrétaire d'État a indiqué que, pour le moment, ce programme s'adressait principalement à l'Afrique.

Il a aussi été question du travail des enfants. Le secrétaire d'État a défendu son approche des normes sociales dans le commerce international et a montré que le problème était particulièrement complexe parce qu'il n'existait pas de substitut aux revenus de ces enfants. Il a plaidé pour le développement d'une protection sociale en Asie.

La discussion a également porté sur la cohérence entre la politique de la coopération au développement et le commerce extérieur, notamment en matière de prêts d'État à État.

Nous avons ensuite entendu en commission, le 4 décembre 1996, l'exposé du ministre du Commerce extérieur au sujet de sa politique. Il a donné une synthèse du volet économique et commercial de la note politique sur l'Asie, laquelle est en train de devenir le débouché principal à l'échelon mondial. Par conséquent, ce continent offre un grand nombre d'opportunités pour les entreprises belges. L'expansion rapide crée de nouveaux besoins au niveau de l'infrastructure, de l'environnement, de l'énergie, du transport et des télécommunications. Ce sont des créneaux dans lesquels les entreprises belges ont déjà prouvé leur savoir-faire.

Au niveau des relations commerciales, les exportations de l'Union économique belgo-luxembourgeoise ont fortement progressé. L'UEBL enregistre d'ailleurs un excédant commercial avec l'Asie, à l'exception du Japon. La part de l'Asie dans nos exportations reste inférieure à celle des principaux concurrents européens. Remarquons enfin que les investissements directs belges en Asie sont jusqu'à présent limités.

Je ne m'étendrai pas davantage sur la discussion qui a suivi l'exposé du ministre concernant la promotion économique de la Belgique qui me semble, avec le recul, après la crise de l'Asie du Sud-Est, hors de propos. Je noterai simplement que la discussion a principalement porté sur la relation entre la coopération au développement et la politique commerciale, sur les relations entre celles-ci et le respect des droits de l'homme, ainsi que sur les normes sociales dans le commerce international.

J'en viens au rapport de la deuxième partie de nos travaux qui se sont déroulés après la crise asiatique, c'est-à-dire après l'été 1997.

Je ne reviendrai pas sur la description de la crise par pays. Il en a déjà fait suffisamment écho et je renvoie à l'historique qui en est fait dans le rapport, à partir de la page 42.

Une crise monétaire et financière a sévi en Asie du Sud-Est depuis juillet 1997. Il convenait donc d'actualiser notre information et de savoir si l'approche politique de la Belgique devait être remise en cause.

Après 20 ans de prospérité, sous le bouclier américain, l'Asie du Sud-Est était devenue un modèle global de stabilité politique et de développement économique. Beaucoup s'accordaient à dire qu'il s'agissait du prochain centre névralgique de l'économie mondiale. Mais dès le début de l'année 1997, le système basé sur un compromis social entre les populations et leurs gouvernants a montré ses failles. S'il est simpliste de généraliser les causes de la crise monétaire et financière que connaît la région, il est néanmoins possible de trouver un fil conducteur. Tous les protagonistes de la région se caractérisaient par une économie surchauffée, un système financier en crise et une compétitivité à la baisse. Le manque de transparence quant à la situation réelle de leur économie était également présent dans tous les pays d'Asie du Sud-Est.

Les pratiques économiques peu orthodoxes, les investissements surdimensionnés et non rentables, les créances douteuses, les crédits accordés à des conditions trop avantageuses et libellés en devises étrangères, alors couverts par une croissance économique sans faille, sont apparus au grand jour.

C'est la décision du Gouvernement thaïlandais, le 2 juillet 1997, de laisser flotter le baht, après des années d'ancrage au US dollar, qui a mis le feu aux poudres. Très vite la crise s'est étendue à la Malaisie, à l'Indonésie, à Hong Kong, à la Corée du Sud et, finalement, au Japon.

Il s'avère que la zone asiatique tant convoitée à l'époque pour ses énormes opportunités de développement est aujourd'hui en crise. La note présentant la nouvelle politique asiatique est-elle toujours d'actualité ? Il s'agit de la question que la commission a voulu examiner en entendant, d'abord, des experts du monde économique et financier; ensuite, les ministres belges des Affaires étrangères et des Finances et, enfin, le directeur général du Bureau International du Travail pour les aspects sociaux de la crise.

Je ne procéderai pas au résumé de toutes les auditions auxquelles la commission a procédé. Cet exercice serait trop fastidieux. L'ensemble des détails se trouvent dans le rapport. Je vais, au contraire, essayer de structurer en quatre points les informations récoltées : les origines et les causes de la crise; les effets et remèdes; les conséquences pour la Belgique; les enseignements et les pistes pour l'avenir.

D'abord il est impossible de généraliser les origines et les causes de la crise, celles-ci varient selon les pays. Elles ont un point en commun : un système bancaire et financier inadapté à la globalisation. L'origine de la crise réside dans une gestion financière et bancaire laissant à désirer. Les leçons des crises monétaires du passé, n'ont pas été tirées. Quand un pays lie sa monnaie à une monnaie forte, si tout le monde y croit, les taux d'intérêt chutent. Cela encourage le crédit local. Si l'État s'engage à ne pas dévaluer, les gens empruntent en devises étrangères à des conditions plus avantageuses. Quand les choses vont mal, cela aboutit à la catastrophe. Par rapport aux autres crises, celle-ci comporte une complication supplémentaire. La dette privée est détenue par une kyrielle de créanciers et de débiteurs. Il s'agit d'une crise du secteur privé dans les différents pays.

Une des causes de la crise est l'inadéquation des marchés financiers de ces pays au marché financier international. La libéralisation des mouvements de capitaux, sans les nécessaires mesures de surveillance, d'information et de contrôle, mène à des problèmes.

Le problème fondamental réside dans la perte de compétitivité d'une économie asiatique qui perdait du terrain face à un dollar qui s'appréciait par rapport au yen et aux monnaies européennes. Un des problèmes essentiels est celui de l'information : il n'existait pas d'information fiable sur les vraies positions d'engagement en devises et les risques pris en devises au niveau local. De plus, une mauvaise supervision bancaire et le manque de statistiques rendent la situation encore plus floue.

Dans ces conditions, les institutions internationales comme le FMI n'ont pas été en mesure de prévoir cette crise : les statistiques n'étaient pas fiables, les indicateurs économiques suivis par l'institution n'étaient pas pertinents. Le défaut d'information qui avait déjà été relevé lors de la crise mexicaine n'a pas été résolu.

Dans certains cas, s'ajoutait le phénomène de «crony capitalism» , un capitalisme de copinage; une véritable collusion existait entre les autorités de l'État et les entrepreneurs privés via le népotisme.

J'en viens aux effets de la crise et aux remèdes à y apporter.

Les effets directs de la crise sont connus : dévaluations, restructurations, perte massive d'emplois, troubles sociaux, etc. Un assainissement des relations entre l'État et les entreprises privées est en cours. Les effets de cette crise ont frappé de plein fouet les populations locales. Ces pays avaient pris l'habitude d'une croissance continue et aucun réseau social n'avait en conséquence été prévu. Cette crise est chèrement payée au niveau social. Les effets politiques ont entraîné des adaptations des régimes politiques, notamment en Indonésie. Les prévisions indiquent une diminution de la demande mondiale. En ce qui concerne l'Europe, on s'attend à une baisse de la croissance d'environ 0,4 % du PNB.

Pour ce qui est des remèdes, le FMI a exigé, dans la plupart des cas, la fermeture d'institutions de crédit non performantes, davantage de transparence des systèmes financiers, l'ouverture des systèmes financiers à l'extérieur et une meilleure surveillance des flux financiers.

Certains pays asiatiques ont reproché aux pays européens un manque de solidarité. Le ministre des Affaires étrangères a signalé que ce reproche était non fondé. Les sommes engagées par les Européens sont supérieures à celles des États-Unis, notamment dans le cas de la Corée. Néanmoins, il faut prendre sérieusement en considération le fait que les Asiatiques ont l'impression que l'Europe ne prend aucun engagement. Il s'agit d'un problème de défaut de relations publiques.

J'en viens aux conséquences pour la Belgique.

D'un point de vue global, les pays de l'ASEAN et la Corée représentent 10 % du commerce mondial. Ces pays ne représentent que 2 % des exportations belges. Si l'on retire le secteur du diamant, le pourcentage tombe à 1,5 %. Les principaux marchés d'exportation en Asie sont l'Inde, le Japon, Hong Kong et la Chine, moins touchés par la crise. S'il est impossible de prévoir correctement tous les effets de celle-ci, leur portée sur la Belgique devrait néanmoins être limitée. La Banque Nationale de Belgique, l'année dernière a confirmé que les exportations belges en Asie du Sud-Est ont reculé de 1,3 %. Il est possible que certains secteurs comme le diamant ou encore la sidérurgie subissent des effets spécifiques.

Une politique de présence est essentielle pour assurer la confiance des partenaires asiatiques : «a friend in need is a friend indeed» . Ce serait donc une erreur pour les entreprises belges de ne plus travailler ces marchés. En ce qui concerne les investissements directs en Asie, la crise «offre» de nouvelles chances à nos entrepreneurs. Ces pays ont été obligés d'ouvrir leur secteur financier et de libéraliser leur législation sur les investissements. À la suite de la dépréciation des monnaies, le seuil financier d'investissement dans ces pays a également diminué.

Les ministres des Affaires étrangères et du Commerce extérieur ont indiqué qu'un effort particulier d'information serait effectué à destination des entreprises belges.

Il convient aussi d'aborder les enseignements et les pistes pour l'avenir. Le monde financier s'est rendu compte, à un moment donné, que des risques énormes ont été pris dans ces pays en matière de devises, et on ne le savait pas. Le FMI doit développer des instruments dans le cadre de son rôle de surveillance nationale. Il faut veiller à ce que les statistiques financières soient fiables, de manière à permettre un contrôle prudentiel adéquat.

En matière de prévention des crises monétaires internationales, il serait utile d'explorer les pistes tracées par l'ancien ministre des Finances : améliorer la transparence économique, renforcer la coopération avec le FMI, surveiller les marchés financiers, améliorer la supervision bancaire et le contrôle prudentiel, consolider l'assise financière du FMI, réduire les problèmes de risque moral.

La crise asiatique a démontré la nécessité absolue de développer des filets de sécurité sociale dans les Tigres asiatiques. La prise de conscience des problèmes sociaux est un point positif. En ce qui concerne spécifiquement la dimension sociale de la crise, M. Hansenne, directeur du BIT, a bien voulu transmettre à la commission un rapport circonstancié qui a été reproduit intégralement en annexe, avec la permission de cette organisation. Permettez-moi de vous en recommander la lecture.

En guise de conclusion, je dirai que le continent asiatique constitue pour l'Europe et la Belgique le défi essentiel du XXIe siècle. Le gouvernement a défini une stratégie intégrée de son approche diplomatique, économique et de coopération au développement afin de relever les défis de cette région. La crise qui éclate en Asie du Sud-Est a ébranlé les certitudes faisant de cette région un nouvel eldorado. Le défi de l'Asie persiste et les clés de lecture sont devenues, à la suite de cette crise, beaucoup plus complexes.

Je vous prie d'excuser la brièveté de mon rapport oral, relativement succinct eu égard au nombre de pages que comportait mon rapport écrit, mais le point essentiel, me semble-t-il, est la discussion qui va suivre. (Applaudissements.)

De voorzitter. ­ Het woord is aan de heer Vautmans.

