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Question écrite n° 5-5726

de Nele Lijnen (Open Vld) du 29 février 2012

au vice-premier ministre et ministre des Affaires étrangères, du Commerce extérieur et des Affaires européennes

Sénégal - Président Wade - Élections - Démocratie

Sénégal
élection présidentielle
situation politique

Chronologie

29/2/2012Envoi question
9/5/2012Réponse

Question n° 5-5726 du 29 février 2012 : (Question posée en néerlandais)

La prochaine élection présidentielle au Sénégal suscite de plus en plus de protestations. Pour la troisième fois, le président Abdoulaye Wade est candidat à sa propre succession. Il y a peu de temps encore, c'était interdit par la Constitution, jusqu'au moment où celle-ci fut adaptée par Wade lui-même. En 2008, après son premier mandat, il décida qu'un président pouvait être élu à deux reprises pour un septennat (au lieu de deux fois un quinquennat). Cela devait lui permettre de se présenter une fois encore aux élections. Il y a un mois, une commission s'est penchée sur la question et a estimé que Wade agit en toute légalité. Les critiques affirment toutefois que le président a décidé lui-même de la composition de la commission.

Habituellement, le Sénégal est un pays relativement stable, où des élections libres ont lieu depuis le 19e siècle déjà. Aujourd'hui, la population proteste et des incidents graves se produisent. Les manifestants craignent que la démocratie ne soit en danger et veulent un changement parce que l'économie du Sénégal se détériore et qu'un nombre sans cesse croissant de personnes souffrent de la faim. Entre-temps, au moins six personnes ont déjà perdu la vie au cours de manifestations.

Je souhaite une réponse circonstanciée aux questions suivantes.

1) Comment évaluez-vous les derniers développements ? Que pensez-vous du fait que le président Wade se présente une fois encore aux élections ?

2) Considérez-vous cela comme une menace pour la démocratie au Sénégal ? Dans l'affirmative, quelles démarches jugez-vous opportunes ? Dans la négative, pour quelle raison ?

3) Cette question est-elle à l'agenda des forums internationaux ? Dans l'affirmative, quelle est l'attitude de ces forums à l'égard de ces développements ?

Réponse reçue le 9 mai 2012 :

1. L’élection présidentielle sénégalaise, s’est finalement relativement bien déroulée et l’on peut saluer que le président sortant Abdoulaye Wade, ait immédiatement concédé la défaite et reconnu la victoire de son successeur, Monsieur Macky Sall. L’on pouvait en effet avoir certaines craintes, en particulier lors du premier tour, qui a été marqué par un contexte politique très tendu, l'opposition contestant la constitutionnalité de la candidature du président sortant. Celle-ci a néanmoins été validée par le Conseil Constitutionnel. Le cadre juridique régissant l’élection présidentielle propose une base adéquate pour l’organisation d’élections conformes aux obligations et engagements régionaux et internationaux auxquels le Sénégal adhère.

2. L’alternance du pouvoir a démontré que ces élections ne représentaient pas une menace pour la démocratie, comme vous l’indiquez, mais bien le contraire. Toutefois, je déplore les incidents violents qui ont marqué la campagne électorale ainsi que les atteintes au respect de la liberté de manifester pacifiquement. Certaines incohérences juridiques et défaillances procédurales qui ont entaché la phase de validation des candidatures nécessiteront des ajustements pour le futur. On peut cependant se féliciter de ce que la situation difficile à la veille du scrutin n’ait pas empêché les électeurs sénégalais d’adopter un comportement responsable et d’exercer leur devoir de citoyen. Les médias sénégalais ont en outre joué un rôle positif d’information à l’égard des électeurs par une large couverture de la campagne électorale incluant toutes les sensibilités politiques.

Je suis heureux de voir la détermination des citoyens et des institutions sénégalaises à faire vivre la démocratie. Elu avec 65 % des suffrages, Monsieur Macky Sall a prêté serment devant une dizaine de chefs d'État ce 2 avril et déjà nommé un nouveau premier ministre. Il faut également saluer l'esprit de responsabilité dont a fait preuve le président sortant, Abdoulaye Wade.

3. Le processus électoral au Sénégal fait bien sûr l’objet d’un suivi attentif dans les enceintes internationales comme en témoignent différentes déclarations dont celle Madame Ashton le 26 mars. Cette dernière félicite notamment le peuple sénégalais, ses dirigeants, les partis politiques et la société civile pour l'esprit démocratique dont ils ont fait preuve. Le Chef de la mission d’observation électorale de l’Union européenne a, quant à lui, souligné la bonne organisation du scrutin - même si quelques irrégularités ont pu être constatées – salué le président Abdoulaye Wade comme un acteur politique de premier plan.