SÉNAT DE BELGIQUE
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Session 2012-2013
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14 février 2013
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SÉNAT Question écrite n° 5-8115

de Nele Lijnen (Open Vld)

à la vice-première ministre et ministre des Affaires sociales et de la Santé publique, chargée de Beliris et des Institutions culturelles fédérales
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Obésité - Nombre de patients belges - Interventions chirurgicales - Nombre et coût
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maladie de la nutrition
chirurgie
dépense de santé
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14/2/2013Envoi question
23/9/2013Rappel
29/10/2013Rappel
3/12/2013Requalification
12/12/2013Réponse
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Requalifiée en : demande d'explications 5-4360
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SÉNAT Question écrite n° 5-8115 du 14 février 2013 : (Question posée en néerlandais)

Dans l'ensemble des possibilités de traitement chirurgical de l'obésité, nous trouvons les interventions de restriction. Ces techniques visent à réduire le volume de nourriture ingérée. Les exemples types sont la pose d'un anneau gastrique et la gastroplastie verticale calibrée. Il y a également les interventions visant la malabsorption, parfois appelées bilio-pancréatiques : ces interventions ont pour but de faire baisser l'assimilation de calories par l'intestin grêle. Entre ces deux groupes de techniques, on trouve encore le court-circuit gastrique qui est une intervention dont l'objectif est davantage la restriction que la malabsorption.

Le court-circuit gastrique, qui consiste à réduire le volume de l'estomac et à contourner l'appareil digestif, est de loin l'opération la plus populaire dans la lutte contre l'obésité. En cinq ans, le nombre d'opérations a crû de 40 pour cent, il est passé de 3 342 en 2004 à 4 663 en 2008. Selon les données de l'Institut national d'assurance maladie-invalidité (Inami), la pose d'un anneau gastrique a longtemps été l'intervention la plus courante. Mais en cinq ans, le nombre d'anneaux posés a baissé de 60 pour cent. En 2008, 2 242 personnes se sont fait placer un anneau gastrique ;en 2004, cela avait encore été le cas de 5 495 personnes. Les raisons du succès du court-circuit gastrique sont la garantie d'une perte de poids et la conservation de la qualité de vie. Une personne avec un court-circuit gastrique peut continuer à manger de la nourriture solide.

Dans ce contexte, j'aimerais obtenir une réponse aux questions suivantes.

1. La ministre peut-elle exposer les avantages et les inconvénients respectifs des interventions de restriction et de celles visant la malabsorption ? Quel est le nombre, en chiffres absolus, de ces interventions ? La ministre peut-elle donner les chiffres pour 2010, 2011 et 2012, et les ventiler par type d'intervention (court-circuit gastrique, pose d'un anneau gastrique, etc.) ? S'attend-elle à ce que, parmi ces interventions, la proportion de court-circuits gastriques continue à augmenter ? Pourquoi ?

2. Dispose-t-elle de données sur l'évolution du nombre de Belges obèses (dont l'indice de masse corporelle est supérieur à 40) ? Dispose-t-elle de données sur l'évolution du nombre de Belges qui souffrent d'une obésité morbide ? Peut-elle communiquer ces chiffres pour 2010, 2011 et 2012 ? Peut-elle expliquer cette évolution ?

3. Pourquoi l'obésité n'est-elle pas reconnue en Belgique comme maladie chronique ? Quelles sont les implications de cette non-reconnaissance quant au coût pour les patients opérés ? La ministre peut-elle donner une estimation réaliste du coût des diverses opérations ?

4. Est-il exact que le régime alimentaire des cinq premières années de la vie est déterminant pour la constitution physique d'une personne ? Si cela s'avère, l'importance de cet effet est-elle suffisamment mise en évidence par les médecins et les travailleurs sociaux ?

5. Y a -t-il des listes d'attente dans les hôpitaux pour ces opérations ? La ministre peut-elle illustrer cette situation à l'aide de chiffres ?

Réponse reçue le 12 décembre 2013 :

En résumé, on peut affirmer que toutes les interventions ont pour inconvénient qu’une intervention chirurgicale est effectuée, ce qui implique toujours des risques inhérents.

L’anneau gastrique a comme inconvénient qu’il influence fortement les habitudes alimentaires. L’ingestion exagérée de boissons hypercaloriques ou d’une alimentation semi-liquide peut annuler l’effet escompté. Le principal avantage réside dans le fait que le placement d’un anneau gastrique est réversible. L’intervention peut très simplement être réparée.

Les interventions de dérivation ont pour avantage qu’elles modifient moins radicalement les habitudes alimentaires; vous donnez vous-même l’exemple avec la nourriture solide. Ces interventions sont en principe définitives et peuvent, en raison d’une mauvaise absorption, être à la base d’une série de complications allant de gênes subjectives à des carences alimentaires, sélectives ou non, obligeant, dans de nombreux cas, le patient à prendre à vie des suppléments alimentaires tels que des vitamines. Nous ne connaissons pas encore les conséquences à long terme, lorsque ces patients seront plus âgés, et cela doit inciter à une approche restrictive.

La nomenclature comprend les prestations suivantes, effectuées sur le système digestif en vue du traitement de l’obésité :

241776 – 241780 Gastroplastie de réduction par laparotomie (Mason, Sleeve) (pour le traitement de l’obésité).