De heer Vautmans (VLD). ­ Mijnheer de voorzitter, bij het begin van mijn korte uiteenzetting in dit debat wil ik de rapporteur feliciteren voor het degelijke en bijzonder lijvige rapport dat zij heeft opgemaakt over het Aziëdebat dat wij in de commissie voor de Buitenlandse Aangelegenheden hebben gevoerd.

De aanleiding voor het debat in de commissie was de nota van de regering « België en Azië : uitdagingen en perspectieven ». In de periode dat de commissie zich hiermee bezighield, werd Azië geteisterd door een financiële crisis, die zelfs voor onze contreien zekere implicaties had. Dit aspect mocht dan ook niet ontbreken bij de bespreking van de toestand in Azië van april 1996 tot maart 1998. Het grootste gedeelte van het rapport handelt daarom over de financiële en monetaire crisis in Zuid-Oost-Azië.

Tijdens de besproken periode heb ik Azië tweemaal bezocht. Een eerste maal vergezelde ik als voorzitter van de commissie voor de Buitenlandse Aangelegenheden een delegatie van deze commissie op een studiereis naar Vietnam en Cambodja, waaraan ook een blitzbezoek aan Hongkong was gekoppeld. Dit voorjaar bracht ik ook een bezoek aan China samen met een delegatie onder leiding van de voorzitter van de Senaat. Ik betreur dat de verslagen van deze studiereizen niet werden opgenomen in het rapport, dit ondanks het feit dat zij wel beschikbaar zijn.

Alleen al tijdens deze twee reizen heb ik heel duidelijk kunnen ervaren hoe uiteenlopend de evoluties in de verschillende landen van dit continent wel zijn. Een debat voeren over geheel Azië is dan ook helemaal niet vanzelfsprekend. De commissieleden die onze werkzaamheden van dichtbij hebben gevolgd, zullen het daarover zeker met mij eens zijn.

Tijdens mijn recent bezoek aan China kon ik ook vaststellen dat China aan een enorme snelheid groeit en dat België, dat in vergelijking met deze mogendheid een wel bijzonder klein land is, ginds toch zeer sterk wordt gewaardeerd. De Belgisch-Chinese joint ventures behoren er tot de best renderende ondernemingen. Jammer genoeg mochten wij enkel de succes-stories bezoeken en kregen wij niet de gelegenheid een bezoek te brengen aan sociale organisaties als scholen en ziekenhuizen.

Ik blijf erop wijzen dat dit continent enorm veel uitdagingen en mogelijkheden biedt en dat België alles in het werk moet stellen om onze relaties met Azië, waarmee ik hier alle delen van dit continent bedoel, te optimaliseren. De dialoog dient te worden voortgezet en het verdient aanbeveling de wederzijdse investeringen te stimuleren en de ontwikkelingssamenwerking met de landen van dit continent te verstevigen. België mag niet nalaten de economische mogelijkheden van dit continent te benutten.

M. le président. ­ La parole est à Mme Mayence.

Mme Mayence-Goossens (PRL-FDF). ­ Monsieur le président, je suis plutôt sceptique quant au fait de tenir une discussion sur ce rapport. En effet, nous sommes livrés à ce type d'exercice en commission, mais je ne vois pas pour quelle raison nous devrions y procéder en séance publique.

Quoi qu'il en soit, il est d'usage en de telles circonstances de féliciter le rapporteur et je le fais d'autant plus volontiers que le rapport est de qualité. Cependant, celui-ci ne porte pas le reflet d'une politique, d'une quelconque stratégie d'origine gouvernementale ou parlementaire. Les conclusions du rapport sont d'ailleurs d'une brièveté déconcertante.

En fait, ce rapport est une somme de réflexions ­ intéressantes, j'en conviens ­, de textes disparates, une compilation de débats parlementaires, mais il ne dégage aucune conclusion sur le plan de la politique extrêmement importante que nous devrions mener vis-à-vis de ce continent.

L'idée de ce débat a été émise à la suite de deux voyages parlementaires; le président de la commission vient d'ailleurs de l'évoquer. Il est également d'usage d'établir un compte rendu de tels voyages et, dans le cas présent, il a finalement été décidé d'élaborer un rapport. Cependant, comme le président de la commission vient de le signaler, nous ne trouvons ici nulle trace des voyages.

Je voudrais évoquer les défauts majeurs que contient ce rapport.

Selon moi, il n'était pas indiqué de traiter de l'Asie dans son ensemble, alors que les pays qui composent ce continent présentent une telle diversité sur les plans économique, politique et culturel. En outre, la situation est particulièrement mouvante en Asie. À cet égard, nous avons d'ailleurs constaté que les deux tiers du rapport étaient complètement dépassés à l'heure actuelle.

Pour ma part, je considère que nous avons voulu jouer à l'apprenti sorcier : ce fut là un exercice agréable qui a eu le mérite de susciter des réflexions.

Quelle ligne de conduite aurions-nous dû adopter en la matière ? Selon moi, il eut été intéressant d'analyser les conséquences de la crise sur nos économies actuelles et d'envisager la manière de nous y adapter. Une telle étude fait complètement défaut dans le rapport. Pourtant, d'importantes considérations peuvent être formulées sur ce plan. En effet, il faut savoir que la croissance économique de l'Asie était due, pour une large part, au dumping social et à l'absence de garanties sociales et économiques.

Par ailleurs, on peut considérer que la croissance économique doit aussi entraîner un rôle politique accru. Au lieu de nous limiter à faire des affaires avec l'Asie, nous aurions dû entamer et stimuler un dialogue politique et aborder des sujets comme la prolifération et la vente d'armes, les problèmes relatifs à la criminalité et à la drogue. Face à un continent aussi important, cette attitude s'imposait.

Nous devons aussi encourager les efforts très modestes entrepris en matière de libertés démocratiques, de droits de l'homme, de droits sociaux et de protection de la santé et de l'environnement, domaines dans lesquels nous ne pouvons plus être absents.

Sur ce point, je ne trouve pas de véritable stratégie. Ce rôle vous revient, monsieur le ministre, car il n'appartient pas aux parlementaires de développer une politique vis-à-vis de l'Asie.

Mme Willame-Boonen (PSC). ­ Madame Mayence, je crois que vous n'avez pas lu le rapport, dont j'ai fait un résumé assez succinct, je vous le concède, ni l'annexe élaborée par M. Hansenne.

Mme Mayence-Goossens (PRL-FDF). ­ Je considère précisément que les propos qui ont été tenus par M. Hansenne devraient inspirer la stratégie politique que notre pays devrait adopter vis-à-vis de l'Asie. Pour ma part, je me limite à faire des constats.

Mme Willame-Boonen (PSC). ­ Une cinquantaine de pages est consacrée à la description de la situation par M. Hansenne.

Mme Mayence-Goossens (PRL-FDF). ­ Je sais que vous avez l'habitude de diriger une classe, madame Willame, mais, dans cette assemblée, ce n'est pas vous qui dirigez les débats. Veuillez donc sortir de vos anciennes habitudes et me laisser poursuivre.

Ce que vous avez dit à propos de M. Hansenne est extrêmement intéressant. C'est d'ailleurs pour cette raison que j'engage le ministre à tirer des conclusions et à entamer un dialogue avec l'Asie, au-delà de l'aspect économique.

Pour sa part, mon parti a défini une ligne politique à l'égard de l'Asie; elle se veut cohérente et réaliste. Nous devons tout d'abord constater que l'Asie est un monde en mouvement et que son économie est en croissance.

En effet, les progrès se manifestent dans les domaines politique et économique. Pourtant la société civile se réveille et, à côté de la généralisation de l'économie libérale de marché, les populations font entendre leurs désirs de plus de démocratie.

Nous nous réjouissons de cette évolution qui entraînera, ici comme en Amérique latine ou en Europe de l'Est, des changements fondamentaux. Le souffle de la liberté ne peut être retenu ou confiné à l'économie. Une fois la liberté fondamentale d'entreprendre totalement acquise, les semences de la démocratie doivent croître et se développer.

Cependant, eu égard à nos traditions commerciales et à l'absence de passé colonial belge dans la région, nous avons sans doute, me semble-t-il, manqué de perspective. L'Asie représente avant tout un grand marché dynamique pour nos entreprises. Il conviendrait dès lors de maintenir une approche qui tienne compte de ce constat, car il est de plus en plus évident que le Bassin du Pacifique sera la « zone de croissance » du XXIe siècle.

Cela demandera un effort réel car l'Europe, malgré l'initiative tardive mais utile du dialogue euro-asiatique, semble à la traîne par rapport aux États-Unis. Cette relative absence de nos représentants sur un continent en pleine croissance ne peut perdurer faute de voir l'Europe échouer et devenir, aux yeux de nos partenaires asiatiques, une sorte de « bout de continent à la dérive ». Cependant, comme sur d'autres continents, l'Europe peut saisir la chance que l'histoire lui offre de représenter la seule alternative possible et pacifique au partenariat, parfois pesant, que les États-Unis ont développé avec de nombreux pays de ce continent.

Bien sûr, la Belgique ne peut à elle seule renverser ce préjugé, mais il serait tout aussi erroné de sous-estimer nos atouts qui sont réels et peuvent faire de notre pays un partenaire actif et de dialogue.

En ce qui concerne la politique des droits de l'homme, sujet que nous n'avons pas souvent abordé dans le passé, sans renoncer à nos exigences en matière de droits de l'homme et des minorités, nous devons axer notre travail au service de ces valeurs sur une politique discrète visant à améliorer effectivement des situations concrètes.

En effet, cette région d'antique civilisation a la mémoire longue et n'accepte plus les « leçons », certainement pas si elles proviennent de notions ex-coloniales qui ont plongé par deux fois le monde dans les affres de la guerre. Dans ce domaine, il est préférable de s'en tenir aux positions adoptées par l'Union européenne ou par les Nations unies. L'exemple récent des relations avec la Chine est suffisamment parlant pour ne pas insister sur ce point.

La troisième attitude est celle d'une politique de présence.

La Belgique dispose d'atouts qu'il faut valoriser. Son attitude constructive à l'égard du Viêt-Nam lors des années de guerre, sa participation à la guerre de Corée, la présence précoce d'entreprises belges en Chine, les relations entre la famille royale et les familles régnantes au Japon et en Thaïlande en sont des exemples marquants.

Il faudra cepandant, ici comme ailleurs, concentrer nos énergies. En Asie, aussi, il vaut mieux, par exemple, des ambassades bien fournies en personnel et en équipements modernes qu'un réseau trop étendu et sans densité. Cependant, vu l'importance du continent et le fait que nous ne le couvrons déjà suffisamment ­ il manque des consulats dans la région, les attachés commerciaux ne sont pas nombreux, les sections belges de coopération sont encore plus rares ­ cette concentration devra faire l'objet d'arbitrage par rapport à d'autres régions du monde. Un tel exercice sera inévitable et devra tenir compte des observations du monde économique belge qui connaît bien les relations avec ce continent.

Je me permettrai d'ajouter quelques suggestions à cette analyse.

Au niveau européen, je préconise la poursuite des activités initiées lors du sommet euro-asiatique de Bangkok, une contribution belge spécifique à la mise en place d'euro-guichets dans certaines capitales et centres économiques, une contribution belge à l'Asia-Europe Foundation en vue d'encourager des échanges de personnes.

Bien ciblée, une telle approche axée sur les relations humaines peut considérablement améliorer l'image de marque de la Belgique dans ces régions lointaines.

À ce sujet, un effort réel des communautés et régions semble s'imposer. Les provinces belges peuvent également participer à ces efforts. Le Hainaut, par exemple, entretient des relations particulièrement importantes et intéressantes avec la Chine.

J'en viens à l'aspect bilatéral.

