Version à imprimer bilingue Version à imprimer unilingue

Question écrite n° 5-1807

de Bert Anciaux (sp.a) du 21 mars 2011

au ministre de la Défense

La collaboration avec l'Africom (Quartier général militaire américain pour l'Afrique)

États-Unis
force à l'étranger
Afrique
Libye
intervention militaire
coopération militaire

Chronologie

21/3/2011Envoi question
7/6/2011Réponse

Requalification de : demande d'explications 5-640

Question n° 5-1807 du 21 mars 2011 : (Question posée en néerlandais)

L'" Africa Command ", en abrégé l'Africom, est la quartier général militaire américain pour l'Afrique, basé à Stuttgart. Cette structure entretient les liens militaires entre les USA et l'Afrique. Selon le Pentagone, ces structures militaires spécialisées, réparties dans le monde entier, évitent des guerres civiles et préservent la " stabilité régionale ".

Le 18 février, le général William Ward, chef de l'Africom, a présenté un exposé sur l'Africom. Selon lui, l'Africom collabore désormais avec 53 pays d'Afrique. L'objectif est de renforcer la " capacité de sécurité " de ces pays. Les militaires américains et africains organisent donc régulièrement des manœuvres militaires conjointes.

Pour les États-Unis, la Libye était précédemment un État voyou mais ces mauvaises relations se sont améliorées ces dernières années. Depuis 2009, l'Africom travaille en partenariat avec la Libye. Les deux pays ont signé, en janvier 2009, un " Memorandum of Understanding " à ce sujet. La même année, le général Ward s'est rendu à deux reprises en visite en Libye. Selon ses dires, il y a eu un entretien très cordial avec le président Kadhafi.

Les journalistes militaires libyens du journal officiel de l'armée libyenne " Al Musallh " ont interviewé le général Ward sur la collaboration et le rôle de l'Africom et sur l'attitude des USA en cas d'intervention militaire. Ward a déclaré que la décision d'une telle intervention appartenait au président, au secrétaire d'État aux Affaires étrangères et au Congrès américains. S'ils décident d'une telle intervention, ils devront fournir les troupes nécessaires car l'Africom n'a pas d'effectifs. Elle se chargera de l'exécution du volet militaire de l'intervention.

Si les USA décidaient d'une intervention militaire en Libye, le bureau de l'Africom à Stuttgart jouerait un rôle déterminant. Le Pentagone coordonnerait bien sûr son intervention dans le cadre de l'Otan. La Belgique est elle aussi membre de cette alliance militaire, dont le quartier général se trouve d'ailleurs à Bruxelles. La Belgique entretient des liens directs avec l'Africom à Stuttgrart. La semaine dernière encore, le ministre de la défense, Pieter De Crem (CD&V), a plaidé à Budapest en faveur d'une action plus énergique contre la piraterie près de la Corne de l'Afrique. Le ministre a également déclaré qu'il fallait pour ce faire resserrer les liens avec l'Otan et les USA.

La Belgique dispose d'un officier de liaison auprès de l'Africom à Stuttgart, un major né à Kinshasa. Ces dernières années, il travaillait pour la Défense au Congo, entre autres dans le cadre de la mission de l'Onu à Kalemie, et comme attaché militaire à l'ambassade de Belgique dans la capitale congolaise. Grâce à cet officier, la Belgique entretient des relations directes avec l'" Africa Command ".

La marine belge participe à des opérations de l'Africom. En mars 2010, les marins belges du navire Godetia ont entraîné des militaires du Togo et du Bénin en Afrique occidentale. L'entraînement faisait partie de l'" Africa Partnership Station " (APS) des forces navales américaines. On a alors annoncé que " l'APS était placée sous le commandement de la Belgique avec l'appui des USA ". Le 27 février 2011, le Godetia a à nouveau quitté le port de Zeebrugge pour se rendre en Afrique occidentale, pour une nouvelle mission de l'APS.

Les lignes directes entre la Défense belge et l'Africom sont donc courtes. Il est dès lors peu probable qu'en cas d'intervention militaire en Libye, le gouvernement belge s'oppose à une participation à une telle intervention occidentale.

A-t-on discuté d'une éventuelle intervention militaire en Libye dans le cadre de l'Africom ou de l'APS ? Le ministre pense-t-il comme moi qu'il ne peut être question d'une quelconque action militaire en Libye que moyennant un mandat de l'Onu ? Des accords ont-ils été conclus au sein de l'Africom quant à une future collaboration militaire ?

Réponse reçue le 7 juin 2011 :

L'honorable membre est prié de trouver ci-après la réponse à ses questions.

Après votre exposé, vous me posez trois questions concrètes. Je vais vous répondre concrètement à chacune de vos trois questions

  1. Notre officier de liaison auprès de l’AFRICOM n’a pas été concerné par les discussions concernant l’engagement en Libye.

  2. La Belgique n’a jamais envisagé une action militaire sans avoir un mandat sous la forme d’une résolution du Conseil de Sécurité des Nations-Unies

  3. Aucun rendez-vous n’a été fixé pour une collaboration future au niveau militaire dans le cadre de l’AFRICOM