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Question écrite n° 5-2778

de Nele Lijnen (Open Vld) du 15 juillet 2011

au ministre de la Défense

Afghanistan - Kunduz - Bandes criminelles et rebelles - Sécurité de nos unités

armée
force à l'étranger
Afghanistan

Chronologie

15/7/2011Envoi question
14/10/2011Réponse

Question n° 5-2778 du 15 juillet 2011 : (Question posée en néerlandais)

Une vingtaine de militaires belges sont présents et actifs dans différents domaines en Afghnistan dans la province de Kunduz. La plupart assurent un environnement sécuritaire en procédant au déminage ou au démantèlement des munitions, des explosifs, etc. Une quinzaine de belges sont occupés à l'aéroport de la Provincial Reconstruction Team (PRT) à Kunduz. Parallèlement, des militaires belges participent également à des missions dans la région de Kunduz dans le cadre de la CIMIC (Civil Military Cooperation). L'inquiétude prédomine dans divers rapports ainsi qu'au sein du parlement néerlandais à la suite de l'importante augmentation du nombre de bandes criminelles à Kunduz et des risques qui s'ensuivent pour les troupes présentes dans cette région.

Je souhaiterais par conséquent poser les questions suivantes au ministre :

1) Comment le ministre réagit-il face à l'inquiétude et aux articles parus dans la presse néerlandaise concernant les bandes progressant à Kunduz ? Quelles mesures supplémentaires a-t-il prises ?

2) Quel est l'impact de l'affluence de bandes criminelles et de la présence de divers groupes islamiques radicaux sur l'évaluation de la situation en matière de sécurité de notre présence à Kunduz ? Pouvez-vous expliquer quelles mesures concrètes sont prises, pour autant que cela soit possible, sans compromettre la sécurité de nos troupes sur place ?

3) Est-il exact que la police afghane ne ferait pas le poids face aux bandes criminelles et aux groupes islamiques radicaux ? Les informations de divers médias signalant que la police afghane n'intervient pas dans leurs activités criminelles sont-elles exactes ?

Réponse reçue le 14 octobre 2011 :

L’honorable membre est prié de trouver ci-dessous la réponse à ses questions :

  1. Instabilité à KUNDUZ

La présence de bandes armées liées à des activités criminelles n’est pas un phénomène neuf dans la province de KUNDUZ. Différentes mesures ont été initiées pour y répondre. L’action principale consiste à intégrer les milices privées dans des structures officielles.

C’est à cet effet qu’a été lancé en juillet 2010 le programme d’Afghan Local Police (ALP). Ce programme dépend du ministère afghan de l’Intérieur (MoI) et est soutenu par la coalition internationale. Il a pour objectif l’établissement de forces de sécurité dans les villages et les zones rurales afin de lutter contre la présence d’insurgés et/ou de groupes armés illégaux impliqués dans des activités criminelles. Ce programme s’étend actuellement sur 44 districts dans 16 provinces, dont la province de KUNDUZ, et a déjà permis d’enrôler 7 500 agents au sein de groupes représentant une trentaine de membres. Les membres de l’ALP reçoivent un salaire régulier ainsi qu’un équipement et un armement adéquat.

L’un des fondements de ce programme est qu’il n’est mis en place dans un district que si les représentants de la population locale de ce district marquent leur accord et s’ils désignent eux-mêmes les personnes appelées à être recrutées dans le cadre de l’ALP. Cette procédure garantit un ancrage local au programme et une acceptation populaire pour son fonctionnement. Le risque dès lors de voir des membres de l’ALP participer à des activités illicites est faible. Il n’est pas prévu que d’anciens insurgés intègrent le programme ALP mais l’ALP contribue à garantir la sécurité des insurgés qui choisissent d’être réintégrés.

2. Rôle de la police dans la lutte contre les bandes criminelles et les insurgés

La police afghane est structurée en différents corps spécialisés comprenant notamment une unité d’élite (Afghan National Civil Order Police) et une division responsable des affaires frontalières (Afghan Border Police). Le plus gros des troupes relève de l’Afghan Uniformed Police (AUP) qui est responsable de la plupart des missions de sécurité et de protection de la population.

Parallèlement à ces forces de police, de nombreuses milices privées sont actives en Afghanistan. Ces milices sont souvent impliquées dans des activités criminelles comme le trafic de drogue ou d’armes et entretiennent parfois des liens économiques ou idéologiques avec des groupes d’insurgés. Dans certaines zones, ces milices sont mieux équipées et plus nombreuses que les forces de police, favorisant les phénomènes de corruption ou de collusion au sein de ces dernières.

Depuis 2010, un accent particulier a été mis sur le développement de mesures permettant de combattre effectivement ce risque. La plus importante concerne la mise en place du programme ALP décrit plus haut. Parallèlement, des programmes de formation et d’entraînement ont été mis en place pour l’AUP.

Dans la province de KUNDUZ, ce programme est notamment pris en charge par les Pays-Bas. Par ailleurs, pour lutter contre la rémunération illégale de certains actes publics ou la multiplication de faux en écriture, des contrôles administratifs internes plus nombreux et plus poussés des forces de police sont mis en place et centralisés au niveau du MoI. Enfin, le programme de recueil et de centralisation des données biométriques qui est actuellement en développement vise notamment à réduire le risque que des membres de groupes insurgés n’infiltrent les forces de police.

Ces différentes mesures sont de nature à renforcer la fiabilité et l’efficacité des forces de police afghanes qui, ensemble avec les autres composantes des forces de sécurité, seront progressivement appelées d’ici à 2014 à reprendre le contrôle opérationnel de toutes les provinces du pays.