SÉNAT DE BELGIQUE
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Session 2016-2017
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1 mars 2017
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SÉNAT Question écrite n° 6-1316

de Martine Taelman (Open Vld)

au ministre de la Mobilité, chargé de Belgocontrol et de la Société nationale des chemins de fer belges
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Chemins de fer - Suicides et tentatives de suicides - Personnes circulant sur les voies - Recours à un big data
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suicide
réseau ferroviaire
Société nationale des chemins de fer belges
statistique officielle
application de l'informatique
mégadonnées
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1/3/2017Envoi question
28/6/2017Rappel
13/7/2017Réponse
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SÉNAT Question écrite n° 6-1316 du 1 mars 2017 : (Question posée en néerlandais)

Le nombre de suicides reste élevé dans notre pays, et en particulier, en Flandre. Chaque jour, trois personnes en moyenne mettent fin à leurs jours dans notre pays. Le nombre de tentatives de suicide sur les voies ferrées a malheureusement augmenté. Différents articles de journaux indiquent que cette tendance se poursuit malheureusement. Je me réfère à cet égard à la question 6-996 que j'ai introduite antérieurement et qui, à ce jour, est restée sans réponse.

Les Chemins de fer néerlandais vont utiliser des ordinateurs afin d'avoir un meilleur aperçu des problèmes d'aiguillage, des suicides, des personnes circulant sur les voies, des éboulements et des pannes. À cet effet, ils disposent d'un énorme volume de données (big data) qui seront analysées à grande échelle dans un nouveau DataLab.

ProRail, le gestionnaire du réseau ferroviaire néerlandais, dit vouloir prévoir différentes sortes de perturbations, comme des problèmes d'aiguillage et des problèmes causés par des tiers. Cette dernière catégorie comprendrait également les tentatives de suicide sur les voies ferrées.

D'après un article de presse, l'organisation a indiqué que l'ordinateur reliait les données entre elles pour elle. Ces liens sont trop complexes ou trop inattendus pour qu'elle puisse les établir elle-même. L'organisation commence toujours par se réunir avec des experts, afin de pouvoir comprendre des problèmes, de collecter des données et de les préparer à être utilisées. Ensuite, elle analyse les données, conçoit un modèle et voit dans quelle mesure le modèle prédit les situations.

Les données propres sont combinées à d'autres informations, par exemple sur la population, le climat et les vacances. Cette analyse permet, par exemple, de prévoir quels jours et à quels endroits les gens circulent le plus souvent sur les voies. ProRail ajoute que grâce au modèle, il peut prévoir les jours à risques. En d'autres termes, le programme donne déjà de bons résultats.

Il n'y avait encore jamais eu autant de personnes circulant sur les voies que durant les six premiers mois de 2016. Au cours du premier semestre, il y a eu pas moins de 370 signalements de personnes circulant sur les voies, avec malheureusement un blessé grave. La circulation sur les voies est un phénomène persistant. En combinant les données géographiques, les conditions météorologiques, la quantité de trains et l'état des voies, ProRail devrait également pouvoir prévoir à quels endroits les voies risquent de s'affaisser.

Caractère transversal : la prévention du suicide est une compétence des Communautés. La Société nationale des chemins de fer belges (SNCB) relève du ministre de la Mobilité, chargé de Belgocontrol et de la Société nationale des chemins de fer belges.

Afin de pouvoir déterminer s'il est réellement question d'une augmentation du nombre de suicides et de tentatives de suicide, je souhaiterais obtenir une réponse aux questions suivantes.

1. Combien de cas de suicides et de tentatives de suicide la police des chemins de fer a-t-elle constatés en 2014, 2015 et 2016 ? Le ministre peut-il fournir des chiffres annuels ? Quelle est la tendance ?

2. Combien d'heures de retard ces incidents ont-ils coûté à la SNCB au cours de chacune de ces trois dernières années ? Combien de trains a-t-on supprimés annuellement à cause de ces incidents ?

3. À quel montant la SNCB a-t-elle évalué la perte financière (dégâts aux rames, retards, etc.) engendrée par ces suicides ou tentatives de suicide au cours de ces périodes ?

4. Combien de cas de personnes circulant sur les voies la police des chemins de fer a-t-elle constatés au cours de ces trois dernières années ? Le ministre peut-il fournir des chiffres annuels ? Quelle est la tendance ?

