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Question écrite n° 5-7205

de Richard Miller (MR) du 25 octobre 2012

à la ministre de la Justice

Les écoles islamiques en Belgique financées par l'Arabie Saoudite

islam
Arabie saoudite
intégrisme religieux
organisation de l'enseignement
enseignement privé
sûreté de l'Etat

Chronologie

25/10/2012Envoi question
14/11/2012Réponse

Requalification de : demande d'explications 5-2510

Question n° 5-7205 du 25 octobre 2012 : (Question posée en français)

Vous avez récemment attiré l'attention sur une dizaine d'écoles islamiques financées par l'Arabie Saoudite, tout en soulignant l'existence de l'influence du courant wahhabite au sein de ces écoles. Dans celles-ci, la langue arabe y est enseignée, ainsi qu'une version radicale de l'Islam. Dans votre déclaration, vous avez signalé que certaines écoles étaient créées " à la demande expresse du régime grâce à des fonds provenant d'Arabie Saoudite ". Vous avez ajouté que cela " correspond à la volonté affichée par les autorités de ce pays de diffuser la forme officielle de l'islam en vigueur là-bas, le wahhabisme ".

La Sûreté d'Etat estime que ces écoles représenteraient un certain danger, étant donné leur caractère rigoriste et leur volonté d'étendre l'idéologie wahhabite au sein de notre société. Ainsi, ces écoles seraient susceptibles d'encourager le radicalisme religieux. Je voudrais en savoir davantage sur la reconnaissance de ces écoles, sur l'aspect légal de leur création et de leur financement, ainsi que sur les risques que constituent d'autres écoles d'enseignement religieux.

Cette dizaine d'écoles sont-elles reconnues par les autorités publiques, et par conséquent, les enfants scolarisés reçoivent-ils un diplôme équivalant d'une école classique ? L'Etat a-t-il un droit de regard sur ces écoles : sur leur financement, sur les programmes des cours etc. ? Quelle est la procédure légale pour la création de telles écoles ? Le financement de ces écoles est-il assumé entièrement par le royaume saoudien ? Enfin, quelles dispositions notre gouvernement envisage-t-il de prendre pour ce type d'écoles ?

Si la Sûreté d'Etat ne peut fournir le nombre de personnes fréquentant ces écoles, peut-elle indiquer quelles sont ces écoles, et où elles sont situées ? Quelle est la répartition entre les trois Régions qui composent notre pays ?

Réponse reçue le 14 novembre 2012 :

La Sûreté de l'État accorde une attention particulière à la problématique de l'extrémisme islamique en Belgique. Dans cette perspective, les initiatives en matière d'enseignement qui colportent des messages radicaux éveillent l'intérêt de ce service. Dans le cadre de l'article 7 de la loi organique des services de renseignement et de sécurité du 30 novembre 1998, la Sûreté de l'État n'exerce aucun contrôle sur les écoles. La Sûreté est un service de renseignement qui informe les autorités politiques et administratives compétentes en se fondant sur ses compétences légales.

Le contrôle de l'enseignement officiel est de la compétence des Communautés.

Les initiatives radicales en matière d'enseignement, en majorité créées par des personnes privées, utilisent généralement des cours d'arabe et des cours de religion islamique afin de répandre l'islamisme radical. Ces cours sont dispensés à divers endroits, dans les mosquées, les centres ou écoles islamiques. Le terme "école" est défini comme un établissement où on donne des cours. Il se rapporte donc également à des instituts, des centres ou des lieux d'apprentissage islamiques créés par des mosquées ou des associations.

Comme je l'ai déjà dit, la Sûreté de l'État accorde une importance particulière à tous les aspects relatifs aux initiatives en matière d'enseignement que prône l'islam radical mais elle n'exerce aucun contrôle officiel sur l'enseignement.

Compte tenu de ce qui précède, comptabiliser le nombre exact d'étudiants sera toujours irréaliste.

Certaines initiatives radicales en matière d'enseignement cherchent un soutien financier et logistique en Arabie saoudite. Nous attirons votre attention sur les récentes déclarations du président de la cellule de Traitement des informations financières au sujet des difficultés rencontrées pour détecter certains flux financiers liés à l'extrémisme.

J'ai reçu à ce sujet l'ambassadeur du Royaume d'Arabie saoudite le 10 septembre dernier à Bruxelles. Au cours de cet entretien il y a eu un échange d'idées au sujet de la manière de renforcer les relations entre nos deux pays et plus précisément sur les efforts communs à entreprendre pour lutter contre le terrorisme et l'extrémisme sous toutes leurs formes, quelle que soit leur origine. L'ambassadeur du Royaume d'Arabie saoudite a souligné les efforts du gouvernement et du souverain saoudien dans la lutte contre le terrorisme et l'extrémisme ainsi que les efforts fournis pour diffuser une culture du dialogue entre les religions et les cultures. J'ai remercié l'ambassadeur saoudien pour ces précisions et j'ai insisté sur la nécessité de renforcer et d'intensifier les contacts entre spécialistes des deux pays par l'échange d'informations et par la coopération afin de promouvoir les efforts conjoints dans la lutte contre le terrorisme et l'extrémisme. Ces contacts entre les services de sécurité des deux pays sont en préparation.

La Sûreté de l'État a entamé une concertation avec les ministres des Communautés qui ont l'enseignement dans leurs compétences.