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Question écrite n° 5-6116

de Bert Anciaux (sp.a) du 24 avril 2012

au vice-premier ministre et ministre des Affaires étrangères, du Commerce extérieur et des Affaires européennes

Son entretien avec le ministre chinois des Affaires étrangères

Chine
droits de l'homme
question du Tibet

Chronologie

24/4/2012Envoi question
18/6/2012Réponse

Requalification de : demande d'explications 5-1997

Question n° 5-6116 du 24 avril 2012 : (Question posée en néerlandais)

Le 20 février, le ministre a ravi le monde entier par un « tweet », comportant un lien vers un communiqué de presse en ligne relatif à un accord fructueux entre la Belgique et la République populaire de Chine, d'où il ressortait une grande volonté de coopérer plus étroitement sur le plan économique et commercial. Cette rencontre entre le ministre et son homologue chinois M. Zhang Zhijun a eu lieu le 8 février .

À côté de la discussion sur les intérêts économiques, le ministre devait également mettre sur le tapis des problèmes politiques internationaux tels que la situation en Syrie et le programme nucléaire iranien. Il aborderait également -selon le communiqué- certaines questions chinoises internes telles que la question du Tibet et la situation des droits de l'homme dans le pays.

À quels résultats concrets ces pourparlers entre la Belgique et la République populaire de Chine ont-ils mené, notamment sur le plan économique et commercial ? Que représente concrètement cet accord ? A-t-il été conclu conformément à la stratégie commerciale de l'UE qui en définitive, est exclusivement compétente pour la politique commerciale commune ? Dans le cadre de cet accord, le ministre a-t-il suffisamment tenu compte de la réciprocité de cet accord (en matière d'emplois et de rentrées fiscales pour la Belgique) et peut-il illustrer cela ? Le ministre a-t-il abordé la question du protectionnisme chinois, en particulier sur le plan des marchés publics ? Avec quels résultats ?

Une constante dans les relations avec la Chine semble être que seuls les accords économiques sont fructueux. Quant aux droits de l'homme ou à leurs responsabilités internationales, les Chinois semblent aussi inflexibles que l'acier qu'ils déversent sur nos marchés à coups d'aides publiques. Personnellement, j'interpréterais plutôt cette concertation comme un petit numéro formel que l'on débobine en vitesse après les importantes discussions économiques.

Quels points le ministre a-t-il abordés à propos de la situation en Syrie et du programme nucléaire iranien ? Qu'a annoncé le ministre à cette occasion et qu'a-t-il demandé, suggéré ou conseillé en l'espèce à son homologue chinois ? Avec quels résultats ?

De quelle manière le ministre a-t-il abordé la question du Tibet et la question des droits de l'homme en Chine ? Qu'a annoncé le ministre à cette occasion et qu'a-t-il demandé à son homologue chinois ? Avec quels résultats ?

Réponse reçue le 18 juin 2012 :

Le 8 février 2012 j’ai eu l’honneur de rencontrer le vice-premier ministre chinois des Affaires étrangères Zhang Zhijun, et non pas le ministre des Affaires étrangères, comme l’honorable membre l’indiquait dans sa question.

Le temps réservé à l’entretien était en effet limité. Par conséquent, tous les sujets soulevés par l’honorable membre dans sa question n’ont pas pu être abordés en profondeur. Nous nous sommes attardés sur les thèmes suivants : relations bilatérales générales, crise financière européenne, Syrie, Iran, Afrique et les droits de l’homme/Tibet.

En ce qui concerne les relations bilatérales, nous avons rappelé le 40ème anniversaire des relations diplomatiques ainsi que le grand intérêt des entreprises belges pour le marché chinois. Il y a en effet eu une grande affluence pour participer à la mission princière en Chine en octobre dernier. J’ai demandé à mon interlocuteur d’encourager les entreprises chinoises à découvrir la Belgique et y envisager des investissements. Et pour cause, la Belgique offre une base idéale pour les entreprises hors Union européenne (UE) désireuses d’explorer le marché européen. Notre pays a par ailleurs connu plusieurs expériences positives avec les entreprises chinoises ces dernières années. COSCO a investi dans le port d’Anvers. Shanghai International Port en a fait de même au dock Albert II à Zeebrugge, Geely a racheté Volvo Gand avec l’ensemble du groupe Volvo. Le Bank of China et l’Industrial and Commercial Bank of China ont ouvert des établissement en Belgique. Ce sont tous des investissements exemplaires qui stimulent l’activité économique en Belgique et créent ou maintiennent de l’emploi.

Bien entendu, la Belgique respecte, au cours de chacune des étapes qu’elle entreprend dans le cadre de sa diplomatie économique, la répartition de compétences entre les États membres et l’EU ainsi que la stratégie commerciale de l’UE. La simple promotion de la Belgique en tant que partenaire commercial et d’investissement ne peut en l’occurrence être d’aucune manière contradictoire à cet égard. La Belgique se sent par ailleurs soutenue par l’action de l'UE et soutient la politique européenne au sein des instances du Conseil.

Sur la Syrie, j’ai insisté sur le fait que, vu l’extrême violence dans la région, nous avions des difficultés à comprendre que la Chine ne soutienne pas la résolution UN.

En ce qui concerne l’Iran, j’ai indiqué que le succès de l’embargo dépendait du soutien de pays tiers. L’objectif des sanctions européennes est précisément de convaincre l’Iran de revenir à la table des négociations et de s’y engager de manière sérieuse.

En ce qui concerne le Tibet, j’ai exprimé, au cours de notre entretien, mon inquiétude vis-à-vis de la situation dans la région, sur la vague d’immolations et l’approche chinoise trop sévère des manifestations tibétaines.

Il est important que les autorités chinoises comprennent directement de leurs collègues européens que nous sommes extrêmement attentifs aux évolutions que connait la Chine. Il m’est apparu que le vice-premier ministre des Affaires étrangères Zhang Zhijun m’a écouté attentivement et a pris notes avec intérêt de mes arguments.