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Question écrite n° 5-2674

de Karl Vanlouwe (N-VA) du 4 juillet 2011

au vice-premier ministre et ministre des Affaires étrangères et des Réformes institutionnelles

La mutinerie de soldats au Burkina Faso

Belges à l'étranger
Burkina
violence politique
situation politique

Chronologie

4/7/2011Envoi question
19/7/2011Réponse

Requalification de : demande d'explications 5-955

Question n° 5-2674 du 4 juillet 2011 : (Question posée en néerlandais)

Le Burkina Faso se trouve dans une situation politique instable qui a été ignorée par les médias internationaux en raison des événements du Moyen-Orient. Ce pays ouest-africain est marqué par des mutineries de grande ampleur de soldats et d'agents de police, mais aussi par des manifestations d'étudiants et de commerçants. La mutinerie s'est entre-temps étendue au pays tout entier.

Tout a commencé le 22 février dernier à Koudougou, à 100 km de la capitale Ouagadougou, par le décès d'un étudiant en détention préventive. Officiellement, l'étudiant a succombé à une crise de méningite, mais sa famille et ses condisciples sont convaincus qu'il a été victime de violences policières. Les manifestations qui y firent suite s'inspiraient des événements survenus en Tunisie et en Égypte, et les manifestants ont réclamé, d'une part, la démission du président Compaoré, au pouvoir depuis 24 ans et, d'autre part, la justice pour les victimes de la mutinerie.

Le 14 avril, les soldats de Po, une ville située à 140 km au sud de Ouagadougou, mécontents des faibles salaires et des allocations de logement impayées, s'en sont pris à des véhicules et ont tiré en l'air. Quelques jours plus tard, d'autres unités de l'armée se sont jointes à la mutinerie, et cela dans tout le pays.

Le président Blaise Compaoré a nommé un nouveau premier ministre en date du 19 avril, s'est désigné ministre de la Défense, et a instauré un couvre-feu. Cela n'a pas empêché l'escalade de la violence. Une semaine plus tard, d'autres unités de la police et la garde présidentielle ont aussi cessé le travail pour protester contre leurs faibles salaires. Depuis lors, le président a fui la capitale pour rejoindre sa ville natale.

Jusqu'à présent, six personnes ont trouvé la mort lors de confrontations entre les soldats et les étudiants venus réclamer justice pour les actes criminels des mutins.

Jusqu'à présent, les initiatives du président Campaoré n'ont pas stabilisé la situation. Le Burkina Faso occupe la troisième position dans la liste des pays les moins développés d'Afrique et, avec 28,7 %, la troisième également dans celle des pays les moins alphabétisés du monde. Le pays subit aussi les effets des événements postélectoraux survenus en Côte d'Ivoire, son voisin plus riche.

Votre département a entre-temps adapté les conseils aux voyageurs à destination du Burkina Faso : tous les voyages sont actuellement fortement déconseillés et cela dans tout le pays.

Combien de compatriotes se trouvent-ils actuellement au Burkina Faso ?

Où en sont les négociations entre les parties en présence au Burkina Faso ?

Notre ambassade à Ouagadougou a-t-elle été épargnée par les pillages et les déprédations ?

Des compatriotes ont-ils été impliqués ou des intérêts économiques menacés ?

Quelles initiatives ont-elles été prises pour protéger nos compatriotes présents au Burkina Faso ?

Des ONG belges travaillent-elles dans ce pays ?

Réponse reçue le 19 juillet 2011 :

1. Environ 250 compatriotes résident au Burkina Faso.

2. Les troubles des deux derniers mois au Burkina Faso sont révélateurs d'un malaise profond. Le Président a visiblement cherché à restaurer la confiance, en se montrant plus attentif aux préoccupations des Burkinabés, notamment en s’impliquant dans des consultations directes avec les représentants des protestataires. Ces discussions ont abouti à la nomination d’un nouveau Premier ministre ainsi que d’un nouveau Chef d'État-major général. Les fauteurs de trouble ont accepté de rentrer dans leurs casernes et auraient adopté une attitude positive, après des gestes de bonne volonté du gouvernement (paiement des primes promises). S’il continue à donner des gages sur son mode d’exercice du pouvoir, et s’il y ajoute des réformes de fond dans le sens d’une plus grande justice sociale, le Président Compaoré pourrait être en mesure de stabiliser la situation à son avantage

3. Les locaux de l’Ambassade et de la Chancellerie n’ont pas subi de dommage particulier lors des récents évènements à Ouagadougou. Il faut toutefois signaler que notre Ambassadeur et son chauffeur ont été victime d’un car-jacking le 15 avril.

4. Des stagiaires de la coopération technique belge (CTB) qui se trouvaient en séminaire dans un hôtel d’Ouagadougou ont été menacés par des mutins qui voulaient à l'origine obtenir les clés de véhicules et l'argent du coffre. Le suivi attentif de notre Ambassade a permis de débloquer la situation et venir rapidement en appui à nos compatriotes.

5. La procédure habituelle a été suivie lors des troubles d’avril dernier. Nos compatriotes ont été régulièrement informés par l’Ambassade des consignes de sécurité à tenir.

6. Il y a en effet des Organisations non-gouvernementales (ONG) belges actives au Burkina. Au rang des ONG subsidiées, on peut citer les Iles de Paix, Vétérinaires Sans Frontières, SOS Faim et l’ONG « Bevrijde wereld ».