Version à imprimer bilingue Version à imprimer unilingue

Question écrite n° 6-384

de Petra De Sutter (Ecolo-Groen) du 8 janvier 2015

au vice-premier ministre et ministre de la Coopération au développement, de l'Agenda numérique, des Télécommunications et de la Poste

Santé sexuelle et reproductive - Moyens - Diminution - Mesures

santé génésique
maladie sexuellement transmissible
épidémie
sida
santé publique

Chronologie

8/1/2015Envoi question (Fin du délai de réponse: 12/2/2015)
16/1/2019Rappel
5/2/2019Réponse

Question n° 6-384 du 8 janvier 2015 : (Question posée en néerlandais)

Le rapport «Een analyse van de federale uitgaven voor seksuele en reproductieve gezondheid en rechten en hiv in 2013» du centre flamand d'expertise de la santé sexuelle Sensoa montre que les dépenses pour les IST, le vih et le sida sont passées de 14 millions d'euros en 2012 à 13,7 millions d'euros en 2013. Le nombre de projets concernant spécifiquement le vih et les moyens dégagés à cette fin baissent eux aussi sensiblement.

Cette tendance est inquiétante.

Les chiffres révèlent en effet que l'on s'intéresse de moins en moins au vih dans la coopération au développement. La lutte contre le vih demeure pourtant cruciale pour la santé publique. Nous devons maîtriser l'épidémie - comme celle d'ébola - afin de protéger les citoyens du monde entier.

Étant sincèrement préoccupée par cette situation, je vous adresse les questions suivantes.

1) Vous affirmez vouloir faire de «la santé et des droits sexuels et reproductifs» une priorité. Comment comptez-vous exactement vous y prendre pour que ces paroles ne restent pas lettre morte?

2) Quelles mesures prendrez-vous pour inverser la tendance à la baisse (du nombre de projets et des moyens) mentionnée?

3) Les épidémies comme celle du vih sont une menace pour la santé publique et les mesures préventives peuvent à terme épargner de nombreuses dépenses à l'assurance maladie. De quelle manière allez-vous collaborer à cet égard avec la ministre fédérale des Affaires sociales et de la Santé publique et avec le ministre flamand du Bien-Être, de la Santé publique et de la Famille?

Réponse reçue le 5 février 2019 :

1) La santé et les droits sexuels et reproductifs (SDSR) sont en effet une priorité de ma politique de développement international.

Votre question me permet de mettre en évidence quelques aspects spécifiques.

À titre d’exemple, on peut relever que les programmes de coopération bilatéraux actuels comportent six projets de coopération déléguée avec le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) d'un montant total de 15,15 millions d'euros (le Burkina Faso, la Guinée, le Bénin, le Maroc, le Mali, le Niger). Ces projets sont réalisés entre 2016-2019.

Cependant, je tiens à souligner des éléments nouveaux de ma politique :

Cette priorité pour les SDSR se traduit par une augmentation des financements ciblés mais aussi par le plaidoyer pour les droits des femmes et des filles et la promotion de SRHR sur le plan international et dans les pays partenaires.

Dans cette optique, la Belgique joue un rôle de pionnier dans le mouvement international « SheDecides », qui défend les droits des femmes et des filles et plus spécifiquement leur santé et leurs droits en matière de sexualité et de reproduction.

En réaction à la décision prise en janvier 2017 par le président américain, de réduire considérablement le financement pour les SDSR, la Belgique a lancé avec les Pays-Bas, le Danemark et la Suède, le mouvement « She Decides ». Lors d’une conférence internationale à Bruxelles, en mars 2017, à laquelle ont participé plus de cinquante pays, 181 millions d’euros ont été récoltés. Presque deux ans plus tard, plus que 800 millions d’euros a été récolté.

La Coopération belge au développement a elle-même jusqu’à présent consacré près de 30 millions d’euros supplémentaires aux SDSR.

En 2017, la Belgique a attribué un montant supplémentaire de 16,5 millions d'euros pour des organisations actives dans le domaine de SDSR dans les pays les plus pauvres et qui sont affectés par la diminution des contributions des États-Unis, notamment le FNUAP et l'International Planned Parenthood Federation (IPPF ). Cet appui belge (5 millions d'euros) permet à IPPF de continuer à travailler au Burundi, au Burkina Faso, au Lesotho, au Mozambique, en Tanzanie et en Ouganda.