Au plus haut niveau, des visites d'État se justifient et peuvent jouer un rôle catalyseur remarquable. Les missions conduites par le premier ministre ont également des retombées très positives. La toute récente visite en Chine du président Clinton est une bonne illustration de ce principe. Il a su habilement concilier l'exigence des droits de l'homme et de la démocratie avec la conclusion de contrats pour un montant de plus de 2 milliards de dollars.

Nos partenaires les plus importants devraient recevoir au moins une visite annuelle de niveau gouvernemental ou parlementaire.

Je pense, monsieur le président, que notre visite en Chine a apporté une contribution extraordinaire à l'image de marque de notre pays.

En tout cas, des invitations régulières devraient être lancées par nos autorités à nos partenaires asiatiques. Bruxelles, capitale européenne, et le port d'Anvers peuvent être mis à profit dans cette optique d'approfondissement de nos relations, notamment avec des pays qui représentent un potentiel important dans le domaine des investissements : la Corée, le Japon, l'Inde, Taiwan, Singapour et Brunei.

Ces visites réciproques devraient être organisées en collaboration étroite avec les communautés et régions ainsi qu'avec les milieux professionnels intéressés. En outre, des manifestations culturelles comme Europalia se sont révélées très heureuses pour l'amélioration de la compréhension mutuelle.

L'effort de partenariat et d'assistance au développement bilatéral trouve une place de choix dans ce continent en pleine mutation. En effet, il peut, par des aides à la formation, contribuer de manière remarquable aux projets industriels ou agricoles de ces regions. Cela représente ­ et c'est particulièrement intéressant pour la coopération au développement ­ à la fois une aide au transfert de know-how et de technologie, mais également un coup de pouce de haute qualité aux investissements belges sur place, dans ces régions où le succès est peut-être plus souvent de mise qu'ailleurs. Cependant, les différents niveaux de développement plaident pour une concentration des efforts en faveur des pays baignés par le Mékong, en tête desquels le Cambodge, le Laos et le Viêt-Nam.

Nous avons des projets importants en cours et nous avons donc interrogé à plusieurs reprises le ministre de la Coopération au Développement sur ses intentions. En ce qui me concerne, je n'ai jamais reçu de réponse. Je vois le président de la commission me signaler que pas plus que moi, il n'a reçu d'encouragement à maintenir ces projets.

Les moyens mis à la disposition de nos services de financement de la grande exportation sont aussi devenus dérisoires et doivent être impérativement revalorisés. Nous demandons donc leur adéquation aux nouvelles réalités, que ce soit sous forme de bonification d'intérêts ou de prêts d'État à État.

Voilà très modestement, monsieur le ministre, une orientation politique assortie de quelques mesures pratiques que l'on aurait aimé trouver dans le rapport qui nous est soumis. Sur de telles bases, on peut organiser logiquement nos relations avec ce vaste continent. (Applaudissements.)

De voorzitter. ­ Het woord is aan de heer Bourgeois.

De heer Bourgeois (CVP). ­ Mijnheer de voorzitter, ik sluit mij graag aan bij de woorden van lof over de rapporteur, mevrouw Willame. Zij heeft dit verslag over het Aziëbeleid in bijna onmogelijke omstandigheden moeten schrijven. Er is geen algemene rode draad in te vinden, aangezien het eerste deel dateert van vóór de crisis in Azië. Het was dus bijzonder moeilijk een synthese te maken en de toekomstige evolutie te schetsen.

Van de minister wordt verwacht dat hij zijn Aziëbeleid toelicht. Ik denk dat het in huidige omstandigheden haast onmogelijk is een standpunt in te nemen en consequente beslissingen te nemen. De situatie in Azië is op vele gebieden immers onvoorstelbaar veranderd na de beleidsnota over Azië die de regering in 1996 heeft opgesteld. Toen ging het om een welvarend en sterk groeiend werelddeel. Het was de bedoeling een strategie te ontwikkelen die de Belgische actoren in staat moest stellen meer gebruik te maken van de kansen die het Aziatische continent biedt. De investeringen aldaar en de ervaringen die men er opdeed zouden tevens de welvaart in ons eigen land ten goede komen. De regering deed in die periode ook op politiek vlak ernstige inspanningen. Tal van missies vertrokken naar Azië. Naar China bijvoorbeeld, kunnen deze zendingen nog vertrekken, maar in bepaalde andere landen is de situatie drastisch veranderd. Denk maar aan Indonesië en aan Korea waar de economische evolutie erg onzeker is en aan Indië en Pakistan die bovendien nog kernmogendheden geworden zijn, met alle gevaren en bedreigingen van dien voor de rest van Azië. Over de moeilijkheden in Japan heb ik het dan nog niet eens. We kunnen van de regering bijgevolg niet verwachten dat zij concrete beleidslijnen uitstippelt. Ze kan alleen maar een bestendige evaluatie geven van de toestand op politiek, economisch en sociaal vlak. Op basis van de actualisering van de beleidsnota van 1996 zullen we zien hoe de banden met Azië weer kunnen worden aangehaald.

Tijdens de commissievergaderingen hebben we ons vaak afgevraagd hoe zovele Aziatische landen als dominosteentjes zijn kunnen instorten na de problemen met de Thaise bath. De economisten en financiers die wij in de commissie hebben gehoord, moesten ons het antwoord schuldig blijven. Men heeft de neiging te concluderen dat de Zuid-Oost-Aziatische landen een verkeerd beleid hebben gevoerd. Niemand kan precies zeggen in welk opzicht het beleid fout was. Er werd terecht op gewezen dat het IMF en de OESO slechts achteraf de crisis hebben kunnen vaststellen en hem niet hebben kunnen voorspellen. Zij hadden een dergelijke economische chaos niet voor mogelijk gehouden. Langzaamaan komt men tot de conclusie dat men waarschijnlijk te weinig rekening heeft gehouden met de zwakte van deze landen. Zij bevonden zich weliswaar in het begin van een zeer explosieve groeiperiode, maar blijkbaar heeft men over het hoofd gezien dat belangrijke structurele voorwaarden moeten worden vervuld indien men plotselinge breuken wil vermijden.

Ook meende men dat de Aziatische tijgers te afhankelijk waren van buitenlandse investeringen. Bovendien kwamen de structurele gebreken in de werking van en de controle op het bedrijfsleven, en meer in het bijzonder de financiële sector, naar boven. De situatie is echter zoals ze is en het parlement en de regering hebben dan ook de taak een beleid uit te stippelen voor de toekomst. Dit werelddeel is immers te belangrijk en onze verantwoordelijkheid is er te groot om ons naar aanleiding van de moeilijkheden van Azië te distantiëren.

Economische hervormingen zijn noodzakelijk. De internationale gemeenschap wil met massale financiële steun ter waarde van 100 miljard dollar over de brug komen. Aan die hulp worden echter zeer strenge voorwaarden verbonden waarvan men zich kan afvragen of ze wel terecht zijn. Het IMF en de Wereldbank eisen van deze landen transparantie, een goede financiële verslaggeving en een marktgerichte economische besluitvorming. We kunnen ons de vraag stellen of het niet wat simplistisch is om deze zeer jonge economieën met een zeer verschillende cultuur op korte termijn het angelsaksisch kapitalistische model op te leggen. We moeten ervan uitgaan dat het wellicht een hele generatie zal duren vooraleer de economische en juridische infrastructuur in het leven is geroepen die nodig is om aan de verschillende voorwaarden te voldoen.

Toch moeten we ons de vraag stellen naar de toekomst van deze landen. De business-school van Fontainbleau meent dat de Aziatische tijgers zeker nog niet zijn getemd. Wel is het zo dat de verwachtingen op korte termijn niet gunstig zijn ten gevolge van een negatieve economische groei en de hervormingen die broodnodig zijn. Men neemt echter algemeen aan dat deze landen in de loop van de volgende jaren opnieuw goede groeicijfers zullen kunnen voorleggen. De onderliggende economie van de Aziatische tijgers is immers nog altijd goed. Er zal de komende jaren worden geherkapitaliseerd en de hele economie zal vanaf een lager niveau kunnen starten vanuit een uiterst goede concurrentiële positie. We mogen niet over het hoofd zien dat deze nieuwe positie veel sterker zal zijn dan de vroegere positie waarvoor we reeds bevreesd waren en waardoor we het in bepaalde sectoren zeer moeilijk kregen.

Slechts anderhalf procent van de totale Belgische export gaat naar de ASEAN-landen. Het loont nochtans de moeite voor de Belgische economie haar positie in deze belangrijke regio te versterken. Door zijn groeipotentieel op middellange termijn blijft Azië en meer in het bijzonder Zuid-Oost-Azië een belangrijke afzetmarkt voor de Belgische bedrijven. De eerste opdracht op korte termijn is de positionering van onze bedrijven op deze markt en een versterking van onze positie via acquisities.

We moeten actief blijven in Zuid-Oost-Azië omdat deze landen van zeer groot belang zijn, niet alleen wegens hun enorm bevolkingsaantal, maar ook wegens hun impact op het wereldgebeuren. Tijdens ons bezoek aan Vietnam, Cambodja, Hongkong en de andere landen in deze regio hebben we de Belgische aanwezigheid in zeer diverse vormen kunnen vaststellen. Enerzijds ben ik het in zekere zin eens met mevrouw Mayence dat onze diplomatieke en commerciële diensten niet genoeg zijn uitgebouwd in vergelijking met andere Europese landen. Anderzijds investeren Belgische bedrijven in grote industriële projecten. Ook in de ontwikkelingssamenwerking wordt de aanwezigheid van Belgische ontwikkelingswerkers in hoge mate gewaardeerd. Zij zetten zich in voor tal van sociale projecten die de bevolking rechtstreeks ten goede komen.

Zuid-Korea, Vietnam, Thailand en andere landen uit deze regio beschikken over een groot potentieel. Zij zullen er ongetwijfeld in slagen hun economie weer op gang te brengen.

De stabiele toestand in China moet leiden tot een intensifiëring van de betrekkingen. Ik vermeld eveneens het belang van Hongkong en Shangai.

Zuid-Oost-Azië verdient onze aandacht ook om andere redenen. Ik verwijs in dit verband naar de recente kernproeven in India en Pakistan. We moeten aandacht hebben voor die potentiële haarden van conflicten, die voor onstabiliteit in de regio en misschien zelfs in de hele wereld kunnen zorgen.

We mogen ons niet uitsluitend concentreren op de economische hervormingen en op de rol van onze bedrijven in deze regio. We moeten ook oog hebben voor het probleem van de democratisering en van de eerbiediging van de mensenrechten. Ons imago in deze landen is vrij gunstig en de verwachtingen ten opzichte van het kleine België, dat men als een neutraal land met een sterke economie beschouwt, zijn hooggespannen. Wellicht mogen we van deze landen niet teveel verlangen en moeten we wat meer geduld opbrengen. De eerbiediging van de mensenrechten moet echter een belangrijk aspect blijven bij de onderhandelingen, zonder dat hierdoor de dialoog in het slop geraakt. We kunnen deze moeilijke kwestie vermijden en de toestand negeren, maar het behoort tot onze democratische taak een kritische dialoog levendig te houden. Slechts op die manier kan men het respect voor waarden met een universele betekenis bijbrengen.

Ook de sociale rechten en meer in het bijzonder de bestrijding van de kinderarbeid verdienen onze aandacht. Daarover werd er in de commissie voor de Buitenlandse Aangelegenheden gediscussieerd met de staatssecretaris voor Ontwikkelingssamenwerking en met de minister van Buitenlandse Handel. Misschien kunnen we het middel van de positieve discriminatie hanteren om de naleving van de sociale clausules te realiseren. Het discours over sociale rechten en mensenrechten moet continu worden gevoerd en er moet rekening mee worden gehouden dat slechts stapsgewijs vooruitgang zal worden geboekt.

