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Question écrite n° 5-9456

de Nele Lijnen (Open Vld) du 2 juillet 2013

au vice-premier ministre et ministre de la Défense

Les robots tueurs

robot industriel
robotisation
nouvelle technologie
armement
armée

Chronologie

2/7/2013Envoi question
1/8/2013Réponse

Requalification de : demande d'explications 5-3504

Question n° 5-9456 du 2 juillet 2013 : (Question posée en néerlandais)

Human Rights Watch mène une campagne pour demander aux gouvernements de s'opposer au développement d'instruments de guerre totalement autonomes et agissant sans intervention humaine. Ces « robots tueurs » pourraient devenir une réalité en 2030, selon un rapport de l'armée américaine; ils formeraient alors la composante la plus faible d'une armée. Un autre rapport a annoncé que l'on travaillait actuellement à une autonomie contrôlée mais que l'autonomie complète était l'objectif ultime. En ce moment, le Pentagone exige encore qu'un homme décide si le robot ou le drone peut faire feu. Mais un robot totalement autonome serait capable de réagir bien plus rapidement à une situation et donc aussi faire feu plus rapidement. Si certains pays (Chine, Russie, …) continuent à développer ces technologies, les USA ou le Royaume-Uni ne voudront pas se laisser dépasser.

Les arguments contre de pareils « robots tueurs » sont nombreux. Le plus important est éthique : là où des soldats, même fanatisés et cruels, restent en fin de compte des êtres humains, ce n'est pas le cas des robots. Ils ne sont pas en état de prendre des décisions complexes de vie ou de mort. Pourraient-ils distinguer les civils des soldats, surtout dans des conflits où cette séparation n'est pas claire ? À la différence des êtres humains, il ne connaissent probablement pas la clémence, et il se pose la question de savoir s'ils se rendraient dans une situation sans issue. Même si on réussissait à donner une « conscience » aux robots, une autorité malveillante pourrait encore la déconnecter.

Des organisations de la société civile demandent que l'on interdise préventivement le développement et l'utilisation de ces robots, avant que l'opportunité, l'argent et l'urgence pour ces développements ne deviennent effectives.

J'aimerais poser au ministre les questions suivantes :

1) Que pense le ministre du développement de robots complètement autonomes comme éléments des guerres futures ? Pense-t-il que cela ait quelque crédibilité ? Est-il question d'une course aux armements dans ce domaine entre les États-Unis et d'autres pays ?

2) Le ministre estime-t-il qu'il soit admissible, sur le plan éthique, que de tels robots puissent, à l'avenir, prendre de manière totalement autonome des décisions sur le champ de bataille, sans qu'un être humain ne fasse le choix de faire feu ? Peut-il expliquer sa position ?

3) Le ministre pense-t-il qu'un problème surgira autour de la responsabilité liée à des crimes graves commis par de pareils robots ?

4) Que pense-t-il de l'appel à arrêter ce type de développement, étant donné les préoccupations que suscitent ces robots guerriers totalement autonomes ?

5) Quel rôle joue déjà notre pays dans le développement de technologies permettant à des machines (partiellement) autonomes de combattre ? Le ministre pense-t-il que notre pays, à cause du rôle innovant de notre industrie de l'armement, contribuera à ces développements ? Peut-il expliquer sa position ?

Réponse reçue le 1 aôut 2013 :

L'honorable membre est prié de trouver ci-après la réponse à ses questions.

En ce qui concerne le développement de technologies de Défense, la Belgique s’oriente sur l'OTAN et l'Union européenne. Aucune de ces deux organisations n’a de projets en cours sur le développement de robots totalement autonomes. D’éventuels plans individuels d'autres pays dans ce contexte ne sont pas connus de la Défense.

Je peux donc confirmer qu’à la Défense aucun développement technologique dans le domaine « killer robots » ne se fait. Aucun projet dans cette direction n’est prévu dans un avenir proche. Le Service de Déminage et de Destruction d'Engins Explosifs dispose bien d’un robot, équipé d'un canon à eau à haute pression, qui vise à neutraliser des explosifs. Ce robot est intégralement sous surveillance humaine, donc également les tirs du canon à eau, mais je ne pense pas que l'on puisse parler d'un « killer robot », il s'agit plutôt d'un « saver robot ».