La révolte du peuple au Bahreïn et l'attitude de l'Europe
Belges à l'étranger
Bahreïn
violence politique
opposant d'opinion
situation politique
1/7/2011 | Envoi question |
11/10/2011 | Réponse |
Requalification de : demande d'explications 5-747
À Manama, la capitale du mini-État du Bahreïn, il y a, comme dans d'autres parties du monde arabe, des protestations démocratiques de la population. Le premier ministre Khalifa Al Khalifa, oncle du roi Cheikh Hamad Al Khalifa et membre de la minorité sunnite au pouvoir, est accusé de violations des droits de l'homme à l'encontre de la majorité chiite opprimée. L'opposition, dirigée par le principal parti chiite Wifaq, exige la mise en place d'une monarchie constitutionnelle avec des libertés et des droits constitutionnels pour les Chiites.
Pour mater les manifestations au Bahreïn, le régime du roi Cheikh Hamad Al Khalifa a reçu le soutien de troupes d'Arabie Saoudite et des Émirats Arabes Unis. Il s'agit de 1 500 soldats saoudiens et de 500 Émiratis. Ces troupes agissent sous l'étendard du Conseil de coopération des États arabes du Golfe et doivent maintenir la sécurité au Bahreïn à des endroits importants comme les installations pétrolières et gazières et les institutions financières.
Le Service européen d'action extérieure (SEAE) a envoyé en mars le diplomate en chef Robert Cooper au Bahreïn afin d'évaluer la situation et de discuter avec les différents partis. Pendant son rapport au parlement européen, il a défendu l'action du régime dans la capitale du Bahreïn, Manama. Selon lui, il est difficile de maintenir le calme lors de grandes manifestations au cours desquelles des gens peuvent être armés, et des accidents peuvent se produire.
La semaine précédente, une vidéo avait circulé sur internet dans laquelle on voyait la police ouvrir le feu sur des manifestants non armés. À ce jour, une vingtaine de personnes ont été tuées au Bahreïn pendant les protestations populaires.
La Cinquième flotte de la Marine américaine est aussi stationnée à Manama. Elle a pour mission d'assurer l'exportation de pétrole depuis le Golfe persique et d'endiguer l'influence iranienne dans la région. On craint qu'une influence iranienne ne se dissimule derrière les protestations chiites. Cela explique aussi l'intervention rapide du grand pays sunnite voisin, l'Arabie saoudite. Le ministre Al Khalifa a fait état de similitudes entre le soulèvement au Bahreïn et l'action menée par le Hezbollah libanais.
Selon certaines communications, l'opposition chiite a accepté le Koweït, pays voisin, comme médiateur, mais cela a été démenti le jour suivant par le régime de Manama.
Le premier ministre irakien Al-Maliki met en garde contre une guerre sectaire dans la région du Golfe persique en cas d'intervention trop dure des Saoudiens sunnites contre l'opposition chiite.
Mes questions au ministre sont les suivantes :
Combien de compatriotes se trouvent-ils actuellement au Bahreïn ?
Les conventions bilatérales de notre pays avec le Bahrein sont-elles compromises ? Je pense notamment aux conventions en matière de navigation aérienne et d'investissements.
L'Union européenne ne manifeste-t-elle pas une indignation sélective dans la répression des protestations populaires au Maghreb et au Moyen-Orient ?
Quel rôle l'Union européenne a-t-elle joué dans les négociations entre l'opposition et le pouvoir en place ? Comment expliquez-vous le rôle de médiateur du Koweït ?
Le rôle de maintien de l'ordre de l'Arabie saoudite contre les protestations au Bahreïn est-il conciliable avec son soutien aux troupes de la coalition qui imposent la zone d'exclusion aérienne en Libye ?
Savez-vous ce que les alliés américains feront si la base de la Cinquième flotte est en danger ?
Avez-vous connaissance de l'influence iranienne sur l'agitation au Bahreïn ?
Le nombre de Belges résidant encore au Bahreïn s'élève à quelque deux cents ressortissants.
Jusqu’à nouvel ordre, les traités bilatéraux entre notre pays et le Bahreïn ne sont pas remis en question.
Dès le début, l'Union européenne (UE) a envoyé les mêmes messages : soutien à la transition, réformes, dialogue et démocratie. La Belgique, aux côté de l'UE, a appelé à l'instauration d'un dialogue politique entre le peuple et le gouvernement. L'UE continue à suivre de près la situation politique et des droits de l'Homme au Bahreïn. L'UE a ainsi effectué une démarche le 15 mai consacrée essentiellement aux condamnations à mort de quatre manifestants et de possibles mauvais traitements infligés à des civils arrêtés durant les manifestations. Sur le plan politique, l'accent a été mis sur l'absence d'avancée dans le lancement d'un dialogue constructif entre les différentes parties.
a) L'Europe a également offert de médier dans la crise, et début mars, la Haute Représentante de l'Union européenne pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité Ashton a envoyé son conseiller spécial, Robert Cooper, pour une mission d'enquête au Bahreïn.
b) L’offre de médiation du Koweit a été rejetée par le gouvernement bahreïni.
Le rôle de l’Arabie Saoudite à Bahreïn doit être analysée à la lueur de son contexte régional et géopolitique. L’Arabie Saoudite est intervenue au Bahrein avec l’appui du Conseil de Coopération du Golfe. Quant à la Libye, les forces de la coalition sont intervenues sur base de la résolution 1973 des Nations Unies qui a reçu le soutien de la Ligue Arabe.
La situation de la Cinquième flotte américaine à Bahreïn relève d’une question bilatérale entre les USA et Bahreïn, qu’il ne m’appartient pas de commenter.
Quant au rôle de l'Iran dans les désordres que connaît le Bahreïn, je peux dire qu'il n'y a pour le moment aucune preuve solide d'une participation directe de l'Iran.