De Aziënota, die uiteenzet hoe ze de uitdagingen van deze regio beleidsmatig wil aanpakken, bevat interessante, maar intussen deels achterhaalde informatie. Op basis van de nota van 1996 kunnen de problemen en de nieuwe economische uitdagingen van het Aziatische continent niet meer op een efficiënte manier worden geëvalueerd. Gelet op de snel wisselende toestand is het van belang dat de beleidsmensen en de bedrijven over juiste en accurate informatie beschikken. Slechts op die manier kan zowel politiek als commercieel-economisch efficiënt worden gereageerd.

De impact van de Aziatische crisis zal voor Europa en ons land wellicht beperkt blijven tot een vertraging van de economische groei. Toch juichen we dit initiatief van de regering toe, omdat het oog heeft voor de uitdagingen van dit boeiende continent. Tegelijkertijd dringen we er bij de regering op aan een dergelijke politieke nota voortdurend te actualiseren. De nota van 1996 mag dus geen eindpunt zijn. Aan de hand van het onderzoek en het rapport van de commissie, moet een nieuwe start worden genomen en een grondige evaluatie worden uitgevoerd.

Ik ben blij dat we hieraan reeds gedeeltelijk zijn begonnen. Bij toeval kreeg ik gisteren het laatste nummer van het tijdschrift van de Belgische Dienst voor de Buitenlandse Handel in handen. Daarin vond ik onder de vorm van snelberichten een economische evaluatie van de toestand in Hongkong, Singapore, China, Indonesië, Japan, Korea en Thailand. Ik citeer een aantal titels om aan te tonen dat niet wordt geëvalueerd aan de hand van irrealistische gegevens : « Japan, financieel economische toestand en getroffen maatregelen »; « Perceptie van de crisis in de andere Aziatische landen gezien vanuit Japan », « Internationale steunprogramma's », « Reacties van de Belgische bedrijven ter plaatse », « Singapore een overzicht van getroffen maatregelen », enzovoort. Telkens is er ook de reactie in opgenomen van de Belgische bedrijven ter plaatse. Dit document bevat gegevens tot mei laatsleden en is een document waarop wij kunnen steunen om de toestand beter te kennen en te evalueren.

Het Aziatische continent is een fascinerend werelddeel met vele mogelijkheden. Hoewel het lijkt alsof het economische wonder al voorbij is voor het goed en wel begonnen is, mogen wij de impact van de Aziatische landen op het wereldgebeuren in de nabije toekomst niet onderschatten. Alleen al het feit dat het IMF een nooit voorheen gekende financiële reddingsoperatie wil opzetten, toont het belang van het continent aan. We hopen dat ook België in de toekomst kan en wil blijven bijdragen tot de stabilisatie van deze regio en haar verdere ontplooiing. We mogen immers niet toelaten dat de economische en sociale verworvenheden verloren gaan en dat de spanningen tussen naties onderling en tussen de regering en de bevolking, zoals in Indonesië, leiden tot politieke tragedies. Laten we hopen dat de eeuw van de Pacific niet zozeer deze is van de tragedies, maar vooral van het vervolg van het economisch succesverhaal en de uitbouw van een welvarende en sociaal rechtvaardige samenleving in Azië en vooral in Zuid-Oost Azië. (Applaus.)

De voorzitter. ­ Het woord is aan mevrouw Sémer.

Mevrouw Sémer (SP). ­ Mijnheer de voorzitter, in tegenstelling tot mijn voortreffelijke collega, mevrouw Mayence-Goossens, heb ik het Aziëdebat in de Senaat wel gewaardeerd en vind ik het verslag van de rapporteur, mevrouw Willame-Boonen, perfect. Wij hebben inderdaad niet alle aspecten van de Aziëproblematiek behandeld, maar ik vraag mij ook af of dit wel mogelijk was. De aspecten die wij als prioritair hebben beschouwd, werden toch grondig behandeld.

De commissie voor de Buitenlandse Aangelegenheden besloot in het voorjaar van 1996 naar aanleiding van de Aziënota die in februari 1996 door de regering werd goedgekeurd, een debat te organiseren. Dit beleidsdocument werd voorafgegaan door een Afrikanota in 1995 en gevolgd door een Latijns-Amerikanota in de loop van 1997. Dit toont aan dat de regering haar buitenlandse politiek voortdurend wil aanpassen aan de veranderende wereld.

Ik stel vast dat de drie betrokken ministeries bevoegd voor onze buitenlandse betrekkingen, de Aziënota samen hebben uitgewerkt. Dat verdient uiteraard onze lof, maar noopt mij meteen tot een eerste commentaar.

De evolutie van de staatshervorming in België heeft er immers toe geleid dat bepaalde aspecten van de buitenlandse betrekkingen werden overgedragen aan de gewesten en de gemeenschappen. Ik denk aan de culturele samenwerking, de handelsprospectie en -promotie en dergelijke meer. De middelen en instrumenten die de federale overheid tot haar beschikking heeft zijn daardoor evenredig afgenomen, terwijl de uitdagingen nochtans steeds groter worden. De federale ministeries, bevoegd voor bepaalde aspecten van het buitenlands beleid, dienen dan ook op elkaar te worden afgestemd om te komen tot een maximale efficiëntie. De fusie die vorig jaar tot stand is gekomen tussen een aantal diensten van de departementen Buitenlandse Zaken en Buitenlandse Handel, is in dat opzicht voorbeeldig en lijkt de weg aan te geven voor andere soortgelijke initiatieven. Ik denk dan meer precies aan de integratie van de conceptuele diensten van de administratie voor de Ontwikkelingssamenwerking in het ministerie voor Buitenlandse Zaken. De SP heeft hiervoor reeds herhaaldelijk een lans gebroken vanuit haar bekommernis om met de schaarser geworden middelen een steeds grotere beleidseenheid voor doelmatig gebruik te bewerkstelligen.

Verder wil ik even ingaan op de dramatische gebeurtenissen die recentelijk in het Aziatisch continent hebben plaatsgevonden en die bijkomende aandacht en inspanningen vragen bovenop wat reeds in de Aziënota is aangekondigd. Ik denk meer bepaald aan de nucleaire proefnemingen die door India en Pakistan werden uitgevoerd, aan de economische crisis en de sociale gevolgen ervan, aan de politieke toestand en aan de mensenrechten.

De serie nucleaire proeven die in mei eerst India en onmiddellijk daarna Pakistan hebben uitgevoerd, hebben de veiligheid in de regio en de toekomst van de nucleaire non-proliferatie hoog op de politieke agenda geplaatst. In één klap stond ons voor ogen welke, letterlijk te nemen, explosieve cocktail in dat deel van de wereld aan het borrelen was gegaan.

Bovendien herbergt Azië in tegenstelling tot Afrika of Latijns-Amerika reeds twee kernmogendheden, namelijk Rusland en China. Sedert de grensoorlog van 1962 volgt India China met argusogen en het Chinese monopolie op kernwapens was voor India een meer dan voldoende aanleiding om zichzelf als nucleaire mogendheid te affirmeren. Voor Pakistan was dat dan weer onmiddellijk een reden om te riposteren. De gevoeligheden tussen beide landen, vooral dan met betrekking tot het territoriale conflict over Kashmir, zijn hieraan niet vreemd. Eenwenoude vetes, gebiedsbetwistingen, wedijver om handelsroutes, energie en grondstoffen, zelfs water, bedreigen de stabiliteit in de regio en maken dat de internationale gemeenschap de veiligheidssituatie in Azië nauwlettend in de gaten moet houden. Wij mogen ons niet laten verblinden door de huidige toestand van allesbehalve vanzelfsprekende, relatieve stabiliteit buiten het Zuid-Aziatische subcontinent.

Wat de kernproeven van India en Pakistan betreft heb ik begrip voor het standpunt van de regering. Zij beweert dat het geen zin heeft om deze landen te isoleren of pogen te treffen met sancties, daar deze toch onuitvoerbaar zullen blijken en voornamelijk de zwakste bevolkingslagen zullen raken. Ik wil er echter bij de beleidsverantwoordelijken op aandringen de Belgische visie inzake de verdere verspreiding van nucleaire wapentechnologie te doen gelden bij de Indiase en Pakistaanse gesprekspartners, waarbij erop moet worden aangedrongen dat deze landen zo snel mogelijk het Verdrag betreffende het verbod op kernproeven onderschrijven. Ik hoop dat de Europese Unie beide landen zal aanzetten om een politieke dialoog op gang te brengen teneinde een verdere escalatie van de wapenwedloop te vermijden.

Tijdens de ettelijke vergaderingen van de commissie werd meermaals gesproken over de economische crisis in Azië. Toen de Aziënota werd opgemaakt leek niets daarop te wijzen. Zelfs president Clinton verwees in november van vorig jaar nog naar de situatie als naar « een paar ijzelplekken op de weg ». Intussen lijkt de economische crisis voort te duren en in landen als Japan zelfs nog aan kracht te winnen. De hele wereld kijkt met angst naar de devaluatie van de yen, wetende dat indien die verder duurt de verleiding voor China om eveneens te devalueren erg groot wordt. De gevolgen voor de regio en voor de wereldhandel zullen dan niet te overzien zijn. Ik weet dat er binnenlandse oorzaken zijn voor dit fenomeen en dat de regeringen zelf orde op zaken moeten stellen. Toch lijkt de verantwoordelijkheid van markten en speculanten mij eveneens bewezen en wil ik pleiten voor een « Tobintaks » in geval van speculatie. Wij vragen aan de Belgische regering om de invoering van de Tobintaks te bepleiten op Europees niveau en in het interimcomité van het Internationaal Monetair Fonds. De Tobininkomsten moeten worden aangewend voor een wereldwijd sociaal fonds. De taks zal dus niet enkel de speculatie vertragen, maar eveneens de internationale solidariteit automatiseren.

Dat brengt mij even terug bij de mensenrechten in Azië en meer bepaald in China. Tijdens het recente officiële bezoek van een delegatie van Kamer en Senaat aan China viel het niet te ontkennen dat de Chinese leiding blijk gaf van enige openheid en op zijn minst een gevoel voor public relations. Onze gesprekspartners tijdens dit bezoek verklaarden de situatie van de mensenrechten in de toekomst met openheid te zullen benaderen, als het Westen begrip zou opbrengen voor de Chinese realiteit, namelijk het lenigen van de sociale noden van 1,2 miljard mensen. President Clinton kon in China zelfs verklaren dat de gebeurtenissen op Tienanmen verkeerd waren en een dialoog met de Dalai Lama voorstellen. We moeten geen wonderen op korte termijn verwachten, maar het moet duidelijk zijn dat we van de Chinezen verwachten dat ze verder in de goede richting gaan. De internationale gemeenschap moet met kennis van zaken de vooruitgang blijven evalueren en de economische belangen op korte termijn niet laten primeren op het belang van een democratisch en in de wereld geïntegreerd China op lange termijn.

Mijnheer de voorzitter, tot zover enkele opmerkingen bij de Aziënota. Gelet op de recente gebeurtenissen hoop ik dat de regering en het Parlement de evolutie in Azië op de voet blijven volgen. (Applaus.)

M. le président. ­ La parole est à Mme Lizin.

Mme Lizin (PS). ­ Monsieur le président, mon groupe n'aurait certainement pas souhaité que ce débat se déroule sans que nous formulions à l'égard de la rapporteuse, qui a mené ce travail concernant le continent asiatique au sein de la commission des Affaires étrangères, des éloges pour la qualité de son travail. Nous apprécions la volonté dont elle a fait preuve pour essayer de synthétiser pour un continent entier, qui représente une partie très importante de nos relations extérieures, notre vision d'une politique étrangère et de commerce extérieur en cette matière.

