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Belgische Senaat

Handelingen

DONDERDAG 28 NOVEMBER 2013 - NAMIDDAGVERGADERING

(Vervolg)

Mondelinge vraag van de heer Armand De Decker aan de vice-eersteminister en minister van Landsverdediging en aan de vice-eersteminister en minister van Buitenlandse Zaken, Buitenlandse Handel en Europese Zaken over «de International Support Mission in the Central African Republic» (nr. 5-1192)

M. Armand De Decker (MR). - Je voudrais attirer votre attention sur la dégradation catastrophique de la situation en Centrafrique où des massacres se commettent chaque jour, certains évoquant même un risque de génocide.

Après avoir adopté une première résolution, le Conseil de sécurité des Nations unies est sur le point d'en adopter une seconde visant au déploiement d'une Force internationale de Soutien à la Centrafrique, la MISCA.

La dégradation de la situation en Centrafrique, pays situé au sud du Sahel, une région qui connaît déjà de vives tensions, et à la frontière de l'Afrique Centrale, risque de s'étendre rapidement à la République démocratique du Congo.

De plus, depuis très longtemps, la Lord's Resistance Army sévit dans le nord de l'Ouganda où elle a déjà enlevé des dizaines de milliers d'enfants pour faire des garçons des enfants soldats, et des jeunes filles des esclaves sexuelles. Le premier ministre Verhofstadt que j'avais accompagné à l'époque au Conseil de sécurité de l'ONU, avait d'ailleurs consacré son discours à la situation inacceptable du nord de l'Ouganda.

On dit déjà que la Lord's Resistance Army a pénétré dans la République démocratique du Congo pour s'y livrer à ses méfaits habituels.

La France a annoncé son intention d'envoyer des troupes et de soutenir la MISCA. Elle avoue cependant déjà, comme cela a d'ailleurs été le cas au Mali, qu'elle ne sera pas capable de poursuivre cette mission seule à long terme.

À un moment donné, la France sera au bout de ses forces et ne pourra pas continuer à assumer cette fonction pourtant nécessaire.

Je regrette qu'elle n'ait pas soumis ce sujet à l'Union européenne. Il ne me semble pas qu'elle en ait saisi Mme Ashton. Une fois de plus, je déplore qu'il ne s'agisse pas d'une décision de l'Union de soutenir la MISCA et les troupes de l'Union africaine, de manière à mettre en oeuvre une solution d'intervention durable dans la région.

Enfin, dans ce contexte, est-il envisageable que la Belgique participe, dans un avenir proche, à un soutien à la MISCA ?

M. Didier Reynders, vice-premier ministre et ministre des Affaires étrangères, du Commerce extérieur et des Affaires européennes. - Je partage votre préoccupation quant à la situation en Centrafrique et à la nécessité de voir l'Union européenne jouer un rôle en tant que telle dans ce genre de conflit pouvant entraîner des conséquences très graves. Comme vous le savez, nous intervenons, nous faisons intervenir l'Union européenne et, si possible, nous tentons, par l'intermédiaire d'autres États, d'alerter régulièrement le Conseil de sécurité, par exemple sur la situation à l'est du Congo et en Afrique centrale en général. Nous sommes aussi intervenus très rapidement au Mali quand la France a pris l'initiative d'agir. L'Europe a ensuite pris le relais.

Nous suivons la situation en Centrafrique au jour le jour, en collaboration avec le Service européen d'action extérieure (SEAE). L'Union européenne est le premier bailleur de fonds de la République centrafricaine. Il fournit une aide humanitaire substantielle qui a été renforcée à plusieurs reprises en 2013. L'Office d'aide humanitaire de la Commission européenne et la Direction générale du Développement et Coopération sont sur le terrain et travaillent main dans la main afin d'assurer et de renforcer l'assistance humanitaire.

Lors de sa réunion du 21 octobre 2013, le Conseil des Affaires extérieures de l'Union européenne a adopté des conclusions renforçant ce soutien financier, en particulier à la MISCA, et ce essentiellement gráce à la ligne budgétaire relative à la Facilité de soutien à la paix en Afrique. Le montant de cette aide est actuellement évalué à 50 millions d'euros.

La France a demandé l'inscription du dossier de la République centrafricaine à l'ordre du jour de la réunion du 16 décembre du Conseil des Affaires étrangères. Nous soutenons la démarche française. J'ai également demandé qu'on puisse débattre de ce sujet à cette occasion.

Nous réfléchirons aussi à la manière d'organiser le plus rapidement possible la création d'une force européenne. S'agissant de toute façon d'une contribution militaire belge dans une telle opération, nous regardons d'abord ce qui se fait au Conseil de sécurité. Celui-ci prépare actuellement une résolution visant à renforcer la MISCA, Mission internationale de soutien à la Centrafrique, dans la perspective de la transformer en force de l'ONU de maintien de la paix. Son statut évoluerait donc.

Pour l'instant, la Belgique n'a pas reçu de demande officielle de participation sous l'une ou l'autre forme. Nous nous tenons cependant prêts à réagir en cas de demande, en particulier en vue d'une intervention européenne spécifique. Nous n'avons bien entendu pas encore pris attitude puisque nous n'avons reçu aucune demande officielle. J'en ai toutefois saisi le premier ministre. Il n'est en effet pas du tout exclu que cette recherche d'une force européenne en République centrafricaine soit évoquée dès ce soir ou demain dans le cadre du sommet de Partenariat oriental qui se tient à Vilnius et où se trouvent les chefs d'État et de gouvernement.

Voilà ce que je peux vous dire.

En tout cas, la préoccupation est très grande concernant la détérioration de la situation sur place. Nous souhaitions que le cadre soit fixé par le Conseil de sécurité des Nations unies. Dans le cadre d'une opération européenne, nous serons tout à fait prêts à examiner les demandes qui seront adressées à la Belgique.

(Voorzitter: de heer Francis Delpérée.)

M. Armand De Decker (MR). - Je vous remercie, monsieur le vice-premier ministre, pour votre réponse. Elle me rassure sur le fait que le sujet a été mis, par votre intermédiaire, à l'ordre du jour du Conseil des Affaires générales et des Relations extérieures de l'UE et que la question sera probablement déjà abordée lors du sommet qui se tient ces jours-ci à Vilnius. Je suis rassuré aussi de savoir que le gouvernement belge se prépare dès à présent à l'éventualité d'une demande, par l'ONU ou l'Union européenne, de troupes en soutien à la MISCA.