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Question écrite n° 7-1554

de Tom Ongena (Open Vld) du 30 mars 2022

à la ministre de l'Intérieur, des Réformes institutionnelles et du Renouveau démocratique

Cybersécurité - Hébergeurs - Cybercriminalité - Plaintes - Chiffres et tendances - Lutte - Politique belge en matière de cybersécurité - Mesures

sécurité des systèmes d'information
centre serveur
protection des données
statistique officielle
poursuite judiciaire
criminalité informatique
Pays-Bas

Chronologie

30/3/2022Envoi question (Fin du délai de réponse: 28/4/2022)
28/4/2022Réponse

Aussi posée à : question écrite 7-1551
Aussi posée à : question écrite 7-1552
Aussi posée à : question écrite 7-1553

Question n° 7-1554 du 30 mars 2022 : (Question posée en néerlandais)

Une enquête récente de la société de sécurité informatique Kaspersky révèle que les Pays-Bas restent toujours aussi populaires pour les cybercriminels. Cela s'explique notamment par la qualité de l'infrastructure numérique ; les connexions à internet y sont rapides et bon marché (cf. https://pointer.kro ncrv.nl/online criminelen bestoken de wereld met cyberaanvallen vanuit nederland).

Ces pratiques ne sont pas restées sans réponse. Dans une lettre adressée au secteur de l'internet, la police néerlandaise a, encore récemment, mis en garde contre les revendeurs d'hébergement étrangers, des sociétés qui sous-louent de l'espace sur le serveur d'un hébergeur. Ces espaces d'hébergement sont utilisés pour toutes sortes de pratiques illégales, telles que l'envoi de spams, l'hébergement de contenus pédopornographiques et le lancement d'attaques au moyen de logiciels rançonneurs.

On estime qu'il existe aux Pays-Bas entre huit cents et deux mille hébergeurs, qui louent de l'espace sur des serveurs informatiques pour, par exemple, faire tourner un site internet ou entreposer de grandes quantités de données. Un grand groupe de locataires et de revendeurs internationaux (des entreprises qui sous-louent à leur tour de l'espace) ont recours à leurs services.

Parmi ces revendeurs, il y a des sociétés douteuses qui proposent leurs services à des cybercriminels. Il arrive ainsi que des attaques au moyen de logiciels rançonneurs ou autres soient lancées à partir d'autres pays via des hébergeurs légitimes néerlandais.

Il est difficile de poursuivre ces revendeurs dans la pratique. Un règlement européen dispose en effet que les hébergeurs ne peuvent pas être tenus responsables de la manière dont leurs serveurs sont utilisés.

En ce qui concerne le caractère transversal de la présente question écrite : les différents gouvernements et maillons de la chaîne de sécurité se sont accordés sur les phénomènes qui devront être traités en priorité au cours des quatre prochaines années. Ceux-ci sont définis dans la note-cadre de sécurité intégrale et dans le plan national de sécurité 2022-2025 et ont été discutés lors d'une conférence interministérielle à laquelle les acteurs de la police et de la justice ont également participé. Il s'agit d'une matière transversale qui relève également des Régions, le rôle de ces dernières se situant surtout dans le domaine de la prévention.

Je souhaiterais dès lors vous poser les questions suivantes :

1) Pourriez-vous indiquer le nombre de procès-verbaux, d'affaires pénales, de plaintes, etc., qui, pour chacune des trois dernières années, concernent des hébergeurs belges ayant des contenus illégaux sur leurs serveurs? Combien de ces plaintes ont été déposées par les sites d'hébergement eux-mêmes? Combien l'ont été par des clients? Combien de ces plaintes émanent de visiteurs ou d'utilisateurs des sites hébergés par de tels hébergeurs ? Combien de ces plaintes ont été déclarées recevables et quelles peines ont été infligées?

2) Pourriez-vous préciser la nature des infractions commises par de tels hébergeurs belges au cours des trois dernières années? Veuillez, si possible, ventiler votre réponse par catégorie (spam, contenu illégal ou criminel, logiciel rançonneur, etc.). Êtes-vous en mesure de chiffrer les dommages subis par nos entreprises sur une base annuelle?

3) Parmi les plaintes précitées émanant ou concernant des hébergeurs, combien dénonçaient des pratiques illégales commises par des «revendeurs», c'est-à-dire des sociétés qui sous-louent de l'espace sur certains serveurs?

4) Quelle est l'ampleur de la cybercriminalité mondiale, sous toutes ses facettes, commise à partir de serveurs belges? Pourriez-vous décrire les tendances observées au cours des cinq dernières années?

5) Estimez-vous que la politique belge actuelle en matière de lutte contre la cybercriminalité suffise à dissuader les personnes se livrant à des activités criminelles via des hébergeurs néerlandais? Si oui, quelles sont les mesures les plus efficaces à cet effet, selon vous? Si non, quels points doivent encore être améliorés, selon vous?