Félicitations, madame Willame. Nous sommes extrêmement fiers de ce travail qui constitue, pour notre commission des Affaires étrangères, la consécration d'une bonne façon de procéder. Nous savons également que vous avez fait preuve de beaucoup de ténacité pour atteindre cet objectif.

Certes, nous parlons beaucoup plus souvent de l'Afrique à cette tribune, en termes de situations humaines catastrophiques, de guerres ou d'éléments qui nous concernent compte tenu de l'Histoire de notre pays et du lien très particulier que la Belgique et les pays avoisinants entretiennent avec les pays africains. Il n'en est pas de même pour l'Asie en ce qui nous concerne. C'est le cas en partie pour la Grande-Bretagne, mais pas pour nos voisins immédiats.

La relation avec le continent asiatique a toujours été d'une autre nature, plus théorique et purement commerciale pendant de nombreuses années. On voit à quel point notre vision de l'Asie, à savoir un développement qui devait durer longtemps, est fondée sur des données fragiles en matières financière et économique. Elle connaît maintenant quelques soubresauts qui ne sont certainement pas terminés et dont l'influence sur les pays européens peut être très importante.

Nous approuvons entièrement le contenu du rapport, mais une série d'éléments ne peuvent être passés sous silence au cours d'un débat sur l'Asie. En tant qu'Européens, nous ne pouvons pas nous laisser tenter par la volonté de donner des leçons. L'Asie produit des organisations syndicales, des mouvements qui tentent de créer le progrès social pays par pays, mais aussi des dictatures et des dictateurs qui essaient de rester au pouvoir. Elle a produit des mouvements communistes et connaît encore aujourd'hui une variété politique qui est proche de la nôtre, mais qui n'est pas totalement calquable.

Par ailleurs, l'Asie connaît une religion prédominante, dont nous connaissons très faiblement l'influence sur la vie sociale. Depuis quelques années naissent, avec une extrême brutalité, des conflits religieux qui passent encore aujourd'hui quelque peu inaperçus parce que nous n'y attachons pas toujours l'importance voulue. La zone où cohabitent l'islam et la religion bouddhiste est en feu, comme elle l'est de notre côté dans une série de pays méditérranéens. Le rapport n'a pas approfondi cette dimension mais il est très important de la prendre en considération. Dans différents pays, c'est précisément ce dont on parle à l'heure actuelle. Ainsi, dans les événements d'Indonésie, si la compréhension des soubresauts politiques nous échappe en grande partie, nous commençons à avoir une perception assez précise de ce qui prédomine, à savoir une volonté de pouvoir des musulmans fondamentalistes. Ces événements sont très lointains, mais ils portent sur des millions de personnes et l'enjeu est énorme.

On retrouve en Asie la présence de quelques pays européens, par exemple la Russie dont on oublie qu'elle fait aussi partie des grands pays d'Asie. Nous aurons donc à cohabiter, dans une stratégie européenne, avec un pays dont une grande partie des intérêts et des richesses est située en Asie. Il s'agit d'un élément très important dans notre appréciation de la Russie.

C'est un des points de cette complexité asiatique. Comme l'a mentionné la collègue qui m'a précédée à cette tribune, l'Asie c'est aussi ce choix nucléaire entre l'Inde et le Pakistan. La querelle qui les oppose est très ancienne et est aussi la cause de massacres religieux entre musulmans et non musulmans. Ainsi, au Cachemire, l'horreur atteint son comble puisque les morts s'y conjugent au quotidien. Pourtant, on en parle peu.

L'activité nucléaire de l'Inde explique celle du Pakistan, déjà orchestrée de longue date. Mais ce pays musulman qu'est le Pakistan justifiera la poursuite de son effort nucléaire par le fait qu'il est géographiquement proche d'Israël, cible des musulmans tant asiatiques que sud-méditérranéens. Donc, on ne pourra plus parler de non-prolifération dans la zone asiatique sans remettre en question la capacité nucléaire israélienne.

En résumé, il faut tenir compte de deux éléments.

Le premier est que la Russie est un pays d'Europe dont l'essentiel de la richesse est en Asie. Si la Russie n'utilise pas pour son développement son potentiel asiatique, nous aurons à nos frontières un pays en paupérisation catastrophique.

Le deuxième est le développement énorme de la capacité nucléaire islamique, que je lierai non à la religion mais à une volonté précise d'hégémonie, qui ne reculera plus avant d'avoir reposé le problème d'Israël et de sa capacité militaire nucléaire.

Ce continent a, dans les prochaines années, beaucoup à nous apprendre. C'est tout à l'honneur de notre commission et de sa rapporteuse de l'avoir démontré.

On ne peut pas non plus parler de l'Asie sans évoquer la Chine et son choix, incompréhensible pour nous, de l'enfant unique par famille. C'est contraire à tous nos principes, à ce que nous considérons comme étant les droits de l'homme, de la femme, de l'individu en général, de la famille. Pourtant, c'était sa seule alternative de développement. Le point important est que la Chine a été capable de l'imposer à une population gigantesque. Cela suppose un contrôle de la population et de ses comportements sociaux qui va au-delà de ce qu'un Européen peut imaginer. La Chine le fait cependant et, malgré les condamnations répétées, elle persiste, car c'est à cette condition qu'elle pourra dominer toute la région dans quinze ans, objectif qu'elle atteindra.

Nous avons certainement à l'entretenir des droits de l'homme sur de nombreux sujets, dont celui-là. Nous devons y ajouter le problème du Tibet. Nous devons convaincre la Chine et il sera particulièrement important, dans les prochaines semaines, que la voix américaine ne soit pas la seule à se faire entendre en cette matière.

Le dalaï-lama est venu en Europe, comme il le fait régulièrement. Nous éprouvons d'ailleurs beaucoup de difficultés à le faire reconnaître comme un responsable et pourtant il est, à l'instar de quelques autres leaders, de ceux qui essaient la voie pacifique. Si nous n'osons pas soutenir clairement ceux qui, dans ce monde, prônent la solution pacifique des conflits, nous condamnons leur démarche et nous privilégions celle des militaires.

Nous souhaitons aussi que le ministre tienne compte de nos orientations dans sa démarche vis-à-vis du Viêt-nam.

Certes, dans ce pays, des améliorations ont été constatées par rapport à l'ancien pouvoir communiste. Toutefois, les instances dirigeantes actuelles, pour garder le pouvoir, peuvent doter leur pays de l'apparence d'une démocratie en reprenant quelques principes.

Il est important que nous soyons présents de façon significative au Viêt-nam. Nous avons bon nombre d'entreprises et d'intérêts dans ce pays. Nous devons les encourager de manière systématique.

Au-delà de tout ce qui vient d'être dit au cours de ce débat, notamment à propos du volet commercial ­ que nous approuvons ­, il faut aussi que nous entreprenions des actions importantes en ce qui concerne l'évaluation du respect des droits de l'homme, un thème qui, selon moi, continuera pendant des années encore à distinguer l'Europe du reste du monde. Point n'est besoin d'être un grand pays pour être actif. Il n'est nullement nécessaire d'être en grand nombre pour oser. Une commissaire, Mme Bonino, a osé, en dépit de l'avis de ses collègues ­ qui estimaient que sa démarche n'était pas très diplomatique ­ parler d'un pays d'Asie avec lequel il est impossible de poursuivre une quelconque cohabitation : l'Afghanistan. Dans ce pays, les filles sont frappées d'une interdiction de fréquenter l'école, les femmes ne peuvent sortir de chez elles et, rejetées des hôpitaux, doivent accoucher dans des étables. Nous devrions donc parvenir à convaincre des États ­ et non seulement des individus ­ que les dirigeants de ce pays ne peuvent en aucun cas accéder au rang de partenaires dans un quelconque dialogue.

Les Afghanes ne seront jamais capables de s'organiser militairement. Là aussi, il faudrait un cordon sanitaire pour réussir à expulser le pouvoir en place. Mais, aussi longtemps que la communauté internationale n'accordera pas au droit de la femme une attention au moins équivalente à celle qu'elle porte au droit de l'homme, elle restera aveugle face à l'expansion, au sein des pays islamiques, d'une philosophie qui représente, à la fois pour l'Asie et pour nous, un immense péril. En Asie, ils sont déjà des millions à être placés sous la coupe de cette philosophie fondamentaliste. L'Afghanistan est un symbole. Aujourd'hui, ce pays est aidé par une puissance nucléaire.

Il est donc tout à l'honneur de Mme Bonino d'avoir osé entamer, en décembre 1997, une campagne sur cette question.

Je crois qu'un pays, même de taille réduite, s'honore par un certain nombre d'actions symboliques. Celle dont je vous parle pourrait en être une en ce qui concerne l'Asie.

Monsieur le ministre, je n'ignore pas que vous êtes fréquemment sollicité. Je sais aussi que vous écoutez attentivement les diverses interventions. Par conséquent, je pense que vous ne serez pas insensible à nos encouragements.

Monsieur le président, je conclurai en félicitant une dernière fois Mme Willame, vice-présidente de la commission et aussi rapporteuse. (Applaudissements.)

M. le président. ­ La parole est à Mme Willame.

Mme Willame-Boonen (PSC). ­ Monsieur le président, je me réjouis de l'intérêt offert par notre débat qui, je crois, participe à la grandeur du Sénat.

Le sujet étant très vaste, il a fallu en délimiter les contours.

En ce qui me concerne, monsieur le ministre, j'ai choisi de circonscrire mon analyse à quatre points.

Premièrement, le modèle asiatique a subi un choc. Il est capable de le surmonter.

Deuxièmement, ce choc peut être salutaire pour entamer des réformes nécessaires, notamment en ce qui concerne le travail des enfants, les normes sociales fondamentales, la construction d'une protection sociale et les réformes démocratiques.

Troisièmement, l'Asie n'est pas seulement un géant économique. Elle réclame sa place sur la scène politique mondiale.

Quatrièmement, l'Europe ne risque-t-elle pas de subir le contrecoup de la crise en Asie ?

Premier point donc : le modèle asiatique a subi un choc, le choc de la réalité. Il est inutile de rappeler l'ensemble des dénominateurs communs de cette crise, mais il convient de retenir deux points : en premier lieu, comme le démontre amplement le rapport, la crise résulte d'une situation économique incontrôlée, mal réglée et inadaptée à une économie internationale globabalisée; en second lieu, la croissance économique forte, en apparence, de l'Asie cachait des imperfections importantes.

L'Asie est un terme générique qui ne rend pas suffisamment compte des disparités existant sur ce continent. En 1994, un groupe d'intellectuels publiaient un manifeste dont le titre était « Towards a New Asia ». Leur but était de promouvoir une reconnaissance de l'Asie. Ils considéraient l'harmonie sociale, le consensus-building, la dévotion à la communauté, la sanctification de la famille, le gouvernement fort et la croissance économique comme des mots clés au niveau des alternatives asiatiques à la démocratie occidentale, considérée, quant à elle, comme « une forme très imparfaite de gouvernement ».

En 1969, un groupe d'experts dirigé par Lester B. Pearson avait préparé un rapport pour la Banque mondiale dont le titre était « Partners in Development ». La première phrase du rapport était : « Le gouffre croissant entre les pays développés et les pays en développement est devenu une question centrale de notre époque. »

Presque trente ans plus tard, on constate que l'Asie a connu un progrès intense en matière de développement économique et social. L'espérance de vie a augmenté de dix ans. La mortalité infantile a baissé de moitié. La production de nourriture a dépassé la croissance de la population. L'analphabétisme a diminué d'un tiers. Beaucoup d'enfants, y compris des filles, suivent un enseignement de base.

