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Question écrite n° 7-1570

de Els Ampe (Open Vld) du 5 avril 2022

au vice-premier ministre et ministre de la Justice et de la Mer du Nord

Guerre en Ukraine - Antivirus "Kaspersky" - Risques potentiels pour la sécurité - Acteurs étrangers - Piratage - Approche au sein des services publics et des services de sécurité - Mesures

Ukraine
guerre
sécurité des systèmes d'information
virus informatique
guerre de l'information

Chronologie

5/4/2022Envoi question (Fin du délai de réponse: 5/5/2022)
6/5/2022Réponse

Aussi posée à : question écrite 7-1571
Aussi posée à : question écrite 7-1572
Aussi posée à : question écrite 7-1573

Question n° 7-1570 du 5 avril 2022 : (Question posée en néerlandais)

Le Bundesamt für Sicherheit in der Informationstechnik, le service allemand de renseignement, met en garde contre l'utilisation du logiciel antivirus de la marque "Kaspersky" (cf. https://www.bsi.bund.de/DE/Service Navi/Presse/Pressemitteilungen/Presse2022/220315_Kaspersky Warnung.html). Ce logiciel de fabrication russe présente en effet un risque pour notre sécurité. En raison de la guerre en Ukraine, le risque de cyberattaques lancées depuis la Russie est revu à la hausse. Le BSI recommande dès lors aux institutions et entreprises allemandes de remplacer à court terme le logiciel antivirus Kaspersky (cf. https://tweakers.net/nieuws/194400/duitse inlichtingendienst adviseert om antivirussoftware kaspersky te vervangen.html).

Selon le BSI, plus la guerre en Ukraine se prolonge, plus le risque d'une cyberattaque à grande échelle lancée depuis la Russie augmente. Un fabricant informatique russe pourrait soit lancer lui-même des attaques, soit être forcé d'attaquer des systèmes contre sa volonté, soit encore être lui-même victime à son insu d'une cyberopération. Le service de renseignement allemand souligne que quiconque utilise le logiciel antivirus Kaspersky risque d'être victime d'une telle attaque. Les entreprises et exploitants d'une infrastructure critique sont particulièrement exposés, selon le BSI.

En ce qui concerne le caractère transversal de la question écrite : les différents gouvernements et maillons de la chaîne de sécurité se sont accordés sur les phénomènes qui doivent être traités en priorité au cours des quatre prochaines années. Ceux-ci sont définis dans la Note-cadre de sécurité intégrale et dans le Plan national de sécurité pour la période 2016-2019 et ont fait l'objet d'un débat lors d'une conférence interministérielle à laquelle les acteurs de la police et de la justice ont également participé. Cette question concerne dès lors une matière transversale, partagée entre l'autorité fédérale et les Régions, ces dernières intervenant surtout dans le volet préventif.

Je souhaiterais poser les questions suivantes.

1) Avez-vous conscience du problème de sécurité potentiel lié au logiciel antivirus russe de la marque "Kaspersky" ? Si oui, avez-vous déjà pris des mesures pour y remédier ?

2) Nos services publics et services de sécurité utilisent-ils le logiciel antivirus de ce fabricant ? Si tel est le cas, quel est le nombre d'ordinateurs ou de comptes concernés ? Quels seraient les coûts du remplacement intégral de ce logiciel par un autre logiciel ?

3) Des directives ont-elles déjà été données en vue du remplacement de tels logiciels ? Quelles instructions les utilisateurs ont-ils reçues et quelles mesures ont-ils déjà prises ?

4) A-t-on déjà reçu des plaintes de particuliers ou de services qui utilisent ce logiciel ? Si oui, quel est leur nombre au cours des trois dernières années ?

5) Êtes-vous disposé(e) à intervenir rapidement eu égard au risque et à la situation géopolitique ? Si oui, quelles démarches entreprendrez-vous ? Si non, comment ferez-vous en sorte que l'utilisation de ce logiciel ne puisse causer un problème de sécurité ?

6) Vu la situation géopolitique actuelle, jugez-vous possible que d'autres logiciels et services provenant de Russie deviennent dangereux pour les utilisateurs belges ? Pouvez-vous préciser quels logiciels ou services pourraient être concernés et, si possible, en quoi les risques qu'ils présentent consisteraient ?

7) Des directives ont-elles été données en vue du remplacement rapide de ce logiciel potentiellement à risque dans les lieux stratégiquement sensibles, comme les hôpitaux, les fournisseurs d'énergie, etc. ? Si oui, en quoi consistent-elles ? À combien estime-t-on le coût du remplacement du logiciel et des services ?

Réponse reçue le 6 mai 2022 :

1) Rien ne nous indique qu’il y aurait des problèmes spécifiquement avec le logiciel Kaspersky. En théorie, les logiciels antivirus peuvent, via les accès complexes nécessaires à leur fonctionnement, être exploités de manière efficace pour attaquer les systèmes sur lesquels ils sont utilisés. Il peut tant s’agir d’espionnage que de sabotage. Cela vaut bien entendu pour les logiciels antivirus de n’importe quel fabricant, pas uniquement pour Kaspersky.

(Il est par ailleurs également évident que les logiciels ou les technologies provenant d’un pays dont le régime est autoritaire peuvent toujours être utilisés pour nuire à leurs utilisateurs, le fabricant étant poussé, éventuellement sous la contrainte, à collaborer.)

2) Pour des raisons de sécurité, la Sûreté de l’État ne souhaite pas communiquer sur les logiciels qu’elle utilise.

3) Du fait que nous n’avons pas encore reçu d’avis de nos services qui iraient dans le sens d’un remplacement de tels systèmes, il n’existe pas encore directive à ce sujet.

4) Le Cybersecurity Centre Belgium (CCB) est le point de contact pour ce type de plaintes. Dès lors, il est préférable de poser cette question au premier ministre.

5) Lorsque les services belges compétents fourniront une analyse préconisant de prendre des mesures, nous l’étudierons et nous prendrons action. Pour l’instant, je n’ai pas encore reçu une telle recommandation stratégique.

6) Il existe encore d’autres fabricants russes de logiciels antivirus, Dr.Web par exemple. Ils présentent les mêmes risques que Kaspersky.

De manière plus générale, l’utilisation de tout logiciel provenant de Russie comporte un risque (théorique) pour l’utilisateur. Il peut s’agir de communication (Telegram par exemple) ou de réseaux sociaux (VKontakte par exemple), mais également de logiciels utilisés pour l’administration du personnel par exemple, bien que nous ne connaissions pas de fabricant russe de tels logiciels.

7) Je n’ai pas connaissance de telles directives. Le Centre de crise national (NCCN) est le service responsable de la protection des infrastructures critiques. Il est préférable d’adresser cette question à la ministre de l’Intérieur.