En 2018, la Belgique a affecté un montant supplémentaire de 12,4 millions d'euros principalement à l’UNICEF et au FNUAP pour leur programme « lutte contre le mariage des enfants » et à « UNFPA supplies » pour un meilleur accès aux moyens de contraception moderne.

À côté de cela, la Belgique s’attachera plus particulièrement, dans le cadre de ses programmes de coopération bilatérale au cours des six prochaines années, aux droits sexuels et reproductifs et au planning familial, mobilisant un montant de 30,5 millions d’euros : dans les nouveaux portefeuilles de pays pour le Bénin, le Burkina Faso, la Guinée, le Sénégal et la Palestine, qui sont en cours de préparation, la santé et les droits sexuels et reproductifs sont une priorité.

Enfin, en complément des financements, la Belgique continue à s’impliquer dans la promotion de la santé et droits sexuels et reproductifs dans les pays partenaires et sur la scène internationale.

Nous allons continuer à travailler avec le mouvement SheDecides et promouvoir les droits des femmes et des filles afin qu’elles puissent elles-mêmes faire les choix importants pour leur santé et leur avenir.

Selon Sensoa, La Belgique fait partie du top-3 des pays qui ont augmenté leur appui à la santé et droits sexuels et reproductifs.

2) Le caractère épidémique du VIH/SIDA est devenu une maladie endémique avec un taux de mortalité fortement réduit, grâce à de nombreuses années d’ efforts.

Dans l’état actuel, la maladie Ebola est une maladie très infectieuse avec un taux de mortalité très élevé, dont la connaissance et le traitement ne sont pas encore maîtrisés.

C'est le résultat d'années de campagnes d'information, de la disponibilité du test rapide simple, de l'accès au traitement du VIH entre autres pour les personnes vulnérables de nos pays partenaires, des très bons résultats obtenus dans la transmission mère-enfant du VIH, etc. Ces résultats ont pu être atteints grâce à des années d’investissement dans la recherche au sein de l'Institut de médecine tropicale d’Anvers, et de financement du Fonds mondial, de l'ONUSIDA, et de divers projets spécifiques sur le VIH/SIDA.

Le suivi et l’évaluation de trente-cinq ans de projets de VIH/SIDA indique qu'une attention particulière devrait être accordée à des stratégies novatrices de qualité, à l'efficacité des financements, et ce afin d’obtenir des résultats encore meilleurs et de sensibiliser les jeunes aux risques d'infection au VIH.

Les synergies, l’efficience et le travail axé sur les résultats sont la clé de meilleurs résultats. La Belgique admet qu’une attention particulière devrait être accordée à la qualité et le flux ininterrompu en matière d’une alimentation logistique de médicaments, au matériel de test afférent au VIH, aux populations clés, à l'information et à la prévention au niveau communautaire. La prévention est primordiale.

La Coopération belge au développement ne finance plus des projets qui travaillent uniquement sur le VIH. La réponse au VIH est intégrée dans les projets SRHR (santé et droits sexuels et reproductifs, projets émancipateurs, égalité des sexes, travail décent, etc.). La Coopération belge au développement continue à soutenir les activités VIH à travers le système de santé intégré. À ce jour, elle le fait encore en soutenant des projets de soins de santé primaire menés par certaines ONG, en contribuant au financement de base d'organisations particulièrement axées sur le VIH/SIDA (ONUSIDA, OMS, GFATM) et au financement de certains accords de coopération bilatéraux qui renforcent les systèmes de santé et incluent le VIH dans le « paquet minimal de soins ».

En 2019, la Belgique sera membre du Conseil de coordination du programme de l'ONUSIDA et coordinateur du groupe constitutif (Benelux-Portugal). En conséquence, mon administration organisera dans la mesure du possible plusieurs événements pour attirer à nouveau l'attention sur le VIH.

3) La réponse au VIH/SIDA en Belgique ne ressort pas de mes compétences, mais bien de la compétence des entités fédérales et fédérées concernées (dont la ministre fédérale de la santé).