Mais les progrès ont été inégaux. Les résultats économiques des Tigres asiatiques ont eu tendance à masquer deux inégalités : le développement économique a bénéficié de manière inégale aux pays asiatiques : certains ont décollé, d'autres non; la croissance du PNB masque le problème fondamental de la distribution de la richesse à l'intérieur des sociétés asiatiques.

À titre d'illustration, permettez-moi de vous livrer les exemples suivants. Le nombre absolu de pauvres a augmenté dans toutes les régions autres que l'Asie de l'Est. Selon des sources de la Banque mondiale, la part de la population qui vit avec moins d'un dollar par jour en 1993 était de 43,1 % pour l'Asie du Sud mais de 26 % pour l'Asie de l'Est et le Pacifique. Le total des personnes vivant avec un dollar par jour dans ces deux régions avoisinait le milliard.

L'inégalité hommes-femmes dans l'éducation est un problème préoccupant en Asie du Sud.

La crise que subissent actuellement les nouveaux pays industrialisés d'Asie du Sud-Est est en quelque sorte une crise de croissance. Cette crise entraînera des réformes et des ajustements qui représentent un coût social important. Ces réformes sont nécessaires : les pays asiatiques en sortiront renforcés; leurs économies assainies qui pourraient se révéler plus compétitives encore.

J'en arrive au deuxième point de mon exposé : ce choc peut être salutaire pour entamer des réformes nécessaires à ces pays. La Belgique doit apporter son aide à ceux-ci.

Le dialogue est parfois difficile entre l'Europe et l'Asie, notamment lorsqu'il concerne le respect des droits de l'homme ou les normes sociales. La crise actuelle permet, d'une certaine manière, d'ouvrir les pays asiatiques au dialogue. Leur modèle n'est pas sans faille. Les réformes pourraient notamment concerner le travail des enfants, les normes sociales fondamentales, la construction d'une protection sociale et les réformes démocratiques.

Le dialogue entre l'Asie et l'Europe souffre d'une difficulté culturelle ou de civilisation. Les valeurs ne sont pas les mêmes. Une des questions essentielles divisant Asiatiques et Européens est la place qu'occupe l'homme dans la société. Alors que l'Europe est individualiste et pense au bonheur et à l'épanouissement de chacun, l'Asie est attachée à la notion de communauté, d'où une incompréhension croissante sur des questions comme les droits de l'homme ou les normes sociales fondamentales. L'être humain n'est pas considéré comme un individu mais plutôt comme membre d'une communauté. Il faut réaffirmer que les droits de l'homme sont universels et indivisibles. Aucun modèle de société ne peut faire l'impasse sur ces droits. Néanmoins, il faut entrer dans une relation de dialogue critique entre Européens et Asiatiques plutôt que d'exclure l'ensemble des pays qui ne respectent pas complètement les valeurs que nous défendons.

La crise actuelle et les remèdes de choix imposés par la communauté internationale sont autant d'opportunités pour corriger les aspects extrêmes du modèle asiatique, notamment dans ses dimensions politique et sociale.

Je souhaiterais à présent évoquer quatre domaines que je trouve importants et sur lesquels je suis déjà intervenue. La première réforme nécessaire concerne le travail des enfants dont M. Hansenne nous a longtemps parlé au cours de son intervention à laquelle nous avons eu l'honneur d'assister à la Chambre.

Comme on le sait, le droit international fixe à quinze ans l'âge minimum du travail.

Selon une estimation du BIT, 73 millions d'enfants de dix à quatorze ans, soit 13,2 % de la population de cet âge, sont économiquement actifs. Il existe de nombreux cas d'enfants de moins de dix ans qui travaillent mais ils ne font pas l'objet de statistiques. Les cas les plus nombreux sont recensés en Asie : 44,6 millions, soit 13 %; ils sont de l'ordre de 23,6 millions en Afrique et de 5,1 millions, soit 9,8 % en Amérique latine. Si tous les travaux domestiques à temps plein réalisés principalement par des petites filles étaient recensés, le nombre total des enfants pourrait être évalué à des centaines de millions.

C'est dans les pays en développement que le travail des enfants est le plus courant. On peut néanmoins constater une forte recrudescence du travail des enfants dans les pays d'Europe centrale et orientale qui éprouvent des difficultés à s'adapter à l'économie de marché. La proportion des enfants travailleurs est plus élevée dans les zones rurales que dans les zones urbaines. Neuf enfants sur dix sont occupés à des tâches agricoles.

Sur le plan international, les branches industrielles tournées vers l'exportation comme le textile, la confection, les tapis, les chaussures occupent de la main-d'oeuvre enfantine. Mais les enfants travailleurs produisant pour l'exportation sont beaucoup moins nombreux que ceux qui sont occupés dans les branches d'activité principalement axées sur la consommation intérieure.

La pauvreté est identifiée comme la principale cause du travail des enfants. Les informations croissantes sur ce sujet et les expériences qui ont été étudiées révèlent que le travail des enfants relève de l'exploitation de la pauvreté, de l'exclusion sociale, de l'inégalité et de l'injustice.

Pour rappel, le terme prolétariat provient du mot latin proles qui signifie descendance : les enfants sont donc faits pour travailler.

Le travail des enfants a la caractéristique de perpétuer la pauvreté en créant une nouvelle génération d'adultes analphabètes, non qualifiés et finalement impuissants. Les groupes les plus touchés sont les groupes sociaux les plus exclus et exploités : les migrants illégaux, les réfugiés, les déplacés, les minorités ethniques et les plus pauvres des pauvres.

Bien que le travail des enfants prenne place dans des situations où il existe peu ou pas d'alternatives, il résulte également de valeurs sociales et culturelles profondes qui font qu'il est perçu comme une réalité inévitable des pauvres. Comment lutter contre une forme d'exploitation dont la base culturelle profite à la reproduction du système social ? Autrement dit, comment inciter ceux qui profitent de l'exploitation et qui sont dominants dans la société à modifier un système soocial qui participe à leur puissance ?

Il ne peut y avoir d'optimisme en ce qui concerne le travail des enfants si l'on ne s'attaque pas aux problèmes structuraux et au paradigme même du développement et si on n'inclut pas de mesures redistributives dans l'économie globale. Actuellement, l'économie mondiale crée une richesse globale avec de la pauvreté locale et promeut la technologie sans travail.

Les clauses sociales qui sont souvent mises en avant pour lutter contre le travail des enfants ou les sanctions contre les produits fabriqués avec le travail des enfants ne sont peut-être que des réponses partielles dont certains effets seraient pervers. Effet partiel parce que les enfants sont principalement employés pour l'économie interne. Ne risque-t-on pas, par les approches négatives du commerce international, de priver les enfants d'un revenu essentiel à la famille, de les pousser au chômage ou à travailler de manière cachée, dans les pires conditions, ou encore de les rejeter dans le secteur purement national ?

Le problème général du sous-développement dans lequel s'inscrit le travail des enfants est un problème complexe qui comporte des implications économiques et sociales, mais soulève aussi des questions de valeurs et de culture. La lutte contre le travail des enfants est-elle conciliable avec l'action des autres organisations internationales comme le FMI et la Banque mondiale ? Les remèdes proposés par ces institutions aux pays en voie de développement ne prennent généralement pas en compte les aspects sociaux et visent à une meilleure gestion macro-économique et à une meilleure insertion dans l'économie mondiale. Or, la mondialisation et la participation aux marchés internationaux impliquent une augmentation de la compétitivité. Or, on sait que le travail des enfants est principalement justifié par son faible coût. Ne doit-on pas y lire un paradoxe, du moins à court terme ­ à long terme, on sait que le développement durable ne sera pas tenable sans le potentiel humain ­ ou doit-on considérer que la lutte contre le travail des enfants n'est réservée qu'aux pays qui décollent ?

La mondialisation présente un paradoxe. Cette mondialisation implique, d'une part, une augmentation générale de la compétition économique internationale et, d'autre part, une globalisation des valeurs culturelles. Or, les valeurs culturelles occidentales exigent que les enfants puissent trouver leur épanouissement dans l'éducation. Par contre, les impératifs économiques encourageraient le travail des enfants pour augmenter la compétitivité. Ce phénomène serait encore plus renforcé pour les pays pauvres qui cherchent à décoller. Comment sortir de ce cercle vicieux ?

Je reconnais qu'il ne faut pas se poser en donneur de leçons. Il y un siècle, le travail des enfants existait dans nos régions et participait, en tant que facteur de production, à notre révolution industrielle. C'est pourquoi la priorité doit être donnée à l'élimination des formes les plus intolérables du travail des enfants, celles qui présentent des dangers pour la santé et le développement de l'enfant : l'esclavage, la servitude pour dette, la prostitution et la pornographie enfantine, l'emploi des enfants dans les secteurs à risque, ainsi que l'emploi des très jeunes enfants, en particulier des fillettes. L'objectif à plus long terme est d'éliminer progressivement le travail des enfants. Mais il faut pouvoir proposer des alternatives à la fois à l'enfant et à sa famille qui bénéficie de ses revenus. Il faut soutenir les efforts fournis en ce domaine par l'OIT. Dans ce cadre, il convient de responsabiliser et d'inciter les entreprises à souscrire à des codes de bonnes conduites qui interdisent l'utilisation directe ou indirecte de main-d'oeuvre enfantine dans la fabrication de leurs produits.

J'en arrive à la deuxième réforme indispensable, le respect des normes sociales fondamentales.

Il est nécessaire d'adhérer aux principes sociaux de base énoncés dans les normes internationales. La dimension sociale du commerce international doit être intégrée aux préoccupations de l'OMC. Il faut ainsi promouvoir l'application des conventions de l'OIT relatives à la liberté syndicale, au droit de négociations collectives, à l'abrogation du travail forcé et du travail des enfants. Un exemple parmi d'autres : l'Inde n'a ratifié ni la convention sur la liberté syndicale et la protection syndicale, ni celle sur l'abolition du travail forcé, ni celle sur l'âge minimum. Il faut également trouver une régulation sociale au commerce mondial dans le cadre de la globalisation de l'économie.

Troisième réforme nécessaire, la construction d'une protection sociale.

Les effets directs de la crise sur les populations ont montré la nécessité d'une sécurité sociale. La croissance économique forte les en avait dispensées. Selon les informations du BIT, des progrès seraient enregistrés, notamment en raison d'une ouverture d'esprit en faveur de la concertation sociale. Il est certain que tous les pays ne sont pas en mesure de construire un tel système.

Les leçons de cette crise devront être tirées afin d'améliorer les politiques futures dans les pays asiatiques. Il est nécessaire de renforcer, à moyen terme, les politiques et les institutions ­ qui sont assez faibles pour l'instant ­ afin de réduire le risque de telles crises dans le futur et d'augmenter leur capacité à faire face aux problèmes de chômage et de pauvreté.

Enfin, la crise asiatique peut être salutaire pour aboutir à une série de réformes démocratiques. Le consensus social qui unissait les populations à leurs dirigeants, consensus basé sur un autoritarisme que l'on a dit doux pour certains pays, et sur une croissance économique forte et constante, a été rompu. La volonté de démocratie de la part de la population transparaît. Les dirigeants comprennent que la démocratie et la transparence sont inévitables. C'est un point positif. Il n'est plus possible d'opposer aux valeurs des droits de l'homme et de la démocratie, un modèle asiatique basé sur les valeurs propres de ce continent en arguant de sa plus grande efficacité.

