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Question écrite n° 6-1652

de Martine Taelman (Open Vld) du 23 novembre 2017

au vice-premier ministre et ministre de la Sécurité et de l'Intérieur, chargé de la Régie des bâtiments

Fentanyl - Augmentation de la consommation - Trafic de drogue en ligne - Chiffres - Europol - Approche policière - Campagne de prévention - Concertation avec les Communautés

stupéfiant
substance psychotrope
trafic de stupéfiants
Internet
commerce électronique
risque sanitaire

Chronologie

23/11/2017Envoi question (Fin du délai de réponse: 28/12/2017)
9/12/2018Dossier clôturé

Aussi posée à : question écrite 6-1653
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Question n° 6-1652 du 23 novembre 2017 : (Question posée en néerlandais)

Avec l'essor d'internet, suivre le trafic mondial des stupéfiants devient de plus en plus difficile. Il apparaît que les jeunes se procurent de plus en plus de drogues sur mesure sur internet, plus spécifiquement sur ce qu'on appelle des « online drugsshops ».

Nous apprenons aujourd'hui que dix personnes meurent chaque année à la suite de la vente du Fentanyl, un puissant opiacé, et de ses dérivés. Le toxicologue Jan Tytgat parle d'une tendance préoccupante. Selon Europol, le commerce de Fentanyl est le marché qui se développe le plus rapidement, ce qui est particulièrement inquiétant. Le Fentanyl et ses dérivés sont en effet des opiacés durs, cent fois plus puissants que la morphine. Cela fait déjà longtemps que j'attire l'attention sur le succès grandissant de cette drogue spécifique étant donné les conséquences très lourdes qu'elle comporte pour la santé publique. Aux États-Unis, 20 145 personnes sont décédées en 2016 à cause du Fentanyl.

Le profil des personnes qui ont fait une overdose est également préoccupant. Il concerne des consommateurs de drogue non connus. Il s'agit surtout de personnes dans la vingtaine et la trentaine qui se livrent à des expériences.

Europol appelle à une approche policière innovante. Je soutiens cet appel. On doit également essayer d'informer, via des messages de prévention, ces jeunes qui se livrent à des expériences et achètent ces drogues sur internet, souvent sur le « darknet », sans se rendre compte de leur effet destructeur et du degré élevé de mortalité qu'elles présentent.

Depuis la modification, par une loi du 7 février 2014, de la loi du 24 février 1921 concernant le trafic des substances vénéneuses, soporifiques, stupéfiantes, psychotropes, désinfectantes ou antiseptiques et des substances pouvant servir à la fabrication illicite de substances stupéfiantes et psychotropes, le Roi peut interdire, non seulement les substances identifiées individuellement, mais aussi les familles de substances identifiées par une structure chimique en partie commune, ce qui permet de prévenir la mise sur le marché de produits nouveaux ainsi que de produits ayant la même structure.

Par ailleurs, le Moniteur belge du 13 octobre 2011 a publié deux arrêtés royaux du 26 septembre 2011 visant à lutter contre ce phénomène. En vertu de ces arrêtés royaux, toutes les nouvelles substances, appelées «cannabinoïdes de synthèse», ainsi que d'autres drogues dites légales sont désormais proscrites. Des informations spécifiques sont actuellement données aux agents de police et aux magistrats afin de les conscientiser à ces nouvelles substances interdites.

Les drogues sont une matière communautaire transversale. Les Communautés sont compétentes pour la prévention en matière de santé publique. Le contrôle du trafic des produits illégaux est une matière fédérale.

Dans ce cadre, j'aimerais poser les questions suivante au ministre :

1) Que pensez-vous de ces informations inquiétantes concernant l'augmentation de la consommation de Fentanyl et de ses dérivés et le nombre élevé de décès et d'admissions aux urgences qui y sont liés ? Disposez-vous de chiffres récents illustrant cette augmentation ?

2) Pouvez-vous m'indiquer combien de personnes sont décédées au cours de chacune de ces trois dernières années ? À combien d'admissions aux urgences la consommation de Fentanyl et de produits dérivés a-t-elle donné lieu et ce, à la lumière des informations récentes ? Cette tendance se poursuit-elle en 2017?

3) Envisagez-vous la possibilité d'aborder ce problème au niveau européen étant donné le caractère transfrontalier du marché en ligne des drogues et l'appel d'Europol ? Vous paraît­il opportun d'harmoniser la réglementation relative aux substances interdites au niveau de l'ensemble de l'Europe ? Dans l'affirmative, pouvez-vous préciser quelle méthode de travail on peut appliquer afin d'éviter que la législation ne soit constamment contournée ? Dans la négative, pour quelle raison ?

4) Combien de personnes ont-elles été poursuivies pour trafic de legal highs (Fentanyl et dérivés) dans notre pays ?

5) Disposez-vous de chiffres sur les quantités annuelles de substances, telles que le Fentanyl et dérivés, qui ont été saisies par nos services de douane au cours de ces trois dernières années ? Pouvez-vous, le cas échéant, expliquer cette évolution ?

6) Êtes-vous disposé à lancer concrètement, en coopération ou non avec les Communautés, une campagne de prévention, spécifiquement sur internet, qui soit orientée sur les jeunes, pour les avertir des dangers que présentent ces drogues synthétiques, en particulier le Fentanyl et ses dérivés ? Dans l'affirmative, pouvez-vous expliquer votre réponse ? Dans la négative, pourquoi ?

7) Comment voyez-vous le rôle des services de police présents sur internet en matière d'approche répressive et préventive ? Pouvez-vous préciser votre réponse ?

8) Quelles actions politiques concrètes avez-vous entreprises et comptez-vous entreprendre en réponse à l'appel d'Europol à une approche policière innovante ?

9) Êtes-vous disposé à travailler en concertation avec les différents moteurs de recherche internet afin qu'ils affichent un message de prévention clair dans les résultats de recherche, lors de l'introduction de mots-clés comme « legal high » ou « Fentanyl » ? Dans la négative, pourquoi et pouvez-vous expliquer votre réponse ?