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Question écrite n° 5-4367

de Marie Arena (PS) du 28 décembre 2011

à la ministre des Classes moyennes, des PME, des Indépendants et de l'Agriculture

La recrudescence de la peste porcine africaine

peste animale
FAO
Russie
Géorgie
Arménie
épidémie
Afrique subsaharienne

Chronologie

28/12/2011Envoi question
28/1/2012Réponse

Réintroduction de : question écrite 5-3789

Question n° 5-4367 du 28 décembre 2011 : (Question posée en français)

Il y a quelques semaines, l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) a fait savoir qu'elle craignait une recrudescence de la peste porcine africaine, une maladie mortelle des porcs, dans la région du Caucase et la Fédération de Russie. D'autant que selon la FAO, la souche du virus de la peste porcine africaine (PPA) qui se propage actuellement est agressive. Elle a dès lors insisté auprès des pays touchés pour qu'ils prennent des mesures afin d'éviter que l'épidémie n'atteigne l'hémisphère Nord. Parmi les stratégies préventives demandées, il y a la mise en quarantaine, la sécurité à la ferme, etc. D'après la FAO, la peste porcine africaine a pénétré en Géorgie en provenance de l'Afrique australe fin 2006, par le port de Poti sur la mer Noire, où des porcs ont consommé des déchets déchargés d'un navire! Aujourd'hui, la maladie va vers le Nord à une vitesse moyenne de 350 km par an. Les épisodes infectieux sont liés aux saisons avec un plus grand nombre de foyers durant l'été et l'automne. Mais on a constaté aussi un phénomène distinct de "bonds" sur de longues distances. Par exemple, au printemps 2011, la maladie a touché le port de Mourmansk, à plus de 3 000 km de la Russie méridionale, et près de la frontière avec la Finlande. En 2009, elle a franchi 2 000 km jusqu'à Saint Petersbourg… Aujourd'hui, la PPA est désormais considérée comme établie en Géorgie, en Arménie et dans le sud de la Fédération de Russie. Et le nombre de "foyers longue distance" a augmenté chaque année. La Russie envisage de créer une zone tampon à proximité de la région infectée, ce qui pourrait interrompre la production porcine dans certaines zones et étendre les mesures aux populations de sangliers. Mais selon la FAO, lutter contre la maladie sera difficile car les agriculteurs préfèrent ne pas signaler la présence de foyers de PPA par crainte de voir leurs animaux abattus systématiquement sans indemnisation adéquate.

À ce sujet, je souhaiterais obtenir les informations suivantes :

- La peste porcine africaine étant endémique dans les pays d'Afrique sub-saharienne, pouvez-vous nous dresser un état de la situation des pays concernés et de l'impact que cela a sur les populations des pays touchés? Quelles sont les aides qui ont été octroyées par la Belgique et l'Europe dans ce cadre?

- Quelles sont les dernières nouvelles que vous avez concernant la propagation de cette épidémie? La Belgique et les pays limitrophes sont-ils préparés à l'éventualité d'une telle épidémie? Quelles sont les mesures qui ont été mises en place dans le cadre de l'Union européenne?

- Quelles sont les pressions que l'Europe peut exercer sur les pays concernés par l'épidémie pour que ces derniers prennent les mesures qui s'imposent pour juguler l'épidémie? Quelles sont les aides que la Belgique et l'Union européenne peuvent également apporter?

- La peste porcine africaine étant endémique dans les pays d'Afrique sub-saharienne, pouvez-vous nous dresser un état de la situation des pays concernés et de l'impact que cela a sur les populations des pays touchés? Quelles sont les aides qui ont été octroyées par la Belgique et l'Europe dans ce cadre?

Réponse reçue le 28 janvier 2012 :

En Afrique sub-saharienne, les espèces porcines sauvages (phacochères,…) jouent le rôle de réservoir de la peste porcine africaine. Ces porteurs ne présentent habituellement pas de signes cliniques. Les espèces qui présentent des signes cliniques lors de l'infection sont principalement les porcs domestiques et les sangliers européens.

