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20/3/2024 | Envoi question (Fin du délai de réponse: 18/4/2024) |
Aussi posée à : question écrite 7-2231
Aussi posée à : question écrite 7-2232
Le ministère allemand des Affaires étrangères a récemment découvert une vaste campagne de désinformation russe, ciblant les médias sociaux. Des détectives numériques du ministère ont ainsi constaté une diffusion systématique de fausses informations sur la plateforme de médias sociaux «X» (ex-Twitter). En septembre 2023, un faux communiqué de la ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, s'est propagé rapidement sur la plateforme, prétendant notamment que la guerre en Ukraine serait terminée dans trois mois.
Le faux message, découvert par des experts étrangers, semblait authentique à première vue et suggérait que le soutien de l'Allemagne en faveur de l'Ukraine faiblissait. Ce faux «tweet» s'inscrivait dans le cadre d'une vaste campagne de désinformation prorusse menée sur la plateforme de médias sociaux «X», dans le cadre de laquelle plus de 50 000 faux comptes d'utilisateurs de langue allemande avaient été identifiés.
La stratégie de cette campagne visait à manipuler l'opinion publique en exacerbant les émotions, en sapant la confiance dans les autorités, la démocratie et les médias, et plus spécifiquement en mettant en doute l'aide allemande à l'Ukraine. Les experts en désinformation constatent qu'un large pan de la campagne semble être à présent automatisé, ce qui laisse à penser que ses auteurs pourraient avoir eu recours à l'intelligence artificielle.
Les falsificateurs usurpent également les noms de marques de médias connues en créant de faux sites d'information qui imitent le lay-out de portails d'information légitimes. Le phénomène, connu sous le nom de campagne Doppelgänger, consiste à placer des contenus manipulateurs sur les faux sites en question et à les diffuser par le biais des médias sociaux en utilisant des raccourcis de liens pour masquer les fausses URL.
La campagne russe semble surtout privilégier la quantité plutôt que la qualité, se caractérisant par un manque de subtilité et par de nombreuses fautes, comme un usage maladroit de la langue allemande et des fausses photos de profils. Si l'efficacité de cette campagne est difficilement mesurable, il n'en demeure pas moins qu'elle préoccupe l'Allemagne, où des élections européennes et locales sont imminentes. Outre la Russie, d'autres pays, comme Israël, sont cités comme étant des acteurs recourant à des moyens numériques pour manipuler l'opinion publique.
La plateforme «X» est critiquée pour son manque d'action contre pareilles campagnes de désinformation, et l'Union européenne envisage d'agir concrètement sur la base de son nouveau Digital Services Act (règlement sur les services numériques). La découverte de cette campagne met en exergue la menace croissante que constitue la désinformation mondiale, ainsi que la nécessité d'une coopération entre autorités, experts et plateformes de médias sociaux pour prendre ce défi à bras-le-corps (cf. https://www.spiegel.de/politik/deutschland/desinformation aus russland auswaertiges amt deckt pro russische kampagne auf a 765bb30e 8f76 4606 b7ab 8fb9287a6948).
En ce qui concerne le caractère transversal de la présente question écrite: les différents gouvernements et maillons de la chaîne de sécurité se sont accordés sur les phénomènes qui devront être traités en priorité au cours des quatre prochaines années. Ceux-ci sont définis dans la note-cadre de sécurité intégrale et dans le plan national de sécurité 2022-2025 et ont été discutés lors d'une conférence interministérielle à laquelle les acteurs de la police et de la justice ont également participé. Il s'agit donc d'une matière transversale qui relève également des Régions, le rôle de ces dernières se situant surtout dans le domaine de la prévention.
J'aimerais dès lors vous poser les questions suivantes:
1) Pourriez-vous présenter un aperçu des campagnes de désinformation qui ont été identifiées en Belgique au cours de l'année écoulée? Quelles sont les principales tendances que vous avez pu observer? Comment mesure-t-on l'efficacité des mesures de lutte contre la désinformation? Existe-t-il des statistiques ou des chiffres permettant de déterminer les résultats obtenus grâce à de telles mesures?
2) Combien de faux comptes d'utilisateurs et de faux sites d'information ont-ils été découverts et bloqués au cours de l'année écoulée? Quelles sont les principales caractéristiques de ces faux comptes et faux sites?
3) A-t-on pu observer une augmentation du nombre de campagnes de désinformation automatisées ayant recours à l'intelligence artificielle? Si oui, pouvez-vous en citer des exemples et donner une idée de l'échelle à laquelle ces activités sont menées?
4) Quelles initiatives sont prises pour surveiller et limiter la diffusion de désinformation par le biais des médias sociaux? Des collaborations avec les plateformes de médias sociaux sont-elles mises en place pour s'attaquer à ce problème? Pourriez-vous nous faire part d'éventuelles coopérations avec d'autres pays ou avec des organisations internationales en vue de contrer la menace de la désinformation? Quelles sont les principales leçons que la Belgique peut tirer des expériences menées au niveau international?
5) Pouvez-vous citer des exemples de campagnes de désinformation spécifiques qui ont visé des élections belges ou d'importantes questions sociétales en 2023? Quelles sont les conséquences potentielles de telles campagnes pour la société et la démocratie belges?
6) Quelles mesures de sécurité spécifiques vos services ont-ils prises en vue de garantir l'intégrité des élections prévues cette année et de protéger celles-ci contre d'éventuelles campagnes de désinformation? Pourriez-vous fournir des informations détaillées sur la manière dont vos services coopèrent avec d'autres instances publiques, qu'elles soient nationales ou internationales, pour assurer la sécurité numérique en période électorale?
7) Des directives spécifiques ont-elles été prévues ou des campagnes de sensibilisation ont-elles été mises sur pied pour informer les électeurs sur la menace que constitue la désinformation et sur la manière dont ils peuvent reconnaître de telles campagnes lors des élections? Si tel n'est pas le cas, des projets en ce sens sont-ils prévus?
8) Avez-vous établi un plan de gestion de crise pour le cas où des tentatives de désinformation à grande échelle seraient entreprises pendant les élections? Si oui, pourriez-vous fournir un résumé de ce plan?