SÉNAT DE BELGIQUE
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Session 2013-2014
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23 octobre 2013
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SÉNAT Question écrite n° 5-10179

de Nele Lijnen (Open Vld)

à la vice-première ministre et ministre des Affaires sociales et de la Santé publique, chargée de Beliris et des Institutions culturelles fédérales
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l'avis du Conseil supérieur de la santé en matière d'ichtyothérapie
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profession paramédicale
maladie infectieuse
Conseil supérieur de la santé
maladie de la peau
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23/10/2013Envoi question
6/1/2014Rappel
13/2/2014Rappel
19/3/2014Requalification
21/3/2014Réponse
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Requalification de : demande d'explications 5-3831
Requalifiée en : demande d'explications 5-4929
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SÉNAT Question écrite n° 5-10179 du 23 octobre 2013 : (Question posée en néerlandais)

L'ichtyothérapie est une forme de pédicure faisant intervenir de petits poissons, les Garra Rufa. Cette thérapie était autrefois essentiellement proposée dans des pays tels que la Turquie et la Grèce mais actuellement, on peut également la suivre en Belgique. Elle est surtout utilisée pour les personnes souffrant de psoriasis étant donné que ces petits poissons mangent les cellules de peau morte. La semaine dernière, le Conseil supérieur de la santé a conseillé au gouvernement d'interdire ce traitement en Belgique en raison des risques d'infections qu'il comporte.

Je souhaiterais poser les questions suivantes à la ministre :

1) Quelle est votre position par rapport à l'avis du Conseil supérieur de la santé ? Estimez-vous nécessaire et opportun d'interdire ce traitement ?

2) Quels sont les effets indésirables de cette thérapie ? Quels en sont les effets bénéfiques ?

3) Ce traitement est-il souvent proposé en Belgique ?

4) Quelles mesures comptez-vous prendre à la suite de cet avis ? Selon quel calendrier ?

Réponse reçue le 21 mars 2014 :

Vous m’interrogez sur la fréquence de ce « traitement », ou de cette activité en notre pays. Comme il s’agit d’une activité non réglementée, le Conseil Supérieur de la Santé n’a pu qu’apporter une estimation. 

Le Conseil estime qu’une centaine de centres sont en activité dans notre pays. En France, l’Agence nationale de sécurité sanitaire mentionne un nombre estimé à « plusieurs centaines ». 

Le rapport du Conseil Supérieur de la Santé souligne qu’il n’y a aucun motif scientifique justifiant un but thérapeutique de cette pratique.

Il ne peut donc s’agir que d’un procédé aux fins esthétiques ou de bien-être, ce qui est important pour évaluer les risques encourus par les utilisateurs, le personnel et le sort réservé aux animaux. 

La probabilité d’infections resterait faible. Mais certaines peuvent néanmoins impliquer des risques majeurs. De plus, certaines procédures de désinfection sont rendues plus difficiles parce qu’il faut prendre en compte la survie des poissons. Enfin, certaines maladies (par exemple l’eczéma, le psoriasis, le diabète, infections du pied, déficit immunitaire, etc.) peuvent augmenter le risque pour le client lui-même ou constituer un risque pour d’autres clients.  

Le Conseil supérieur émet un avis défavorable au sujet de la création ou du maintien de tels centres en Belgique. Si la pratique ne devait pas être interdite, une réglementation très stricte s’impose. Le Conseil supérieur de la Santé belge énumère des mesures à prendre au cas où la pratique ne serait pas interdite. 

Le choix entre interdiction totale et réglementation stricte se pose également à l’étranger. Plusieurs états des Etats-Unis et du Canada en ont interdit la pratique, d’autres pas. En France, on plaide pour un encadrement par une réglementation et un suivi adapté. On surveille l’information aux utilisateurs et leur consentement , la publicité et le risque d’exercice illégal de la médecine dans les centres qui prétendent faire le tri des clients en portant un diagnostic. 

Étant donné les risques du « fish pédicure », l’absence de but thérapeutique et les effets cosmétiques limités (le Conseil Supérieur mentionne la recherche de sensations particulières) ; il est clair qu’on ne peut pas exclure d’avance une interdiction du procédé. De toute façon, une réglementation stricte s’imposera. 

En premier lieu, j’ai suivi la recommandation du Conseil Supérieur et j’ai demandé l’avis du Conseil du Bien-être des animaux. La protection des animaux doit aussi être prise en compte, mêmes si les risques sanitaires sont sous contrôle.