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Question écrite n° 5-7775

de Nele Lijnen (Open Vld) du 16 janvier 2013

à la vice-première ministre et ministre des Affaires sociales et de la Santé publique, chargée de Beliris et des Institutions culturelles fédérales

Drogues - Désomorphine - Krokodil - Effets - État de la question en Belgique

stupéfiant
toxicomanie

Chronologie

16/1/2013Envoi question
18/3/2013Réponse

Question n° 5-7775 du 16 janvier 2013 : (Question posée en néerlandais)

En 2011, dans notre pays on a porté quelque attention à la drogue appelée krokodil. C'est le surnom d'une variante auto-produite de la désomorphine, un dérivé de la morphine. La drogue serait aussi puissante que l'héroïne mais elle peut se révéler si possible encore plus destructrice. Le krokodil provient de Russie où de jeunes pauvres le fabriquent à partir de soufre, d'essence, de solvant à peinture, de sirop pour la toux, etc. Avec ces quelques ingrédients disponibles partout, on fabrique donc un cocktail bon marché mais extrêmement délétère. En Russie il y a des milliers de victimes de cette drogue.

Les conséquences de l'utilisation du krokodil sont effrayantes. La peau est profondément abîmée. On trouve sur l'internet des photos horribles d'utilisateurs qui semblent avoir été mordus par un crocodile, ce qui explique le surnom. À partir de la première prise de cette drogue, celui en devient dépendant n'a plus que deux ans d'espérance de vie, au mieux. Dans un article de presse de 2011 sur cette drogue, on rapportait qu'on ne connaissait pas encore de cas de dépendance au krokodil dans notre pays. Toutefois la drogue gagnerait en popularité en Europe et spécialement en Allemagne. Et cela parce que la fabrication du krokodil est très aisée et qu'il a un effet très puissant et très addictif.

Je voudrais poser quelques questions à ce sujet :

1) L'arrivée du krokodil a-t-elle jamais suscité de l'inquiétude à la Santé publique ? Savez-vous, madame la ministre, si la drogue est toujours aussi populaire, et si elle l'est aussi dans notre pays ?

2) A-t-on déjà prévu au SPF de la Santé publique quelque chose pour traiter les drogués au krokodil, étant donnés les effets terribles de cette drogue ? Si oui, pouvez-vous donner des explications ?

3) Madame la ministre, avez-vous connaissance de cas d'addiction au krokodil dans notre pays ? Si oui, pouvez-vous commenter la situation ?

Réponse reçue le 18 mars 2013 :

1-2-3) Le système belge d’alerte précoce sur les drogues (Belgian Early Warning System on Drugs) a été informé le 14 octobre 2011 par L’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies (OEDT) de l'usage en Europe d'une nouvelle drogue surnommée « Crocodile » (“Krokodil”). La méthode de production de la "Crocodile" recourt aux mêmes produits que ceux utilisés dans la fabrication de méthamphétamine.

Aucun cas de consommation ni d'intoxication par la "Crocodile" n'est connu à ce jour en Belgique. En outre, aucune intoxication par ce produit n'a été signalée dans l'Union européenne; en effet, ce problème est très localisé et essentiellement russe.

Il y a à cela une raison : les comprimés qui servent de produit de base à la fabrication de la "Crocodile" soit ne sont pas disponibles en Belgique soit le sont uniquement sur prescription médicale. Et ce contrairement à la Russie, où ces comprimés sont en vente libre dans toutes les pharmacies. Pour le moment, le produit de base (la codéine) se trouve encore facilement en Belgique sous forme de sirops pour la toux. En 2013, ces sirops seront toutefois soumis eux aussi à prescription (en cause, l’abus occasionnel qui en est fait). Du reste, ces sirops ne conviennent pas à la préparation éventuelle de la "Crocodile".