J'en viens au troisième point. L'Asie n'est pas seulement un géant économique. Elle réclame sa place sur la scène politique mondiale. Le rapport « Asie » n'a pas abordé les problèmes stratégiques et les relations bilatérales entre les États asiatiques. Ce n'était pas son rôle car il se devait d'examiner la politique belge dans cette région.

Il faut signaler que des événements extrêmement importants ont eu lieu depuis la clôture de nos travaux à la fin mars 1998. Les essais nucléaires réalisés par l'Inde et le Pakistan représentent une rupture stratégique importante. Alors que les alliés de la Seconde Guerre mondiale avaient voulu conserver la puissance nucléaire au sein de leur club très fermé ­ qui forme d'ailleurs le Conseil de sécurité ­, l'Inde et le Pakistan qui avaient refusé de renoncer aux essais nucléaires ont relancé la problématique. La confrontation nucléaire que l'on espérait terminée depuis la fin de la guerre froide revient en Asie du Sud.

Il existe également en Asie une recomposition importante sur le plan politique. On semble assister à un déplacement de la puissance du Japon vers la Chine. Le récent voyage du président Clinton en Chine sans passer par le Japon le démontre. La prochaine visite en Chine du premier ministre Dehaene l'indique également.

L'Asie abrite un nombre important de foyers potentiels de conflits, on le sait. De nouvelles puissances militaires s'y développent. Les processus d'intégration et de coopération régionale ne sont pas assez développés pour jouer un rôle stabilisateur.

Je serai très attentive à vos propos à ce sujet, monsieur le ministre.

J'en viens au quatrième point : l'Europe ne risque-t-elle pas de subir le contrecoup de la crise ?

À un peu plus d'un an du premier anniversaire du déclenchement de la crise asiatique, le 2 juillet 1997, il importe de tirer un premier bilan et de s'interroger sur les effets que cette crise a eus et pourrait avoir sur les économies européennes. Les effets directs en Asie sont relativement connus : dévaluations, faillites, restructurations, pertes massives d'emplois, troubles sociaux, etc. L'Europe semble pour le moment préservée.

Même s'il est trop tôt pour évaluer correctement l'impact de la crise en Asie, la conclusion économique au niveau belge est que notre pays ne souffrirait que de manière très limitée de la crise asiatique ­ c'est la conclusion des longues auditions auxquelles nous avons procédé ­ à l'exception de certains secteurs spécifiques comme le diamant. Cette conclusion est d'ailleurs partagée par la Banque nationale de Belgique. D'après les résultats enregistrés en 1997, les exportations belges vers l'Asie n'auraient diminué que de 1,3 %. Les chiffres de 1997 ne sont peut-être pas suffisamment pertinents pour rendre compte de l'ensemble des effets. Par ailleurs, la crise « offre » de nouvelles chances aux investisseurs belges qui devraient pouvoir profiter de la nécessaire ouverture des pays asiatiques aux investissements étrangers.

J'ai récemment rencontré des entrepreneurs qui travaillaient sur le marché asiatique : ils éprouvaient de véritables difficultés à maintenir des relations commerciales qui avaient été patiemment construites pendant quinze ans. Ils ont affirmé que le Japon garantissait les transactions commerciales des entreprises japonaises mais qu'il n'existait rien de tel pour les Européens. Quelle est alors l'alternative ? Devenir japonais pour sauvegarder les marchés ? Il est vrai que les Américains et les Allemands sillonnent l'Asie du Sud-Est pour fair leur « shopping » d'entreprises à bon prix.

L'Europe, disais-je, semble préservée. Cependant, certains indicateurs sont troublants; quelques experts émettent des doutes sur la situation économique occidentale; une institution comme la Banque des règlements internationaux de Bâle conclut son 68e rapport annuel par ces mots : « Compte tenu des interactions parfois déconcertantes entre les facteurs politiques, économiques et sociaux, il ne serait vraiment pas prudent de supposer que tout ira pour le mieux. »

La Banque des règlements internationaux tenait dans son dernier rapport annuel le raisonnement suivant. Le décalage conjoncturel entre les États-Unis et le reste du monde a fait monter le cours du dollar. Cette hausse a détérioré la compétitivité et l'équilibre financier des firmes asiatiques dont les devises étaient liées au dollar. Il faut s'interroger sur la situation des pays industrialisés. Tout semble aller pour le mieux, sauf au Japon. Les États-Unis connaissent une croissance sans inflation. Un certain vent d'optimisme souffle en Europe du fait de l'Union économique et financière. La conjoncture s'y redresse. Est-ce que cette euphorie a un caractère durable et raisonnable ? La BRI s'interroge sur le décalage conjoncturel qui aurait pour effet d'accroître le déficit extérieur américain, ce qui pourrait entraîner une chute du dollar sur le marché des changes. Une telle évolution inciterait les autorités américaines à une hausse des taux d'intérêt, ce qui aurait un effet sur l'économie américaine. En un mot, ce serait la fin de la haute conjoncture.

Quelles seraient les conséquences d'une chute du dollar ? Une hausse généralisée des taux d'intérêt pourrait inciter les investisseurs à se « désengager » davantage des économies émergentes et à effectuer enfin une réévaluation du risque de crédit sur l'ensemble des marchés. Il est difficile de prévoir toutes les conséquences d'une telle démarche. C'est, en substance, un scénario évoqué par la BRI qui conclut son rapport par la phrase déjà citée.

Je souhaiterais simplement pointer le doigt sur un problème important, conséquence directe et très concrète de la crise en Asie du Sud-Est. La Thaïlande a dû réduire les budgets consacrés à la prévention du sida. Si la crise asiatique a pu alarmer les pays européens, il ne faut pas oublier notre devoir fondamental de solidarité. Je souhaitais simplement souligner ce problème pour montrer les implications de cette crise, par un exemple concret.

En finale, je voudrais remercier le gouvernement pour l'effort qu'il fait de définir la politique générale sur des questions internationales. Il a bien voulu en discuter avec le Parlement. Je déposerai avec quelques collègues une motion qui soutient les trois principes de la politique asiatique du gouvernement, à savoir renforcer le dialogue, saisir les opportunités économiques et consolider la coopération au développement, tout en lui demandant toutefois d'être attentif à la problématique des droits de l'homme, à la dimension sociale du commerce international et au problème spécifique du travail des enfants.

Je terminerai en demandant également au gouvernement d'explorer les pistes de prévention des crises financières internationales qui avaient été évoquées par le ministre des Finances et du Commerce extérieur précédent. (Applaudissements.)

De voorzitter. ­ Het woord is aan minister Derycke.

De heer Derycke, minister van Buitenlandse Zaken. ­ Mijnheer de voorzitter, bij dit debat over de toestand in Azië heb ik vooral willen luisteren naar wat het Parlement hierover te zeggen heeft. Hoewel de grote lijnen van de politiek van de regering terzake vastliggen, zal die in de komende maanden toch nog enigszins worden bijgestuurd. Ik ben het met de rapporteur in grote mate eens dat er geen andere politiek kan worden gevoerd dan de drie krachtlijnen te volgen die zij als conclusie naar voren heeft gebracht. Ik wil haar trouwens feliciteren voor haar koppig doorzettingsvermogen in dit dossier waarvan de behandeling zeker geen sinecure was, zowel omwille van de besproken periode als omwille van de ruimtelijke omvang van het onderwerp. Het aanreiken van oplossingen was zeker geen evidentie.

Uit dit zeer interessante debat heb ik geleerd welke richting de Senaat wil geven aan de Belgische politiek voor Azië. Wij zullen daarmee in de toekomst ongetwijfeld rekening houden.

Het debat heeft duidelijk gemaakt dat in de internationale politiek niets is wat het lijkt en dat een politieke en economische situatie soms razendsnel kan veranderen. Men vergelijke maar wat wij in het voorjaar 1996 schreven met de huidige toestand. In een nota hadden wij het toen over een pacifistische 21e eeuw waarin de landen rond de Stille Oceaan een groeiende economische macht zouden worden, vandaag spreken wij eerder over uitdagingen en over de dreiging die vanuit diezelfde landen uitgaat. Het hele economische, sociale en politieke perspectief is op twee jaar tijd totaal veranderd.

La crise financière qui est apparue en Thaïlande vers juin-juillet 1997 s'est progressivement étendue à d'autres pays du Sud-Est asiatique, en particulier à l'Indonésie où la situation est préoccupante.

Par la suite, cette crise a également frappé avec force la Corée et a porté un coup supplémentaire au Japon, déjà fragilisé. D'autres pays, comme la Chine et le Viêt-Nam, s'efforcent de se prémunir contre la maladie.

D'améliorations en rechutes, la crise sévit depuis un an sans que l'on n'entrevoie le moment de la guérison. Si le facteur déclenchant a varié d'un pays à l'autre, le diagnostic de la maladie apparaît clairement à présent : c'est le modèle asiatique de développement qui avait prôné ou, à tout le moins, laissé se développer une collusion entre les gouvernements, les institutions financières et les entreprises, qui a montré ses limites.

Une économie, un système financier a besoin de transparence pour s'épanouir. Cela vaut pour l'Asie comme pour l'Europe.

Le premier médecin appelé au chevet d'une économie malade est aujourd'hui le Fonds monétaire international. Ce dernier administre des remèdes de cheval, le plus souvent douloureux pour la population. Il s'agit de remettre de l'orthodoxie dans les comptes et dans la manière de gérer les affaires.

Il convient cependant de souligner que les prescriptions du Fonds montétaire ne sauraient aller au-delà d'un certain point. C'est là que commence tout le débat.

Il faudra bien qu'à un moment, les pays asiatiques s'interrogent sur ce qui a mal fonctionné, non seulement techniquement mais aussi intrinsèquement. Le modèle de développement économique doit être remanié et le consensus à l'asiatique doit sans doite être repensé. Démocratie et transparence doivent être les maîtres concepts, tant sur le plan des institutions politiques que pour le bon fonctionnement de l'économie.

Dans la région, deux nouveaux gouvernements semblent être prêts à relever ce pari. Il s'agit de la Thaïlande et de la Corée. Dès lors, au cours de ma visite en mai dernier, il m'a paru important d'apporter le soutien de la Belgique à ces deux pays.

De economische crisis heeft in Thailand en Korea fundamentele politieke veranderingen op gang gebracht. In Thailand kon de vorige regering, onder druk van de politieke opinie, eindelijk een grondwetsherziening aanvaarden die het kiessysteem transparanter en democratischer maakt. Ik was getroffen door de politieke wil van de nieuwe eerste minister van Thailand, Chuan Leekpai, die een onbesproken reputatie heeft en die probeert vooruit te komen.

Ook in Zuid-Korea hebben we opmerkelijke politieke veranderingen vastgesteld. Ik kon een openhartig gesprek hebben met de president, Kim Dae-jung, die mij de indruk gaf aandacht te hebben voor de sociale en humane gevolgen van de crisis.

Je dois souligner également qu'à ce jour, je n'ai pas pu constater de grands changements au niveau des fameux conglomérats, les chaebols , ce qui m'inquiète quelque peu.

Vous avez dit, madame Willame, que les États-Unis et d'autres pays faisaient pour le moment du shopping d'entreprises. Ce n'est apparemment pas le cas en Corée, où j'ai pu constater une sorte de nationalisme ayant pour conséquence que les grands chaebols ont très peur et mettent le gouvernement sous pression pour éviter le shopping d'autres pays. Le climat n'est pas à la coopération avec les entreprises provenant de l'étranger.

M. Moens, vice-président, prend la présidence de l'assemblée

Cela n'exclut pas un léger changement d'attitude. Les Coréens croient encore dans leur propre système et ne sont pas prêts à le modifier. On constate une grande contradiction entre la volonté du président de la république et celle des grandes entreprises, les chaebols .

