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Question écrite n° 7-1913

de Laurent Léonard (PS) du 6 mars 2023

à la ministre des Affaires étrangères, des Affaires européennes et du Commerce extérieur, et des Institutions culturelles fédérales

Burkina Faso - Attaques djihadistes - Situation humanitaire - Cas des femmes et des filles

Burkina
condition féminine
violence politique

Chronologie

6/3/2023Envoi question (Fin du délai de réponse: 6/4/2023)
5/4/2023Réponse

Question n° 7-1913 du 6 mars 2023 : (Question posée en français)

Cette question relève bien de la compétence du Sénat de par sa transversalité. L'exécution des politiques en matière de coopération internationale et de traités internationaux relève de la compétence des entités fédérées, notamment encadrée par la loi spéciale du 5 mai 1993 sur les relations internationales des Régions et des Communautés.

On le sait, depuis plusieurs années, la sécurité se dégrade au Burkina Faso. La recrudescence des enlèvements et des attaques, particulièrement notable dans la région des trois frontières, porte un coup immense à la sécurité des habitants de cette région en proie aux groupements terroristes.

Cette année, ce ne sont pas moins de cinquante-et-une jeunes femmes qui ont été enlevées par un groupement djihadiste. Ce rapt a été largement condamné sur le plan national et international.

En effet, le haut-commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, Volker Türk, a exprimé son inquiétude suite à l'enlèvement de ces femmes et a appelé à leur libération immédiate. Le président de la Commission de l'Union africaine, Moussa Faki Mahamat, s'est dit «préoccupé par le fait que les groupes armés prennent pour cible les femmes et les filles dans le cadre de leur stratégie visant à terroriser les communautés».

Plusieurs pays comme la France, le Canada et les États-Unis ont également appelé à libération des otages.

Ces prises d'otages ont aussi un impact sur l'ensemble de la société burkinabaise. En effet, près de 679 écoles ou structures éducatives ont dû fermer temporairement à cause de ces problèmes de sécurité. Cela concernerait près d'un million d'élèves. En outre, plusieurs associations et organisations non gouvernementales (ONG) humanitaires cessent ou réduisent leurs activités dans ce pays, en témoigne le cas de l'association «Amitiés France-Burkina Faso» (AFBF) qui a annoncé début janvier 2023 ne plus continuer ses constructions d'écoles dans la région de Banfora.

Qui plus est, ces tentatives de déstabilisation ne sont pas prêtes de s'arrêter puisque le 31 janvier 2023, ce sont encore treize personnes qui ont été assassinées dans une nouvelle attaque djihadiste. C'est trop, beaucoup trop pour les burkinabaises et burkinabais pour qui la violence et les meurtres font désormais parties du quotidien.

1) L'honorable ministre a-t-elle pris connaissance de la situation humanitaire au Burkina Faso?

2) La protection et la préservation de la sécurité – et plus particulièrement celle des femmes et des filles – sont-elles un sujet récurrent lors des échanges diplomatiques entre la Belgique et l'État burkinabais?

Réponse reçue le 5 avril 2023 :

1) La situation au Sahel, et en particulier au Burkina Faso, est suivie de près par la Belgique, dans ce cas-ci grâce à notre ambassade à Ouagadougou.

La situation sécuritaire et humanitaire y est détériorée, avec près de deux millions de déplacées, dont 24 % de femmes et 58,4 % d’enfants.

Selon le Fonds des Nations unies pour l’enfance (United Nations Children’s Emergency Fund – UNICEF), 6 253 écoles étaient fermées pour cause d’insécurité, soit près de 24 % des écoles du pays. Plus d’un million d’élèves sont affectés par ces fermetures, dont seulement un quart ont été réinscrits ailleurs. Pour plus de détails, je vous renvoie vers ma collègue en chargée de l’aide humanitaire, Madame Gennez.

2) Le Burkina Faso est l’un des quatre pays d’attention du quatrième Plan d’action national belge Femmes, paix et sécurité (2022-2026), dans lequel le service public fédéral (SPF) Affaires étrangères est responsable de plusieurs lignes d’action dans la lutte contre les violences sexuelles liées aux conflits.

La Belgique veille donc à ce qu’une attention particulière soit donnée aux questions relatives à l’agenda Femmes, paix et sécurité, tant dans nos contacts bilatéraux avec les autorités qu’au sein des enceintes multilatérales.

Lors du dernier cycle de l’Examen périodique universel onusien du Burkina Faso, la Belgique avait formulé une recommandation visant à abroger les dispositions légales discriminatoires à l’égard des femmes. Une autre recommandation portait, quant à elle, sur la santé et les droits sexuels et reproductifs des jeunes, afin de lutter contre les mutilations génitales et réduire la mortalité maternelle.

Enfin, la Belgique insiste également sur l’importance d’une participation égale et significative des femmes à la prise de décision sur la situation sécuritaire au Burkina Faso.

La Belgique finance plusieurs interventions œuvrant pour la protection des filles et des femmes, en ce compris contre les violences basées sur le genre.

Depuis octobre 2021, et pour une période de deux ans, l’ambassade de Belgique coordonne le travail des bailleurs de fonds actifs sur ce sujet au Burkina Faso.