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Question écrite n° 4-2548

de Paul Wille (Open Vld) du 12 janvier 2009

au ministre de la Justice

Kamikazes musulmanes - Belgique

terrorisme
lutte contre le crime
musulman
islam
femme

Chronologie

12/1/2009Envoi question (Fin du délai de réponse: 12/2/2009)
11/3/2009Réponse

Réintroduction de : question écrite 4-1570

Question n° 4-2548 du 12 janvier 2009 : (Question posée en néerlandais)

De plus en plus d'Occidentales adeptes de l'islamisme radical se font recruter par des réseaux terroristes tels qu’Al Qaida. Les conséquences sont malheureusement graves. À la fin de juillet 2008, quatre terroristes kamikazes féminines ont semé la mort et la désolation dans les villes irakiennes de Bagdad et de Kirkouk et ont fait plus de cinquante morts et nonante blessés. Selon le journal britannique The Observer, le coordinateur anti-terrorisme Gilles de Kerckhove a chargé différents services de sécurité de mener une enquête sur la menace que représentent les militantes musulmanes radicales.

Muriel Degauque, qui fut apparemment la première kamikaze musulmane européenne et qui était originaire de Monceau-sur-Sambre, s’est fait exploser en 2005 en Irak. Il ressort d’une enquête de l’université de Chicago menée par Lindsey O’Rourke que leurs motivations ne diffèrent pas réellement de celles de leurs homologues masculins et qu’elles sont de parfaites martyres puisque les femmes suscitent moins de méfiance. De plus, dans ces pays, elles sont plus à même de cacher des explosifs et leurs attentats sont considérés comme particulièrement bouleversants tant par les médias que par la population. Enfin, aussi pervers qu’ils soient, ces attentats bénéficient d’une attention accrue et donc d’une certaine « appréciation » des recruteurs terroristes.

J’aimerais obtenir une réponse aux questions suivantes.

1. Quel est le point de vue du ministre vis-à-vis de ce phénomène en expansion ?

2. A-t-il une idée des réseaux recrutant en Belgique ?

3. Dispose-t-il de statistiques relatives à ce phénomène relativement nouveau ?

4. Des procédures judiciaires relatives à des musulmanes ayant l’intention de commettre des attentats sont-elles pendantes ?

5. Combien de femmes possédant la nationalité belge ont-elles commis des attentats au cours des quatre dernières années?

6. Une enquête portant sur ce phénomène a-t-elle déjà été menée en Belgique?

7. A-t-on déjà mené en Belgique des campagnes de prévention destinées aux groupes à risques ?

Réponse reçue le 11 mars 2009 :

1. Les attentats terroristes commis par des femmes-kamikazes sont des phénomènes assez récents, en croissance sur la scène internationale. Il est certain que l’utilisation de personnes de sexe féminin pour perpétrer des attentats comporte des avantages indéniables pour les divers réseaux de la mouvance terroriste islamiste:

- un attentat commis par une femme est susceptible de créer une onde de choc plus importante dans l’opinion publique;

- les femmes sont moins suspectes et subissent donc généralement moins de contrôles que les hommes. Ceci est encore renforcé par le fait qu’il est culturellement plus difficile de fouiller une femme, en particulier dans les pays musulmans;

- il est d’usage pour certains réseaux terroristes de prendre financièrement en charge la famille d’un homme mort en martyr, puisque celle-ci perd alors souvent son unique source de revenus. L’on peut dès lors arguer que, comme la majorité des femmes candidates aux attentats-suicides ne sont pas responsables des revenus de leur famille, le réseau évite ainsi une charge financière récurrente.

Toutefois, compte tenu de la structure patriarcale des tenants du salafisme, les hommes pourraient limiter fortement l’implication directe de femmes dans la mise en œuvre d’un attentat. Les femmes ne sont utilisées qu’en tant qu’instruments.

2. Le seul cas de recrutement de femme kamikaze en Belgique a eu lieu dans le cadre d’une filière d’acheminement de combattants vers l’Irak. Cette filière a été jugée dans ce que l’on a appelé le procès « Degauque ».

3. Nous ne disposons pas de chiffres concernant le phénomène au niveau international. Concernant ce phénomène au niveau belge, seul un cas est répertorié (voir question 5).

4. À l'heure actuelle, plus aucune procédure judiciaire concernant des musulmanes ayant l'intention de commettre des attentats n'est pendante. La seule procédure judiciaire dans laquelle il ait à ce jour été question d'une musulmane kamikaze concernait l'affaire « Soughir Bilal » qui a été jugée devant la Cour d'appel de Bruxelles le 26 juin 2008.

5. Les femmes n’ont guère joué le rôle de kamikaze dans le terrorisme islamiste en Belgique. Si le cas de Muriel Degauque, une belge convertie à l’Islam morte en martyre en Irak et la première femme européenne à avoir participé à un attentat-suicide, a particulièrement frappé les esprits, il n’en reste pas moins un cas isolé et unique dans notre pays. Il n’est donc guère indiqué de parler de phénomène croissant en ce qui concerne la problématique des candidates kamikazes dans le Royaume de Belgique. La participation (directe ou indirecte) avérée de femmes dans le terrorisme en Belgique reste donc tout à fait exceptionnelle. Nous pouvons tout de même mentionner le cas d’une ou l’autre femme sur lesquelles des pressions seraient exercées par leurs époux ou leur entourage pour les pousser à devenir kamikaze.

6. Le suivi de ce phénomène s’inscrit dans le travail quotidien de la Sûreté de l’État.

7. La Sûreté de l’État n’est pas compétente en matière de campagne de prévention à destination des groupes considérés à risque.