Les contrevenants peuvent être contraints par le tribunal de police à suivre une formation « driver improvement » auprès de l'Institut belge pour la sécurité routière (IBSR). Il existe différents modules selon la nature de l'infraction. Le projet est agréé et subventionné depuis 1995 par le Service public fédéral Justice. Les juges opteraient en outre de plus en plus pour cette mesure. En 2011, 1380 conducteurs ont été contraints de suivre cette formation. Je suis un partisan convaincu de solutions qui non seulement imposent une sanction mais aussi visent réellement à l'amélioration du comportement et à la réinsertion. Je souhaiterais une réponse aux questions suivantes. 1) Combien de contrevenants ont-ils été contraints de suivre une formation « driver improvement » au cours des cinq dernières années ? Quelle est leur proportion par rapport au nombre total de contrevenants ? 2) Les tribunaux sont-ils suffisamment informés de l'offre de l'IBSR ? De quelle manière les juges sont-ils encouragés à recourir aux mesures offertes par l'IBSR ? 3) Le projet a-t-il déjà fait l'objet d'une évaluation approfondie et avec quel résultat ? Dispose -t-on, par exemple, de statistiques sur le nombre de personnes ayant suivi la formation et le nombre de récidivistes ? 4) Quel est le coût annuel du projet ? Quel est le coût moyen par contrevenant ? Les coûts sont-ils imputés totalement ou partiellement au contrevenant ? |
Sur la base des renseignements qui m’ont été
transmis par l’Institut belge pour la sécurité
routière (IBSR), je peux vous donner la réponse
suivante.
.Le tableau 1 en annexe donne un aperçu par
arrondissement judiciaire et par Cour d’appel du nombre de
contrevenants ayant suivi une formation « driver
improvement ». Les chiffres concernent les dossiers
que l’IBSR a reçus de la part des maisons de justice
respectives au cours de l’année donnée. Les
chiffres de 2012 concernent le premier semestre (janvier-juin 2012).
Il est difficile de comparer ces chiffres au nombre de
condamnations. Dans les statistiques de la Justice, vous trouverez
le nombre de condamnations mais par le nombre de condamnés.
Une même personne peut faire l’objet pour un seul fait
d’une combinaison de condamnations pour lesquelles le suivi
d’une formation est ordonné. Pour les accidents, on
indique uniquement une combinaison d’infractions pour une même
condamnation. Néanmoins, on peut indiquer que le nombre de
formations ne constitue qu’un très petit pourcentage de
toutes les condamnations. Comme vous pouvez le constater au tableau
2, les formations représentent environ 1 % de toutes les
condamnations.
Depuis le lancement du projet en 1995, l’IBSR organise
régulièrement des rencontres avec les magistrats afin
de promouvoir les mesures « driver improvement ».
Ces rencontres sont souvent organisées en collaboration avec
les maisons de justice locales.
Tous les quatre mois, chaque parquet de police et chaque tribunal
de police reçoivent un bulletin d’information du
programme « driver improvement » afin
de tenir les magistrats au courant des développements de
l’offre. Ce bulletin d’information a été
diffusé au début du projet et ce pendant cinq ans.
Depuis 2008, il est à nouveau diffusé sous une
nouvelle forme.
En outre, lors de différentes journées d’études
organisées par l’IBSR, ces formations ont été
évoquées comme une possibilité supplémentaire
de punir les contrevenants.
Au niveau juridico-technique, il y a cependant encore plusieurs
lacunes dans la loi sur la probation et la médiation,
l’applicabilité de cette mesure nécessite
quelques éclaircissements. Tout d’abord, la loi sur la
probation ne mentionne qu’une alternative à la totalité
de la peine de prison. On n’y parle pas explicitement
d’amende. Cependant, la grande majorité des peines en
cas d’infraction au code de la route n’entraîne
pas une peine de prison. Au début, cela avait été
une source de discussion entre les juges pour ne pas permettre la
mesure. Selon la jurisprudence, on s’accorde actuellement à
dire que la mesure peut être imposée, mais la
discussion se déplace vers la formation en tant
qu’alternative à la totalité ou une partie de
l’amende.
Dès le début du projet, l’IBSR a tenté
par tous les moyens possibles de mesurer les effets d’une
telle mesure éducative. Les recherches internationales
(principalement dans les pays germanophones) ont donné une
image très positive de ces mesures. Dans l’étude
de Schützenhöfer & Krainz (Autriche, 1999), il a été
constaté que même après 3 ans, il y avait un
encore un effet positif chez les conducteurs condamnés pour
ivresse au volant qui avaient suivi le cours. Après trois
ans, 40,4 % de ceux qui avaient été seulement
condamnés à une peine « classique »
avaient récidivé tandis que pour ceux qui avaient
suivi la formation, le taux de récidive n’était
que de 22,7 %. Ce qui représente un gain de 50 %.
Ces résultats ont été confirmés dans des
études ultérieures.
