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Question écrite n° 5-11268

de Dalila Douifi (sp.a) du 26 mars 2014

au vice-premier ministre et ministre des Affaires étrangères, du Commerce extérieur et des Affaires européennes

les militants de la société civile en tant que partenaires dans le conflit syrien

Syrie
société civile

Chronologie

26/3/2014Envoi question
5/5/2014Réponse

Requalification de : demande d'explications 5-4662

Question n° 5-11268 du 26 mars 2014 : (Question posée en néerlandais)

En réponse à la dernière question sur les réfugiés en Syrie que j'ai posée dans cette commission, vous avez conclu par la remarque : « Je reste très pessimiste concernant la Syrie. Cette guerre civile nous contraindra à collaborer longtemps avec de très nombreux partenaires. »

S'il y a, dans ce pays, peu de raisons d'être optimiste, le dynamisme des militants de la société civile semble intact. En Syrie, de nombreux groupes constituent un mouvement civil en se servant des médias sociaux, de dessins, et en menant une opposition créative. Partout dans le pays, des militants participent aux nouveaux réseaux de solidarité en apportant, de manière improvisée, de la nourriture et des soins médicaux et en informant la population.

Par l'entremise de photos et de petites vidéos diffusées sur internet, de programmes radiophoniques et de journaux de leur création, les militants et les journalistes de la société civile luttent pour la liberté d'expression et d'investigation journalistique. Ils s'opposent, dans leurs messages, à tous ceux qui entendent restreindre ces libertés, tant le régime de Al-Assad que des groupes extrémistes. Ils cherchent à entrer en contact avec le peuple syrien, à lui offrir un canal pour discuter de ses problèmes, et à lutter contre les sentiments de haine et de vengeance. Ils expliquent à la population quels sont ses droits et l'informent, dans un langage clair, sur la politique, l'économie, la société, la culture et l'histoire. Ils dressent un tableau des violations des droits de l'homme ou les évoquent. Grâce à ces militants de la société civile, les femmes ont aussi l'occasion de défendre leurs droits et de faire connaître leur point de vue.

Voici mes questions :

1) Considérez-vous qu'avec leurs initiatives, ces militants de la société civile sont des partenaires dans le conflit syrien ?

2) Dans quelle mesure êtes-vous disposé à les soutenir ?

Réponse reçue le 5 mai 2014 :

1) Je comprends tout à fait l’importance que revêt une société civile en Syrie pendant ce conflit, pour organiser la protestation, établir la cartographie des violations des droits de l’homme, diffuser les informations et aider la population. Mais une société civile forte et fonctionnant bien, qui peut contribuer à la facilitation d’un débat démocratique inclusif, sera également nécessaire après le conflit.

Le fait que ce soulèvement ait commencé il y a trois ans, comme une protestation de la société civile contre un pouvoir autoritaire, démontre que la société civile joue un rôle clé et que le conflit en Syrie n’est pas uniquement un combat militaire. Ce n’est que plus tard que la révolution a été détournée par les militaires et les groupements extrémistes.

Je partage aussi votre préoccupation quant au manque d’informations objectives et aux difficultés que rencontrent les journalistes pour recueillir et publier des nouvelles. Les journalistes sont en effet pris pour cibles par toutes les parties en Syrie qui veulent que seule leur version respective des faits soit publiée. Le 12 février dernier, Reporters sans Frontières a encore publié un rapport sur l’impact négatif du conflit syrien sur la liberté de la presse dans toute la région. La Syrie figure entre-temps en 4e place dans la liste des pays où les journalistes rencontrent le plus de difficultés à exercer leur métier.

2) Je suis absolument convaincu que la société civile doit être impliquée dans le processus politique de Genève 2. Il est essentiel de mettre en place un dialogue inclusif dans le processus de transition. La Belgique a ainsi soutenu, entre autres, la participation de femmes aux pourparlers de Genève. La Belgique essaie également d'entretenir le dialogue avec la société civile, tant à Bruxelles que par le biais de nos ambassades locales.

Les conclusions du Conseil des Affaires étrangères de l’Union européenne du 20 janvier font part d’un intérêt particulier pour le rôle de la société civile dans la recherche d’une solution politique au conflit syrien. Il coule de source que la Belgique souscrit entièrement à ces conclusions.