5. À quel montant la SNCB a-t-elle évalué la perte financière (dégâts aux rames, retards, etc.) engendrée par les personnes circulant sur les voies au cours de ces périodes ?

6. Que pensez-vous de ProRail, le programme que les Chemins de fer néerlandais ont instauré et qui peut prévoir, au moyen d'un big data, différents types de problèmes, en ce compris la présence de personnes sur les voies et les tentatives de suicides ?

7. Envisagez-vous une initiative similaire d'utilisation du big data à titre préventif ? Pouvez-vous préciser le calendrier et le contenu de cette initiative ? Dans la négative, pourquoi et pouvez-vous préciser votre réponse ?

Réponse reçue le 13 juillet 2017 :

Début 2016, le Comité de Direction d’Infrabel a pris la décision de ne plus communiquer au sujet des suicides sur le rail.

Cette décision a été notamment prise à la demande des organisations de prévention du suicide avec lesquelles Infrabel collabore étroitement. Selon ces associations, de nombreuses études démontrent que la médiatisation d’un suicide est de nature à inciter des personnes psychologiquement fragilisées à avancer dans l’élaboration d’un scénario de passage à l’acte (effet «copy cat»).

La décision du Comité de Direction a une portée très large aussi bien sur le type d’informations (chiffres annuels, endroits où des tentatives de suicide ont lieu fréquemment etc.) que sur les médias visés. Elle a notamment fait l’objet d’un courrier explicatif adressé à la presse afin que les médias soutiennent cette démarche. Les questions parlementaires sont couvertes par la décision, notamment en raison du fait que les réponses constituent ensuite une information accessible au grand public et à la presse. Les données liées au suicide continuent cependant à être collectées et analysées mais seront désormais exclusivement mises à disposition des associations de prévention du suicide. Le cas échéant, Infrabel pourrait convenir de la mise à disposition confidentielle de ces données à destination d’un parlementaire sous les réserves décrites ci-dessus.

1. La police des chemins de fer fait partie de la police fédérale. Il appartient donc à la police fédérale de fournir la réponse.

2., 3. et 5. La SNCB ne dispose pas des données concernant le nombre de trains qui ont été supprimés spécifiquement à cause de suicides et de tentatives de suicide, ni concernant les pertes financières.

4. Outre les faits constatés par les services de police, Securail a lui aussi établit les constats suivants de personnes circulant sur les voies :

EVOLUTION

2014

2015

2016

Appels adressés au SOC

2.408

2.462

2.691

PV dressés par Securail Trespassing

716

831

1.343

Entre 2014 et 2016, on peut observer une légère augmentation du nombre de cas de trespassing signalés au Security Operations Center (le centre d'appel national du Corporate Security Service de la SNCB). Par contre, on observe en 2016 une hausse conséquente du nombre de procès-verbaux dressés par les agents assermentés de Securail par rapport à 2015. Cette hausse résulte de l'élaboration du plan d'action trespassing et des actions trespassing qui sont menées régulièrement par Securail en collaboration avec les services de police.

6. et 7. En sa qualité de gestionnaire de l'infrastructure, Infrabel a pour tâche d'assurer que les trains puissent circuler en toute sécurité et dans le respect des horaires. Dans ce cadre, un des objectifs est notamment de réduire le nombre de suicides sur le rail. Depuis 2010, Infrabel établit chaque année un plan d'action pour la prévention des suicides. La SNCB y collabore de façon active.

Différentes mesures sont initiées pour réduire le nombre de cas de personnes circulant sur les voies et le nombre de suicides, par exemple l'aménagement de clôtures et de tapis anti-trespassing, des campagnes de prévention et de répression, etc.

En matière de trespassing et de suicide, des hotspots sont identifiés par Infrabel sur la base de différents paramètres, tels que l'historique des incidents et la densité du trafic. Le risque de trespassing et de suicides est plus élevé au niveau de ces hotspots. C'est là que des actions sont entreprises, essentiellement.

Pour être complet, il convient d’évoquer également le projet de loi relative à la police des chemins de fer. Ce projet prévoit des amendes administratives en cas d’intrusion dans les parties de l’infrastructure ferroviaire qui ne sont pas accessibles au public.