En 2000, le Service public fédéral (SPF) Justice a
à l’IBSR la possibilité de faire une étude
de récidive. Les résultats étaient moins
spectaculaires mais tout de même significatifs. Les personnes
ayant suivi la formation avaient un pourcentage de récidive
de 25 % après deux ans, alors que pour le groupe de
contrôle, le pourcentage s’élevait à 33 %.
Globalement, cela correspond à une diminution d’environ
24 %. Étant donné que le groupe était
limité (seulement 197 participants), les chiffres obtenus
n’étaient toutefois pas pertinents. Sur la base des
résultats de cette étude, les modules ont été
davantage différenciés. (Van Laar 2003).
À Termonde, une stagiaire en criminologie a étudié
le risque de récidive chez les jeunes qui, dans le cadre de
la médiation pénale, s’étaient vus
imposer le module spécifique de la conduite sous influence Au
lieu des 20,6 % de récidive chez ceux qui n’avaient
eu qu’une peine classique, le pourcentage de récidive
chez ceux qui avaient suivi le module était de 8,1 %.
Étant donné l’objet de cette étude, il
faut supposer qu’elle donne une image trop optimiste (De
Cramer, 2005).
Outre les récidives, il est également important
d’examiner les autres effets d’une mesure de ce genre.
Dans sa recherche effectuée à la demande du Service de
la Politique criminelle, Willemsen (Willemsen, 2005) estimait ainsi
qu’après avoir suivi la formation, les participants se
sentaient davantage responsables de leur propre comportement au
volant et de leurs erreurs. Ils déclaraient qu’ils
avaient une meilleure perception des risques que pouvaient
représenter leur comportement dans la circulation.
Depuis 1995, les formations (données dans le cadre de
la probation et de la médiation) sont reconnues comme étant
un projet national par le SPF Justice. La totalité des frais
de personnel (salaires) est donc subsidiée par le SPF
Justice, un montant forfaitaire de fonctionnement est également
payé pour chaque Équivalent temps plein (ETP). Bien
entendu, tous les coûts doivent être justifiés
par des factures officielles. Le participant n’apporte aucune
contribution financière. Le tableau 3 en annexe donne un
aperçu des subsides accordés depuis 2007.
Le coût par formation est calculé sur la base du
coût total du projet divisé par le nombre total de
participants de l’année (que l’issue soit
positive ou négative). En d’autres termes, le prix de
cette formation couvre également la recherche, la
sensibilisation de la magistrature et la gestion de la qualité.
Ce prix ne comprend pas les coûts spécifiques au sein
de la justice (intervention des assistants de justice et de la
commission de probation). Pour rappel : la formation dure 2 jours
complets et deux soirées. Le tableau 4 en annexe donne un
aperçu du coût par participant depuis 2007.
L’augmentation du prix moyen de la formation au cours des 6
dernières années s’explique par l’augmentation
des coûts salariaux d’une part et par la nécessité
que certains formations soient données par deux formateurs
d’autre part.
Les participants n’apportent aucune contribution
financière. La législation relative au règlement
des mesures alternatives ne le permet pas. L’IBSR mène
actuellement quelques expériences d’offre la
possibilité de formations aux contrevenants en dehors des
procédures de médiation et de probation. Les sessions
sont plus courtes et sont intégralement payées par le
participant. Ces projets pour les auteurs d’excès de
vitesse sont actuellement organisés dans les arrondissements
de Louvain, Malines, Mons et Tournai. Des négociations sont
en cours pour organiser un module spécifique à Mons
pour les conducteurs débutants.
