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Question écrite n° 7-1679

de Els Ampe (Open Vld) du 11 juillet 2022

au vice-premier ministre et ministre des Affaires sociales et de la Santé publique

Troubles alimentaires - Sites web et coaches pro-anorexiques - Abus sexuel - Plaintes - Chiffres et tendances - Victimes - Accompagnement et prévention - Mesures - Sites web «pro-ana» - Lutte - Détection - Interdiction potentielle

maladie de la nutrition
jeune
violence sexuelle
Internet

Chronologie

11/7/2022Envoi question (Fin du délai de réponse: 11/8/2022)

Aussi posée à : question écrite 7-1680
Aussi posée à : question écrite 7-1681

Question n° 7-1679 du 11 juillet 2022 : (Question posée en néerlandais)

Dans les pays voisins, les intervenants qui incitent à l'anorexie sont tenus à l'œil. En France par exemple, il est depuis quelque temps pénalement répréhensible d'inciter à avoir un comportement pouvant conduire à l'anorexie (cf. https://www.standaard.be/cnt/dmf20150402_01611686). En Belgique, un avertissement s'affiche lorsqu'on surfe sur un blog pro-anorexique (dit «pro-ana»).

Ces dernières années, on voit néanmoins augmenter le nombre de «coaches pro-ana» sur les sites web faisant l'apologie de l'anorexie. Il s'agit notamment d'hommes âgés de vingt à trente ans qui se présentent comme des coaches minceur disposés à aider les jeunes filles souffrant de troubles alimentaires à perdre du poids.

Il a été constaté que cette aide à la perte de poids s'accompagnait généralement d'une demande d'envoi de photos ou d'enregistrements vidéo (à connotation sexuelle) et, dans certains cas, de rencontre physique. Il apparaît par ailleurs que les jeunes filles qui souffrent d'un trouble alimentaire et visitent ces forums en ligne sont vulnérables au grooming des coaches pro-ana. Ce groupe de jeunes filles vulnérables (notamment mineures) qui cherchent de l'aide en ligne pour maigrir et souhaitent entrer en contact avec un coach pro-ana, est en augmentation (cf. https://www.huiselijkgeweld.nl/publicaties/publicaties/2020/03/02/de wereld van pro ana coaches).

On a connaissance de réactions violentes de coaches lorsque les jeunes filles ne collaboraient pas. Les intéressées ont souvent une faible estime d'elles-mêmes et sont rendues encore plus vulnérables par leur trouble alimentaire. Certains coaches ont également menacé les filles de publier les photos qu'elles avaient partagées ou de venir dans leur quartier si elles ne faisaient pas ce qu'ils demandaient.

Des chercheurs ont interrogé soixante jeunes filles actives sur des sites ou dans des groupes pro-anorexiques pour connaître leurs expériences. Environ 70 % d'entre elles étaient mineures. Parmi ce groupe, 96 % des répondantes ont reconnu qu'on leur avait demandé d'envoyer des photos, presque toujours en sous-vêtements ou nues. Près de la moitié des coaches ont souhaité une rencontre physique et, dans 20 % des cas, le coach a également demandé des actes sexuels en guise de remerciement pour son aide à perdre du poids. Dans certains cas, il en a résulté des relations sexuelles forcées entre un coach et une jeune fille (cf. https://nos.nl/op3/artikel/2287012 pro anorexia coach blijkt vaak man met seksuele bedoelingen).

Justification du caractère transversal de la question écrite : la présente question porte sur la santé publique, qui est une compétence partagée entre le niveau fédéral et les Communautés. Il s'agit donc d'une matière transversale.

J'aimerais vous poser les questions suivantes :

1) Combien de plaintes avez-vous reçues ces trois dernières années concernant des coaches pro-anorexiques ayant commis des faits d'abus ? Combien de victimes de ces abus étaient mineures ? De quelles peines ont écopé les auteurs ? Parmi les victimes, combien étaient de sexe masculin et combien de sexe féminin ?

2) Combien de cas de «sextorsion», traite des enfants, pornographie infantile ou autres faits analogues déplore-t-on ces trois dernières années en rapport avec des coaches pro-anorexiques ?

3) Selon vous, est-il nécessaire d'assurer aux victimes de coaches pro-anorexiques une prise en charge spécifique, sachant que le fait qu'elles soient à la fois victimes (mineures) de violences sexuelles et en proie à des troubles alimentaires rend peut-être nécessaire la dispensation d'autres soins ? Selon vous, comment peut-on aider au mieux ces victimes ? Quelles mesures existent déjà pour remédier de manière spécifique à cette intersection de problématiques ?

4) Pouvez-vous préciser les mesures déjà mises en œuvre ces cinq dernières années pour, d'une part, aider les victimes anorexiques et, d'autre part, lutter contre l'incitation à l'anorexie (sites, blogs, etc.) ? Pourriez-vous donner de plus amples précisions sur les changements apportés dans le domaine de l'aide, de la détection, de la conscientisation et de la prévention ?

5) Pouvez-vous préciser dans quelle mesure on lutte contre les intervenants qui incitent à un comportement pro-anorexique, au-delà des sites web et blogs pro-ana ? Une interdiction des sites pro-anorexiques, influenceurs minceur («thinfluencers») et plateformes d'inspiration à la minceur («thininspiration») est-elle envisageable selon vous ? Si non, pourquoi ?

6) Pourriez-vous dresser un profil général de ce genre de coaches pro-anorexiques ? Les auteurs en question sont-ils en général déjà connus des services de police ? Combien avaient déjà des antécédents de pédophilie, maltraitance d'enfants ou autres faits de ce genre ?