241791-241802 Gastroplastie de réduction par laparoscopie (Mason, Sleeve) (pour le traitement de l'obésité).

241813 – 241824 Gastroplastie de réduction par placement d’un anneau gastrique adaptable (« gastric banding ») par laparoscopie (pour le traitement de l’obésité).

241835 – 241846 Gastroplastie de réduction associée à une dérivation bilio-pancréatique ou gastro-jéjunale (Scopinaro, bypass gastrique, switch duodénal) par laparotomie (pour le traitement de l’obésité).

241850-241861 Gastroplastie de réduction associée à une dérivation bilio-pancréatique ou gastro-jéjunale (Scopinaro, bypass gastrique, switch duodénal) par laparoscopie (pour le traitement de l'obésité).

241253-241264 Exérèse de tablier graisseux étendu, avec gêne fonctionnelle : Résection elliptique

241275-241286 Exérèse de tablier graisseux étendu, avec gêne fonctionnelle : Résection avec plastie cutanée et transposition du nombril.

241754-241765 Exérèse d'un excédent cutané au niveau d'un membre, entraînant une gène fonctionnelle, suite à une perte de poids documentée et stabilisée d'au moins 20 %.

La prestation 241791-241802 a été supprimée de la nomenclature depuis le 1er janvier 2012. Ceci explique le chiffre élevé pour la prestation 241776-241780 en 2012 vu que celle-ci groupe depuis ce moment-là les deux prestations. La même chose s’applique pour la prestation 241850-241861 qui a aussi été supprimée à partir du 1er janvier 2012 de la nomenclature, et est groupée depuis lors sous la prestation 241835-241846.

CAS

Nomnr

2010

2011

2012

241776 - 241780

42

25

1.657

241791 - 241802

1.042

1.500

249

241813 - 241824

1.345

1.113

887

241835 - 241846

295

270

6.987

241850 - 241861

5.547

6.989

1.186

Total

8.271

9.897

10.966

DEPENSES

Nomnr

2010

2011

2012

241776 - 241780

17.587

10.006

711.017

241791 - 241802

439.536

638.378

106.194

241813 - 241824

594.396

491.749

400.989

241835 - 241846

253.976

233.478

6.146.572

241850 - 241861

4.769.477

6.058.160

1.032.624

Total

6.074.972

7.431.771

8.397.396

CAS

Nomnr

2010

2011

2012

241253 - 241264

723

772

699

241275 - 241286

3.228

3.421

3.459

241754 - 241765

711

764

893

Totaal

4.662

4.957

5.051

DEPENSES

Nomnr

2010

2011

2012

241253 - 241264

137.836

147.572

135.637

241275 - 241286

1.045.445

1.116.020

1.138.863

241754 - 241765

55.899

59.146

73.938

Totaal

1.239.180

1.322.739

1.348.438

Le nombre total de cas augmente. Cette augmentation peut s’expliquer par une prévalence croissante de surcharge pondérale en Europe de l’ouest et par la médiatisation de l’intervention bariatrique.  L’anneau gastrique tend à diminuer et la dérivation gastrique à augmenter. La quote-part des opérations de dérivation gastrique dans le nombre total d’interventions précitées s’élevait à 70 % en 2010, 73 % en 2011 et 75 % en 2012.

Il n’est pas possible de prédire l’avenir. Le développement dépendra de l’efficacité et des complications au cours des années à venir et des directives scientifiques qui en découleront.

En Belgique, il n’existe pas de surveillance systématique de l’IMC de la population. On peut toutefois déduire des résultats du rapport Performance, publié en janvier 2013, qu’en 2008, 47 % de la population belge (de 18 ans ou plus) souffrait d’un surpoids et 14 % d’obésité (BMI ≥ 30). Comparés aux chiffres précédents, on constate que ces pourcentages augmentent également progressivement.

Il est dans mon intention de faire baisser ces chiffres. A cet effet, j’ai lancé la campagne du Plan national nutrition santé. J’ai l’intention de conscientiser la population à l’aide d’une action préventive et de l’informer de l’importance d’une alimentation et d’un mode vie sains. Les avis nutritionnels, le texte scientifique et le plan opérationnel peuvent être consultés sur le site www.monplannutrition.be.

Les termes « reconnue comme maladie chronique » m’interpellent mais n’ont pas sens particulier dans la situation belge. À ma connaissance, tous les médecins considèrent que l’obésité est une affection chronique. L'observatoire des maladies chroniques a, pour ne citer qu’un exemple, inscrit ce sujet à son programme.

Pour le matériel et l’intervention chirurgicale (totalement remboursée), les coûts peuvent être résumés comme suit :

Intervention

Honoraire prestataire

Matériel (quote-part patient)

Total

anneau gastrique

462,96

2180,55

2643,51



(1179,74)


rétrécissement

440,92

639,59

1080,51



(74,62)


bypass

895,61

895,61

1791,22

Les habitudes alimentaires de l’enfant en bas âge sont incontestablement importantes.  Des études récentes démontrent même que le risque d’obésité peut être calculé à partir du BMI des parents et du poids de naissance (PLoS ONE 28 November 2012 Estimation of newborn risk for child or adolescent obesity: lessons from longitudinal birth cohorts). Tous ces éléments sont bien connus du secteur médical.

Ces interventions ne sont jamais urgentes. Je n'ai par ailleurs reçu aucune plainte concernant des listes d'attente trop longues.