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Question écrite n° 4-3152

de Paul Wille (Open Vld) du 11 mars 2009

au ministre de la Justice

Pakistan - Chantage des Talibans à l'égard des migrants - Etat de la situation en Belgique - Mesures

Pakistan
Afghanistan
terrorisme
intégrisme religieux
islam
guerre
séquestration de personnes
migrant
sûreté de l'Etat

Chronologie

11/3/2009Envoi question (Fin du délai de réponse: 9/4/2009)
24/7/2009Réponse

Question n° 4-3152 du 11 mars 2009 : (Question posée en néerlandais)

Les autorités pakistanaises ont récemment conclu un deal douteux après de longues négociations avec les Talibans. Le gouvernement a signé un accord de paix inquiétant relatif à la région la plus touristique du Pakistan: la vallée du Swat. En échange de la stabilité et de la paix, les militants talibans ont reçu le droit d'appliquer à nouveau la charia dans la région. Il s'agit bien entendu d'une grosse gifle pour tous ceux qui possèdent des ambitions démocratiques dans le pays et la région. Plus grave encore: cet accord récompense les attaques terroristes menées par les jihadistes au cours de ces derniers mois et lors desquelles 70 agents de police et 150 soldats auraient été tués, tout comme 1 200 civils. En outre, environ 500 000 habitants ont fui la vallée, 170 écoles pour filles auraient été détruites et la censure a à nouveau été instaurée sur les DVD.

En outre, tant avant qu'après l'accord, des enlèvements d'immigrants pakistanais retournant temporairement chez eux dans la vallée du Swat ont été systématiquement rapportés. Ils sont accusés par des groupes radicaux de collaboration avec les Etats-Unis et détenus jusqu'à ce leur famille paie une rançon. Les activistes politiques ou les Pakistanais “occidentalisés”, originaires de la vallée du Swat et résidant à l'étranger, sont eux aussi menacés sur place ou par téléphone. On leur demande de payer, lors de leur prochaine visite dans leur pays d'origine, des sommes absurdes aux Talibans en échange de la sécurité des membres de leur famille qui habitent dans la vallée du Swat. Des groupes socioculturels qui conservent à l'étranger le sentiment d'appartenance au Pakistan sont, selon certains exilés, surveillés par des infiltrés talibans. Ensuite, des membres de leur famille sont pris en otage au Pakistan et ne sont relâchés qu'après paiement d'énormes rançons.

J'aurais souhaité obtenir une réponse aux questions suivantes.

1. Le ministre a-t-il connaissance d'une telle problématique en Belgique? Si c'est le cas, combien d'affaires judiciaires de Pakistanais ou d'immigrés d'origine pakistanaise ayant obtenu la citoyenneté belge et ayant eu la malchance d'être confrontés à de telles pratiques terroristes, dénombre-t-on? Si ce n'est pas le cas, est-il possible, selon le ministre, de vérifier si ces effroyables pratiques sont également tentées en Belgique?

2. La Sûreté de l'Etat a-t-elle connaissance de ce problème? Si ce n'est pas le cas, le ministre est-il disposé à l'aborder auprès d'elle?

Réponse reçue le 24 juillet 2009 :

  1. La base de données statistiques du Collège des procureurs généraux ne contient aucune donnée sur la nationalité ou l’origine des victimes ni sur le groupement auquel appartiennent les suspects.

  2. Conformément aux dispositions de la loi organique du 30 novembre 1998, la Sûreté de l'État est habilitée à suivre toute activité, individuelle ou collective, déployée à l'intérieur du pays ou à partir de l'étranger, pouvant avoir un rapport avec notamment le terrorisme et l'extrémisme, qui menace ou pourrait menacer la sûreté intérieure de l'État, la sûreté extérieure de l'État et les relations internationales. Étant donné que le cas évoqué peut être ramené à cette disposition, la Sûreté de l’État peut analyser pareille problématique.

    Néanmoins, la Sûreté de l'État ne dispose d'aucune indication permettant de supposer que ces pratiques ont également été introduites en Belgique. Elle dispose d’informations émanant de sources ouvertes selon lesquelles cela s’est déjà produit à l’étranger, mais il n’y a pour l’instant pas suffisamment d’éléments concluants pour considérer que c'est également le cas dans notre pays. Conformément à ses missions légales, la Sûreté de l’État fera cependant preuve de la vigilance requise et continuera à suivre la situation sur le terrain.