Nous sommes tout à fait présents en Corée du Sud, qui est un pays ami. Cette présence est importante pour ses habitants et peut-être sommes-nous les mieux placés pour attirer leur attention sur le plan politique, mais aussi pour favoriser le progrès économique, à condition d'agir avec bon sens, en respectant leurs souhaits.

J'ai été particulièrement heureux de pouvoir constater qu'après notre visite, deux grandes entreprises belges ont pu conclure des joint ventures importants avec des entreprises sud-coréennes. Je pense à Interbrew avec Dosan et Puratos. Cela prouve que nos entreprises restent intéressées par l'Asie, ce qui est symboliquement important pour l'image de notre pays.

Het land dat ons momenteel het meest bezig moet houden, is Indonesië. Dit land heeft niet alleen af te rekenen met een economische crisis, maar ook met een heuse politieke omwenteling. Nadat de subsidies voor brandstoffen en basisvoedsel onder druk van het IMF werden geschrapt, zijn er ernstige rellen uitgebroken die aanvankelijk, zoals gewoonlijk, tegen de Chinese handelaars waren gericht. Thans vernemen we dat er daar vreselijke zaken zijn gebeurd.

Il est question de centaines de morts, que l'on ne soupçonnait pas, et de nombreuses violations. C'est une preuve explicite du contexte global très souvent négatif de la société, auquel divers intervenants ont fait allusion.

Men weet wat dit allemaal heeft teweeggebracht. Eerst was er verdeeldheid in het leger en vervolgens moest president Soeharto aftreden. Nu is Habibie president. Na zijn aantreden vroeg ik mij af in welke mate iemand die een deel van het probleem is, ook een deel van de oplossing kan zijn. De situatie in Indonesië blijft hoe dan ook precair.

Na enkele weken overgangsbewind zijn er zowel hoopvolle als minder positieve signalen. We zien dat het geweld op Java enigszins geluwd is en dat president Habibie enkele politieke gevangenen heeft vrijgelaten, waaronder de vakbondsleider Muktar Pakpahan.

D'un autre côté, cela ouvre également des perspectives auxquelles Mme Lizin a fait allusion. C'est toute la problématique entre islamisme et boudhisme dans le monde asiatique.

We hebben onlangs ook meegemaakt hoe de leden van de regeringspartij Golkar voor de eerste keer in het dertigjarig bestaan van de partij op een vrije manier een nieuwe partijvoorzitter hebben gekozen. Het lijkt erop dat ook Oost-Timor terug bespreekbaar wordt. Dit is een zeer belangrijke evolutie, die de Europees-Indonesische betrekkingen kan beïnvloeden. De vrijlating van Gusmão Xanana, de leider van Fretilin, is echter nog veraf. In Irian Jaya is er wel opnieuw een afscheidingsbeweging opgestaan. Er blijven in Indonesië dus nog ernstige problemen waarvoor in de ogen van de publieke opinie niet snel genoeg een oplossing wordt gevonden.

Ondertussen blijft de roepia verzwakken, de prijzen blijven stijgen, banken gaan failliet, de werkloosheid explodeert en de distributiesystemen, onder andere dat voor de levensmiddelen, werken nog nauwelijks. We kunnen stellen dat alle Zuid-Oost-Aziatische problemen in Indonesië terug te vinden zijn.

Enfin, il y a le cas du Japon. Le premier ministre japonais, M. Hashimoto, est la victime la plus récente de la crise économique. Son parti, le LDP, a dû subir une perte sérieuse lors des élections de la Chambre haute qui ont eu lieu le 12 juillet dernier. S'il est exact que ces résultats n'ont pas mis en danger le gouvernement, M. Hashimoto en a pourtant tiré les conclusions en démissionnant.

Entre-temps, il devient clair que l'économie japonaise est en récession. Si la baisse du PNB, chiffrée à 1,3 % pour le premier trimestre de cette année, persiste, elle pourrait atteindre 5,3 % pour l'année. C'est un élément extrêmement important.

Les indicateurs de production continuent à baisser. La consommation reste faible et les perspectives d'emploi ne sont pas optimistes. Le yen reste sous pression malgré le soutien financier massif reçu de l'étranger.

Quant à la Chine, elle ne semble pas actuellement subir de conséquences de ces problèmes économiques au niveau politique, même si la réduction du pouvoir d'achat des pays asiatiques voisins et la dévaluation de la monnaie de ces pays ont une incidence sur la croissance chinoise.

Pour la première fois en deux ans, les exportations chinoises ont connu au mois de mai une croissance négative de 1,5 % tandis que les importations ont baissé également dans la même proportion. Si cette tendance devait se poursuivre, elle influencerait sérieusement le projet de réforme conçu par le gouvernement. La décision chinoise de ne pas dévaluer jusqu'à présent le yuan et d'éviter ainsi que la région soit entraînée dans une spirale de dévaluation compétitive a été reçue avec soulagement par les pays de la région.

Cette attitude du gouvernement chinois, pouvant être qualifiée de responsable, lui a valu, en tout état de cause, la reconnaissance et l'estime de la Communauté internationale. À cet égard, il convient de se remémorer l'éloge adressé par le président Clinton à ses interlocuteurs chinois, en particulier au président Jiang Zemin, au cours de sa visite en Chine.

Ik zal enkele cijfers citeren die betrekking hebben op ons eigen land. Hoewel velen er nog steeds schijnen van uit te gaan dat de toestand in Azië ons niet raakt, wordt de weerslag ervan op onze economie steeds duidelijker. Een vergelijking van de cijfers van de periode januari-maart 1997 en januari-maart 1998 wijst op een algemene daling van de export van 15 % voor de BLEU. Dit percentage varieert echter sterk in de verschillende landen. Terwijl de export naar China nog met 27 % is toegenomen, constateren wij een daling van 19 % naar Zuid-Korea, van 57 % naar Indonesië, van 20 % naar Japan en van 38 % naar Thailand. Het totale exportcijfer van de eerste drie maanden van 1997 bedraagt 108 miljard. Dit cijfer is gedaald tot 92 miljard in de eerste drie maanden van 1998. De toestand in Azië begint dus stilaan een impact te krijgen op de Belgische economie. Een verdere destabilisering van Japan zou nefast zijn, omdat dit land een grote afnemer is.

Uit deze cijfers moeten we de nodige lessen trekken. Europa en de hele wereld moeten de toestand in Japan en in China aandachtig volgen. De politieke situatie in Indonesië blijft een belangrijk politiek probleem. Een verdere politieke destabilisering van Indonesië zal wellicht een enorme chaos teweegbrengen in landen zoals Thailand en Zuid-Korea, die maatregelen hadden genomen om hun economie aan te zwengelen. Het gevaar is niet denkbeeldig dat ook de sterkere landen zoals Taiwan, Singapore en Maleisië worden getroffen.

Deze vaststellingen tonen aan dat dit debat in de Senaat zeer zinvol was. Het zou interessant zijn de evolutie in Zuid-Oost-Azië na het reces opnieuw te evalueren.

Ik dank alle senatoren die aan het debat hebben deelgenomen voor hun inspanningen. Het resultaat van hun werk is zeer leerrijk voor de regering. De regering is zeker bereid dit debat, dat zowel op politiek als op economisch vlak van rechtstreeks belang is voor ons land, voort te zetten. (Applaus.)

M. le président. ­ Plus personne ne demandant la parole, le débat est clos.

Aangezien niemand meer het woord vraagt, is het debat gesloten.

En conclusion de ce débat, j'ai reçu une motion de Mme Willame, de M. Bourgeois et de Mmes Lizin, Sémer et Thijs, qui est libellée comme suit :

« Le Sénat,

A. Ayant pris connaissance de la note du gouvernement « La Belgique et l'Asie : défis et perspectives » du 16 février 1996 et ayant entendu les ministres concernés;

B. Ayant analysé la crise monétaire et financière en Asie du Sud-Est;

C. Vu la situation en Asie et ses développements;

D. Ayant pris acte du rapport de la commission des Affaires étrangères sur la situation en Asie (Doc. nº 1-855/1) du 17 juin 1998.

­ Estime que les trois principes de la nouvelle politique asiatique de la Belgique ­ renforcer le dialogue, saisir les opportunités économiques, consolider la coopération au développement ­ sont fondés.

­ Demande au gouvernement d'être particulièrement attentif aux points suivants :

1. La politique de la Belgique vis-à-vis des pays asiatiques doit tenir compte du respect des droits de l'homme dans ces pays.

2. Les aspects sociaux doivent imprégner la politique belge vis-à-vis des régions et particulièrement en ce qui concerne le respect et la promotion des normes sociales fondamentales. La dimension sociale du commerce doit être aux préoccupations des organisations internationales telles que l'OMC, ...

3. Le travail des enfants est une forme d'atteinte aux droits fondamentaux de la personne. Conformément aux actions de l'OIT, les formes les plus intolérables du travail des enfants doivent être abolies.

­ Encourage le gouvernement à contribuer à la prévention des crises financières internationales dont une des causes principales vient d'une inadéquation entre la libéralisation de la circulation des capitaux et la régulation nécessaire en explorant les pistes évoquées par le ministre des Finances, à savoir :

a) améliorer la transparence économique,

b) renforcer la coopération avec le FMI,

c) surveiller les marchés financiers,

d) améliorer la supervision bancaire et le contrôle prudentiel,

e) consolider l'assise financière du FMI,

f) réduire les problèmes de risque moral. »

M. Hatry et Mme Mayence proposent un amendement à la motion déposée par Mmes Willame, Lizin, Sémer, Thijs et M. Bourgeois, rédigé comme suit :

« Après la première phrase du point B, ajouter le texte suivant :

« Estimant que les causes de la crise relèvent largement de politiques monétaires et financières inadéquates, que les mesures prises et dans un cadre multilatéral (notamment par le FMI et par la Banque mondiale) et de manière bilatérale, ont contribué à atténuer l'impact de la crise sur les structures sociales et économiques de ce pays, et enfin que les répercussions de la crise sur l'économie belge restent limitées. »

« Na punt B de volgende tekst toevoegen :

« Van oordeel dat de oorzaken van de crisis goeddeels toe te schrijven zijn aan een onwerkzaam monetair en financieel beleid, dat de maatregelen die zowel multilateraal (onder meer door het IMF en door de Wereldbank) als bilateraal genomen zijn, de weerslag van de crisis op de sociale en economische structuren van deze landen hebben afgezwakt, en dat ten slotte de weerslag van de crisis op de Belgische economie beperkt is gebleven. »

M. Hatry et Mme Mayence proposent un amendement à la motion déposée par Mmes Willame, Lizin, Sémer, Thijs et M. Bourgeois, rédigé comme suit :

« Au troisième tiret du dispositif, apporter les modifications suivantes :

A. Au point b), ajouter le mot « internationale » après le mot « coopération ».

B. Aux points c) et d), ajouter in fine, les mots « dans les pays émergents ».

C. Remplacer le point f), par le texte suivant : « réduire les problèmes de « risque moral » (« moral hasard »).»

«In het derde gedachtestreepje van het dispositief, de volgende wijzigingen aanbrengen :

A. In punt b), de woorden « van de samenwerking » vervangen door de woorden « van de internationale samenwerking ».

B. Aan het slot van de punten c) en d) toevoegen de woorden « in de opkomende landen ».

C. Punt f) doen luiden als volgt : « het verminderen van de problemen in verband met het « morele risico » (« moral hasard »). »

Nous voterons ultérieurement sur les amendements et sur la motion.

We stemmen later over de amendementen en over de motie.