6) Pourriez-vous indiquer dans quelle mesure les cadres relatifs aux hébergeurs belges ont été détaillés? Pourriez-vous préciser dans quelle mesure ont tient compte de la possibilité que ces parties d'espaces de serveurs soient «sous-louées? Si ce n'est pas encore le cas, quelle en est la raison ?

7) Quelles mesures ont déjà été prises pour éviter les abus commis aussi bien par les fournisseurs d'accès à internet que par les hébergeurs? Pouvez-vous indiquer s'il existe, comme aux Pays-Bas, une liste des personnes ou entreprises qui sont connues pour se livrer à des pratiques malhonnêtes via des espaces sous-loués sur des serveurs d'un hébergeur. Selon vous, comment pourrait-on faire en sorte que les fournisseurs soient mieux informés de ces pratiques malhonnêtes? Quelles mesures ont déjà été prises à cet égard? Veuillez illustrer votre réponse à l'aide d'exemples.

8) Dans quelle mesure la Federal Computer Crime Unit peut-elle mettre fin à ces pratiques malhonnêtes en ligne? Selon vous, quels sont les mesures et les types d'approche les plus efficaces pour les faire cesser? Selon vous, quelles sont encore les lacunes dans la législation qui peuvent faire obstacle à cette action?

Réponse reçue le 28 avril 2022 :

1) à 3) La Banque de données nationale générale (BNG) est une base de données policières dans laquelle sont enregistrés les faits sur base des procès-verbaux résultant des missions de police judiciaire et administrative. Elle permet de réaliser des comptages sur différentes variables statistiques telles que le nombre de faits enregistrés, les modus operandi, les objets liés à l’infraction, les moyens de transport utilisés, les destinations de lieu, etc.

Il est possible, sur base des informations disponibles dans la BNG, de fournir des rapports statistiques sur une large sélection de délits ICT (criminalité informatique, ransomware, phishing, fraude à la carte de paiement, etc.). Il n’est cependant pas possible, sur base des variables statistiques présentes dans la banque de données policières, d’établir le nombre de sociétés d’hébergement belges qui hébergent des données illégales ou de déterminer dans quel pays se trouve le serveur par le biais duquel ces délits ont été commis.

Pour le surplus, je vous renvoie vers le ministre de la Justice.

4) Pour répondre correctement à cette question, nous aurions besoin non seulement de nos propres chiffres, mais aussi de chiffres internationaux corrects et complets. Comme nous ne disposons pas de ces chiffres, il n’est pas possible de répondre à cette question de manière quantitative.

Toutefois, nous savons que, contrairement à certains de nos pays voisins, nous disposons d’une infrastructure de serveurs relativement limitée sur notre territoire, ce qui nous amène à penser que la part de la Belgique est plutôt limitée dans ce contexte. Cela est confirmé par le nombre relativement faible de demandes de protection des données que nous recevons de l’étranger chaque année.

5) & 7) Ces questions parlementaires ne relèvent pas de mes compétences mais de la compétence du premier ministre dont dépend le Centre for Cyber Security Belgium (CCB) et de la compétence du ministre de la Justice.

6) Cette question parlementaire ne relève pas de mes compétences mais de la compétence du ministre de la Justice.

8) La Federal Computer Crime Unit (FCCU) de la direction centrale DJSOC est spécifiquement engagée dans la lutte contre les formes graves de criminalité informatique, y compris celles qui nécessitent une réaction rapide en cas d’incidents affectant les infrastructures critiques et vitales. Elle apporte également pour les services centraux un soutien spécialisé dans l’examen forensiques des supports de données numériques et développe une expertise dans certains matières de haute technologie, et ce, au service de l’ensemble de la police intégrée. Les tâches de la FCCU comprennent également l’échange d’informations internationales.

Pour la police fédérale, la FCCU s’est engagée à collaborer à des projets européens visant à lutter contre les services d’hébergement dits «pare-balles» et les infrastructures de serveurs utilisées à des fins criminelles.

Dans la pratique, cependant, la FCCU n’a pas été chargée de recherches ou de projets concrets dans ce domaine, en partie en raison de ses capacités limitées et en partie parce que notre pays compte moins de grands fournisseurs d’hébergement que les Pays-Bas ou la France, par exemple, et que le problème est donc moins aigu.

Outre la FCCU, d’autres services de police peuvent jouer un rôle en la matière: lorsqu’il s’agit de supprimer ou de bloquer des contenus illicites, la cellule i2 (Internet Investigations) de DJSOC est impliqué et lorsqu’une enquête est géographiquement localisée, elle peut également être menée par la Regional Computer Crime Unit (RCCU) de l’arrondissement en question.

Pour ce qui concerne d’éventuelles modifications dans la législation, je vous renvoie vers le ministre de la Justice.