De nombreux pays de l'Afrique sub-saharienne notifient très régulièrement des foyers chez des porcs domestiques, foyers qui concernent de quelques porcs à quelques dizaines de milliers de porcs. Ces foyers peuvent entraîner jusqu'à 100 % de pertes dans les cheptels touchés (mortalités dues au virus et abattages). Il est toutefois difficile de quantifier précisément l'impact de cette maladie sur l'ensemble du cheptel et sur les populations des pays touchés en Afrique sub-saharienne. Elle ne présente cependant aucun risque pour la santé humaine.

Aucune aide de la Belgique et de l'Europe n'a été octroyée dans le cadre de la lutte contre cette maladie. D'éventuelles autres aides relèvent de la Coopération au Développement.

En Europe, la maladie a été rapportée et éradiquée de la péninsule ibérique en 1994. Elle continue toutefois d'être détectée régulièrement en Sardaigne, à cause du mode d'élevage en plein air des porcs domestiques et de la présence du virus dans la population de sangliers sauvages. Plus récemment, la maladie est apparue dans le Caucase (Géorgie, Azerbaïdjan et Arménie) et en Russie.

Depuis 2007, la Russie a rapporté de nombreux foyers (plus de 200) à travers tout le territoire, concernant des porcs domestiques et des sangliers sauvages. 28 foyers ont été déclarés en 2011, et près de 90 000 porcs ont été abattus. Le dernier foyer a été recensé le 12 janvier 2012, non loin de la frontière de l’Ukraine et de la Géorgie, avec 35 000 porcs abattus.

Le 5 avril 2011, la Russie a lancé un large programme d'éradication de la peste porcine africaine dans les régions touchées. Les mesures planifiées sont :

Cette proximité de la frontière de l'Union représente un sérieux risque pour le cheptel porcin européen.

Par conséquent, en plus d'une Directive (Directive 2002/60/CE) et d'une Décision (Décision 2003/422/EC) établissant les mesures de lutte contre la peste porcine africaine, des mesures ont été prises par l'Union européenne concernant le transport de porcs vers la Russie (Décision 2011/78/EU). Ces mesures sont destinées à assurer un parfait nettoyage/désinfection des moyens de transport ayant servi à transporter des porcs en Russie pour ensuite revenir dans l'Union. Une autre Décision européenne avait également été précédemment prise (Décision 2005/363/CE) afin d'éviter la dispersion de la maladie à partir de la Sardaigne. En outre, l'importation dans l'Union européenne de porcs vivants ou de produits à base de viande porcine en provenance de Russie est interdite, y compris pour la consommation personnelle.

En Belgique, l'arrêté royal du 19 mars 2004 relatif à la lutte contre la peste porcine africaine établit les mesures de prévention et de lutte en cas d'apparition d'une suspicion ou d'un foyer chez des porcs domestiques ou sauvages.

Étant donné que des cas de peste porcine classique se sont déclarés dans un passé récent dans des pays limitrophes (sangliers en Allemagne et au Luxembourg), la Belgique s'est préparée à l'apparition d'un foyer de peste porcine classique sur son territoire (préparation de scénarios de crise), préparation qui est directement applicable pour un foyer de peste porcine africaine, les deux maladies étant semblables.

Ce risque de contamination de la peste porcine africaine à l'Europe est particulièrement d'actualité, comme en témoignent les recherches récemment mandatées par la Commission européenne afin d'évaluer ce risque de transmission, recherches dont les résultats ont été publiés récemment (Wieland B. et al, 2011, Qualitative risk assessment in a data-scarce environment: A model to assess the impact of control measures on spread of African Swine Fever). Des contacts sont pris par la Commission avec les services vétérinaires russes afin de les aider dans la lutte contre cette maladie.

L'aide la plus efficace que la Commission européenne pourrait apporter à la Russie est l'utilisation de son expertise dans le domaine par des missions vétérinaires européennes afin de lutter plus efficacement contre cette maladie.