Annexe / Bijlage
Tableau 1. Nombre de contrevenants ayant suivi
une formation « driver
improvement » à
l’IBSR
Tabel 1. Aantal
verkeersovertreders dat een cursus “driver
improvement” bij het BIVV heeft
gevolgd
|
NOUVEAUX DOSSIERS IBSR / NIEUWE DOSSIERS BIJ HET
BIVV
|
|
|
2007
|
2008
|
2009
|
2010
|
2011
|
2012
|
|
ANVERS / ANTWERPEN
|
52
|
65
|
66
|
62
|
47
|
20
|
|
HASSELT / HASSELT
|
5
|
16
|
14
|
16
|
16
|
13
|
|
MALINES / MECHELEN
|
112
|
148
|
106
|
162
|
99
|
82
|
|
TONGRES / TONGEREN
|
27
|
10
|
14
|
11
|
11
|
5
|
|
TURNHOUT / TURNHOUT
|
27
|
27
|
24
|
20
|
46
|
10
|
|
Ressort ANVERS / Ressort ANTWERPEN
|
223
|
226
|
224
|
271
|
219
|
130
|
|
BRUXELLES / BRUSSEL
|
64
|
74
|
101
|
91
|
91
|
56
|
|
LOUVAIN / LEUVEN
|
59
|
75
|
94
|
95
|
129
|
48
|
|
NIVELLES / NIJVEL
|
137
|
109
|
126
|
96
|
108
|
39
|
|
Ressort BRUXELLES / Ressort BRUSSEL
|
260
|
258
|
321
|
282
|
328
|
143
|
|
BRUGES / BRUGGE
|
1
|
1
|
2
|
1
|
5
|
22
|
|
TERMONDE / DENDERMONDE
|
72
|
122
|
137
|
123
|
81
|
34
|
|
GAND / GENT
|
18
|
13
|
19
|
24
|
16
|
14
|
|
YPRES / IEPER
|
16
|
4
|
1
|
1
|
2
|
10
|
|
COURTRAI / KORTRIJK
|
2
|
0
|
3
|
2
|
21
|
14
|
|
AUDENARDE / OUDENAARDE
|
54
|
55
|
52
|
59
|
40
|
18
|
|
FURNES / VEURNE
|
1
|
0
|
1
|
1
|
23
|
94
|
|
Ressort GAND / Ressort GENT
|
164
|
195
|
215
|
211
|
188
|
206
|
|
CHARLEROI / CHARLEROI
|
26
|
76
|
58
|
37
|
46
|
45
|
|
MONS / BERGEN
|
13
|
18
|
19
|
28
|
31
|
25
|
|
TOURNAI / DOORNIK
|
43
|
58
|
60
|
43
|
40
|
32
|
|
Ressort MONS / Ressort BERGEN
|
82
|
152
|
137
|
108
|
117
|
102
|
|
ARLON / AARLEN
|
0
|
4
|
3
|
24
|
48
|
30
|
|
DINANT / DINANT
|
25
|
24
|
69
|
84
|
90
|
53
|
|
EUPEN / EUPEN
|
12
|
10
|
13
|
9
|
1
|
7
|
|
HUY / HUY
|
142
|
180
|
92
|
394
|
137
|
51
|
|
LIÈGE / LUIK
|
101
|
179
|
369
|
172
|
118
|
36
|
|
MARCHE EN FAMENNE MARCHE EN FAMENNE
|
23
|
26
|
23
|
31
|
28
|
47
|
|
NAMUR / NAMEN
|
82
|
91
|
106
|
97
|
70
|
38
|
|
NEUFCHATEAU NEUFCHATEAU
|
10
|
9
|
14
|
17
|
25
|
12
|
|
VERVIERS / VERVIERS
|
26
|
18
|
43
|
31
|
11
|
15
|
|
Ressort LIÈGE / Ressort LUIK
|
421
|
541
|
642
|
859
|
528
|
289
|
|
TOTAL GÉNÉRAL / ALGEMEEN TOTAAL
|
1132
|
1311
|
1624
|
1834
|
1380
|
870
|
Source: IBSR
Bron: BIVV
Tableau 2. Nombre de
condamnations pour infraction au code de la route
Tabel 2. Aantal veroordelingen voor verkeersinbreuken
|
|
2007
|
2008
|
2009
|
2010
|
|
Condamnation pour accident / Veroordeling voor
ongeval
|
27.711
|
27.935
|
32.090
|
31.444
|
|
Délit de fuite / Vluchtmisdrijf
|
3.921
|
4.323
|
5.505
|
5.819
|
|
Assurance / permis de conduire / Verzekering /
rijbewijs
|
32.555
|
35.458
|
37.732
|
35.914
|
|
Intoxication ou ivresse ou refus de passer
un test / Intoxicatie of dronkenschap of
weigering testen
|
19.980
|
23.265
|
26.925
|
25927
|
|
Infractions graves de catégorie 4 / Zware
overtredingen cat 4
|
82.050
|
21.519
|
23.572
|
21.828
|
|
TOTAL / TOTAAL
|
166.217
|
112.500
|
125.824
|
120.932
|
|
Estimation en % de formations / Inschatting % naar
cursus
|
0.7%
|
1,2%
|
1,3%
|
1,5%
|
Source: IBSR
Bron: BIVV
Tableau 3. Aperçu des subsides depuis 2007
Tabel 3. Overzicht
van de subsidies sinds 2007
|
Année / Jaar
|
Coûts de personnel /
Personeelskost
|
Coûts de fonctionnement /
Werkingskost
|
|
2007
|
605.726,16
|
84.836,84
|
|
2008
|
738.977,00
|
101.844,00
|
|
2009
|
961.018,00
|
117.416,00
|
|
2010
|
1.047.156,00
|
117.620,00
|
|
2011
|
1.168.535,59
|
134.620,00
|
Source: IBSR
Bron: BIVV
Tableau 4. Coût par participant depuis 2007
Tabel 4. Kostprijs
per deelnemer sinds 2007
|
Année / Jaar
|
Coût par participant /
Kostprijs per deelnemer
|
|
2007
|
605,00
|
|
2008
|
692,00
|
|
2009
|
756,00
|
|
2010
|
690,00
|
|
2011
|
805,00
|
Source: IBSR
Bron: BIVV
|